Porsche relance le thermique : le retour du SUV à essence révèle-t-il les limites de l’électrification ?

En bref:

  • Porsche relance un nouveau SUV compact à motorisations essence et hybrides pour 2028, marquant un virage stratégique après le passage intégral à l’électrique du Macan en Europe.
  • Ce choix reflète les limites actuelles de la transition 100% électrique sur le segment premium, avec une demande mondiale et des contraintes techniques encore problématiques.
  • La stratégie adoptée illustre une adaptation pragmatique face à des marchés diversifiés, combinant électrification et motorisations thermiques pour rester compétitif.

En 2028, Porsche commercialisera un tout nouveau SUV compact à motorisations essence et hybride. Un projet acté dans l’urgence, alors même que le Macan avait basculé au tout-électrique en Europe, signe d’un revirement stratégique aussi saisissant que symptomatique. Faut-il y voir un signal d’alarme sur la viabilité d’une transition 100% électrique imposée au segment premium ? Décryptage d’une décision lourde de sens pour l’industrie automobile européenne.

📢 Un virage serré : le thermique fait son retour chez Porsche

Le Macan thermique avait quitté l’Europe en juillet 2024, victime de la nouvelle norme de sécurité GSR2 qu’il n’était pas en mesure d’intégrer rapidement. Le Macan électrique, lancé en remplacement, se voulait le fer de lance de la transition énergétique chez Porsche. Mais la réalité du marché s’est révélée, comme souvent, autrement plus complexe.

Derrière le discours volontariste, le constructeur allemand a dû amorcer, en toute discrétion, un net revirement. Le 30 juillet dernier, Oliver Blume, PDG de Porsche, a confirmé le retour en grâce du moteur à combustion, via un nouveau SUV compact attendu avant la fin 2028. Ce modèle, inédit, viendra combler un vrai manque dans la gamme, notamment hors Europe où l’essence et l’hybride restent incontournables pour la clientèle premium.

📌 À retenir

  • Le nouveau SUV ne portera plus le nom Macan, réservé depuis 2026 à la seule version électrique.
  • Conçu sur la plateforme PPC partagée avec l’Audi Q5, il promet néanmoins un design et un comportement "typiquement Porsche".
  • Il proposera des motorisations essence et hybrides, probablement du mild hybrid (48V) voire du plug-in, selon la réglementation des marchés visés.

📉 Les limites de la transition tout-électrique au grand jour

Porsche n’est pas isolé dans cette réévaluation stratégique. Son mouvement illustre le désenchantement du marché vis-à-vis de l’électrique, en particulier sur le segment premium, où les attentes sont multiples : image, polyvalence, performances, autonomie réelle… Or, impossible d’ignorer :

  • L’accueil très mitigé réservé au Macan électrique sur certains marchés pourtant stratégiques (États-Unis, Chine).
  • Un effritement des ventes de VE premium en 2025, face à un ralentissement mondial de la demande.
  • Le poids des contraintes techniques, du prix et de l’autonomie, qui freinent l’adoption, notamment hors Europe.

📊 En chiffres

  • En 2024, 78% des Macan vendus dans le monde étaient toujours thermiques.
  • Les bénéfices de Porsche ont plongé de 133% au premier semestre 2025, dans un contexte économique globalement tendu (droits de douane américains, inflation, coût du développement des VE).

🔎 Info Box : La norme GSR2, catalyseur du changement

Entrée en vigueur en juillet 2024, la réglementation européenne GSR2 a poussé Porsche à retirer brutalement le Macan thermique du marché européen. Cette norme impose des dispositifs de sécurité avancés et de nouveaux crash-tests. Beaucoup de constructeurs, y compris dans le premium, n’ont pas pu adapter leurs modèles existants dans les délais.

🚗 Une stratégie à deux vitesses, symptomatique du marché européen

Derrière le lancement de ce nouveau SUV se dévoile une logique de plus en plus binaire chez les constructeurs européens :

  • Europe : priorité à l’électrique, sous la contrainte réglementaire sévère… mais la demande réelle stagne voire recule en 2025, sauf sur certains marchés de niche.
  • Amériques et Asie : la clientèle reste attachée au plaisir du thermique, l’infrastructure de recharge évolue lentement, et l’appétit pour l’électrique demeure très relatif sur le segment premium.

💡 Conseil d’expert

"La multiplication des gammes hybrides et thermiques va de pair avec une flexibilité nécessaire : l’idée n’est plus de remplacer le thermique, mais de le compléter pour ne pas perdre des parts de marché stratégiques. L’approche purement volontariste de l’électrification montre ses limites en 2025, notamment dès que l’incitation financière et politique décroît."

👀 2028 : marché des SUV hybrides en pleine expansion

L’horizon 2028 s’annonce très favorable pour les SUV compacts hybrides, en particulier dans le segment premium :

  • Hybridation légère 48V en forte progression, pour abaisser les émissions et optimiser la consommation à moindre coût.
  • Hybrides rechargeables capables de rouler 60 km en électrique, pour satisfaire les exigences urbaines tout en gardant le rayon d’action du thermique.
  • Offre pléthorique : Mercedes, BMW, Lexus, Audi misent massivement sur l’hybride, que Porsche viendra désormais concurrencer de front.

📊 Tableau comparatif express – Perspectives 2028

TechnologieAutonomie électriqueConsommation (WLTP)Prix d’accès (premium)
Hybride légère 48V0 km5,0 – 7,5 L/100 km~45 000 €
Hybride rechargeable50 – 65 km4,0 – 5,5 L/100 km~58 000 €
Électrique pur350 – 600 km0 L/100 km~62 000 €

💬 Un aveu d’échec… ou un simple ajustement pragmatique ?

Ce retour du thermique chez Porsche doit-il être lu comme une capitulation face à la transition électrique, ou simplement comme une démonstration de pragmatisme industriel ? Oliver Blume, le dirigeant, ne se cache pas :

“Notre modèle économique traditionnel ne fonctionne plus sous sa forme actuelle. Un portefeuille moteur plus équilibré renforcera notre compétitivité à partir de 2028.”

L’enjeu est moins de renoncer à l’électrique que de refuser l’uniformisation mondiale du modèle zéro émission. La diversité technique reste de mise, et la notion même de “fin des moteurs thermiques” apparaît, pour certains segments, comme prématurée.


L’annonce de Porsche marque un tournant lucide. Face à la complexité du marché et aux multiples réalités réglementaires, les constructeurs n’ont d’autre choix que d’avancer par ajustements successifs, loin de tout dogmatisme. L’ère du tout-électrique, promise comme inéluctable il y a peu, s’annonce décidément plus progressive—et tourmentée—qu’escompté.

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