En bref:
- Le leasing social de voitures électriques en France a connu un succès retentissant dès son lancement en 2024.
- Les constructeurs français ont dû s’adapter rapidement en proposant des offres alléchantes pour répondre à la demande croissante.
- Malgré les résultats encourageants, des défis persistent en termes de production, d’approvisionnement et de financement pour pérenniser ce dispositif novateur.
Depuis le début de l’année 2024, la France connaît une véritable révolution dans le secteur automobile avec l’introduction du leasing social pour les voitures électriques. Ce dispositif novateur, lancé par le gouvernement, vise à rendre les véhicules zéro émission plus accessibles aux ménages modestes, accélérant ainsi la transition énergétique du pays. Après quelques mois de mise en œuvre, il est temps de dresser un bilan détaillé de cette initiative ambitieuse et d’en explorer les implications pour l’industrie automobile française.
Un succès retentissant dès le lancement
Le leasing social a connu un démarrage fulgurant, dépassant largement les attentes initiales du gouvernement. Selon les chiffres officiels, plus de 186 000 demandes ont été enregistrées rien qu’en France pour l’année 2024, obligeant l’exécutif à clôturer prématurément la première vague du dispositif le 12 février. Un conseiller d’Emmanuel Macron a qualifié cette affluence de "dépassement de toutes nos attentes".
Le groupe Stellantis, propriétaire des marques Peugeot et Citroën, a été particulièrement performant dans ce contexte, contribuant à la livraison de 38 000 des 50 000 véhicules écoulés via le leasing social cette année. La Peugeot e-208, en tête des ventes sur les deux premiers mois de 2024, a bénéficié d’un véritable coup de pouce grâce à ce programme.
Une offre alléchante des constructeurs français
Face à ce succès inattendu, les constructeurs automobiles français ont dû s’adapter rapidement pour répondre à la demande croissante. Entraînés dans une véritable "guerre des prix", ils ont multiplié les propositions alléchantes, certaines affichant des mensualités inférieures à 100 euros.
Citroën, par exemple, a lancé des commandes pour la ë-C3, un modèle électrique inédit proposé à partir de 54 euros par mois dans le cadre du leasing social. La berline ë-C4 est également accessible à 129 euros par mois. De son côté, Peugeot a été particulièrement performant, avec la e-208 en tête des commandes pour ce dispositif.
Cette offensive tarifaire agressive vise à séduire les ménages modestes, mais elle répond également à une volonté des constructeurs d’éviter un ralentissement des ventes dans un contexte de transition énergétique accélérée.
Un impact significatif sur les ventes de voitures électriques
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur les deux premiers mois de 2024, les immatriculations de voitures électriques en France ont progressé de 33,19 %, atteignant un volume de 45 841 unités et une part de marché de 17,3 %. Selon le syndicat Mobilians, entre 6 000 et 7 900 véhicules vendus en mars proviennent directement du leasing social, représentant environ 18 % du volume total.
Sans ce dispositif, les ventes auraient probablement stagné autour de 26 000 à 28 000 unités, soulignant l’impact considérable du leasing social sur la démocratisation des voitures électriques dans l’Hexagone.
Un appel à l’accélération de la production
Malgré ces résultats encourageants, le gouvernement reste conscient des défis à relever pour pérenniser le leasing social. Lors d’une intervention sur France 3 le 11 février, le ministre de la Transition écologique, Roland Lescure, a exhorté les constructeurs français à accélérer la cadence de production de véhicules éligibles.
L’objectif est clair : éviter une dépendance excessive envers les importations, notamment en provenance de Chine, et préserver la souveraineté industrielle française dans ce secteur stratégique. Le gouvernement envisage déjà de financer 50 000 voitures électriques en leasing social pour l’année 2025, contre 25 000 initialement prévues.
Une nouvelle vague en 2025, mais des interrogations persistent
Malgré la suspension temporaire du dispositif pour 2024, le leasing social rouvrira ses portes fin 2024 pour l’année suivante. Cette nouvelle vague devrait bénéficier d’une collaboration renforcée entre l’État et les constructeurs, afin d’anticiper la demande et d’ajuster l’offre en conséquence.
Cependant, des interrogations subsistent quant à la capacité des constructeurs à répondre à cette demande croissante dans des délais raisonnables. La production de véhicules électriques abordables, fabriqués en France ou en Europe, reste un défi de taille pour une industrie en pleine mutation.
De plus, le succès du leasing social soulève des questions sur son financement à long terme. Avec un coût total de 650 millions d’euros pour la première vague, dont 400 millions supplémentaires par rapport au budget initial, l’État devra trouver un équilibre entre ses ambitions écologiques et la maîtrise des dépenses publiques.
En conclusion, le leasing social de voitures électriques en France a connu un départ remarquable, démontrant l’appétit des ménages modestes pour une mobilité plus verte et abordable. Cependant, les prochains mois seront cruciaux pour consolider cette dynamique et relever les défis liés à l’offre, à la production et au financement de ce dispositif prometteur.