En bref:
- La parité des prix entre véhicules électriques et thermiques pourrait être atteinte dès 2026, grâce à une baisse significative des coûts des batteries, prévoyant un prix de 80 dollars/kWh.
- Les constructeurs français, tels que Renault et Stellantis, doivent adapter leur stratégie face à une concurrence accrue, notamment des marques chinoises, tout en s’engageant dans des investissements massifs pour l’électrification de leur gamme.
- La transition vers l’électrique pose des défis infrastructurels et sociaux, nécessitant une évolution des infrastructures de recharge et une adaptation des emplois dans la filière automobile.
L’électrification du parc automobile français pourrait connaître une accélération majeure dans les prochaines années. Selon une analyse approfondie de BloombergNEF, la parité des prix entre véhicules électriques et thermiques se profilerait dès 2026, soit bien plus tôt que les prévisions initiales qui tablaient sur la fin de la décennie. Cette perspective soulève de nombreuses questions sur la transformation du marché hexagonal.
Une baisse spectaculaire du coût des batteries qui change la donne
La chute vertigineuse du prix des batteries constitue le principal catalyseur de cette évolution. En 2024, le coût moyen par kilowattheure a atteint 115 dollars, marquant une baisse historique de 20% sur un an. Cette tendance baissière devrait se poursuivre pour atteindre environ 80 dollars/kWh en 2026, selon les projections de Goldman Sachs, puis 69 dollars/kWh à l’horizon 2030.
Cette réduction drastique s’explique par plusieurs facteurs concomitants :
- L’effondrement des cours des matières premières stratégiques, particulièrement le lithium
- Les surcapacités de production, notamment en Asie
- L’optimisation des process industriels
- Le développement de chimies alternatives comme les batteries LFP (Lithium Fer Phosphate)
Le positionnement stratégique des constructeurs français
Face à cette évolution majeure du marché, les constructeurs français doivent adapter leur stratégie. Stellantis et Renault ont déjà annoncé des investissements massifs dans l’électrification, mais la question de leur compétitivité face aux marques chinoises reste entière.
La Renault 5 E-Tech, dont le lancement est prévu pour début 2025, constituera un test crucial. Avec un prix d’entrée annoncé autour de 25 000 euros, elle devra démontrer la capacité des constructeurs européens à proposer des véhicules électriques abordables. Citroën a déjà franchi ce cap avec sa ë-C3, positionnée à moins de 24 000 euros.
Un marché de l’occasion en pleine mutation
La perspective d’une parité des prix va également bouleverser le marché de l’occasion. Actuellement, les véhicules électriques d'occasion souffrent d’une décote plus importante que leurs homologues thermiques, principalement en raison des interrogations sur la durabilité des batteries et l’évolution rapide des technologies.
L’atteinte de la parité en 2026 pourrait inverser cette tendance. Les véhicules électriques, bénéficiant de coûts d’usage réduits et d’une maintenance simplifiée, pourraient voir leur valeur résiduelle se renforcer significativement.
Les défis infrastructurels à relever
Si la question du prix d’achat se résout progressivement, d’autres enjeux demeurent critiques pour une transition réussie vers l’électrique. Le déploiement des infrastructures de recharge constitue un défi majeur : la France compte actuellement environ 100 000 points de charge publics, un chiffre encore insuffisant pour accompagner une électrification massive du parc.
Impact sur les emplois et la filière automobile française
La transition accélérée vers l’électrique soulève également des questions sociales et industrielles. La fabrication d’un véhicule électrique nécessite environ 30% de main d’œuvre en moins qu’un véhicule thermique. Cette réalité impose une transformation profonde de la filière automobile française, qui emploie directement plus de 200 000 personnes.
Les variables macroéconomiques à surveiller
Plusieurs facteurs pourraient toutefois perturber cette trajectoire vers la parité :
- Les tensions géopolitiques, notamment avec la Chine qui domine la production mondiale de batteries
- L’évolution des cours des matières premières
- Les politiques publiques de soutien à l’électrification
- La capacité des réseaux électriques à absorber la demande croissante
Le rôle crucial des politiques publiques
Le gouvernement français maintient actuellement un système d’aides à l’achat, mais celui-ci devrait évoluer. L’enveloppe dédiée aux subventions passera de 1,5 milliard à 1 milliard d’euros en 2025, ce qui pourrait ralentir la transition pendant la période critique précédant l’atteinte de la parité.
Le durcissement progressif des normes environnementales, notamment l’abaissement du seuil d’émissions de CO2 à 81 g/km en 2025, constituera néanmoins un puissant levier en faveur de l’électrification.
La perspective d’une parité des prix entre véhicules électriques et thermiques dès 2026 marque un tournant décisif pour le marché automobile français. Cette évolution, portée par l’effondrement du coût des batteries, pourrait accélérer considérablement la transition énergétique du secteur, à condition que l’ensemble de l’écosystème – infrastructures, réseau électrique, formation professionnelle – suive le même rythme.