L’Europe face à l’offensive des véhicules électriques chinois : une question d’avenir industriel

En bref:

  • L’Europe craint l’offensive des véhicules électriques chinois et envisage une enquête sur les subventions dont ils bénéficient.
  • Les constructeurs européens sont en retard en termes de technologie et de coûts par rapport à leurs concurrents chinois.
  • La baisse des prix des batteries est un facteur clé pour l’avenir des véhicules électriques.

La crainte d’un déferlement de voitures électriques chinoises

En plein affrontement géopolitique entre les États-Unis et la Chine, l’Europe craint de perdre sa place dans l’histoire industrielle. Ce sentiment d’appréhension se fait de plus en plus sentir à Bruxelles, comme en témoignent les récentes déclarations de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Devant les parlementaires, elle a exprimé son inquiétude face à l' »invasion » des marchés mondiaux par les voitures électriques chinoises.

L’Europe envisage donc de lancer une enquête sur les subventions dont bénéficient ces véhicules en Chine. En question, l’avenir de la dernière grande industrie manufacturière dont dispose encore l’Europe. Le spectre des panneaux solaires chinois, qui ont largement contribué à l’effondrement d’un secteur prometteur au début des années 2000, plane encore dans les esprits.

Un avantage technologique et économique chinois

Néanmoins, il serait réducteur d’attribuer la menace chinoise uniquement à des subventions gouvernementales. Les constructeurs européens ont longtemps résisté à l’électrique, se reposant sur leur expertise en matière de véhicules à combustion. Pendant ce temps, la Chine a massivement investi pour développer le marché de l’électrique et construire une filière complète, de l’extraction des matières premières à la fabrication des véhicules.

Aujourd’hui, les constructeurs européens constatent, avec une certaine amertume, que leurs concurrents chinois ont une longueur d’avance significative en termes de technologie et de coûts. Une avance qui se traduit concrètement sur le marché : en 2021, les voitures chinoises ne représentaient que 2 % des ventes de véhicules électriques en Europe. Aujourd’hui, elles pèsent 8 % et devraient dépasser les 10 % d’ici la fin de l’année.

La transition énergétique, un défi pour l’industrie automobile européenne

Face à cette situation, l’Europe se trouve dans une impasse. D’un côté, elle doit favoriser la transition énergétique en encourageant l’adoption des véhicules électriques. De l’autre, elle doit protéger son industrie automobile face à la concurrence chinoise. Un dilemme complexe qui n’a pas de solution évidente.

Lancer une enquête sur les subventions chinoises alors que l’Europe subventionne aussi massivement son industrie, notamment pour les batteries, n’est sans doute pas la solution la plus judicieuse. À court terme, une solution pourrait consister à réserver les aides aux véhicules européens, comme le souhaite la France. Cependant, rattraper le retard accumulé sans compromettre la transition énergétique s’annonce difficile.

La baisse des prix des batteries, un facteur clé pour l’avenir

Selon une étude du Rocky Mountain Institute (RMI), la baisse des prix des batteries pourrait permettre aux véhicules électriques d’atteindre la parité de prix avec les modèles à combustion en Europe en 2024 et sur le marché américain en 2026. Les batteries représentent environ 40% du coût d’un véhicule électrique. Leur coût élevé a longtemps été un obstacle à l’accessibilité des véhicules électriques pour de nombreux consommateurs.

Cependant, les constructeurs investissent de plus en plus dans de nouvelles technologies de batteries, ce qui devrait permettre de réduire leur coût. Le RMI prédit que le coût des batteries devrait être divisé par deux d’ici 2030, passant de 151 dollars par kilowattheure (kWh) en 2022 à entre 60 et 90 dollars par kWh.

Le marché automobile chinois en plein essor

La Chine, premier marché automobile mondial, semble déjà avoir pris le virage de l’électrique. Aujourd’hui, plus d’un quart des véhicules vendus en Chine sont électriques. En outre, la Chine dispose d’une capacité de production de véhicules à batteries dix fois supérieure à celle de l’Allemagne. Sa maîtrise de la technologie des batteries, qui représentent 40% du coût d’un véhicule électrique, lui confère un avantage considérable.

Un défi industriel pour l’Europe

Face à la montée en puissance des véhicules électriques chinois, l’Europe doit réagir. Il ne s’agit pas seulement de protéger son industrie automobile, mais aussi de se positionner comme un acteur majeur de la transition énergétique. Pour cela, il est nécessaire de renforcer les investissements dans la recherche et le développement de nouvelles technologies de batteries, mais aussi de soutenir la production de véhicules électriques sur le sol européen.

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