En bref:
- Bolloré investit 2,2 milliards d’euros dans une gigafactory de batteries électriques à Mulhouse.
- La technologie de batteries solides LMP promet une autonomie supérieure de 40%.
- Ce projet s’inscrit dans la stratégie de relocalisation de la production de batteries en Europe.
Dans le cadre de la transition énergétique et de l’électrification du secteur automobile, le groupe Bolloré vient d’annoncer un projet majeur : la construction d’une gigantesque usine de production de batteries électriques dans l’agglomération de Mulhouse. Cette annonce intervient à un moment clé où la demande pour les véhicules électriques explose et où les constructeurs cherchent à sécuriser leurs approvisionnements en batteries.
Un investissement de 2,2 milliards d’euros pour une capacité de 25 GWh
Selon les informations dévoilées, le groupe Bolloré, via sa filiale Blue Solutions spécialisée dans les batteries, prévoit d’investir la somme colossale de 2,2 milliards d’euros pour la construction de cette usine géante. L’objectif est d’atteindre une capacité de production annuelle de 25 gigawattheures (GWh) d’ici 2032, soit l’équivalent de 250 000 véhicules électriques par an.
Cette gigafactory, comme on les appelle dans le jargon, sera implantée sur un vaste terrain de 32,5 hectares situé à Wittelsheim, une commune de l’agglomération mulhousienne. Le choix de cette localisation stratégique n’est pas anodin. Outre sa proximité avec l’Allemagne, principale plaque tournante automobile en Europe, la région bénéficie d’infrastructures logistiques performantes et d’un riche passé industriel.
Une technologie de batteries solides prometteuse
Le groupe Bolloré mise sur une technologie de batteries dites "solides" ou "tout solide", considérée comme l’avenir de l’électromobilité. Contrairement aux batteries lithium-ion actuelles qui utilisent un électrolyte liquide, les batteries solides de Blue Solutions reposent sur un électrolyte solide, plus sûr et offrant une meilleure densité énergétique.
Selon les dires de Cyrille Bolloré, PDG du groupe, leur technologie "Lithium Métal Polymère" (LMP) serait la seule au monde à avoir été industrialisée à ce jour. Ces batteries de quatrième génération promettent une autonomie supérieure de 40% par rapport aux batteries lithium-ion les plus performantes actuellement.
Une réponse à la stratégie de relocalisation des batteries en Europe
Ce projet pharaonique s’inscrit dans la stratégie de relocalisation de la production de batteries en Europe, portée par les pouvoirs publics. Avec l’objectif affiché de produire 2 millions de véhicules électriques par an en France d’ici 2030, il est crucial de disposer d’une offre compétitive de batteries sur le sol européen.
La France compte déjà quatre autres projets de gigafactories annoncés dans le nord du pays. L’usine de Bolloré viendrait ainsi renforcer les capacités nationales et contribuer à la souveraineté industrielle française dans ce secteur stratégique.
Un atout pour la filière automobile alsacienne
Pour la région Grand Est, et plus particulièrement l’Alsace, l’implantation de cette gigafactory représente un formidable atout économique. Avec près de 1500 emplois directs à la clé, ce projet devrait dynamiser la filière automobile locale et attirer de nouveaux investissements.
"Avec ce projet, l’Alsace devient un territoire d’avant-garde de la filière automobile. Blue Solutions permettra à notre région d’écrire un nouveau chapitre de son histoire industrielle", s’est réjoui Franck Leroy, président de la Région Grand Est.
Les autorités locales espèrent également que cette usine stimulera le développement d’un écosystème complet autour des batteries, de la recherche à la production en passant par le recyclage.
Des défis techniques et commerciaux à relever
Malgré l’enthousiasme suscité, le projet de Bolloré n’est pas encore complètement ficelé. Selon des sources proches du dossier, sa concrétisation dépendra de la stabilisation de la technologie LMP et de la signature de contrats commerciaux supplémentaires avec des constructeurs automobiles.
La bataille pour s’imposer sur le marché des batteries électriques sera rude, face à la concurrence des géants asiatiques comme CATL, LG Chem ou Panasonic. Bolloré devra démontrer la compétitivité de son offre en termes de coûts et de performances.
De plus, le défi du financement de cet investissement pharaonique reste entier. Si les aides publiques devraient être au rendez-vous, le groupe devra également convaincre des investisseurs privés de la solidité de son pari technologique.
En bref, malgré les obstacles à surmonter, le projet de gigafactory de Bolloré à Mulhouse constitue un signal fort de la volonté française de peser dans la course aux batteries électriques. Un enjeu crucial pour l’avenir de l’industrie automobile tricolore et la transition énergétique.