En bref:
- La Dacia Sandero électrique, prévue pour fin 2027, vise à démocratiser la voiture électrique en restant fidèle à la stratégie low-cost de la marque.
- Basée sur la plateforme CMF-B, elle offrira une motorisation d’entrée de gamme avec 95 ch, une batterie de 40 kWh et une autonomie d’environ 300 km.
- Le succès dépendra de son prix compétitif, de son éligibilité au bonus écologique et de sa capacité à rivaliser avec une concurrence accrue, notamment celle des marques chinoises.
La démocratisation de la voiture électrique franchira une nouvelle étape avec l’arrivée de la Dacia Sandero électrique fin 2027. Le constructeur roumain, qui a fait du prix bas sa marque de fabrique, s’apprête à électrifier son best-seller européen, champion des ventes en 2024 avec plus de 309 000 unités écoulées. Alors que le marché des véhicules électriques abordables reste encore limité, cette annonce soulève de nombreuses questions sur le potentiel de ce nouveau modèle.
Une stratégie d’électrification progressive et réfléchie
La confirmation par Denis Le Vot, directeur général de Dacia, de l’arrivée d’une Sandero électrique marque un tournant dans la stratégie du constructeur. Cette décision s’inscrit dans une approche prudente de l’électrification, comparable à celle adoptée par Toyota. Pour Dacia, l’enjeu est crucial : maintenir son positionnement tarifaire agressif tout en proposant une offre électrique crédible.
Un timing stratégique
Le lancement prévu fin 2027 n’est pas anodin. Cette échéance permet à Dacia de :
- Bénéficier de la baisse continue des coûts des batteries
- Profiter du retour d’expérience des Renault 5 et 4 électriques
- Préparer sereinement sa transition vers le tout électrique imposé en Europe pour 2035
Une base technique éprouvée
La plateforme CMF-B comme atout majeur
La future Sandero électrique reposera sur une évolution de la plateforme CMF-B du groupe Renault, déjà utilisée par l’actuelle génération. Cette architecture présente plusieurs avantages :
- Une réduction significative des coûts de développement
- Une flexibilité permettant d’intégrer différentes motorisations
- Une optimisation de l’espace intérieur grâce à une conception pensée pour l’électrique
- Une production simplifiée grâce à la mutualisation des composants
Une motorisation rationnelle
Les premières informations techniques évoquent une version d’entrée de gamme reprenant les éléments de la future Renault 5 :
- Un moteur électrique de 95 ch
- Une batterie de 40 kWh
- Une autonomie estimée à 300 km en cycle mixte
Cette configuration, volontairement modeste, traduit la volonté de Dacia de privilégier l’efficience et la maîtrise des coûts plutôt que les performances pures.
Les défis de la compétitivité
L’équation du prix
Le principal défi pour Dacia sera de proposer un tarif cohérent avec son positionnement. Actuellement, le prix moyen des voitures électriques neuves en France se situe entre 25 000 et 45 000 euros. Pour réussir son pari, la Sandero électrique devra :
- Se positionner significativement en-dessous de la Renault 5
- Rester accessible aux ménages modestes
- Proposer un rapport prix/prestations convaincant
La question du bonus écologique
Un point crucial concerne l’éligibilité au bonus écologique. Contrairement à la Spring produite en Chine, la Sandero électrique pourrait bénéficier des aides gouvernementales si sa production reste européenne. Le choix du site de fabrication entre la Roumanie et le Maroc sera donc déterminant.
Un contexte concurrentiel en pleine évolution
La menace chinoise
L’arrivée des constructeurs chinois en Europe, avec des modèles électriques compétitifs, représente une menace sérieuse. BYD et MG proposent déjà des véhicules combinant :
- Des prix attractifs
- Des équipements généreux
- Des autonomies confortables
- Des garanties étendues
Les réponses européennes
Face à cette concurrence, plusieurs constructeurs européens préparent leur riposte :
- Citroën avec sa ë-C3 à partir de 23 300 euros
- Volkswagen avec son projet ID.1
- Renault avec sa R5 électrique
Une offre multiple pour maximiser les ventes
Maintien des motorisations thermiques
Dacia fait le choix de la prudence en conservant des versions thermiques de la Sandero jusqu’en 2035. Cette stratégie permettra de :
- Préserver les volumes de ventes dans les marchés moins matures
- Offrir une alternative aux clients non prêts pour l’électrique
- Amortir les investissements sur une plus large gamme
Une version hybride en complément
L’ajout d’une motorisation hybride viendra compléter l’offre, positionnant la Sandero comme une solution de transition vers l’électrique. Cette diversification technique répond aux différents besoins et usages des clients.
En proposant une Sandero électrique fin 2027, Dacia s’engage dans un exercice d’équilibriste entre maintien de son ADN low-cost et nécessaire montée en gamme technologique. Si le constructeur parvient à proposer un tarif vraiment attractif tout en garantissant des prestations satisfaisantes, ce modèle pourrait devenir un acteur majeur de la démocratisation de la mobilité électrique en Europe. Le succès dépendra largement de sa capacité à maintenir un avantage prix significatif face à une concurrence de plus en plus agressive.