La bataille entre Stellantis et les constructeurs chinois en Italie fait rage

En bref:

  • Stellantis fait face à une concurrence grandissante des constructeurs chinois en Italie.
  • La stratégie d’alliances avec des acteurs chinois est envisagée pour contrer cette menace.
  • La transition énergétique dans le secteur automobile est au cœur des enjeux de cette bataille.

Dans un contexte de concurrence accrue sur le marché automobile européen, le géant italo-américain Stellantis se retrouve confronté à une menace grandissante : l’arrivée des constructeurs chinois en Italie. Cette perspective soulève de vives inquiétudes au sein du groupe, qui craint de lourdes répercussions sur son activité locale.

Une stratégie agressive des constructeurs chinois

Depuis plusieurs années, les constructeurs automobiles chinois ont entamé une percée remarquable sur les marchés internationaux, notamment en Europe. Forts de leurs avancées technologiques dans le domaine des véhicules électriques et de leurs coûts de production compétitifs, ces acteurs asiatiques séduisent de plus en plus de consommateurs avec des offres alléchantes.

Parmi les poids lourds chinois, BYD et Chery Auto sont particulièrement actifs dans leur volonté d’implantation en Italie. Séduit par les perspectives de ce marché stratégique, le gouvernement italien a entamé des discussions avec ces groupes, dans l’optique d’attirer un nouveau constructeur sur son sol et de dynamiser ainsi sa production automobile nationale.

Stellantis face à la menace d’une concurrence déloyale

Pour Stellantis, l’arrivée de ces concurrents chinois représente une véritable épine dans le pied. Avec une position dominante en Italie, où il détient un quasi-monopole, le groupe craint de subir de plein fouet les effets d’une concurrence jugée déloyale par son PDG Carlos Tavares.

En effet, les constructeurs chinois sont réputés pour leur agressivité tarifaire, pratiquant des prix très compétitifs que les acteurs européens peinent à égaler tout en préservant leur rentabilité. Cette stratégie de prix bas pourrait sérieusement entamer les parts de marché de Stellantis en Italie, menaçant ainsi ses volumes de production et, par ricochet, l’emploi dans ses usines locales.

Une réponse musclée de Stellantis

Face à cette menace, Carlos Tavares n’a pas mâché ses mots. Lors d’un événement à Turin, le dirigeant a prévenu que l’introduction d’une concurrence chinoise en Italie pourrait contraindre Stellantis à prendre des "décisions impopulaires", laissant planer la menace de fermetures d’usines.

Pour se prémunir contre cette éventualité, Stellantis envisage d’intensifier ses efforts de productivité afin de réduire ses coûts et de rester compétitif face aux offres chinoises. Cependant, le PDG reconnaît que cette stratégie pourrait ne pas suffire, et que le groupe pourrait alors être contraint de revoir à la baisse ses capacités de production en Italie.

Un bras de fer avec le gouvernement italien

Cette mise en garde de Stellantis intervient dans un contexte de tensions avec le gouvernement italien. En effet, ce dernier déplore le monopole du groupe sur le marché national et souhaite attirer de nouveaux acteurs pour dynamiser le secteur.

Adolfo Urso, ministre italien des Entreprises, a ainsi critiqué le fait que l’Italie soit le seul pays européen à ne compter qu’un seul constructeur automobile d’envergure, contrairement à d’autres nations comme l’Allemagne, la France ou la Pologne. Il a insisté sur la nécessité de "réparer cette anomalie italienne".

De son côté, Stellantis a convenu avec le gouvernement d’un objectif de production d’un million de véhicules en Italie d’ici 2030, contre 752 000 unités en 2022. Cependant, l’arrivée d’un concurrent chinois pourrait remettre en cause cet engagement, selon Carlos Tavares.

Une stratégie d’alliances pour contrer la menace chinoise

Face à cette situation délicate, Stellantis semble opter pour une stratégie d’alliances avec des acteurs chinois, plutôt que d’affronter frontalement la concurrence. En effet, le groupe a récemment annoncé un partenariat avec le constructeur Leapmotor, spécialisé dans les véhicules électriques.

Dans le cadre de cet accord, Stellantis prévoit d’investir environ 1,5 milliard d’euros pour acquérir près de 20% des parts de Leapmotor, devenant ainsi un actionnaire de référence. Cette alliance permettra au groupe italo-américain de bénéficier de l’expertise chinoise dans le domaine des véhicules électriques, tout en évitant les lourds investissements associés.

De plus, Stellantis envisage de produire des modèles Leapmotor dans ses usines européennes, notamment à Mirafiori en Italie. Cette stratégie viserait à contourner les éventuels malus que l’Union européenne pourrait imposer sur les importations de véhicules chinois, tout en permettant à Stellantis d’atteindre ses objectifs de production en Italie.

Une transition énergétique au cœur des enjeux

Au-delà de la simple bataille commerciale, cette confrontation entre Stellantis et les constructeurs chinois met en lumière les défis liés à la transition énergétique dans le secteur automobile. Les constructeurs européens, longtemps dominants, se retrouvent aujourd’hui confrontés à la montée en puissance des acteurs asiatiques, particulièrement avancés dans le domaine des véhicules électriques.

Pour Stellantis, cette situation représente un défi de taille. Le groupe doit non seulement préserver sa compétitivité face à une concurrence agressive, mais également accélérer sa propre transition vers l’électrification de sa gamme. C’est dans cette optique que s’inscrit son partenariat avec Leapmotor, qui devrait contribuer à atteindre les objectifs ambitieux du plan stratégique "Dare Forward 2030".

Conclusion

La bataille qui se profile entre Stellantis et les constructeurs chinois en Italie est loin d’être anodine. Elle met en lumière les tensions grandissantes sur le marché automobile européen, où les acteurs traditionnels doivent faire face à l’émergence de nouveaux challengers asiatiques, particulièrement compétitifs dans le domaine des véhicules électriques.

Pour Stellantis, l’enjeu est de taille : préserver sa position dominante en Italie tout en accélérant sa transition énergétique. Si le groupe semble opter pour une stratégie d’alliances avec des acteurs chinois, il n’exclut pas de prendre des décisions radicales, telles que des fermetures d’usines, pour rester compétitif.

Cette confrontation illustre également les défis auxquels sont confrontés les gouvernements européens, pris en étau entre la nécessité de soutenir leur industrie automobile nationale et l’ouverture à la concurrence internationale. Une équation complexe qui pourrait bien redessiner les contours du paysage automobile européen dans les années à venir.

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