2024 : 1 voiture sur 5 vendue est électrique, comment les constructeurs français peuvent-ils tirer leur épingle du jeu ?

En bref:

  • En 2024, une voiture sur cinq vendue est électrique ou hybride rechargeable, avec la Chine en leader mondial, tandis que l’Europe atteint 20 % de parts de marché.
  • Les constructeurs français doivent renforcer la production locale, miser sur le design et l’innovation, et s’appuyer sur les politiques publiques pour faire face à la concurrence chinoise.
  • Leur succès dépendra de la capacité à allier qualité, compétitivité et transition énergétique dans un marché en forte évolution.

2024 restera l’année du franchissement symbolique : d’après le récent rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), une voiture sur cinq vendue globalement était électrique ou hybride rechargeable. Cette tendance, loin de ralentir, est amenée à s’accélérer avec une prévision d’une voiture sur quatre dès 2025. Face à cette transition majeure, une question essentielle se pose : comment les constructeurs automobiles français peuvent-ils se positionner efficacement face à une concurrence chinoise de plus en plus féroce ?

📊 Une croissance mondiale impressionnante mais inégale

Avec 17 millions d’unités vendues en 2024, et une progression remarquable de près de 3,5 millions de ventes par rapport à l’année précédente, les ventes mondiales de véhicules électriques (VE) battent des records historiques. Pour autant, cette dynamique est loin d’être homogène d’un marché à l’autre :

  • En Chine, près d’une voiture sur deux écoulée est électrique. Le pays assure à lui seul environ 70 % de la production mondiale grâce à des procédés industriels optimisés, rapides, et particulièrement compétitifs en termes de coûts.
  • En Europe, l’adoption atteint une voiture sur cinq, avec une accélération importante attendue pour atteindre environ 60 % de ventes électriques en 2030 selon l’AIE.
  • Aux États-Unis, le VE reste modérément implanté (1 vente sur 10), avec des perspectives de croissance freinées par les récents changements politiques et réglementaires.

Par ailleurs, de nouveaux marchés émergent rapidement (Vietnam, Brésil, Thaïlande), où l’électrique bénéficie d’une accélération forte grâce aux modèles chinois abordables et performants.

🇨🇳 La concurrence chinoise : une stratégie industrielle redoutable

Les entreprises chinoises se positionnent comme des acteurs dominants dans l’industrie automobile électrique. Comment font-elles ? Principalement en maîtrisant l’intégralité de la chaîne de production des véhicules électriques, depuis les matériaux de batterie jusqu’au produit fini. Des géants comme BYD proposent déjà des véhicules sensiblement moins chers à performances et équipements comparables aux modèles européens, avec parfois jusqu’à 15 000 € de différence.

📌 Exemple notable :

  • BYD Seal, concurrent direct des berlines électriques allemandes, affiche un prix qui défie largement toute concurrence européenne à spécifications identiques.
  • Tesla, pourtant américain, réussit des tarifs imbattables en Chine grâce à des coûts de production fortement réduits dans sa Gigafactory de Shanghai (environ 20 000 € moins cher qu’en Europe pour une Model 3 équivalente).

Cette concurrence intense place également en difficulté les modèles électriques d'entrée de gamme européens : la Dacia Spring du groupe Renault, abordable pour le consommateur européen, est elle-même fabriquée en Chine, tout comme bon nombre de modèles aux tarifs attractifs.

🇫🇷 Comment les constructeurs français peuvent-ils réagir ?

Face à ces défis, Renault et Stellantis, notamment, doivent montrer agilité, innovation et pragmatisme. Voici quelques pistes d’action cruciales :

1 – Capitaliser sur la proximité et le savoir-faire technique

Construire ou relocaliser davantage de systèmes de production en Europe pourrait constituer une réponse efficace aux défis industriels imposés par la Chine ou les États-Unis. Maîtriser localement la chaîne logistique et technologique des batteries, par exemple à travers des "gigafactories européennes", devient primordial pour rester compétitif sur les prix.

2 – Miser sur les forces stratégiques et technologiques

Si la Chine excelle sur le volume et le coût, l’Europe et notamment la France disposent de plusieurs avantages différenciateurs :

  • La qualité et le design, héritage d’une longue tradition automobile.
  • L’innovation en matière de mobilité durable : Renault et Stellantis multiplient les investissements dans des projets d’électriques premium, performants ou urbains, comme la nouvelle Renault R5 électrique à partir de 25 000 €, une icône revisitée pour séduire la clientèle européenne.

💡 Conseil d’expert : Les constructeurs français ont tout intérêt à allier satisfaction client haut de gamme à une production plus abordable en innovant sur les modes de fabrication et en réduisant les coûts intermédiaires.

3 – Influencer intelligemment les politiques publiques

L’Union européenne a déjà matérialisé une volonté claire de ralentir l’importation massive de véhicules électriques chinois via une enquête sur les subventions chinoises. En France, le récent bonus écologique privilégie explicitement les modèles fabriqués localement ou européens. Soutenir et amplifier ces politiques pourrait sécuriser le marché intérieur tout en incitant les acteurs chinois à produire directement en Europe, ce qui limiterait leur avantage tarifaire initial.

💬 Un avenir plein d’opportunités et de défis

La route est certes encore longue pour les constructeurs français, mais le potentiel est immense. En étant réactifs, en optimisant les procédés industriels et en exploitant pleinement leurs points forts historiques (design, qualité, innovation), ils peuvent non seulement défendre leur part de marché mais également y trouver un tout nouvel élan économique. C’est là tout l’enjeu des années à venir : une transition énergétique réussie est celle où l’industrie automobile européenne pourra pleinement tirer son épingle du jeu face à l’agressivité tarifaire chinoise.

Le pari est audacieux, mais loin d’être hors de portée. L’année 2024 aura été celle d’un virage historique, mais la véritable révolution électrique pour les constructeurs français ne fait sans doute que commencer.

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