La Volvo ES90 : la nouvelle berline électrique suédoise peut-elle bousculer les allemandes sur le marché français ?

En bref:

  • La Volvo ES90, une grande berline 100% électrique, ambitionne de concurrencer les modèles allemands sur le marché français avec ses performances, son autonomie allant jusqu’à 700 km et sa rapidité de recharge.
  • Positionnée à partir de 75 900 €, elle offre un rapport qualité-prix attractif dans le segment premium tout en mettant en avant des valeurs écologiques grâce à l’utilisation de matériaux recyclés.
  • Son succès dépendra de l’acceptation par une clientèle française historique des marques allemandes et de l’évolution des infrastructures de recharge.

En cette année 2025, Volvo franchit un cap décisif dans sa stratégie d’électrification avec le lancement de l’ES90. Cette grande berline 100% électrique, officiellement présentée le 5 mars dernier à Stockholm, ambitionne de redéfinir les standards du segment premium dominé jusqu’ici par les constructeurs allemands. Alors que la France accélère sa transition vers la mobilité électrique, cette nouvelle venue a-t-elle les atouts pour séduire une clientèle exigeante et s’imposer face à une concurrence déjà bien installée ?

Une berline électrique aux ambitions assumées

La Volvo ES90 représente un tournant dans l’histoire de la marque suédoise. Héritière spirituelle de la S90, elle abandonne totalement le thermique pour ne proposer qu’une motorisation électrique. Volvo fait ainsi le pari audacieux de réinvestir le segment des grandes berlines premium, un créneau en perte de vitesse en France, mais qui conserve une clientèle fidèle, notamment dans le monde de l’entreprise.

Avec ses 5 mètres de long, son empattement généreux de 3,10 mètres et sa hauteur de 1,55 m, l’ES90 impose une présence indéniable sur la route. Son design reste fidèle à l’ADN Volvo, alliant élégance nordique et sobriété, tout en y ajoutant des éléments distinctifs qui marquent son appartenance à la famille électrique de la marque, comme la face avant lisse et les feux signature en "marteau de Thor".

Sa silhouette fastback, avec un Cx de 0,25 (le meilleur jamais atteint par la marque), témoigne d’une recherche aérodynamique poussée pour maximiser l’efficience. Un atout non négligeable face à ses concurrentes allemandes : l’Audi A6 e-tron (Cx de 0,21), la Mercedes EQE (0,22) et la BMW i5 (0,23).

Des performances et une autonomie qui changent la donne

C’est au niveau de la fiche technique que la Volvo ES90 frappe fort. Trois variantes sont proposées au lancement :

  • Single Extended Range : Propulsion arrière de 333 ch (480 Nm), batterie de 88 kWh utiles, autonomie de 650 km, 0 à 100 km/h en 6,9 secondes
  • Twin : Transmission intégrale, 449 ch (670 Nm), batterie de 102 kWh utiles, autonomie de 700 km
  • Twin Performance : Transmission intégrale, 680 ch (870 Nm), batterie de 102 kWh utiles, autonomie de 700 km, 0 à 100 km/h en 4 secondes

La berline suédoise innove notamment avec sa nouvelle architecture 800V, une première pour Volvo, qui lui permet d’accepter des puissances de charge impressionnantes : jusqu’à 300 kW pour la version à batterie de 88 kWh et 350 kW pour les versions à batterie de 102 kWh. Ces chiffres surclassent la concurrence allemande, avec l’Audi A6 e-tron limitée à 270 kW, la BMW i5 à 205 kW et la Mercedes EQE à seulement 170 kW.

En pratique, cela permet à l’ES90 de récupérer 300 km d’autonomie en 10 minutes et d’effectuer une recharge de 10 à 80% en seulement 20 minutes. Un argument de poids pour les professionnels et les particuliers confrontés à la problématique de la recharge rapide lors des longs trajets.

Un intérieur repensé, entre technologie et durabilité

L’habitacle de l’ES90 reflète parfaitement la philosophie de Volvo : luxe discret, ergonomie soignée et engagement environnemental. L’empattement XXL offre un espace aux jambes généreux, particulièrement appréciable pour les passagers arrière.

L’aménagement intérieur s’inspire largement du SUV EX90, avec une interface entièrement numérique articulée autour d’un écran central vertical de 14,5 pouces fonctionnant sous Google Android et d’un écran d’instrumentation de 9 pouces. La berline conserve ce second écran, contrairement au SUV compact EX30 qui n’en dispose pas.

Les matériaux utilisés témoignent de l’engagement écologique de Volvo : 29% d’aluminium recyclé, 18% d’acier recyclé et 16% de polymères recyclés et matériaux biosourcés. Les boiseries sont certifiées FSC, garantissant une gestion durable des forêts.

Sur le plan technologique, l’ES90 ne fait aucune concession, avec un arsenal complet : 8 caméras, 5 radars, 1 Lidar sur le toit et 12 capteurs ultrasons, permettant d’anticiper les avancées en matière de conduite semi-autonome. L’ensemble est piloté par une architecture électronique centrale composée de deux processeurs NVIDIA Drive AGX Orin, capables de traiter plus de 500 billions d’opérations par seconde.

Positionnement prix : une stratégie agressive face aux allemandes

Avec un prix d’attaque fixé à 75 900 € pour la version Single Extended Range en finition Start, Volvo adopte un positionnement compétitif dans le segment premium. À équipement comparable, l’ES90 se montre moins chère que ses concurrentes directes :

  • La BMW i5 eDrive40 (340 ch) débute à un tarif similaire mais avec une batterie plus petite (81,2 kWh)
  • L’Audi A6 e-tron démarre à 66 420 €, mais avec une puissance et une batterie inférieures (285 ch, 83 kWh)
  • La Mercedes EQE 300 (245 ch) est proposée à partir de 70 050 €

Au sommet de la gamme, l’ES90 Twin Performance Ultra à 98 450 € affiche également un rapport prix/prestations favorable face à une Mercedes AMG EQE 53 (625 ch) à 125 000 € ou une BMW i5 M60 (601 ch) à 109 900 €.

Le défi du marché français : convaincre malgré le déclin des berlines

Si l’ES90 semble avoir les arguments techniques pour bousculer les concurrentes allemandes, elle devra faire face à une réalité de marché moins favorable. En France, le segment des grandes berlines est en net recul depuis plusieurs années, avec une clientèle qui s’oriente massivement vers les SUV.

Pour rappel, la berline thermique S90 avait déjà quitté le marché français en 2020 faute de demande suffisante. L’ES90 pourra-t-elle inverser cette tendance ? Plusieurs facteurs pourraient jouer en sa faveur.

Premièrement, le marché électrique haut de gamme est encore en construction en France, avec des clients moins ancrés dans leurs habitudes. La transition écologique redéfinit le paysage automobile et peut permettre à un nouveau modèle de s’imposer.

Deuxièmement, la clientèle professionnelle (flottes d’entreprises) représente une cible prioritaire pour ce type de véhicule. Les nouvelles réglementations fiscales, notamment le durcissement des avantages en nature pour les véhicules thermiques, favorisent l’adoption de véhicules électriques premium.

Enfin, l’ES90 présente un caractère distinctif par rapport aux allemandes, offrant une alternative crédible aux acheteurs en quête d’originalité et de valeurs environnementales affirmées.

L’impact sur la transition énergétique française

L’arrivée de l’ES90 sur le marché français pourrait avoir un impact significatif sur la transition énergétique dans le segment premium. En effet, ce secteur reste encore largement dominé par les motorisations thermiques, particulièrement les modèles diesel qui représentent une part importante des flottes d’entreprise.

Avec son autonomie élevée (jusqu’à 700 km) et sa recharge ultra-rapide, l’ES90 lève deux des principaux freins à l’adoption de l’électrique sur ce segment : l’anxiété d’autonomie et les contraintes de recharge lors des longs trajets.

Par ailleurs, l’empreinte carbone réduite du véhicule (annoncée comme 30% inférieure à celle de l’EX90) et l’utilisation de matériaux recyclés s’inscrivent parfaitement dans l’objectif de décarbonation du parc automobile français, qui reste une priorité nationale.

Une concurrence qui s’intensifie

Si l’ES90 peut séduire par ses caractéristiques techniques, elle arrive sur un marché où la concurrence s’intensifie. Outre les constructeurs allemands déjà bien établis, de nouveaux acteurs comme Tesla avec sa Model S restylée ou des marques chinoises premium comme Nio, pourraient également tenter leur chance sur le segment.

On notera par ailleurs que Volkswagen avec son ID.7 ou Hyundai avec sa Ioniq 6 proposent des alternatives intéressantes à des tarifs plus accessibles. Ces véhicules, sans prétendre au statut premium des allemandes ou de la Volvo, offrent néanmoins des prestations techniques remarquables.

Conclusion : un pari audacieux mais calculé

La Volvo ES90 s’impose comme une proposition sérieuse et crédible sur le segment des grandes berlines électriques premium. Sa fiche technique impressionnante, son design élégant et son rapport qualité-prix favorable lui donnent les armes nécessaires pour défier les constructeurs allemands, jusqu’ici maîtres incontestés du segment.

Sur le marché français, cependant, son succès dépendra de plusieurs facteurs : la capacité de Volvo à convaincre une clientèle attachée aux marques allemandes, l’évolution des infrastructures de recharge rapide (indispensables pour exploiter pleinement les capacités de l’ES90), et la politique fiscale française concernant les véhicules électriques.

Les premières livraisons, prévues en novembre 2025 pour les versions à propulsion et en mars 2026 pour les versions à transmission intégrale, nous diront si ce pari audacieux mais calculé de Volvo aura été payant. Une chose est sûre : avec l’ES90, la marque suédoise montre qu’elle a l’intention de jouer un rôle majeur dans la transition électrique du segment premium, y compris en France.

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