La première usine française dédiée à la production de batteries pour véhicules électriques s’apprête à ouvrir ses portes près de Lens. Cette initiative est le fruit d’une collaboration entre TotalEnergies, Stellantis et Mercedes-Benz, réunis au sein de la coentreprise Automotive Cell Company (ACC). Cette ouverture marque une étape importante dans la réindustrialisation de la France et la volonté du pays de garantir son indépendance face aux géants chinois de la production de batteries.
Quatre usines dans le Nord de la France
Les projets d’usines de batteries se multiplient en Europe, avec une cinquantaine d’annonces ces dernières années. Dans le nord de la France, quatre usines devraient voir le jour d’ici la fin de la décennie, contribuant à redynamiser cette région fortement touchée par la désindustrialisation.
Outre ACC à Billy-Berclau, près de l’ancien site de PSA à Douvrin, trois autres projets sont en cours : AESC-Envision à Douai, dont la production sera dédiée à Renault dès 2025, Verkor à Dunkerque, également destinée à Renault à partir de mi-2025, et ProLogium, une entreprise taïwanaise spécialisée dans les batteries solides, prévoyant un démarrage de production fin 2026 à Dunkerque.
20 000 emplois créés d’ici 2030
ACC prévoit de démarrer la production cet été, avec un objectif de 13 GWh de capacité annuelle d’ici fin 2024 et la création de 600 emplois. D’ici 2030, l’objectif est d’atteindre 40 GWh de capacité, soit l’équivalent de 800 000 batteries produites par an, et d’employer 2 000 salariés.
La Plateforme de l’automobile (PFA) estime que ces quatre gigafactories françaises pourraient générer 20 000 emplois d’ici 2030. Cependant, l’ambition est grande et les défis nombreux. La France souhaite atteindre l’autonomie en production de batteries d’ici 2027 pour alimenter son industrie automobile et se préparer à l’interdiction de vente de véhicules thermiques neufs en 2035 dans l’Union européenne.
Les défis de l’approvisionnement et de la concurrence internationale
La France doit faire face à la concurrence de la Chine et des États-Unis, qui bénéficient de coûts énergétiques plus faibles et de subventions massives, notamment grâce à l’Inflation Reduction Act (IRA) américain. De plus, l’approvisionnement en métaux critiques tels que le nickel, le cobalt et le manganèse, indispensables à la production de batteries lithium-ion, est largement dominé par la Chine.
Des alternatives existent, comme les batteries solides ou les batteries lithium-soufre, mais ces technologies en sont encore au stade expérimental. Le défi est donc de taille pour l’écosystème industriel émergent dans le nord de la France.
En conclusion, l’ouverture de cette première usine de batteries pour véhicules électriques en France est une étape majeure pour l’industrie automobile nationale et la transition énergétique. Les défis sont nombreux, mais les perspectives de développement et de création d’emplois sont prometteuses pour les années à venir.