Offensive chinoise au Brésil : BYD et Great Wall, laboratoire sud-américain et alerte rouge pour l’industrie automobile française

En bref:

  • BYD et Great Wall accélèrent leur implantation au Brésil grâce à des incitations fiscales, transformant le pays en un laboratoire stratégique pour l’industrie automobile électrique.
  • Cette offensive chinoise, combinée aux tensions locales et à la montée des droits de douane, préfigure une concurrence accrue pour les constructeurs européens, en particulier français.
  • La France et l’Europe doivent renforcer leur innovation et souveraineté industrielle pour éviter la désindustrialisation face à la montée en puissance des véhicules électriques chinois.

Le Brésil, nouveau terrain de jeu des constructeurs chinois BYD et Great Wall, est en train de devenir un laboratoire grandeur nature pour l’industrie automobile électrique. Pendant que des acteurs historiques comme Ford et Mercedes quittent leurs usines locales, les géants chinois accélèrent leur implantation, profitant d’incitations fiscales, tout en affrontant de solides freins réglementaires. Cette dynamique, loin d’être anodine, pose de vraies questions pour la France et l’Europe, à l’heure où la transition vers la mobilité électrique s’accélère sous le feu d’une concurrence sans précédent.

🚦 Un marché brésilien sous tension : entre incitations et protectionnisme

Le gouvernement brésilien a choisi depuis plusieurs années de stimuler l’électrification de sa flotte automobile. Pour y parvenir, il a mis en place des quotas d’importation sans droits de douane pour les véhicules hybrides rechargeables et 100 % électriques. Concrètement, jusqu’en juillet 2025, près de 400 millions de dollars de VE chinois peuvent entrer sans surcoût fiscal – une aubaine dont profitent activement BYD et Great Wall Motors (GWM).

À retenir :

Jusqu’à la fin juillet 2025, les importateurs chinois peuvent profiter d’un accès préférentiel au marché brésilien pour livrer massivement leurs modèles électriques et hybrides.

Mais cette stratégie s’accompagne d’un retour de bâton. L’afflux, notamment de véhicules abordables produits en Chine, inquiète fortement les constructeurs brésiliens et syndicats locaux. Résultat, le pays a annoncé un rétablissement – progressif – des droits de douane (jusqu’à 35 % en 2026), pour éviter une déstabilisation totale de l’appareil productif local.

📊 Tableaux de bord : l’impact des VE chinois au Brésil

AnnéeImportations de VE chinois (est.)Part de marché VE au BrésilDroits de douane
2024120 000 véhicules8 % des immatriculations10 %
2025 (prév.)200 000 véhiculesEn forte hausseMontée à 35 % (2026)

Chaînes d’approvisionnement, emploi et transfert de technologie : la nouvelle donne industrielle

L’offensive de BYD et GWM ne se résume pas à l’export de véhicules. Les deux groupes s’installent aussi dans la production locale, investissant dans des usines de batteries (ex : BYD à Manaus), moteurs et chaînes d’assemblage pour gagner en influence et contourner, à terme, les barrières tarifaires.

Toutefois, leur arrivée ne se fait pas sans heurts. BYD, qui devait relancer dès 2025 l’ancienne usine Ford en Bahia, voit la mise en route de la production repoussée à fin 2026 à cause d’une enquête sur les conditions de travail. GWM subit aussi de lourds retards sur son site de São Paulo, racheté à Mercedes, en partie en raison des complexités réglementaires et administratives.

Info Box – Les clés de l’offensive chinoise au Brésil :

  • Investissements stratégiques dans la fabrication de batteries et composants clés.
  • Création d’emplois et transfert de compétences, mais des tensions sur le respect du droit social local.
  • Renforcement des infrastructures grâce au soutien massif de la Chine dans le développement des énergies renouvelables brésiliennes, élément fondamental pour la montée en puissance des VE.

Le Brésil, laboratoire avant l’Europe ? Pourquoi la France doit regarder de près

La stratégie adoptée au Brésil est plus qu’une conquête régionale : elle préfigure ce que les constructeurs chinois pourraient déployer en Europe – et donc en France. Leur approche consiste à :

  1. Tester les modèles économiques et industriels dans un environnement dynamique, à coût modéré, mais réglementé.
  2. Rodage de l’offre et des chaînes logistiques : la gamme de véhicules – des citadines abordables aux utilitaires – est expérimentée sur le terrain sud-américain, avant une possible généralisation.
  3. Adaptation aux marchés sensibles : la forte progression des véhicules électriques chinois au Brésil (x2 en un an), l’ajustement rapide des politiques publiques, mais aussi l’opposition syndicale et industrielle, constituent un observatoire riche pour affiner leur stratégie européenne.

🚩 Pourquoi l’Europe (et la France) doivent s’alerter

  • Érosion des parts de marché nationales : en Europe, BYD et consorts montent en puissance via des offres concurrentielles, à grand renfort d’importations (la Chine, c’est déjà 54 % des VE importés).
  • Dépendance croissante à la chaîne d’approvisionnement chinoise : prix attractifs, batteries produites à grande échelle et montée en compétence sur la production locale, les constructeurs européens doivent accélérer la riposte technologique, notamment sur le segment des VE abordables et la production de batteries.
  • Pression sur l’emploi et l’innovation locale : le spectre, déjà réel au Brésil, d’une désindustrialisation accélérée en cas de réponse trop tardive.

📢 Citation pertinente

« Le Brésil est en train de devenir le terrain d’essai d’une mutation industrielle majeure qui nous concerne tous en Europe. Ignorer l’offensive chinoise sur les VE serait une erreur stratégique lourde.»
— Spécialiste de l’industrie automobile sud-américaine


En synthèse, la percée de BYD et Great Wall au Brésil, facilitée par des incitations fiscales mais contrariée par des obstacles locaux, doit servir de signal d’alerte pour l’industrie automobile française et européenne, tant sur le plan industriel que géostratégique. L’avenir de la filière passera par une capacité collective à innover rapidement, à sécuriser les chaînes d’approvisionnement et à anticiper les nouveaux modèles économiques venus de Chine.

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