En bref:
- Le secteur électrique se recentre en 2025‑2026 : plusieurs modèles premium et pick‑up (F‑150 Lightning, Ram REV, Acura ZDX, etc.) sont arrêtés, repoussés ou retirés, surtout en Amérique du Nord.
- Causes principales : marges comprimées, fin des crédits d’impôt US, coûts industriels et infrastructures de recharge inégales.
- Conséquences pour l’acheteur : moins de choix sur certains segments, bonnes affaires et déstockages à court terme, mais risque de décote accélérée et bascule partielle vers les hybrides.
Le “ralentissement” électrique n’est plus un débat d’opinion, c’est une réalité industrielle qui se mesure en lignes d’assemblage stoppées, projets gelés et gammes « purgées ». En 2025, plusieurs véhicules électriques sont retirés, repensés ou repoussés, souvent après une carrière éclair. Voici l’inventaire des modèles concernés, ce que cela dit de la rentabilité du VE aujourd’hui et l’impact concret pour les acheteurs.
À retenir
- De grands noms préfèrent couper, simplifier ou différer leurs VE pour 2025‑2026, surtout dans les segments haut de gamme et pick-up.
- Les causes s’additionnent : marges sous pression, crédits d’impôt retirés aux États‑Unis fin septembre, infrastructures inégales, surcoûts et risques industriels.
- Côté clients, le choix se rétrécit dans certains segments, mais les rabais de fin de vie et la décote accélérée dynamisent l’occasion.
La liste noire 2025‑2026 : arrêts, pauses et reports
Voici les décisions actées ou officialisées par les marques ces derniers mois. Attention au périmètre géographique : beaucoup de décisions concernent d’abord l’Amérique du Nord.
Ford F‑150 Lightning — production suspendue sine die
- Production à l’arrêt depuis octobre 2025 (incident chez un fournisseur d’aluminium, puis arbitrages stratégiques) et aucune date de redémarrage communiquée à la mi‑novembre.
- Selon le Wall Street Journal, Ford a étudié l’hypothèse d’un arrêt définitif, sur fond de demande plus faible et de marges dégradées.
- Contexte défavorable aux États‑Unis : la fin des crédits d’impôt fédéraux fin septembre a brutalement refroidi les modèles chers, dont les pick‑up électriques.
Acura ZDX — fin de carrière après un an
- Annoncé comme arrêté en septembre 2025, après une seule année modèle.
- SUV Ultium (base technique GM), jusqu’à 313 miles d’autonomie (RWD) et 499 ch en Type S. Près de 12 000 exemplaires vendus en 2025, mais profil jugé trop « moyen » face à la concurrence.
Ram 1500 REV (100% électrique) — abandonné
- Présenté en 2023 mais officiellement annulé en septembre 2025.
- Ram se recentre sur le Ramcharger (hybride à prolongateur d’autonomie), lui‑même décalé vers début 2026.
Dodge Charger Daytona — gamme rationalisée
- La version R/T (env. 496 ch, 308 miles annoncés) disparaît après 2025, la palette se resserre autour de la Scat Pack.
- La déclinaison « Banshee » ultra‑puissante a été abandonnée avant lancement.
Nissan Ariya — pause de commercialisation aux États‑Unis
- Ventes « suspendues » à partir de 2026 sur le marché américain, Nissan réallouant ses moyens (Leaf nouvelle génération plus accessible). Tarifs et droits de douane ont pesé sur l’équation.
- Le statut varie selon les régions : en Europe, l’Ariya reste au catalogue à ce stade.
Genesis Electrified G80 — sortie discrète du marché US
- Berline électrique premium (env. 282 miles, 385 ch) arrêtée aux États‑Unis, distribution déjà très limitée à l’origine.
Mercedes‑Benz — repli tactique en Amérique du Nord
- EQB : fin annoncée après 2025 en NA.
- Pause d’expédition des EQE/EQS (berlines et SUV) vers les États‑Unis depuis début septembre. Ces modèles restent disponibles sur d’autres marchés, dont l’Europe.
Polestar 2 — retirée de la gamme US neuve
- La berline (jusqu’à 320 miles après mise à jour) est mise de côté aux États‑Unis du fait des tarifs ; l’offre y passe surtout par l’occasion. Pas d’impact identique en Europe.
Maserati MC20 Folgore — abandonné
- Le projet d’hypercar électrique est tombé, Maserati ayant préféré relancer son thermique remanié.
Porsche « K1 » (SUV 7 places 900 V) — reporté
- Le vaisseau amiral électrique 7 places est repoussé au profit d’un renforcement des PHEV et thermiques à court terme.
📌 En Chine, le choc est d’une autre nature : la guerre des prix a fragilisé des marques plus jeunes. Neta (Hozon), ex‑cadre du Top 10 VE en 2022, est passée en restructuration judiciaire en 2025, symbole d’un secteur ultra‑concurrentiel où les marges ont été laminées.
Pourquoi ces coupes ? Le retour du réel économique
- Rentabilité sous pression: les gros VE (luxe, pick‑up) restent coûteux à produire, la demande est devenue plus sensible au prix. La disparition des aides fédérales US fin septembre a asséché la clientèle « haut de panier ».
- Risques industriels: montée en cadence batterie/logiciel complexe, dépendances à des fournisseurs critiques, et coûts de garantie élevés.
- Infrastructures inégales: l’usage quotidien (longue distance, recharge hivernale, remorquage) pénalise des segments comme le pick‑up.
- Politique commerciale et tarifs: les droits de douane et les critères d’éligibilité aux aides redessinent les prix et l’attractivité modèle par modèle.
- Stratégie produits: recentrage temporaire vers l’hybride et les solutions à prolongateur d’autonomie pour conserver l’agrément électrique tout en sécurisant l’autonomie et les coûts.
Ce que cela change pour l’acheteur
- Moins de variété dans certains segments: pick‑up 100% électriques et « muscle cars » électriques perdent des déclinaisons.
- Plus d’opportunités court terme: fins de série, déstockages et négociations renforcées quand un modèle sort du catalogue. Surveillez aussi les immatriculations 0 km.
- Occasion plus abordable, mais plus volatile:
- L’arrêt/suspension d’un modèle peut accélérer sa décote sur le marché de l’occasion, par crainte sur la pérennité des mises à jour logicielles, des pièces et de la valeur résiduelle.
- En 2025, la baisse moyenne des prix en VE d’occasion est souvent plus rapide que pour le thermique: de l’ordre de 12 à 17% sur un an, avec des cas à −40% en 12 mois et jusqu’à −60% sur trois ans pour certains modèles.
- Poussée des hybrides (HEV/PHEV/EREV): l’offre s’étoffe sensiblement en 2026, avec des coûts d’usage et une autonomie mixte rassurants pour une partie du public.
💡 Conseil d’expert achat (neuf ou occasion d’un modèle « stoppé »)
- Exigez par écrit les engagements de mises à jour logicielles, la durée de support connectivité et la disponibilité des pièces (au moins 10 ans).
- Vérifiez l’état de santé batterie (SOH), la garantie restante (souvent 8 ans/160 000 km) et la politique de remplacement/réparation du pack.
- Anticipez la revente: comparez la valeur résiduelle des modèles concurrents encore en production.
- Réseau de charge: testez votre usage réel (trajets, météo) et validez la couverture de bornes sur vos axes.
Ce que révèle cette « purge » des gammes
- Le VE « cher » est le plus exposé: sans aides et sans volumes élevés, la rentabilité vacille.
- Les constructeurs privilégient des VE mieux ciblés et plus abordables: le milieu de gamme à 30‑40 k€ progresse (type Chevrolet Equinox EV, Hyundai Ioniq 5), quand les vaisseaux amiraux sont temporisés.
- L’hybride redevient un pilier de transition: pont technologique pour ménager coûts, autonomie et marges, tout en poursuivant l’électrification.
- 2026 sera une année de tri: simplification des gammes, baisses de coûts (nouvelles chimies LFP/M3P, architectures 800/900 V plus efficaces), et repositionnements industriels région par région.
Modèles concernés, en bref
Arrêtés/abandonnés
- Ford F‑150 Lightning (production suspendue sans calendrier, arrêt définitif à l’étude)
- Acura ZDX (arrêt annoncé, US)
- Ram 1500 REV (EV) (annulé)
- Dodge Charger Daytona R/T (abandonné après 2025)
- Genesis Electrified G80 (US)
- Maserati MC20 Folgore (annulé)
Mis en pause / retirés localement
- Nissan Ariya (pause US à partir de 2026)
- Mercedes EQB (fin de carrière en NA après 2025)
- Mercedes EQE/EQS (pause d’expéditions vers les US depuis 09/2025)
- Polestar 2 (retirée du neuf US, cause tarifs)
Reportés
- Porsche « K1 » (SUV 7 places électrique haut de gamme)
En clair, le marché ne renonce pas au 100% électrique, mais il se réorganise. Les projets trop ambitieux ou mal positionnés cèdent la place à des VE mieux calibrés en coût et en usage, et à des hybrides de transition. Pour l’acheteur, c’est l’instant des bonnes affaires — à condition de sécuriser le support dans la durée.
