Renault 5 Five : une électrique à moins de 25 000 €, vraie révolution ou compromis risqué pour le marché français ?

En bref:

  • La Renault 5 Five, proposée à moins de 25 000 € hors bonus, vise à démocratiser l’électrique en France avec un modèle urbain accessible et fabriqué localement, mais au prix de compromis techniques, notamment l’absence de recharge rapide DC.
  • Face à des concurrentes comme la Citroën ë-C3 et la Dacia Spring, elle mise sur son design, son confort relatif et son label « Origine France Garantie » pour séduire une clientèle urbaine.
  • Son succès dépendra de l’acceptation de ces limitations et de son usage majoritairement quotidien à faible distance, tandis que les versions plus équipées restent préférables pour des besoins variés.

Depuis son retour remarqué en 2024, la Renault 5 électrique ne cesse de faire parler d’elle. Version après version, la citadine électrique ambitionne de démocratiser davantage le véhicule zéro émission en Europe. La récente arrivée de la déclinaison "Five", affichée juste sous la barre symbolique des 25 000 €, relance la donne économique et technique du marché français des citadines électriques. Une stratégie audacieuse qui soulève autant d’espoirs que de questions.

Renault 5 Five : la carte audacieuse de Renault en entrée de gamme

Positionnée à 24 990 € hors bonus, soit environ 20 680 € déduction faite du bonus écologique (4 000 €) et de la prime CEE complémentaire (310 €), la Renault 5 Five se veut une réponse directe à l’offensive tarifaire d’acteurs tels que Dacia ou l’offensive asiatique représentée en partie par la MG4. Ce tarif agressif, conjugué au sceau prestigieux « Origine France Garantie » – la production étant centralisée à Douai (ElectriCity Renault) –, redessine les cartes d’un segment très disputé.

Pourtant, derrière ce prix d’appel attractif, Renault impose des compromis qui interpellent.

Techniques et équipements : quels sacrifices pour ce prix attractif ?

Un moteur moins puissant, mais suffisant ?

Si Renault conserve pour cette Five la batterie de 40 kWh qui offre une autonomie correcte de 310 à 312 km en cycle mixte WLTP, le moteur électrique passe de 120 ch des autres versions à seulement 95 ch (70 kW). En clair, les performances s’en trouvent nettement limitées (0 à 100 km/h en 12 secondes environ, vitesse maxi de 130 km/h), même si elles restent suffisantes pour une utilisation strictement urbaine ou périurbaine.

Recharge : des restrictions qui posent question

Le principal compromis technique, et sans doute la plus grande faiblesse de cette Renault 5 Five, concerne la recharge. À l’heure où la concurrence fait des progrès notables (comme la Citroën ë-C3 qui propose même en entrée de gamme en entrée de gamme une recharge rapide DC à 100 kW), Renault surprend en supprimant totalement la recharge rapide (DC). Une absence qui limite fortement l’usage intensif ou les trajets longue distance. Le constructeur français maintient toutefois un chargeur embarqué AC 11 kW triphasé, en version monodirectionnelle uniquement (pas de V2G/V2L ici).

Dotation à bord : entre bonne surprise et austérité

Le niveau d’équipement reste honorable en entrée de gamme : écran numérique 7 pouces, tactile multimédia 10,1 pouces compatible avec Android Auto et Apple CarPlay, climatisation manuelle, accès mains libres, régulateur-limiteur de vitesse, aides à la conduite essentielles (freinage autonome, aide au maintien dans la voie). Mais Renault a dû faire quelques concessions sur le confort et l’agrément : pas de sièges chauffants, absence de recharge sans fil pour smartphone, climatisation automatique remplacée par une manuelle, sellerie basique et certains équipements de confort (caméra de recul, radars avant, câble de recharge domestique) en option.

En somme, un juste nécessaire rationalisé, mais une austérité qui tranche avec le standing perçu des variantes supérieures.

Quels effets à attendre sur un marché français en pleine mutation ?

Une réponse ciblée à la concurrence directe (Citroën ë-C3 et Dacia Spring)

La Renault 5 Five arrive en concurrence frontale avec la Citroën ë-C3. Cette dernière, tarifée dès 23 300 €, bénéficie clairement d’un avantage technique majeur : sa recharge DC 100 kW. Mais le look rétro-charme de la R5, son aspect qualitatif perçu supérieur, ainsi que sa fabrication en France constituent des arguments forts auprès d’une clientèle sensibilisée aux enjeux industriels et locaux.

Face à la Dacia Spring (moins de 18 000 € après bonus, mais plus spartiate avec seulement 61 à 87 ch), la Renault 5 Five pourrait séduire une clientèle cherchant un compromis entre prix, performances et niveau de confort/d’agrément supérieur à la Spring considérée souvent comme plus "rustique".

Une offre qui pourrait accélérer la transition électrique ?

Avec une part de marché de près de 20 % pour les véhicules électriques début 2025, le marché français est en pleine bascule. L’arrivée de modèles accessibles tels que cette Renault 5 Five vient soutenir l’objectif ambitieux d’une démocratisation réelle et durable de l’électrique. Néanmoins, en imposant une recharge limitée à l’AC, Renault prend un risque réel : celui de proposer un véhicule perçu comme "secondaire", permettant difficilement de remplacer totalement une thermique ou hybride pour toutes les utilisations d’un ménage moyen.

Une stratégie commerciale qui porte déjà ses fruits

Depuis sa sortie à l’automne dernier, la nouvelle génération de Renault 5 électrique électrique ne cesse de progresser : avec plus de 11 400 unités vendues rien qu’en France début 2025, elle est déjà devant sa concurrente Citroën ë-C3 sur l’exercice en cours. Ce qui montre que Renault, malgré des choix parfois controversés, réussit à capter l’intérêt de la clientèle française et européenne sur un marché hautement concurrentiel.

💡 Conseil d’expert : Pour tirer pleinement profit de l’offre « Five », il est essentiel d’avoir une utilisation urbaine à dominante, en acceptant que son utilisation soit limitée à des trajets quotidiens ou à faible distance. Pour une utilisation variée et plus intensive, les nouvelles versions « Evolution » et « Iconic » dotées d’une recharge DC rapide et d’une puissance supérieure restent évidemment préférables, malgré un prix plus élevé.

Un pari stratégique à double tranchant ?

La Renault 5 Five a de solides atouts pour séduire une clientèle plus large, soucieuse de basculer vers l’électrique sans sacrifier un usage urbain performant et confortable. En abaissant son ticket d’entrée, Renault se donne les moyens de bousculer réellement le marché. Toutefois, les choix techniques imposés peuvent contrarier nombre de clients potentiels : l’absence de recharge DC, notamment, pourrait en dissuader beaucoup, très attentifs à l’aspect "polyvalent" de leur acquisition.

À terme, le succès de cette déclinaison très accessible financièrement se mesurera réellement à l’accueil du public et à la capacité de Renault à dépasser ces freins objectivement importants. En attendant, le marché hexagonal des citadines électriques s’intensifie assurément, poussant chaque constructeur à reconsidérer ses stratégies produits avec attention et réactivité. La Renault 5 Five sera-t-elle la locomotive attendue vers le tout-électrique pour tous ou une simple solution d’appoint complémentaire ? Seul l’avenir proche pourra apporter une réponse définitive.

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