Fin de la prime à la conversion : le marché de l’occasion électrique menacé ?

En bref:

  • La prime à la conversion pour les véhicules électriques sera supprimée fin 2024, menaçant l’accessibilité des voitures électriques d’occasion pour les ménages modestes.
  • Cette décision risque de ralentir le renouvellement du parc automobile et de freiner la transition vers des véhicules à zéro émission.
  • Les alternatives actuelles (bonus écologique réduit, leasing social) semblent insuffisantes pour compenser la disparition de cette aide.

La suppression annoncée de la prime à la conversion pour 2025 soulève de vives inquiétudes quant à l’accessibilité des véhicules électriques d'occasion. Cette aide, qui permettait jusqu’à présent d’obtenir 5 000 euros pour l’achat d’une voiture électrique en échange de la mise au rebut d’un ancien véhicule polluant, jouait un rôle clé dans la démocratisation de la mobilité électrique. Analyse des répercussions attendues sur un marché de l’occasion en pleine mutation.

Un dispositif victime des restrictions budgétaires

Dans un contexte de resserrement des dépenses publiques, Bercy a tranché : la prime à la conversion ne survivra pas à l’exercice 2024. Cette décision s’inscrit dans une réduction drastique du budget alloué au verdissement du parc automobile français, qui passe de 1,5 milliard d’euros en 2024 à seulement 1 milliard pour 2025. Si le dispositif ne représentait "que" 150 millions d’euros annuels, sa disparition marque un tournant dans la politique de soutien à la transition énergétique.

Un coup dur pour le marché de l’occasion

Une dynamique positive brutalement freinée

Le marché de l’occasion électrique connaissait une croissance encourageante, portée notamment par l’arrivée progressive de véhicules issus des flottes d’entreprises. Les premiers modèles électriques de 2020-2021 commençaient à alimenter un marché secondaire accessible, avec des prix en baisse constante. La suppression de la prime risque de briser cette dynamique vertueuse.

Les ménages modestes particulièrement touchés

Les données récentes montrent que 45 000 foyers ont bénéficié de la prime à la conversion depuis janvier 2024. Pour ces acheteurs, souvent issus de classes moyennes ou modestes, l’aide constituait un levier décisif dans le passage à l’électrique. Son retrait pourrait contraindre de nombreux ménages à conserver leurs véhicules thermiques anciens, contrariant ainsi les objectifs de réduction des émissions.

Des alternatives insuffisantes

Le bonus écologique sous pression

Si le bonus écologique est maintenu pour 2025, son montant devrait être revu à la baisse, passant de 4 000 à 3 000 euros selon les projections. Cette réduction, combinée à la disparition de la prime à la conversion, crée un effet ciseau préoccupant pour les acheteurs potentiels.

Le leasing social, une solution partielle

Le dispositif de location longue durée à 100 euros par mois, lancé début 2024, a certes rencontré un vif succès avec 50 000 bénéficiaires. Toutefois, son enveloppe limitée et ses critères d’éligibilité stricts ne permettent pas de compenser la suppression de la prime à la conversion.

Des conséquences en cascade sur la filière

Ralentissement du renouvellement du parc

La prime à la conversion avait le double avantage d’accélérer la mise au rebut des véhicules les plus polluants tout en stimulant le marché des véhicules propres. Sa disparition risque de ralentir considérablement le rythme de renouvellement du parc automobile français, dont l’âge moyen ne cesse d’augmenter.

Impact sur les professionnels de l’occasion

Les négociants spécialisés dans l’électrique d’occasion anticipent une période difficile. La baisse attendue de la demande pourrait entraîner une dépréciation accélérée des véhicules électriques sur le marché secondaire, fragilisant l’ensemble de la filière.

Des alternatives à inventer

Face à ce désengagement de l’État, de nouvelles solutions émergent. Certains constructeurs réfléchissent à des programmes de reprise bonifiée, tandis que des collectivités locales étudient la mise en place d’aides complémentaires. Les acteurs du secteur plaident également pour un renforcement des dispositifs de microcrédit dédiés à la mobilité propre.

La suppression de la prime à la conversion marque indéniablement un coup d’arrêt dans la démocratisation de la mobilité électrique. Si le marché de l'occasion parvient à maintenir une certaine dynamique grâce à l’arrivée progressive de nouveaux modèles, l’absence de soutien public risque de freiner durablement l’accès des ménages modestes aux véhicules zéro émission.

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