Rappel pour risque d’incendie et Poissy à l’arrêt: double pression sur Stellantis et ses petites électriques

En bref:

  • Stellantis rappelle ~16 000 PHEV (2019–2022) pour risque d’emballement thermique : contact concession, ne pas recharger et prise en charge gratuite (maj BMS ou remplacement de batterie).
  • L’arrêt de 15 jours de l’usine de Poissy (≈2 000 salariés concernés) révèle un marché européen atone et fragilise la compétitivité des petites électriques du groupe ; priorité à la transparence sur la panne, à la gestion après‑vente et à une feuille de route industrielle claire.

La fin septembre tourne au test de résistance pour Stellantis. D’un côté, un rappel de 16 000 hybrides rechargeables pour risque d’incendie de batterie. De l’autre, l’usine de Poissy (Yvelines) à l’arrêt pendant trois semaines en octobre, avec 2 000 salariés en chômage partiel ou en congés. Deux secousses, techniques et industrielles, qui retombent sur un même enjeu: la compétitivité des petites électriques et hybrides européennes du groupe, déjà malmenées par un marché plus heurté et une concurrence frontale.

Sans alarmisme mais sans angélisme, décryptons ce que cela signifie pour les clients, les équipes industrielles et la trajectoire électrique de Stellantis en Europe.

Rappel batteries: ce que l’on sait, ce que cela implique

  • Modèles concernés (produits entre 2019 et 2022): Peugeot 3008 V2 et 508 V2, Citroën C5 Aircross, DS 7 Crossback, Opel Grandland X.
  • Volume en France: environ 16 000 véhicules (campagne publiée sur RappelConso le 19 septembre; communication opérée par le constructeur à partir du 22–23 septembre). À l’échelle européenne, des extensions sont possibles.
  • Le risque: défaut de batterie haute tension pouvant provoquer une surchauffe et, dans des cas extrêmes, un incendie. À ce stade, la presse ne fait pas état d’accidents graves liés à ce défaut en France.
  • Les consignes: contacter son concessionnaire, vérifier le VIN (n° de série) via RappelConso ou le site de la marque. Par prudence, ne pas recharger la batterie avant prise en charge.
  • Les remèdes possibles:
    • mise à jour du logiciel de gestion de batterie (BMS) – environ 45 minutes,
    • remplacement complet de la batterie – 6 à 7 heures selon le modèle.
    • Toutes les opérations sont prises en charge par le constructeur, même hors garantie.
  • Contexte sécurité: l’emballement thermique d’une batterie lithium‑ion reste un événement rare, mais ses conséquences pouvant être sévères, les autorités et industriels appliquent un principe de prudence maximal.

📌 Bon à savoir

  • Les codes campagne recensés par la presse spécialisée: MYF (Peugeot), GK8 (Citroën/DS), KT8 (Opel).
  • Le groupe a mené plusieurs rappels ces derniers mois (logiciel moteur en avril, ceintures de 308 en août, moteurs 1.5 BlueHDi l’été dernier), signe d’une pression qualité forte et d’une coordination après-vente sollicitée.

Poissy à l’arrêt trois semaines: un signal industriel préoccupant

  • Calendrier: arrêt de production du 13 au 31 octobre (15 jours ouvrés).
  • Effectifs: environ 2 000 salariés en chômage partiel et/ou en congés.
  • Motif avancé: “marché difficile en Europe” et pilotage des stocks avant fin d’année.
  • Modèles produits sur site: Opel Mokka et DS 3 (en thermique, hybride et électrique selon versions); cadence d’environ 420 véhicules/jour selon la direction.
  • Sous-jacent commercial: des sources industrielles et syndicales évoquent des ventes en retrait, notamment du Mokka.
  • Inquiétudes locales: les représentants du personnel redoutent un affaiblissement de la charge à moyen terme, d’autant que l’arrêt du Mokka est annoncé pour 2028 et qu’aucun successeur n’est officiellement affecté à la ligne. En toile de fond, le site de Poissy fait l’objet d’appétits externes (projet de stade), ce qui renforce les crispations.

✅ À retenir

  • 15 jours d’arrêt industriel en Île‑de‑France, un fait rare, avec effets en chaîne probables chez sous‑traitants et équipementiers.
  • La direction annonce des travaux et des formations durant la pause, signe qu’elle cherche à maintenir les compétences et la performance du site.

Pourquoi cette double alerte pèse sur la stratégie “petites électriques”

  • Confiance technologique: même si le rappel vise des PHEV de segments supérieurs, chaque incident batterie rejaillit sur l’ensemble des technologies électrifiées. Or la bataille de 2025–2026 se joue aussi sur des B‑SUV et citadines électriques/hybrides accessibles (Mokka‑e, DS 3 E‑Tense, e‑208, ë‑C3). Toute érosion de confiance peut peser sur l’adoption.
  • Ressources après‑vente: diagnostics BMS et éventuels remplacements de batteries mobilisent du temps atelier, des packs et des compétences HV. À grande échelle, cela peut frictionner la disponibilité commerciale et le service client si l’orchestration n’est pas fluide.
  • Pression économique: au premier semestre 2025, Stellantis a enregistré une perte nette de 2,3 Md€. Les campagnes qualité (logistique, pièces, immobilisations) se chiffrent vite, alors que les prix de vente sont sous tension. Dans le même temps, les petites électriques européennes subissent la concurrence par les coûts (constructeurs chinois, offres agressives) et la montée des hybrides.
  • Signaux de demande: l’arrêt de Poissy pour piloter les stocks révèle un décalage entre offre et demande sur des véhicules cœur de marché. Dans un contexte d’aides publiques moins généreuses et de taux de crédit encore élevés, le client arbitre âprement le prix au kilomètre.
  • Empreinte industrielle: sans perspective produit claire pour Poissy au-delà de 2028, la crédibilité de la filière “petites voitures” en Île‑de‑France s’étiole. C’est pourtant un atout stratégique pour amortir des plateformes polyvalentes (BEV/PHEV/HEV) au plus près du marché français et européen.

💡 Conseil d’expert

  • La clé, à court terme, est la transparence sur la cause racine du défaut batterie et la vitesse de résolution. À moyen terme, l’équation sera gagnée avec des petites électriques à coûts battus (chimie LFP/LFMP, packs simplifiés, standardisation) et une visibilité industrielle solide pour sécuriser sites et compétences.

Ce que Stellantis doit réussir maintenant

  • Stabiliser la qualité perçue:
    • préciser le périmètre du rappel et l’avancement des corrections,
    • garantir des délais courts en atelier et un parc de batteries de remplacement suffisant,
    • accompagner les clients (mobilité, communication proactive).
  • Protéger Poissy:
    • annoncer un modèle de remplacement compatible avec les attentes européennes (B‑SUV/C‑SUV compacts, versions HEV et BEV),
    • renforcer la flexibilité multi‑énergies sur ligne pour lisser les à‑coups de demande.
  • Repositionner l’offre “petites électriques”:
    • sécuriser des versions d’entrée à prix plancher avec chimies moins coûteuses,
    • clarifier la stratégie d’hybridation légère/pleine pour franchir les normes CO2 sans casser le ticket d’entrée,
    • accélérer les volumes là où la demande est la plus réactive (flottes, LLD à mensualités contenues).
  • Maîtriser les coûts:
    • achats de cellules mutualisés, packs “design‑to‑cost”,
    • simplification des variantes et options pour concentrer l’outil industriel.

Les 5 questions à suivre dans les prochaines semaines

  1. Le taux de véhicules nécessitant un remplacement complet de batterie (et la disponibilité des packs).
  2. Les délais de rendez‑vous atelier et l’expérience client sur la campagne.
  3. La trajectoire des commandes de Mokka‑e/DS 3 E‑Tense, e‑208/ë‑C3 face aux Renault 5, MG4, BYD Dolphin et Dacia Spring remaniée.
  4. Un éventuel engagement produit pour Poissy après 2028.
  5. Les signaux financiers du T3: stocks, mix (HEV vs BEV), marge sous pression ou stabilisation.

📊 Chiffres clés

  • 16 000 véhicules rappelés en France (PHEV 2019–2022) pour risque d’incendie batterie.
  • 15 jours d’arrêt à Poissy en octobre; environ 2 000 salariés concernés.
  • 2,3 Md€ de perte nette au S1 2025, dans un contexte de ventes en retrait et de marché européen compliqué.

Que faire si votre véhicule est concerné

  • Vérifiez votre VIN (carte grise, champ E) sur RappelConso ou le site de la marque.
  • Contactez votre concession pour diagnostic. Par prudence, évitez de recharger avant la prise en charge.
  • Demandez:
    • la nature de l’intervention (mise à jour BMS vs remplacement),
    • un moyen de mobilité si immobilisation,
    • une attestation d’intervention pour vos dossiers assurance/CT.
  • Surveillez toute alerte bord, odeur inhabituelle, montée anormale en température; garez‑vous et contactez l’assistance en cas de doute.

En filigrane, cette double alerte rappelle une réalité du moment: la transition s’accélère, mais elle exige une exécution industrielle et qualité sans faille. À Stellantis désormais de transformer cet épisode en sursaut de méthode, pour rassurer ses clients et sécuriser l’avenir de ses petites électriques en Europe.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *