La Poste teste la voiture électrique pour ses tournées rurales : un défi prometteur pour la transition énergétique en France

En bref:

  • La Poste teste un véhicule électrique pour une tournée de 90 km à Guilliers, visant à évaluer l’électrification des services postaux ruraux.
  • L’initiative s’inscrit dans un projet national de transition énergétique, avec un investissement de 200 millions d’euros pour atteindre une flotte 100% électrique d’ici 2030.
  • Les résultats initiaux montrent une autonomie satisfaisante et un impact environnemental significatif, ouvrant la voie à un déploiement dans d’autres communes rurales.

C’est une première en France qui pourrait marquer un tournant dans l’électrification des services postaux en zone rurale. À Guilliers, petite commune du Morbihan, La Poste expérimente depuis décembre 2024 l’utilisation d’un véhicule électrique sur sa plus longue tournée locale. Cette initiative, fruit d’un partenariat entre le groupe postal, la municipalité et Morbihan Énergies, représente bien plus qu’un simple test technique : elle cristallise les enjeux de la décarbonation du dernier kilomètre dans les territoires ruraux français.

Une expérimentation rurale ambitieuse aux multiples défis

L’expérimentation menée à Guilliers ne manque pas d’audace. La tournée sélectionnée, longue de 90 kilomètres, met délibérément le véhicule électrique à l’épreuve des contraintes maximales d’une distribution postale rurale. Ce choix n’est pas anodin : il permet d’évaluer la viabilité de l’électrification dans les conditions les plus exigeantes, là où l’autonomie des véhicules est particulièrement sollicitée.

Les premiers résultats sont encourageants : après sa tournée quotidienne, le véhicule conserve en moyenne 50 kilomètres d'autonomie, démontrant une marge de sécurité appréciable. La recharge nocturne, nécessitant entre 3 et 5 heures selon les conditions météorologiques, s’intègre parfaitement dans le cycle d’exploitation postal.

Un dispositif qui s’inscrit dans une stratégie nationale ambitieuse

Cette expérimentation locale s’inscrit dans un projet bien plus vaste. La Poste, qui possède déjà l’une des plus importantes flottes électriques au monde avec 37 000 véhicules électrifiés (48% de sa flotte totale), a programmé un investissement de 200 millions d’euros d’ici 2025 pour acquérir 8 000 nouveaux véhicules légers électriques. L’objectif affiché est clair : atteindre une électrification complète de sa flotte de distribution à l’horizon 2030.

Des innovations techniques et organisationnelles

L’installation réalisée à Guilliers va au-delà du simple déploiement d’un véhicule électrique. La borne de recharge, stratégiquement positionnée, offre une double capacité de charge et s’ouvre aux usages mixtes. Cette approche innovante permet d’optimiser l’investissement en infrastructures tout en servant la collectivité : professionnels et particuliers peuvent également y recharger leurs véhicules, créant ainsi un point de recharge supplémentaire dans une zone rurale traditionnellement moins bien équipée.

Impact environnemental et économique

Les bénéfices environnementaux de cette transition sont substantiels. L’utilisation de véhicules électriques permet une réduction drastique des émissions de CO₂, estimée à 90% par rapport aux véhicules thermiques traditionnels. Cette réduction s’accompagne d’une élimination totale des émissions de polluants atmosphériques locaux, particulièrement bénéfique même en zone rurale.

L’équation économique, bien que complexe, semble prometteuse sur le long terme. Si l’investissement initial reste conséquent, entre l’achat du véhicule et l’installation des infrastructures de recharge, les coûts d’exploitation réduits (maintenance, énergie) permettent d’envisager un retour sur investissement favorable, d’autant plus que les aides gouvernementales actuelles allègent significativement la charge initiale.

Un modèle duplicable pour d’autres communes rurales

L’expérience de Guilliers pourrait servir de modèle pour d’autres communes rurales. Les premiers retours d’expérience permettront d’affiner les critères de déploiement : distance optimale des tournées, positionnement stratégique des bornes de recharge, adaptation des horaires de service. La réussite de ce test pourrait déclencher un effet domino, comme l’évoque Allan Kaci, délégué territorial du groupe La Poste Morbihan, qui envisage déjà un déploiement sur d’autres communes.

Les clés de la réussite

Plusieurs facteurs apparaissent déterminants pour la réussite de cette transition :

  • Une infrastructure de recharge robuste et bien dimensionnée
  • Une formation adaptée des agents aux spécificités de la conduite électrique
  • Une planification précise des tournées tenant compte de l’autonomie des véhicules
  • Une maintenance préventive rigoureuse des équipements
  • Une collaboration étroite entre les différents acteurs locaux

Cette expérimentation dans le Morbihan représente une étape cruciale dans la transformation des services postaux français. Au-delà de sa dimension locale, elle illustre la faisabilité d’une transition énergétique ambitieuse dans les zones rurales, traditionnellement considérées comme plus difficiles à électrifier. Son succès pourrait ouvrir la voie à une généralisation rapide du modèle, contribuant significativement aux objectifs nationaux de décarbonation du transport postal.

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