En bref:
- À partir du 21 décembre 2023, le réseau de transports publics de Montpellier sera gratuit pour ses résidents, dans le but de favoriser la mobilité durable et soutenir le pouvoir d’achat des usagers.
- Cette initiative s’inscrit dans une démarche plus vaste de transition environnementale, économique et sociale.
- Des défis financiers et des questions sur la qualité du service se posent, mais la métropole met en place des mesures d’accompagnement économique et soutient l’écomobilité pour garantir la pérennité de la démarche.
Dès le 21 décembre 2023, un grand changement bouleversera le quotidien des 491 000 habitants de la métropole de Montpellier. L’intégralité du réseau de transports publics deviendra gratuit pour ses résidents. Cette dorsale de la mobilité, offerte sans contrepartie financière directe, s’inscrit dans une démarche ambitieuse de lutte contre le changement climatique et de soutien au pouvoir d’achat des usagers. Montpellier s’affirme ainsi en pionnière et promet d’ériger le plus grand réseau de transport gratuit d’Europe, surpassant des exemples déjà en cours comme à Dunkerque ou Niort. La gratuité des transports, loin d’être une mesure isolée, prend sa place dans un échiquier plus vaste, celui de la transition environnementale, économique et sociale vers lesquelles la métropole lance un pari audacieux.
Contexte social et écologique
La mobilisation pour la gratuité
Le développement chaotique que connaît le secteur automobile, entre progression des prix des carburants et imperatif écologique, a poussé les instances montpelliéraines à opter pour une stratégie de rupture. Une rupture avec la "chère bagnole", comme aiment à la nommer ses détracteurs, au profit de transports en commun accessibles à tous. Isolée les weekends, puis étendue aux jeunes et aux seniors, la gratuité du réseau TaM a connu un accueil enthousiaste, doublant la fréquentation entre ces différents groupes.
L’impact environnemental et économique
La réduction notable du trafic automobile, de l’ordre de 11% entre 2019 et 2022, et l’accroissement de l’usage du vélo pour les déplacements quotidiens illustrent l’efficacité des mesures adoptées. Des chiffres qui attestent d’un réel basculement vers des modes doux de mobilité. La métropole de Montpellier, dans cette dynamique, démontre une convergence entre les enjeux sociaux et écologiques, entre la nécessité de préservation de l'environnement et celle du maintien du pouvoir d’achat des familles.
Challenges et débats autour de la gratuité
Les défis financiers
Cette initiative n’est pas exempte de critiques, alimentant des débats autour de la pérennité du modèle économique qu’elle induit. La Chambre régionale des comptes d'Occitanie signale un manque à gagner conséquent dû à l’arrêt des ventes de billets, un vide comblé par la progression du versement mobilité des entreprises. Soulignons que l’entretien routier, pesant lui aussi sur les finances publiques, n’a jamais soulevé autant de remous.
La qualité du service
Yanis Ruelle et le collectif des usagers des transports de Montpellier pointent du doigt une inquiétude légitime : la qualité du service pourrait-elle être sacrifiée sur l’autel de la gratuité? Ils insistent sur l’importance d’un réseau à la fois fiable et efficient pour garantir une transition pérenne.
Expansion et accessibilité du réseau
Des craintes justifiées lorsque l’on considère le rapport de la même Chambre régionale des comptes qui déplore une offre de transport après pandémie réduite et peu attrayante sur certaines lignes. Mais le pari de l’équipe de Michaël Delafosse semble s’inscrire dans la durée, avec un investissement massif dans l’alternative à la voiture et l’extension du réseau.
Les alternatives promouvantes : vélo, covoiturage et écomobilité
Au-delà des bus et trams, la ville a misé sur une multiplication des pistes cyclables, sur l’encouragement de solutions de covoiturage et sur l’appui à l’autopartage, ce qui dénote une vision globale de la mobilité urbaine, intégrant toutes les composantes de la vie en collectivité.
Incitations économiques et fiscales pour la transition
Une aide conséquente pour les véhicules électriques
L’état et la collectivité ne manquent pas de stimuler économiquement la mutation vers l’écomobilité. La métropole de Montpellier propose d’importantes subventions pour l’acquisition de véhicules propres, allant jusqu’à 15 000 € pour certains camions électriques. Cet appui, cumulatif avec des primes nationales, favorise le basculement vers des moyens de transport plus respectueux de l’environnement.
Des conditions dérogatoires pour la ZFE
La Zone à Faibles Émissions (ZFE), intégrée à la loi d’Orientation des Mobilités de 2019, ambitionne de limiter la circulation des véhicules les plus polluants. Montpellier applique des itinéraires déclarés où la circulation reste libre, dans une perspective de transition progressive et inclusive.
Questions de mobilité professionnelle
La Métropole n’a pas négligé l’aspect professionnel, proposant des aides dédiées pour l'acquisition de vélos cargo et autres solutions de mobilité durable à usage professionnel, témoignant d’une volonté d’intégrer tous les segments de la société dans ce mouvement de transition.
Conclusion
La métamorphose des transports publics de Montpellier s’avère une démarche holistique, embrassant tant les considérations environnementales et sociales que le développement économique de la région. Elle soulève incontestablement des questionnements légitimes quant aux défis financiers et à la pérennité de la qualité du service. Toutefois, les mesures d’accompagnement économique, le soutien à l'écomobilité et à la mobilité professionnelle ainsi que l’instauration de la ZFE dépeignent une stratégie audacieuse face au défi climatique. En s’érigeant en modèle potentiel pour d’autres villes européennes, Montpellier adresse un message clair : la transition énergétique et environnementale peut aussi être sociale et économique. Un défi ambitieux, mais porteur d’une vision porteuse d’espoir pour l’avenir.