L’industrie automobile est à l’aube d’une transformation majeure, avec la voiture électrique comme proue de ce navire en mutation. Une récente analyse du cabinet d’AlixPartner évalue les investissements des constructeurs automobiles dans l’électrique à plus de 600 milliards de dollars dans les années à venir, une somme astronomique qui ne garantit pourtant pas un retour sur investissement à moyen ou long terme.
Malgré une volonté claire de proposer aux consommateurs des véhicules électriques abordables, de grands acteurs comme Volkswagen et Renault se heurtent à une réalité technique et économique incontournable : les batteries, éléments vitaux de ces véhicules, demeurent coûteuses. On estime actuellement le prix du kWh de batterie à environ 200 dollars, un coût qui freine l’accessibilité de l’électrique pour de nombreux ménages.
L’attente d’une avancée technologique significative, telle que l’arrivée de batteries solides, est palpable. Toutefois, cette perspective reste hypothétique et n’offre pas de réelle visibilité aux constructeurs qui, en attendant, investissent massivement sans certitude de rendement financier.
Une croissance exponentielle des investissements
Selon l’étude d’AlixPartners, les investissements dans l’électrique devraient grimper de 330 milliards de dollars sur la période 2021-2025 à 616 milliards de dollars entre 2023 et 2027. Cette flambée des investissements est sans précédent dans l’histoire de l’industrie automobile, soulignant la volonté de celle-ci à se détourner des énergies fossiles.
Toutefois, le rapport met en lumière une préoccupation majeure : la capacité des constructeurs, en dehors de la Chine, à rentabiliser ces investissements. En effet, la transition vers l’électrique pourrait entraîner des bouleversements majeurs dans le paysage automobile mondial, avec le risque de voir certaines marques disparaître après 2030.
La stratégie agressive de la Chine
La Chine, véritable géant de l’industrie automobile, est identifiée comme une force motrice majeure pour les années à venir. La stratégie audacieuse de la Chine contraste avec l’approche plus prudente des constructeurs européens, américains ou japonais. Le défi pour ces derniers est donc double : faire face à la concurrence de la Chine et rentabiliser leurs investissements considérables.
Adaptation ou disparition : le cas de Jeep
Dans ce contexte, certaines marques emblématiques ont décidé d’embrasser l’électrique pour conserver leur place sur le marché. C’est le cas de Jeep, qui a récemment lancé le modèle Avenger, son premier SUV 100% électrique, spécialement conçu pour le marché européen. Avec ce véhicule, Jeep espère contrer la baisse de ses ventes, qui ont chuté de plus de 10% en un an, et répondre aux exigences environnementales de plus en plus strictes de l’Union européenne.
Stratégie d’aménagement pour le développement de la voiture électrique
Parallèlement à ces investissements et innovations technologiques, un autre défi se pose : l’installation d’infrastructures de recharge adaptées. C’est le cas, par exemple, du département de l’Indre, en France, où le premier comité technique du schéma directeur de développement des infrastructures de recharge de véhicules électriques (SDIRVE) s’est tenu en juin 2023.
Le SDIRVE a pour objectif de déterminer les besoins futurs en matière de mobilité électrique dans l’Indre et de proposer des infrastructures de recharge adaptées à court terme (2025) et à long terme (2035). Pour cela, des partenariats sont établis avec des entreprises spécialisées dans l’énergie renouvelable et la mobilité électrique, telles que Satys et Gireve.
La transition vers l’électrique implique donc un changement profond non seulement dans la conception des véhicules, mais aussi dans l’organisation de nos villes et de nos routes. Un défi de taille pour l’industrie automobile, qui devra concilier investissements massifs, innovation technologique et aménagement territorial pour réussir sa révolution verte.