En bref:
- La démission soudaine de Carlos Tavares, prévue pour 2026, souligne des tensions stratégiques au sein de Stellantis face à des résultats décevants en 2024.
- La transition électrique du groupe en France est menacée par des retards de production, des objectifs compromis et une concurrence accrue.
- Le nouvel exécutif devra restaurer la confiance des investisseurs et prendre des décisions stratégiques cruciales pour soutenir l’électrification et maintenir les emplois.
Le départ brutal de Carlos Tavares de la direction de Stellantis, annoncé dimanche soir, marque un tournant décisif pour le quatrième constructeur automobile mondial. Cette démission avec effet immédiat intervient dans un contexte particulièrement complexe pour le groupe, notamment en ce qui concerne sa transition vers l’électrique en France et en Europe.
Une rupture précipitée révélatrice de tensions profondes
La démission soudaine de Carlos Tavares, dont le mandat devait initialement s’achever début 2026, résulte de "divergences de vues" significatives avec le conseil d’administration. Ces désaccords, qui se sont cristallisés ces dernières semaines, reflètent des tensions stratégiques majeures au sein du groupe. Le conseil d’administration, présidé par John Elkann, a immédiatement mis en place un comité exécutif temporaire, en attendant la nomination d’un nouveau directeur général prévue pour le premier semestre 2025.
Un bilan 2024 préoccupant
Les résultats financiers de Stellantis en 2024 ont largement contribué à cette situation de crise. Le groupe a enregistré une chute vertigineuse de ses performances, marquée notamment par :
- Une division par deux du bénéfice net au premier semestre
- Une baisse de 18% des ventes en Amérique du Nord
- Une érosion de près de 40% de la valeur boursière du groupe depuis janvier
- Des retards significatifs dans le lancement de plusieurs modèles électriques stratégiques
Des défis majeurs pour la stratégie électrique en France
Une transition électrique sous tension
La stratégie de transition vers l’électrique en France, bien qu’ambitieuse, fait face à de nombreux obstacles :
- Des objectifs de production d’un million de véhicules électriques qui semblent désormais compromis
- Des retards dans le développement de certains modèles clés, notamment pour les marques Peugeot et Citroën
- Des difficultés d’adaptation de l’outil industriel français
- Une concurrence chinoise de plus en plus pressante sur le segment électrique
Des enjeux industriels cruciaux
Le groupe doit gérer simultanément plusieurs défis industriels majeurs :
- La modernisation des sites de production français
- Le développement des capacités de production de batteries
- L’adaptation de la chaîne d'approvisionnement
- La formation des équipes aux nouvelles technologies
Impact sur l’emploi et les sites français
La direction intérimaire devra rapidement clarifier sa position concernant :
- Les engagements de production pris jusqu’en 2027 pour les sites français
- Le maintien des investissements prévus dans l’électrification
- La préservation des emplois dans un contexte de transformation industrielle
- La continuité des partenariats stratégiques, notamment pour le développement des batteries
Perspectives et incertitudes
Un leadership à reconstruire
Le successeur de Carlos Tavares devra relever plusieurs défis cruciaux :
- Restaurer la confiance des investisseurs après la chute boursière de 2024
- Maintenir l’équilibre entre les différentes parties prenantes (actionnaires, États français et italien, syndicats)
- Accélérer la transition électrique sans compromettre la rentabilité
- Faire face à la concurrence croissante des constructeurs asiatiques
Des choix stratégiques déterminants
La nouvelle direction devra rapidement se positionner sur :
- L’ajustement potentiel de la stratégie d’électrification
- Le niveau d’investissement dans les nouvelles technologies
- Les priorités géographiques du groupe
- La restructuration éventuelle du portefeuille de marques
La fin brutale du mandat de Carlos Tavares ouvre une période d’incertitude pour Stellantis, particulièrement critique pour sa stratégie électrique en France. L’enjeu est désormais de maintenir le cap de la transition énergétique tout en restaurant la confiance des marchés et des salariés, dans un contexte automobile mondial en pleine mutation.