Voitures électriques : pourquoi le désintérêt des Français freine-t-il la transition énergétique ?

En bref:

  • En 2025, seuls 9 % des Français envisagent l’achat d’une voiture électrique, freiné principalement par le prix élevé et les inquiétudes sur le coût et la durabilité des batteries.
  • La préférence pour les véhicules thermiques et hybrides augmente, mettant en difficulté les objectifs européens d’électrification et la stratégie des constructeurs français.
  • Pour relancer l’attractivité du véhicule électrique, une révision des aides publiques et une meilleure communication sur les bénéfices et garanties sont indispensables.

Si les discours politiques et les ambitions européennes annonçaient un futur radieux pour le véhicule électrique, l’année 2025 marque un net ralentissement de cet enthousiasme. Seulement 9 % des Français envisagent l’achat d’une voiture électrique cette année, selon une récente étude du cabinet Deloitte. Un chiffre stable par rapport à l’année précédente, mais particulièrement inquiétant en pleine transition énergétique. 🔋

Pourquoi cet attentisme ? Quels en sont les impacts pour la stratégie de neutralité carbone du pays ? Décryptage d’un phénomène inquiétant pour l’environnement et pour l’industrie automobile.

Le prix : obstacle majeur à la démocratisation des véhicules électriques

Incontournable et loin devant les autres motifs évoqués par les sondages, la question financière reste centrale. Plus de la moitié des Français considèrent toujours le coût d’achat d’un véhicule électrique comme trop élevé. Le seuil fatidique des 30 000 euros est régulièrement cité comme une limite d’acceptabilité psychologique. Alors que des modèles à moins de 20 000 euros comme la Renault 5 ou la Citroën e-C3 arrivent sur le marché, cette entrée de gamme pourrait changer la donne, mais sa généralisation reste à démontrer concrètement.

S’ajoute à cela un frein relativement inédit, lié à la batterie elle-même : 43 % des personnes interrogées se disent dorénavant préoccupées par le coût potentiel de remplacement de ces batteries. Ce nouveau critère place la durabilité des batteries au centre des préoccupations des consommateurs et dénote un besoin croissant d’informations sur leur longévité et leur recyclabilité.

📌 À retenir :

  • 52 % des Français pointent le prix d’achat comme problème majeur.
  • 43 % craignent le coût de remplacement de la batterie.
  • La durabilité des batteries devient un point critique des décisions d’achat.

Quand infrastructures et autonomie cessent d’être les seules préoccupations

Longtemps en tête des appréhensions, les soucis liés à l’autonomie et au manque d’infrastructures perdent légèrement de terrain en 2025. Les Français commencent à intégrer des autonomies moyennes autour des 350 km (théoriques) et l’installation progressive de bornes – la France a dépassé les 100 000 points de recharge en 2024. Mais voilà, ce progrès ne suffit pas : les freins psychologiques tels que la peur de la panne sur longs trajets persistent fortement, notamment parmi les personnes réalisant régulièrement des déplacements importants.

De nouvelles exigences voient aussi le jour : la recharge rapide. En effet, pour plus de 40% des répondants, le critère de la rapidité de recharge devient déterminant, contre seulement 28 % en 2024. Pourtant, les technologies répondant à ces attentes (architecture 800 volts) restent inaccessibles en termes de prix moyen.

💡 Conseil d’expert :
Les pouvoirs publics gagneraient à insister sur la sécurisation des trajets longue distance et l’amélioration des technologies de recharge ultrarapide pour convaincre davantage.

Une préférence persistante pour le thermique et l’hybride

Contre toute attente, c’est le moteur thermique qui reprend la cote en 2025. 44 % des intentions d’achat se portent encore vers des véhicules diesel ou essence (contre 41% en 2024). Pire, les véhicules hybrides, perçus comme une solution transitoire plus accessible et adaptée aux besoins quotidiens, passent à 21% des intentions d’achat. Une véritable pierre dans le jardin de la mobilité 100 % électrique promue par l’Europe et la France.

Ce regain d’intérêt pour l’hybride (en particulier non rechargeable) souligne une préférence des usagers pour des compromis pratiques, proches de leur réalité d’usage quotidien. De quoi mettre en difficulté les objectifs annoncés par les autorités européennes d’un mix électrique ambitieux (25% en 2025 contre seulement 15,3% aujourd’hui à l’échelle européenne).

📊 Tableau comparatif des intentions d’achat 2024 vs 2025 (source Deloitte) :

Type de véhiculeIntentions 2024Intentions 2025Évolution
Électrique9%9%➡️
Thermique41%44%📈 +3pts
Hybride19%21%📈 +2pts

La stratégie industrielle française face à ce refus ?

Autre ombre au tableau, contrairement aux attentes, les modèles électriques des constructeurs français n’ont pas particulièrement convaincu. Plus de la moitié des Français (55 %) envisagent même un changement de marque lors de leur achat de véhicule électrique cette année, prête à privilégier le rapport performances – prix plutôt que l’origine de fabrication. Résultat : les groupes étrangers, y compris d’origine chinoise, gagnent progressivement en légitimité.

Une situation problématique pour l’industrie automobile nationale, dont la stratégie mise fortement sur l’électrification. Cette situation met les constructeurs français devant un défi majeur : rendre leurs gammes électriques clairement attractives et compétitives face à une concurrence mondiale intensive.

📢 Citations clés :

"L’objectif fixé en Europe était d’atteindre 25% du mix en 100% électrique en 2025. Nous n’en sommes qu’à 15,3% en Europe." – Guillaume Crunelle, Deloitte.

"Les consommateurs acceptent qu’une voiture électrique peut être légitime même produite par quelqu’un qu’ils ne connaissaient pas jusque-là." – Guillaume Crunelle, Deloitte.

Que faire pour relancer l’attractivité du véhicule électrique ?

Les politiques publiques en faveur du véhicule électrique existent, certes, mais elles devront être renforcées ou ajustées rapidement. Le retour du bonus écologique dès juillet, avec un plafond de 4 000 euros en fonction du revenu fiscal des ménages, constitue certes une piste intéressante pour rééquilibrer l’attractivité. Mais de toute évidence, une refonte plus globale des mécanismes incitatifs est nécessaire, couplée à une démarche éducative forte pour lever les freins psychologiques persistants.

À défaut de stratégies supplémentaires et de mesures rapides, c’est tout l’élan vers la neutralité carbone et la transition énergétique qui risque d’en pâtir durablement. Le constat invite les parties prenantes – gouvernements, constructeurs, énergéticiens et acteurs de terrain – à une nécessaire remise en question collective. L’avenir de la mobilité durable française en dépend. 🌱

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