En bref:
- General Motors et Hyundai ont signé un protocole d’accord pour explorer une collaboration stratégique dans le développement de véhicules électriques et à hydrogène, visant à réduire les coûts et accélérer l’innovation.
- L’alliance pourrait générer des synergies grâce à des complémentarités géographiques et technologiques, tout en répondant aux défis de la transition électrique et de la concurrence accrue sur le marché.
- Les deux entreprises visent des objectifs ambitieux, notamment la commercialisation de nouveaux modèles et l’augmentation des ventes de véhicules électriques d’ici 2030, malgré des défis culturels et réglementaires à surmonter.
Dans un contexte automobile en pleine mutation, deux géants du secteur viennent de créer la surprise. Le 12 septembre 2024, General Motors et Hyundai Motor Company ont annoncé la signature d’un protocole d’accord visant à explorer une collaboration stratégique d’envergure. Cette alliance potentielle entre l’américain et le sud-coréen pourrait redessiner le paysage de la mobilité électrique et accélérer le développement de nouvelles technologies. Décryptage des enjeux et des perspectives de ce rapprochement inattendu.
Un partenariat aux multiples facettes
Le mémorandum d’entente signé par Mary Barra, PDG de General Motors, et Euisun Chung, président exécutif de Hyundai Motor Group, ouvre la voie à une coopération dans plusieurs domaines clés :
Développement et production de véhicules
L’accord prévoit d’étudier la possibilité de co-développer et de produire conjointement des véhicules, aussi bien particuliers que commerciaux. Cette mutualisation des efforts pourrait concerner :
- Des modèles à motorisation thermique
- Des véhicules électriques à batterie
- Des véhicules à pile à combustible hydrogène
L’objectif affiché est de réduire les coûts de développement tout en accélérant la mise sur le marché de nouveaux modèles innovants. Les deux constructeurs pourraient ainsi partager leurs plateformes, leurs technologies et leurs chaînes de production pour gagner en efficacité.
Technologies de propulsion propre
Un axe majeur de la collaboration portera sur les technologies d’électrification et d'hydrogène. GM et Hyundai font partie des rares constructeurs à commercialiser des modèles à pile à combustible, comme la Chevrolet Equinox Fuel Cell ou le Hyundai Nexo. Leur expertise combinée pourrait accélérer le développement de cette technologie prometteuse.
Côté batteries, les deux groupes prévoient de mettre en commun leurs recherches sur les cellules de nouvelle génération, plus performantes et moins coûteuses. L’objectif est de réduire le prix des véhicules électriques pour les rendre accessibles au plus grand nombre.
Optimisation de la chaîne d’approvisionnement
Face à la pénurie de certains composants stratégiques, GM et Hyundai envisagent de mutualiser leurs achats, notamment pour :
- Les matières premières des batteries (lithium, nickel, cobalt…)
- L’acier et autres matériaux de construction automobile
- Les semi-conducteurs
Cette approche commune leur permettrait de sécuriser leurs approvisionnements tout en pesant davantage face aux fournisseurs pour obtenir de meilleures conditions tarifaires.
Des synergies prometteuses
Si elle se concrétise, cette alliance entre deux des plus grands constructeurs mondiaux pourrait générer d’importantes synergies :
Une complémentarité géographique
GM dispose d’une position dominante sur le marché nord-américain, tandis que Hyundai est très bien implanté en Asie. Leur rapprochement leur offrirait une meilleure couverture mondiale, avec des opportunités de croissance croisée sur leurs marchés respectifs.
Des gammes complémentaires
General Motors est particulièrement fort sur les grands SUV et les pick-up, segments où Hyundai est moins présent. À l’inverse, le constructeur coréen excelle dans les citadines et les berlines compactes. Une collaboration permettrait d’élargir leurs gammes respectives en limitant les investissements.
Des expertises technologiques à combiner
Les deux groupes ont développé des savoir-faire spécifiques qui pourraient se révéler complémentaires :
- GM a beaucoup investi dans les logiciels embarqués et la conduite autonome avec sa filiale Cruise.
- Hyundai est en pointe sur l’hydrogène et les batteries à charge ultra-rapide.
La mise en commun de ces technologies pourrait accélérer l’innovation et renforcer leur compétitivité face aux constructeurs chinois et à Tesla.
Un contexte favorable aux alliances
Ce rapprochement s’inscrit dans un mouvement plus large de consolidation du secteur automobile, sous l’effet de plusieurs facteurs :
La transition électrique, un défi colossal
Le passage à l’électrique nécessite des investissements massifs, estimés à plus de 500 milliards de dollars d’ici 2030 pour l’ensemble de l’industrie. Face à ce défi, les constructeurs cherchent à partager les coûts de R&D et à mutualiser leurs plateformes.
Une concurrence exacerbée
L’arrivée en force des constructeurs chinois sur le marché des véhicules électriques, couplée à la domination de Tesla, pousse les acteurs traditionnels à unir leurs forces pour rester dans la course.
Des régulations de plus en plus strictes
Les normes d’émissions toujours plus contraignantes, notamment en Europe et en Californie, obligent les constructeurs à électrifier rapidement leurs gammes. Les alliances permettent d’accélérer cette transition.
Des objectifs ambitieux pour les deux partenaires
Si les détails précis de la collaboration restent à définir, les dirigeants des deux groupes ont affiché des ambitions élevées :
General Motors : consolider son virage électrique
Mary Barra, PDG de GM, a déclaré : "Notre objectif est de libérer l’échelle et la créativité de nos deux entreprises pour offrir des véhicules encore plus compétitifs aux clients, plus rapidement et plus efficacement."
Le constructeur américain s’est engagé à ne plus vendre que des véhicules zéro émission d’ici 2035. Pour y parvenir, il prévoit de lancer 30 nouveaux modèles électriques d’ici 2030. La collaboration avec Hyundai pourrait l’aider à tenir ce calendrier ambitieux.
Hyundai : accélérer son expansion mondiale
De son côté, Euisun Chung, président de Hyundai, a souligné : "Ce partenariat permettra à Hyundai et GM d’évaluer les opportunités d’améliorer notre compétitivité sur les marchés et segments clés, tout en générant des gains d’efficacité et en offrant une plus grande valeur aux clients."
Le groupe coréen vise 2 millions de ventes annuelles de véhicules électriques d’ici 2030. L’alliance avec GM pourrait lui ouvrir de nouvelles opportunités, notamment sur le marché nord-américain où il reste relativement peu présent.
Des défis à surmonter
Malgré son potentiel, ce rapprochement devra surmonter plusieurs obstacles pour se concrétiser :
Des cultures d’entreprise différentes
GM et Hyundai ont des histoires et des modes de fonctionnement très différents. Harmoniser leurs pratiques et créer une culture commune sera un défi majeur.
Des enjeux de propriété intellectuelle
Le partage de technologies stratégiques nécessitera des accords complexes pour protéger les innovations de chaque partenaire.
Des risques de cannibalisation
Les deux constructeurs sont en concurrence directe sur de nombreux segments. Ils devront veiller à ce que leur collaboration ne nuise pas à leurs marques respectives.
Des contraintes réglementaires
Les autorités de la concurrence examineront de près cette alliance entre deux géants du secteur. Des cessions d’actifs pourraient être nécessaires pour obtenir leur feu vert.
Un impact potentiel sur l’ensemble du secteur
Si elle aboutit, cette collaboration pourrait avoir des répercussions bien au-delà des deux groupes concernés :
Une pression accrue sur les autres constructeurs
Face à l’union de deux acteurs majeurs, les autres constructeurs pourraient être tentés de nouer à leur tour des alliances pour ne pas être distancés.
Un coup d’accélérateur pour l’hydrogène
L’expertise combinée de GM et Hyundai pourrait donner un nouvel élan à la technologie de la pile à combustible, jusqu’ici cantonnée à un marché de niche.
Une redéfinition de la chaîne de valeur
La mutualisation des achats et de la R&D pourrait rebattre les cartes dans toute la filière automobile, des équipementiers aux fournisseurs de matières premières.
Un rééquilibrage face aux géants technologiques
Cette alliance renforcerait le poids des constructeurs traditionnels face aux nouveaux entrants issus de la tech, comme Apple ou Xiaomi, qui convoitent le marché automobile.
Ce rapprochement entre General Motors et Hyundai marque une étape importante dans la transformation du secteur automobile. S’il se concrétise, il pourrait accélérer l’innovation dans la mobilité électrique et redessiner le paysage concurrentiel mondial. Reste à voir comment les deux partenaires parviendront à transformer cette vision ambitieuse en réalisations concrètes, dans un contexte industriel et technologique en mutation rapide.