En bref:
- La prime à la conversion, qui a soutenu l’achat de véhicules électrifiés, disparaîtra en 2025, suscitant des inquiétudes sur les ventes, notamment pour les hybrides rechargeables.
- Le bonus écologique sera réduit, se limitant aux véhicules 100% électriques, tandis que le dispositif de leasing social sera révisé avec des conditions plus strictes.
- Cette suppression pourrait freiner le renouvellement du parc automobile et compromettre les objectifs environnementaux de la France.
Face aux contraintes budgétaires, le gouvernement a tranché : la prime à la conversion disparaîtra du paysage des aides à l’électromobilité en 2025. Cette décision, qui s’inscrit dans un contexte de resserrement général des soutiens publics, soulève de nombreuses inquiétudes quant à son impact sur les ventes de véhicules électrifiés, particulièrement dans le segment des hybrides rechargeables.
Une aide cruciale qui tire sa révérence
La prime à la conversion représentait jusqu’à présent un levier majeur dans la stratégie de verdissement du parc automobile français. En 2024, ce dispositif a permis à 45 000 automobilistes de se débarrasser de leurs véhicules polluants – essentiellement des modèles diesel antérieurs à 2011 ou essence d’avant 2006 – pour adopter des alternatives plus vertueuses. Avec une enveloppe de 150 millions d’euros, cette aide constituait un maillon essentiel pour accélérer la transition énergétique dans le secteur automobile.
Un impact particulièrement marqué sur les hybrides rechargeables
Une technologie fragilisée
Les véhicules hybrides rechargeables, qui représentent actuellement environ 9% des ventes de voitures neuves en France, risquent d’être particulièrement affectés par cette suppression. Cette technologie, positionnée comme une solution de transition, perd progressivement les soutiens publics alors même que son prix d’achat reste significativement supérieur aux modèles thermiques équivalents.
Un effet domino sur la chaîne de valeur
Les constructeurs automobiles, qui ont massivement investi dans le développement de gammes hybrides rechargeables, voient d’un œil inquiet cette évolution. Les équipementiers et les réseaux de distribution craignent également un ralentissement marqué des ventes, alors que les marges sur ces véhicules technologiquement complexes sont déjà sous pression.
Les alternatives maintenues s’avèrent insuffisantes
Un bonus écologique en régression
Pour 2025, le gouvernement conserve le bonus écologique, mais son montant sera encore réduit, passant de 4000 à 3000 euros pour les ménages aux revenus intermédiaires. Cette aide ne concerne par ailleurs que les véhicules 100% électriques, excluant totalement les hybrides rechargeables.
Le leasing social : une solution limitée
Le dispositif de location avec option d’achat à 100 euros par mois, lancé début 2024, sera reconduit mais avec des conditions plus restrictives. Son enveloppe globale, intégrée dans le milliard d’euros dédié aux aides à l’électromobilité, limitera mécaniquement sa portée.
Des conséquences préoccupantes pour la transition énergétique
Un frein au renouvellement du parc
L’âge moyen des véhicules en circulation continue d’augmenter en France, dépassant désormais les 10,5 ans. La disparition de la prime à la conversion risque d’accentuer ce vieillissement, les ménages modestes n’ayant plus les moyens de remplacer leurs véhicules anciens par des modèles plus propres.
Des objectifs environnementaux compromis
Cette décision semble en contradiction avec les ambitions affichées dans le dernier plan d’action climatique, qui vise 66% de véhicules électrifiés dans les ventes de véhicules neufs d’ici 2030. Sans incitation financière suffisante, cet objectif paraît désormais difficile à atteindre.
Des alternatives à inventer
Le rôle croissant des collectivités locales
Face au désengagement de l’État, certaines régions et métropoles renforcent leurs dispositifs d’aide à l’acquisition de véhicules propres. Ces initiatives, bien que salutaires, ne compensent que partiellement la perte de la prime nationale et créent des disparités territoriales.
Les nouveaux modèles économiques
Le secteur privé explore de nouvelles solutions, comme l’autopartage électrique en entreprise ou les formules de location longue durée intégrant l’installation de bornes de recharge. Ces innovations pourraient partiellement combler le vide laissé par la suppression de la prime à la conversion.
La suppression de cette aide emblématique marque un tournant dans la politique française de transition énergétique du secteur automobile. Si le gouvernement justifie sa décision par des impératifs budgétaires, les conséquences sur le marché des véhicules électrifiés et sur les objectifs environnementaux pourraient s’avérer plus coûteuses à long terme.