En bref:
- L’implantation de Chery en Espagne marque une nouvelle étape dans la reconfiguration du marché européen des véhicules électriques.
- Cette arrivée chinoise représente à la fois une opportunité pour l’Espagne et une menace pour les constructeurs européens traditionnels.
- Les constructeurs historiques devront s’adapter rapidement pour faire face à la concurrence des acteurs chinois et à l’électrification croissante du marché.
Le secteur automobile européen est en pleine mutation avec l’arrivée massive des constructeurs chinois sur le Vieux Continent. Après BYD en Hongrie, c’est au tour du géant Chery d’annoncer l’ouverture de sa première usine de production en Europe, sur le site de l’ancienne usine Nissan à Barcelone. Une décision stratégique aux implications économiques considérables.
Un marché automobile européen en pleine reconfiguration
Longtemps dominé par les constructeurs historiques comme Volkswagen, Stellantis ou encore BMW, le marché européen des véhicules particuliers connaît ces dernières années un bouleversement sans précédent. L’essor fulgurant des véhicules électriques, couplé à l’arrivée de nouveaux acteurs venus d’Asie, redistribue les cartes et remodèle les équilibres.
Les constructeurs chinois, forts d’un avantage compétitif indéniable sur les technologies de l’électromobilité, ont décidé de se lancer à la conquête de l’Europe. Après BYD qui a choisi la Hongrie pour implanter sa première usine du Vieux Continent, c’est au tour de Chery de franchir le pas en s’implantant en Espagne.
Chery, fer de lance de l’offensive chinoise
Fondé en 1997, Chery est aujourd’hui l’un des principaux constructeurs automobiles chinois. Avec près de 1,9 million de véhicules vendus en 2023, dont une part croissante de modèles électriques et hybrides, le groupe public affiche des ambitions à la hauteur de son poids sur le marché intérieur.
Très populaire il y a une quinzaine d’années en Chine avec sa petite citadine essence abordable, Chery a depuis diversifié son offre, se positionnant résolument sur le créneau des SUV urbains électrifiés. Une stratégie payante qui lui a permis de s’imposer comme l’un des leaders de l’électromobilité en Chine.
Fort de ce succès, Chery a décidé d’accélérer son internationalisation en visant l'Europe. Après avoir ouvert un centre de design et développement près de Francfort, le constructeur chinois prévoit de lancer d’ici fin 2025 pas moins de 9 modèles SUV répartis sur 3 marques différentes (Omoda, Jaecoo et une troisième non dévoilée).
Un choix stratégique pour l’Espagne
C’est dans ce contexte que s’inscrit l’annonce de l’implantation de Chery à Barcelone. Un choix loin d’être anodin pour l’Espagne, qui espère ainsi relancer son industrie automobile durement frappée ces dernières années par les fermetures d’usines.
La décision de Chery de s’installer sur l’ancien site de production de Nissan, fermé en 2021, permettra de recréer près de 1600 emplois directs. Un enjeu crucial pour la région de Catalogne, durement touchée par ces licenciements massifs.
Mais au-delà de l’aspect social, l’arrivée de Chery revêt aussi une dimension stratégique majeure. En attirant un acteur de poids sur son sol, l’Espagne espère bénéficier d’un effet d’entraînement et devenir un hub incontournable de la production de véhicules électriques en Europe.
Un pari qui semble payant au vu des ambitions affichées par Chery. Outre la production de ses propres modèles Omoda dès cette année, le groupe chinois prévoit de nouer des accords avec son partenaire local EV Motors pour assembler d’autres véhicules, dont les fourgonnettes électriques de la marque Ebro.
Quelles conséquences pour les constructeurs européens ?
Si elle représente une formidable opportunité pour l’Espagne, l’arrivée de Chery n’en constitue pas moins une menace de taille pour les constructeurs automobiles traditionnels européens. Avec des coûts de production bien inférieurs et une avance technologique sur l’électrique, les groupes chinois disposent d’atouts redoutables pour bousculer le statu quo.
Les constructeurs européens, de Volkswagen à Renault en passant par BMW, risquent de voir leur part de marché se réduire comme peau de chagrin face à cette concurrence d’un nouveau genre. D’autant que les groupes chinois comme Chery ont pour stratégie de proposer un mix de modèles thermiques, hybrides et 100% électriques, leur permettant de s’adapter aux différents niveaux de maturité des marchés européens.
Certains analystes n’hésitent d’ailleurs pas à comparer l’arrivée de ces nouveaux acteurs chinois à un "raz-de-marée" qui pourrait bouleverser durablement les équilibres du marché automobile européen. Une menace d’autant plus sérieuse que la Commission européenne a récemment ouvert une enquête sur les subventions accordées par Pékin aux constructeurs d’électriques, soupçonnées de fausser la concurrence.
Reste à voir comment les constructeurs historiques réagiront face à cette offensive chinoise. Certains, comme Stellantis, semblent déjà prendre la menace au sérieux en accélérant leurs investissements dans l’électrique. D’autres, en revanche, pourraient bien payer au prix fort leur retard dans la course à l’électrification.
En attendant, nul doute que l’implantation de Chery en Espagne marquera un tournant majeur pour le marché automobile européen. Un bouleversement qui pourrait bien redistribuer les cartes dans les années à venir et consacrer l’émergence de nouveaux leaders, au détriment peut-être des anciens.
[Conclusion très courte, sans titre dédié]
L’arrivée des constructeurs chinois en Europe promet d’être un séisme dont les répliques se feront sentir longtemps. Qu’ils sauront s’adapter ou non, les acteurs historiques ont d’ores et déjà été prévenus : la partie ne fait que commencer.