En bref:
- Mitsubishi renonce à investir 200 millions d’euros dans Ampere, filiale électrique de Renault, après le retrait de Nissan, laissant Ampere sans financement japonais externe.
- Malgré une trésorerie suffisante à court terme, Ampere risque de voir son développement freiné face à une concurrence internationale solide sans nouveaux investissements.
- Renault doit rapidement diversifier ses partenariats industriels et financiers pour renforcer sa filière électrique dans un contexte mondial de réajustements stratégiques.
Déjà ébranlée par le retrait de Nissan en mars dernier, la filiale Ampere de Renault spécialisée dans les véhicules électriques et les logiciels, doit à présent composer avec le refus de Mitsubishi Motors d’investir jusqu’à 200 millions d’euros dans son capital. Ce deuxième désengagement japonais soulève de nombreuses questions sur la compétitivité de Renault et sur la solidité de la filière électrique française.
Un nouveau revers pour Renault après Nissan
Depuis la création d’Ampere en 2023, Renault comptait fortement sur les investissements de ses partenaires historiques, Nissan et Mitsubishi, afin de renforcer sa stratégie industrielle autour de l’électrique et du logiciel. Toutefois, ces ambitions viennent d’être mises à mal successivement par ces deux constructeurs japonais.
Après l’annonce en mars 2025 par Nissan de renoncer à investir jusqu’à 600 millions d’euros en raison d’une grave crise financière (4,1 milliards d’euros de perte nette en 2024-2025), c’est au tour de Mitsubishi d’abandonner son projet d’investissement de 200 millions d’euros. Le constructeur nippon a indiqué préférer désormais miser sur des collaborations ponctuelles avec Renault et Ampere, sans entrer directement à son capital.
ℹ️ Ainsi, sur un total attendu de 800 millions d’euros en provenance des constructeurs japonais, Ampere se retrouve aujourd’hui sans aucun apport de la part de ses partenaires initiaux.
Ampere peut-elle survivre sans investisseurs externes ?
Selon une porte-parole d’Ampere, "la filiale génère actuellement suffisamment de trésorerie pour appuyer son développement sans recourir au financement venant d’actionnaires minoritaires". Une déclaration qui se veut rassurante, affirmant la solidité financière intrinsèque de l’entreprise à court terme. Pourtant, ce double retrait japonais interroge sur la crédibilité d’Ampere, notamment dans le contexte très concurrentiel de la mobilité électrique européenne.
📌 Ampere vise l’équilibre financier dès 2025 et projette une marge opérationnelle de 10% à partir de 2030. Cependant, sans investissement complémentaire rapide, son développement pourrait être freiné et la rendre moins compétitive face à des concurrents déjà solidement implantés comme Volkswagen ou Tesla.
Quel impact stratégique pour Renault et la filière française ?
Pour Renault, la situation impose un ajustement rapide. La valeur ajoutée d’Ampere repose principalement sur son intégration verticale complète, allant de la production des véhicules à l’électronique embarquée et aux logiciels. Pourtant, en l’absence de partenaires industriels impliqués financièrement dans le projet, Ampere risque de voir son positionnement stratégique affaibli.
Bien que Mitsubishi et Nissan continuent de s’appuyer sur certains modèles de Renault pour le marché européen (ASX dérivé du Captur, Colt dérivé de la Clio ou encore le futur Eclipse Cross électrique basé sur le Renault Scenic), ces collaborations restent ponctuelles et ne présagent pas d’investissements stratégiques croisés à long terme.
💡 Conseil d’expert : Renault a tout intérêt à explorer rapidement d’autres alternatives de financement ou à consolider ses partenariats industriels et technologiques, par exemple avec des acteurs européens ou nord-américains pour diversifier ses appuis économiques et industriels.
Une concurrence mondiale en pleine recomposition
Le mouvement récent de Mitsubishi traduit finalement une stratégie plus globale. Le constructeur nippon a choisi de renforcer ses engagements ailleurs, notamment en s’associant à Foxconn pour le marché australien et néo-zélandais, et à Nissan pour développer ses véhicules électrique et hybride en Amérique du Nord.
Ce réalignement stratégique japonais, amorcé depuis la restructuration de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi début 2023, révèle un contexte international compétitif où les constructeurs automobiles revoient leurs priorités régionales au détriment d’investissements transversaux moins rentables à court terme.
📊 | Constructeur japonais | Nouveaux partenariats électrifiés |
|————————|———————————-|
| Mitsubishi Motors | Foxconn (Océanie), Nissan (Amérique du Nord) |
| Nissan | Restructuration interne majeure, recentrage régional |
Les conséquences de ces choix pourraient être non négligeables à moyen terme pour Renault et l’ensemble de la filière électrique française, appelant les industriels à redoubler d’ingéniosité et de réactivité stratégique face à cette recomposition.
La décision de Mitsubishi de ne plus financer Ampere constitue donc bien davantage qu’un simple revers financier pour Renault : elle met en lumière les défis majeurs auxquels toute l’industrie automobile française devra faire face pour conserver une place forte dans l’électrification automobile mondiale.