En bref:
- La croissance rapide des véhicules électriques en Europe pose un défi majeur pour le déploiement des bornes de recharge.
- L’ACEA estime qu’il faudra multiplier par 8 le nombre de bornes d’ici 2030 pour répondre à la demande.
- Des réglementations renforcées et une collaboration entre les acteurs sont nécessaires pour relever ce défi.
La transition vers les véhicules électriques est en plein essor en Europe. Cependant, malgré les progrès réalisés, le déploiement des infrastructures de recharge ne suit pas le rythme effréné de l’adoption des voitures électriques le rythme effréné de l’adoption des voitures électriques. Ce décalage pourrait entraver sérieusement les ambitions de décarbonation du secteur des transports, un enjeu crucial pour lutter contre le changement climatique.
Une demande croissante de bornes de recharge
En 2022, plus d’un cinquième des nouvelles immatriculations de voitures en Europe concernaient des modèles électriques, soit près de 2 millions d’unités. Les ventes de véhicules utilitaires électriques ont également progressé, atteignant 5,5% des nouvelles immatriculations. Cette tendance devrait se poursuivre, portée par les objectifs ambitieux de l’Union européenne visant à atteindre 30 millions de véhicules électriques sur les routes d’ici 2030.
Cependant, cette croissance fulgurante du parc automobile électrique soulève des inquiétudes quant à la capacité des infrastructures de recharge à répondre à la demande. Selon l’Association des Constructeurs Européens d’Automobiles (ACEA), le rythme actuel de déploiement des bornes de recharge est nettement insuffisant. En 2023, seulement 150 000 nouvelles bornes ont été installées dans toute l’Europe, un chiffre dérisoire face aux besoins futurs.
Des objectifs ambitieux, mais des défis persistants
Pour atteindre les objectifs climatiques fixés pour 2030, l’ACEA estime qu’il faudra multiplier par 8 le nombre de bornes de recharge, soit 8,8 millions d’installations supplémentaires. Cela représente environ 22 000 nouvelles bornes par semaine, chaque année, jusqu’en 2030. Un défi colossal, comparé au rythme actuel.
Sigrid de Vries, directrice générale de l’ACEA, alerte sur ce "déficit d’infrastructures" qui risque de s’aggraver davantage que ne l’estime la Commission européenne. Selon elle, les projections de Bruxelles, qui tablent sur 3,5 millions de bornes d’ici 2030, sous-estiment les besoins réels.
Ce décalage s’explique notamment par des divergences dans les méthodes de calcul. Alors que la Commission se concentre sur les voitures électriques à batterie, l’ACEA prend en compte les véhicules utilitaires électriques, qui utilisent également les bornes de recharge. De plus, les estimations de consommation moyenne diffèrent, avec 14,8 kWh/100 km pour Bruxelles contre 20 kWh/100 km pour les constructeurs.
Des efforts réglementaires pour accélérer le déploiement
Face à ces défis, l’Union européenne a renforcé son cadre réglementaire pour stimuler le déploiement des infrastructures de recharge. Le règlement AFIR (Alternative Fuels Infrastructure Regulation) vise à faciliter l’installation de bornes de recharge rapide le long des principaux axes routiers européens.
D’ici 2026, des bornes d’au moins 400 kW devront être disponibles tous les 60 km sur le réseau transeuropéen de transport (RTE-T). À partir de 2028, la puissance minimale totale des stations de recharge sera portée à 600 kW, avec au moins deux bornes de plus de 150 kW.
Le règlement impose également des exigences spécifiques pour les véhicules utilitaires, avec des points de recharge tous les 120 km offrant une puissance totale de 1,4 à 2,8 MW. Ces mesures visent à garantir une couverture adéquate pour les flottes de poids lourds électriques.
Cependant, certains acteurs de l’industrie automobile, comme l’ACEA, estiment que ces objectifs ne sont pas suffisamment contraignants pour atteindre les cibles de réduction des émissions de CO2 fixées pour 2030. La fédération appelle à une réévaluation des besoins en infrastructures, en incluant les véhicules hybrides et les utilitaires électriques, souvent omis des calculs actuels.
Une nécessaire collaboration pour relever le défi
Au-delà des réglementations, une collaboration étroite entre les différents acteurs sera indispensable pour relever le défi du déploiement des bornes de recharge. Les investisseurs, les opérateurs, les gouvernements et les constructeurs automobiles devront unir leurs efforts pour garantir une adoption durable des véhicules électriques et atteindre les objectifs de décarbonation.
Certains pays, comme les Pays-Bas et la Norvège, montrent la voie en mettant en place des politiques proactives et des subventions pour l’installation de bornes de recharge publiques et privées. Ces initiatives visent à créer un réseau dense et accessible, adapté à la demande croissante.
De plus, des solutions innovantes en matière de financement, de standardisation technologique et d’interopérabilité des systèmes de paiement, de standardisation technologique et d’interopérabilité des systèmes de paiement devront être développées. L’harmonisation des normes et l’amélioration de l’expérience utilisateur seront cruciales pour encourager l’adoption des véhicules électriques par le grand public.
En définitive, le déploiement des infrastructures de recharge est un élément clé pour une transition réussie vers la mobilité électrique en Europe. Si les défis actuels ne sont pas relevés rapidement, le "déficit d’infrastructures" pourrait sérieusement compromettre les efforts de décarbonation du secteur des transports et les ambitions climatiques de l’Union européenne.