En bref:
- En 2026 les primes repartent à la hausse (auto +4–6%, MRH +7–8%) et les sinistres/complexité (batteries, ADAS) maintiennent un surcoût d’assurance pour les VE ≈+15%, tandis qu’un parc vieillissant pousse les ménages à différer le neuf et à réduire les garanties.
- Risque de frein à l’adoption électrique («double ciseau»), mais des leviers existent : leasing social, offres assureurs ciblées, réparabilité et montée en compétences des ateliers pour contenir les coûts.
La facture d’assurance auto repart à la hausse en 2026, alors que le parc automobile français vieillit. Pour les ménages, l’étau se resserre: des primes plus chères, des véhicules conservés plus longtemps, et un un coût de réparation qui demeure supérieur pour les électriques pour les électriques. Un cocktail qui peut ralentir l’adoption du VE, malgré des coûts d’usage toujours plus compétitifs.
Décryptage chiffré, impacts possibles sur la transition, et leviers concrets pour ne pas subir la hausse.
Ce que l’on sait des hausses 2026
- Assurance auto: +4 à +6% selon Facts & Figures, +5 à +5,5% selon Addactis.
- Montant moyen estimé: 563 € HT/an en auto (Addactis).
- Habitation (MRH): +7,5 à +8% (Addactis), largement au‑dessus de l’inflation (0,9% en août, Insee).
- Causes principales: multiplication des sinistres climatiques (grêle, inondations, orages), hausse des coûts de réparation, sophistication croissante des véhicules (ADAS, batteries, électronique de puissance).
📌 À retenir
- La hausse 2026 est un cran en dessous de 2025, mais reste significative et structurelle (climat + coût des réparations).
- Les assureurs développent des offres «low cost» avec garanties réduites et franchises plus élevées: attention aux angles morts de couverture.
Pourquoi les primes VE restent plus élevées que les thermiques
Les données de sinistres confirment un différentiel de coût de réparation pour les électriques:
- France 2024: +14 à +15% en moyenne vs thermique à gravité d’accident équivalente.
- Europe: +15 à +25% selon marchés et modèles.
Les postes qui renchérissent la remise en état:
- Batterie et sécurité haute tension: procédures de mise en sécurité, contrôles, dépose éventuelle; risque d’«épave économique» en cas d’atteinte.
- ADAS et électronique: recalibrations (caméras, radars, lidars), logiciels, outillage spécifique.
- Matériaux/structures: aluminium, composites, gigacasting → méthodes et certifications spécifiques.
- Protocoles HV: temps opératoires additionnels et personnels formés.
Chiffres récents côté assurance:
- Au 02/10/2025, Selectra mesure un surcoût d’assurance pour un VE vs essence de +12,7% (tiers) à +22,1% (tous risques). Exemple tous risques: 55,76 €/mois (essence) vs 67,69 € (électrique).
✅ Bonne nouvelle malgré tout: la «gravité moyenne» des sinistres VE baisse lentement avec la montée en compétence des ateliers et l’amélioration de l’accès aux pièces. L’écart persiste, mais se stabilise autour de ~15%.
Parc vieillissant: quelles conséquences assurantielles?
Le maintien en circulation de voitures plus anciennes traduit la tension budgétaire des ménages. Effets possibles:
- Plus de «tiers simple» et franchises relevées pour contenir la prime, au risque d’un reste à charge important en cas d’accident.
- Sur les thermiques âgés, la valeur vénale basse accélère le basculement en épave économique; sur les VE, un choc touchant batterie/structures peut aussi faire grimper la facture.
- Allongement des délais et inflation des pièces entretiennent la hausse générale de la sinistralité indemnisée.
En clair, l’âge du parc et la complexité technique co‑alimentent la hausse des coûts… que la prime répercute mécaniquement.
L’effet «double ciseau» sur l’électrique
- Lame 1: primes en hausse (conjoncture 2026) + surcoût structurel VE à l’indemnisation.
- Lame 2: budgets contraints → ménages repoussent l’achat neuf, gardent leur thermique plus longtemps, basculent vers garanties minimales.
Risque: retarder l’adoption du VE chez les foyers les plus sensibles au coût total de possession… alors même que l’électrique reste gagnante à l’usage:
- Selectra calcule un coût énergie ≈ 3,29 €/100 km en VE (mix 83% domicile, 17% rapide) vs ≈ 10,20 €/100 km en essence.
- Plus on roule, plus l’avantage VE se creuse, assurance incluse.
🔎 Leasing social: un contre‑poids utile
- De retour depuis le 30/09/2025 pour les ménages modestes (<200 €/mois sans apport, sous conditions). Volume limité, non cumulable avec le bonus écologique 2025, mais effet d’accessibilité réel pour entrer dans l’électrique malgré l’assurance plus chère.
Trois scénarios crédibles pour 2026
- Ralentissement de l’adoption VE «budget serré»
- Hausse de prime + parc vieillissant + franchises relevées → arbitrages défavorables aux VE chez les ménages contraints.
- Stabilisation grâce aux contre‑feux
- Leasing social, offres assureurs mieux ciblées VE (garanties batterie, ADAS mutualisés), montée en compétence ateliers → écart de prime contenu.
- Accélération de la réparabilité
- Procédures batterie modulaires, pièces de réemploi/remanufacturées, centres de calibration partagés → baisse progressive du coût de sinistre VE à partir de 2026/2027.
Comment payer moins cher son assurance VE en 2026 (sans se découvrir)
- Comparer systématiquement, à garanties équivalentes (écarts jusqu’à ~470 €/an en tous risques observés sur certains profils).
- Ajuster intelligemment la franchise: la relever modérément peut baisser nettement la prime; éviter les franchises «pièges» sur bris de glace/ADAS.
- Exiger une garantie batterie claire (dommages, vol, incendie) et la couverture des équipements de recharge (câbles, borne).
- Vérifier l’assistance 0 km (panne d’énergie incluse) et le remorquage vers réparateur certifié haute tension.
- Choisir un assureur qui privilégie pièces de réemploi/échange standard et réseaux agréés formés HV/ADAS.
- Déclarer la borne à l’assurance habitation (couverture incendie/surtension).
- Télématique/usage-based: si vous roulez peu et propre, les offres au kilomètre peuvent être gagnantes.
- Sécuriser son VE: stationnement, antivols, mises à jour logicielles → réduction du risque et parfois de la prime.
- Côté véhicule, privilégier des modèles au design «réparable» (pack batterie modulaire, pièces de carrosserie dissociées des capteurs).
- Conduite préventive: ménager pneus et trains roulants (poids/couple) réduit la fréquence sinistre.
💡 Conseil d’expert
Demandez le détail du «panier ADAS» dans votre contrat: un pare‑brise ou un bouclier avec capteurs peut embarquer recalibrations et immobilisation. Une option spécifique bien négociée coûte souvent moins cher que des actes hors garantie.
Les leviers collectifs pour ne pas casser la trajectoire VE
- Constructeurs: packs batterie modulaires et réparables, documentation de réparation validée, pièces disponibles hors réseau captif.
- Filière réparation: montée en compétences HV/ADAS, mutualisation des bancs de calibration, filières de pièces remanufacturées.
- Assureurs: incitations aux réparations certifiées, barèmes distincts pour calibrations, prise en charge du véhicule de remplacement pour limiter la casse sociale.
- Pouvoirs publics: soutien à la formation carrossiers-électriciens, facilitation de l’accès aux pièces, cadrage du réemploi, amplification des dispositifs ciblés (CEE, leasing social) pour mitiger la hausse des primes sur les publics modestes.
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Au moment où les primes 2026 repartent à la hausse, la bataille se jouera dans le détail: garanties bien calibrées, réparabilité pensée en amont et outils publics finement ciblés. Sans cela, le «double ciseau» assurantiel et du parc vieillissant risque de couper l’élan de l’électrique là où elle est la plus utile: chez ceux qui comptent chaque euro.