En bref:
- Les ventes de voitures électriques en France ont chuté de 24,4% en 2024, remettant en question les objectifs de transition énergétique.
- La réduction des aides publiques et un contexte économique difficile freinent l’électrification du parc automobile, avec une concurrence accrue des constructeurs asiatiques.
- Malgré des perspectives d’amélioration pour 2025 avec de nouveaux modèles abordables, des défis structurels, notamment l’infrastructure de recharge, demeurent.
La fin d’année 2024 s’annonce particulièrement difficile pour le marché des véhicules électriques en France. Alors que les objectifs gouvernementaux de transition énergétique étaient ambitieux, la réalité du terrain démontre une situation préoccupante qui pourrait remettre en question le calendrier de l’électrification du parc automobile français.
Un effondrement des ventes historique
Les chiffres publiés par l’Association des constructeurs européens d’automobiles le 19 décembre sont sans appel : la France enregistre une chute vertigineuse de 24,4% des immatriculations de véhicules électriques par rapport à l’année précédente. Cette baisse, la plus importante observée en Europe, survient dans un contexte où le marché automobile global reste relativement stable (+0,4% toutes motorisations confondues sur les onze premiers mois de 2024).
Cette situation est d’autant plus inquiétante que la part des véhicules électriques dans les ventes totales est retombée à 15% en novembre, contre 16,3% un an auparavant. Une tendance qui s’inscrit à contre-courant des objectifs de décarbonation fixés par les pouvoirs publics.
Les facteurs multiples d’une crise annoncée
Une politique d’aides en recul
La réduction drastique des aides publiques apparaît comme l’un des principaux facteurs de ce ralentissement. Le bonus écologique, pierre angulaire du soutien à l’électrification, a été significativement réduit, passant de 7 000 à 4 000 euros maximum pour la majorité des acheteurs. Parallèlement, l’enveloppe globale consacrée au verdissement du parc automobile a été amputée d’un tiers, tombant de 1,5 milliard à 1 milliard d’euros pour 2025.
Un contexte économique défavorable
L’inflation persistante et la hausse des taux d’intérêt pèsent lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages. Face à des véhicules électriques dont les prix restent élevés malgré les aides, de nombreux consommateurs se tournent vers le marché de l’occasion ou reportent leur achat. Cette situation est particulièrement visible chez les professionnels, qui voient leurs investissements freinés par un contexte économique incertain.
L’industrie française face à ses défis
Une concurrence internationale accrue
La filière automobile française se trouve confrontée à une concurrence asiatique de plus en plus aggressive. Les constructeurs chinois, bénéficiant d’une avance technologique dans le domaine des batteries et de coûts de production plus faibles, proposent des véhicules électriques à des prix particulièrement compétitifs. Cette pression sur les prix met en difficulté l’ensemble de la chaîne de valeur française, des constructeurs aux équipementiers.
Un tissu industriel fragilisé
Les conséquences de cette situation se font déjà sentir sur le terrain. Plusieurs équipementiers traversent des difficultés majeures, comme en témoigne la récente liquidation de MA France à Aulnay-sous-Bois. Les plans sociaux se multiplient dans le secteur, touchant aussi bien les constructeurs que leurs sous-traitants. Cette fragilisation de l’écosystème automobile français soulève des inquiétudes quant à sa capacité à maintenir une production locale compétitive.
Les perspectives pour 2025
Des signes d’espoir
Malgré ce tableau préoccupant, certains éléments laissent entrevoir une possible amélioration pour 2025. L’arrivée de nouveaux modèles plus abordables, comme la Citroën ë-C3 ou la future Renault 5 électrique E-Tech, pourrait contribuer à dynamiser le marché. Les analystes de C-Ways prévoient d’ailleurs une hausse significative des ventes électriques chez les particuliers, avec une part de marché qui pourrait atteindre 30% en 2025.
Des défis structurels à relever
Néanmoins, plusieurs obstacles majeurs persistent. La question de l’infrastructure de recharge, bien qu’en progression, reste un frein important à l’adoption massive des véhicules électriques. Par ailleurs, l’industrie française doit accélérer sa transformation pour rester compétitive face aux acteurs internationaux, tout en respectant les nouvelles normes environnementales européennes qui prévoient l’arrêt des ventes de véhicules thermiques neufs en 2035 neufs en 2035.
L’impact sur les objectifs de transition énergétique
Cette situation complexe remet en question la trajectoire initialement prévue pour la transition énergétique du secteur automobile français. Si les objectifs à long terme restent maintenus, notamment l’interdiction des véhicules thermiques neufs en 2035, le chemin pour y parvenir semble de plus en plus escarpé.
Les pouvoirs publics se trouvent confrontés à un dilemme : maintenir le cap de la transition écologique tout en préservant la compétitivité de l’industrie nationale et l’accessibilité des véhicules électriques pour le plus grand nombre. Un équilibre délicat à trouver dans un contexte économique tendu.
La chute des ventes de véhicules électriques en France à l’échelle européenne en 2024 sonne comme un avertissement sérieux pour l’ensemble de la filière. Si les perspectives pour 2025 laissent entrevoir quelques éclaircies, la réussite de la transition énergétique du secteur automobile nécessitera un engagement renouvelé de tous les acteurs, publics comme privés, et probablement une révision des stratégies d’accompagnement actuelles.