Des méga-usines de batteries en France menacées par la pénurie de matières premières d’ici 2030

Quatre gigafactories prévues en France

L’industrie de la production de batteries électriques est en pleine expansion en Europe, avec quatre méga-usines prévues en France et une cinquantaine d’autres sur le continent. Cependant, un rapport de la Cour des comptes européenne met en garde contre un enjeu majeur : la disponibilité des matières premières nécessaires à la fabrication des batteries.

La dépendance aux importations de matières premières

Les métaux indispensables à la production de batteries, tels que le lithium, le cobalt, le nickel et le manganèse, proviennent à 80 % de pays hors d’Europe, notamment la République démocratique du Congo, le Gabon, l’Australie, la Chine et le Canada. La dépendance aux importations de ces matières premières soulève des inquiétudes quant à la sécurité de l’approvisionnement en Europe, surtout si ces pays décident de réduire ou d’arrêter leur fourniture.

La situation actuelle de la guerre en Ukraine et les restrictions imposées par la Russie sur les livraisons de gaz à l’Europe illustrent les risques de dépendance aux importations. La Cour des comptes européenne estime que la pénurie de métaux essentiels pour la production de batteries pourrait se produire dès 2030 pour le nickel, le lithium et le cobalt.

La montée en puissance de la demande et des coûts

La demande de batteries électriques devrait exploser d’ici sept ans, avec une production jusqu’à vingt fois supérieure à celle d’aujourd’hui dans les usines en projet dans l’Union européenne. Cette augmentation de la demande entraînera une hausse des prix des matières premières, affectant particulièrement les pays contraints de les importer, comme la France. Les pays producteurs de métaux, tels que la Chine, l’Australie et le Canada, pourront produire des batteries à moindre coût, ce qui les rendra plus attractives pour les constructeurs automobiles, y compris les Européens.

Les perspectives de la recherche

Malgré le scénario pessimiste présenté par la Cour des comptes européenne, certains experts estiment que l’Europe peut encore jouer un rôle important dans l’industrie des batteries. Patrice Simon, professeur à l’université Toulouse 3 et spécialiste des batteries, affirme que l’Europe a déjà pris des mesures importantes en matière de normes et de standards, comme l’imposition d’un taux de recyclage des matériaux pour la fabrication des batteries. Il suggère également que l’UE pourrait décider de bloquer l’importation de batteries produites aux États-Unis, par exemple.

La recherche et le développement pourraient également contribuer à résoudre le problème de la dépendance aux matières premières. Des avancées dans la conception de batteries utilisant du sodium ou du fer, des métaux plus largement disponibles en Europe, pourraient offrir une alternative aux batteries actuelles.

La nécessité d’une mise à jour du plan d’action stratégique

La Cour des comptes européenne appelle la Commission européenne à mettre à jour son plan d’action stratégique sur les batteries, publié en 2018, en accordant une attention particulière à la sécurisation de l’accès aux matières premières. Cette mise à jour permettrait de mieux préparer l’Europe à faire face aux défis de l’industrie des batteries et de réduire sa dépendance aux importations de métaux essentiels.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *