Eco2Charge: de vieilles batteries pour sauver le réseau électrique français

La voiture électrique est peut-être notre futur, mais, comme pour tout changement, elle pose de nouveaux défis. En particulier, quid du réseau électrique français si des milliers de voitures sont rechargées en même temps ? La surcharge est possible, et l’idée de lisser la demande électrique entre les heures creuses et pleines a donné naissance à de nombreux projets et idées ces dernières années.

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Un consortium de sociétés françaises, soutenues par l’ADEME, est en train de développer un système de recharge des véhicules électriques basé sur de vieilles batteries, et qui permet de répondre partiellement à ce problème de lissage de la demande électrique. Par ailleurs, le projet offre une seconde vie à de vieilles batteries qui ne sont plus suffisamment performantes pour les voitures, mais qui fonctionnent toujours.

Pour comprendre la problématique, prenons un exemple concret: une grande entreprise a des dizaines d’employés qui arrivent le matin avec leur voiture électrique, et qui la rechargent pendant leurs heures de travail. La consommation électrique de l’entreprise explose, et engendre des coûts d’infrastructure supplémentaires.

Le projet Eco2Charge, qui inclut Renault, Bouygues, Alstom et Nexans (câbles électriques) notamment, consiste à construire ce que l’on pourrait appeler une « banque » d’électricité grâce à l’assemblage de nombreuses vieilles batteries. Cette banque pompe de l’électricité sur le réseau pendant la nuit, et permet pendant les heures pleines de compléter la fourniture en électricité d’une entreprise en se déchargeant.

Le projet est d’une valeur de 13 millions d’euros et a été testé sur deux sites : un de Bouygues (Challenger) et un de Renault (Technocentre). L’objectif à terme est de vendre une solution toute prête aux entreprises, campus, institutions, et globalement là où des flottes de véhicules électriques doivent être rechargées. Néanmoins, aucune offre n’est encore prête à ce stade, et le prix d’une telle « banque d’électricité » est encore inconnu. Servan Lacire, directeur du département Energie de Bouygues, espère qu’une offre commerciale soit prête dans environ un an.

D’où viennent les batteries ? Dans un premier temps, uniquement des véhicules électriques Renault, seul constructeur à participer au projet. A ce jour, le constructeur au Losange gère environ 50.000 batteries qu’il loue aux possesseurs de voitures. Lorsqu’elles perdent un quart de leur capacité, elles sont retirées des voitures. C’est à ce moment qu’elles seront utilisées pour le projet Eco2Charge. Une augmentation de la durée d’utilisation des batteries qui est la bienvenue d’un point de vue environnemental.

A part pour recharger les batteries de voitures électriques, d’autres idées émergent chez les protagonistes du projet. Par exemple, stocker l’énergie produite par des champs de panneaux solaires ou des éoliennes.

Quel coût pour le contribuable ? Nous avons à cœur la gestion efficace des ressources publiques, voici donc quelques détails intéressants. Le projet a un budget total de 13 millions d’euros, dont 4,9 millions d’euros viennent de l’Etat dans le cadre du Plan des Investissements d’Avenir, et sous forme de subventions et avances remboursables. Il reste donc 8,1 millions d’euros injectés par le consortium coordonné par Bouygues. Les aides publiques sont « remboursables », donc si le projet fonctionne, l’argent du contribuable devrait revenir dans les caisses de l’Etat. Par contre, il ne semble pas prévu que l’Etat soit investit des éventuels profits futurs, si le projet fonctionne, sauf bien sûr via les impôts.

On se réjouit que l’Etat fasse des investissements d’avenirs, mais dans ce cas-ci on peut se demander si l’aide publique était vraiment nécessaires pour que le projet voie le jour. En effet, Renault et les autres constructeurs de véhicules électriques vont tous à un moment donné se retrouver avec un stock de batteries usagées. Il est clair qu’à ce moment là, ils essaieront de les valoriser au maximum, et c’est donc tout naturellement qu’un projet tel qu’Eco2Charge aurait vu le jour.

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