Renault 4 E-Tech : Un prix compétitif qui pourrait rebattre les cartes du marché électrique français

En bref:

  • La Renault 4 E-Tech est lancée à partir de 29 990 euros et vise à démocratiser l’accès à la mobilité électrique en France, en s’inscrivant dans un segment de marché en plein essor malgré un repli récent des ventes.
  • Proposée avec deux motorisations et trois niveaux d’équipement, elle se distingue par son design néo-rétro inspiré de la 4L, sa fabrication française et des technologies innovantes comme le chargement bidirectionnel.
  • La 4 E-Tech pourrait stimuler le marché électrifié grâce à son prix attractif, notamment avec l’appui des aides gouvernementales, et bénéficie d’un positionnement complémentaire par rapport à la populaire Renault 5 E-Tech.

Avec un tarif d’entrée fixé à 29 990 euros hors bonus écologique, la nouvelle Renault 4 E-Tech vient de débarquer sur le marché français des voitures électriques. Cette réinterprétation moderne de la mythique 4L s’inscrit dans une stratégie plus large du constructeur au losange, qui entend démocratiser la mobilité électrique. Mais dans un contexte où les ventes de véhicules électriques ont récemment marqué le pas en France, cette nouvelle venue peut-elle réellement stimuler le marché ? Analyse des forces et faiblesses de ce SUV électrique néo-rétro face à une concurrence de plus en plus affûtée.

Un positionnement stratégique dans la gamme Renault électrique

La Renault 4 E-Tech complète intelligemment l’offre électrique du constructeur français. Alors que la Renault 5 électrique, élue Voiture de l’Année 2025, joue la carte de la citadine branchée et dynamique, la R4 mise sur un gabarit plus familial et polyvalent, avec sa silhouette de petit SUV. Reprenant les codes esthétiques de l’iconique 4L, elle s’adresse non seulement aux nostalgiques, mais aussi à une clientèle en quête d’un véhicule électrique pratique et accessible.

Fabriquée dans l’usine de Maubeuge, cette nouvelle venue partage sa plateforme technique avec la R5 E-Tech, déjà commercialisée depuis quelques mois. Une stratégie de mutualisation qui permet à Renault d’optimiser ses coûts de production tout en proposant une gamme plus diversifiée.

"La R4 E-Tech est la réponse à une autre typologie de besoins, plus orientée vers la polyvalence familiale que sa cousine R5", expliquait récemment Fabrice Cambolive, directeur de la marque Renault, lors de la présentation de ce modèle au dernier Mondial de l’Auto de Paris.

Une offre technique en phase avec les attentes du marché

Techniquement, la Renault 4 E-Tech reprend l’essentiel des motorisations de la R5. Deux configurations sont proposées :

  • Une version d’entrée de gamme avec un moteur de 120 ch associé à une batterie de 40 kWh, offrant jusqu’à 308 km d’autonomie WLTP.
  • Une version plus haut de gamme dotée d’un moteur de 150 ch et d’une batterie plus conséquente de 52 kWh, permettant d’atteindre jusqu’à 409 km d’autonomie.

En termes de recharge, la R4 E-Tech dispose d’un chargeur bidirectionnel de 11 kW compatible avec les technologies V2G (Vehicle-to-Grid) et V2L (Vehicle-to-Load), permettant notamment d’utiliser la batterie pour alimenter des appareils externes ou même de réinjecter de l’électricité dans le réseau domestique. La recharge rapide atteint 80 kW sur la version 120 ch et 100 kW sur la version 150 ch, pour un temps de recharge de 15 à 80% en 30 minutes environ.

Un atout non négligeable : la pompe à chaleur est incluse de série, même sur la version d’entrée de gamme, ce qui optimise l’autonomie en conditions hivernales – un point souvent critique pour les véhicules électriques.

Une gamme structurée en trois niveaux d’équipements

La Renault 4 E-Tech se décline en trois finitions principales :

  1. Evolution (à partir de 29 990 €) : malgré son positionnement d’entrée de gamme, cette version offre déjà un équipement conséquent avec climatisation automatique, pompe à chaleur, écran tactile 10,1", aide au parking arrière, caméra de recul et chargeur bidirectionnel.
  2. Techno (à partir de 35 490 €) : cette finition intermédiaire ajoute notamment la navigation Google intégrée, le régulateur adaptatif, un chargeur à induction et des finitions plus soignées.
  3. Iconic (à partir de 37 490 €) : la version haut de gamme comprend la conduite semi-autonome de niveau 2, des sièges et un volant chauffants, un hayon électrique et un système de stationnement automatisé.

Une version spéciale "Plein Sud" avec toit ouvrant en toile est également annoncée pour un lancement ultérieur en 2025, rappelant l’esprit des 4L "plein air" d’antan.

Un positionnement tarifaire stratégique

Avec un prix d’entrée fixé à 29 990 euros, la Renault 4 E-Tech se positionne dans une fourchette particulièrement intéressante sur le marché électrique actuel. Si l’on prend en compte le bonus écologique, qui peut atteindre 4 000 euros pour les ménages aux revenus les plus modestes (avec un revenu fiscal de référence par part inférieur à 16 300 euros), l’addition peut descendre jusqu’à 25 990 euros.

À cela s’ajoutent désormais les Certificats d’Économies d’Énergie (CEE), une aide supplémentaire mise en place depuis le 3 mars 2025. Pour les particuliers achetant une voiture électrique comme la Renault 4 E-Tech, cette aide représente 310 euros supplémentaires, cumulables avec le bonus écologique. Une réduction qui, certes modeste, témoigne de la volonté des pouvoirs publics de continuer à soutenir la transition vers l’électrique.

La R4 E-Tech face à ses concurrents directs

Dans le segment des petits SUV électriques, la concurrence s’intensifie. Voici comment se positionne la Renault 4 E-Tech face à ses principaux rivaux :

ModèlePrix de départAutonomie (WLTP)Points forts
Renault 4 E-Tech29 990 €308-409 kmDesign néo-rétro, fabrication française, chargeur bidirectionnel
Kia EV335 990 €Jusqu’à 605 kmGrande autonomie, garantie 7 ans
Volkswagen ID.339 990 €Jusqu’à 426 kmHabitabilité, qualité perçue
Peugeot e-200838 450 €Jusqu’à 406 kmi-Cockpit, confort routier
Citroën ë-C323 300 €Jusqu’à 320 kmPrix très compétitif

La Renault 4 E-Tech se positionne donc comme une alternative intéressante face à des modèles souvent plus onéreux, à l’exception notable de la Citroën ë-C3 qui reste la proposition la plus accessible du marché, mais avec un gabarit plus compact et moins polyvalent.

"Si la Citroën ë-C3 joue la carte du prix plancher et la Kia EV3 celle de l’autonomie maximale, la Renault 4 E-Tech propose un équilibre intéressant entre accessibilité, praticité et image valorisante," commente Jean Dupont, analyste automobile spécialisé dans les véhicules électriques.

Un marché français en attente de nouveau souffle

La Renault 4 E-Tech arrive sur un marché français des véhicules électriques qui montre des signes d’essoufflement. Après une croissance continue ces dernières années, les immatriculations de véhicules électriques ont reculé de 2,6% en 2024, avec 290 611 exemplaires vendus contre 298 522 en 2023.

Le début d’année 2025 ne montre pas encore de franche reprise. En janvier, ce sont près de 20 000 voitures électriques qui se sont vendues en France, en légère baisse par rapport à janvier 2024. La tendance s’est poursuivie en février, avec des ventes qui stagnent.

Cependant, certains signes sont encourageants. La Renault 5 E-Tech, lancée quelques mois avant la R4, a rapidement trouvé son public avec 2 813 immatriculations en janvier 2025, la plaçant en tête des ventes de véhicules électriques. Sur les deux premiers mois de 2025, ce sont déjà 5 847 exemplaires qui ont été immatriculés, la propulsant dans le top 10 des ventes de voitures, toutes motorisations confondues.

Ce succès de la R5 E-Tech est de bon augure pour sa cousine R4, qui pourrait bénéficier de la même dynamique positive.

L’impact des aides à l’achat sur les ventes

Si le marché électrique français peine à décoller en ce début d’année 2025, c’est en partie à cause de la révision à la baisse du bonus écologique, passé d’un montant fixe de 5 000 euros à un barème progressif allant de 2 000 à 4 000 euros selon les revenus des ménages.

Les Certificats d'Économies d'Énergie (CEE), récemment introduits par Renault et d’autres constructeurs, visent justement à compenser partiellement cette réduction. Pour les véhicules particuliers comme la Renault 4 E-Tech, cette aide varie de 280 à 470 euros selon le profil du client.

"Les CEE constituent un coup de pouce supplémentaire, qui peut faire la différence dans la décision d’achat, notamment pour les modèles juste sous la barre des 30 000 euros comme la Renault 4 E-Tech d’entrée de gamme," analyse Sophie Martin, consultante spécialisée dans les politiques publiques liées à la transition énergétique.

Perspectives pour la Renault 4 E-Tech sur le marché français

Plusieurs facteurs laissent penser que la Renault 4 E-Tech pourrait rencontrer un succès commercial significatif en France :

  • L’attrait du design néo-rétro : comme pour la R5, la nostalgie associée à l’iconique 4L devrait séduire une clientèle variée.
  • La polyvalence : avec son gabarit de petit SUV et son coffre de 420 litres, la R4 E-Tech répond aux besoins d’une clientèle familiale.
  • Le label "Made in France" : produite à Maubeuge, la R4 E-Tech bénéficie pleinement du label "Origine France Garantie", un argument qui trouve un écho favorable auprès des consommateurs français.
  • L’extension de la gamme électrique Renault : en complétant l’offre aux côtés de la R5 E-Tech, la R4 contribue à renforcer l’image de Renault comme acteur majeur de l’électrification.

Cependant, plusieurs défis demeurent :

  • La concurrence interne : la R4 E-Tech devra trouver sa place sans cannibaliser les ventes de la R5 E-Tech ou du Scénic E-Tech.
  • Un marché global en berne : la contraction du marché automobile français, qui a démarré 2025 en baisse de 6,2% en janvier, constitue un contexte peu favorable.
  • La remise en question de l’électrification : les débats récurrents sur la pertinence de l’électrique face aux autres technologies (hybride, biocarburants) peuvent freiner certains acheteurs potentiels.

Des analystes du secteur anticipent toutefois un rebond des ventes de véhicules électriques pour l’ensemble de l’année 2025, avec une part de marché qui pourrait atteindre 20 à 24% des immatriculations en Europe, contre environ 15% en 2024.

Un lancement progressif et maîtrisé

Comme pour la R5 E-Tech, Renault a choisi un lancement par étapes pour sa nouvelle R4. Les commandes sont d’abord ouvertes depuis le 4 mars 2025 aux détenteurs du "R4 R Pass", un système de coupe-file mis en place par le constructeur. Le grand public devra patienter jusqu’au 12 mars pour pouvoir passer commande.

Les premières livraisons sont prévues pour l’été 2025, avec une présentation officielle qui aura lieu lors du tournoi de Roland-Garros, du 19 mai au 8 juin 2025. Cette stratégie de lancement graduel permet à Renault de mieux gérer sa production et de créer un effet de rareté propice à stimuler la demande.

Une stratégie électrique ambitieuse pour Renault

La commercialisation de la Renault 4 E-Tech s’inscrit dans la stratégie "Renaulution" initiée par Luca de Meo, directeur général du groupe Renault depuis 2020. L’objectif affiché est de faire de Renault une marque leader dans l’électrification du marché européen.

Les premiers résultats semblent prometteurs. En 2024, le groupe Renault a vu ses ventes progresser de 1,3% avec 2,3 millions de véhicules écoulés dans le monde. La part des véhicules électriques a atteint 12% au quatrième trimestre 2024, tirée notamment par le succès de la Renault 5 E-Tech.

Pour 2025, le constructeur au losange a lancé sa division Ampere, entièrement dédiée aux véhicules électriques et aux logiciels, qui regroupe 11 000 salariés. L’objectif est de réduire de 40% les coûts de production des véhicules électriques d’ici 2027-2028, pour atteindre la parité des prix avec les modèles thermiques.

La Renault 4 E-Tech, avec son positionnement prix étudié et son approche pragmatique de l’électrique, illustre parfaitement cette volonté de démocratisation.

Conclusion

Avec un prix d’attaque sous la barre symbolique des 30 000 euros et un design évocateur qui réinterprète avec modernité l’iconique 4L, la Renault 4 E-Tech dispose d’atouts sérieux pour dynamiser le marché français des véhicules électriques. Son positionnement à mi-chemin entre la citadine et le SUV familial, sa fabrication française et son équipement technologique complet en font une proposition cohérente et attractive.

Dans un marché qui cherche encore son souffle après une année 2024 mitigée, cette nouvelle venue pourrait contribuer à redonner confiance aux consommateurs français dans la transition électrique. Le succès déjà observé de la Renault 5 E-Tech laisse présager un accueil favorable pour cette 4L des temps modernes, à condition que les délais de livraison soient maîtrisés et que le contexte économique global ne se dégrade pas davantage.

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