En bref:
- Les constructeurs automobiles chinois comme BYD et Geely contestent les droits de douane imposés par l’Union européenne, avec des actions juridiques en cours.
- Pour contourner ces restrictions, ils investissent dans des usines en Europe, notamment en Hongrie et en Pologne, afin de maintenir leur compétitivité.
- Malgré les obstacles, les ventes de véhicules électriques chinois en Europe continuent de croître, atteignant 11% du marché au premier semestre 2024.
Face aux droits de douane imposés par l’Union européenne sur les véhicules électriques chinois, les constructeurs asiatiques déploient un arsenal de stratégies pour maintenir leur compétitivité sur le marché européen. Entre contestations juridiques et solutions industrielles innovantes, l'industrie automobile chinoise démontre sa capacité d’adaptation, tout en soulevant des questions sur l’avenir du marché électrique en Europe.
Une bataille juridique engagée contre les droits de douane
En ce début d’année 2025, le bras de fer entre les constructeurs chinois et l’Union européenne s’intensifie. BYD, Geely et SAIC, trois géants de l’automobile chinoise, ont décidé de porter leur contestation devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) en janvier. Cette démarche intervient après l’imposition de droits compensateurs significatifs par Bruxelles : 17% pour BYD, 18,8% pour Geely et 35,3% pour SAIC, auxquels s’ajoute le droit de douane standard de 10%.
Les arguments avancés par ces constructeurs portent notamment sur la méthodologie employée par la Commission européenne pour évaluer les subventions et le préjudice causé à l’industrie européenne. La procédure, qui devrait s’étendre sur environ 18 mois, pourrait constituer un précédent majeur dans les relations commerciales sino-européennes.
L’implantation européenne comme stratégie de contournement
Pour faire face à ces nouvelles contraintes tarifaires, les constructeurs chinois accélèrent leur stratégie d’implantation sur le sol européen. BYD, leader du marché chinois, prend les devants avec la construction d’une usine à Szeged, en Hongrie, dont le démarrage est prévu pour fin 2025. Cette initiative marque le début d’une vague d’investissements chinois dans l’industrie automobile européenne.
D’autres acteurs suivent des approches différentes :
- Leapmotor s’allie avec Stellantis pour produire ses modèles en Pologne et en Italie
- Chery prévoit de réhabiliter une ancienne usine Nissan près de Barcelone
- Xpeng explore activement des sites potentiels de production en Europe
- MG (SAIC) étudie des opportunités en Italie, Turquie et au Royaume-Uni
Impact sur le marché et réponses des constructeurs
L’analyse des chiffres récents montre que les constructeurs chinois maintiennent leur progression sur le marché européen, malgré les obstacles réglementaires. Au premier semestre 2024, ils ont capturé 11% du marché des voitures électriques en Europe, avec MG et BYD en tête des ventes.
Pour absorber l’impact des droits de douane, les marques chinoises ont adopté plusieurs stratégies :
- Compression des marges bénéficiaires
- Maintien de prix compétitifs malgré les taxes
- Développement de partenariats stratégiques avec des acteurs européens
- Investissement dans la production locale
Des perspectives contrastées pour 2025-2026
Les prévisions pour les prochaines années suggèrent une recomposition du paysage automobile européen. Selon les analyses du Kiel Institute for the World Economy, l’impact des droits de douane sur les prix finaux devrait rester limité, avec une augmentation comprise entre 0,3% et 0,9% à long terme.
La multiplication des projets d’usines chinoises en Europe pourrait aboutir à la création d’une dizaine de sites de production d’ici 2030, modifiant profondément la chaîne de valeur automobile européenne. Cette évolution soulève des questions sur :
- L’équilibre entre protection de l’industrie européenne et accès à des véhicules abordables
- La création d’emplois et le transfert de technologies
- La souveraineté industrielle européenne dans le secteur automobile
Les constructeurs chinois démontrent ainsi leur capacité à s’adapter aux contraintes réglementaires européennes, tout en poursuivant leur stratégie d’expansion. L’issue des recours juridiques et la concrétisation des projets industriels détermineront largement l’avenir du marché des véhicules électriques en Europe.