Suppression des ZFE : Quel futur pour les voitures électriques d’occasion en France ?

En bref:

  • La suppression des Zones à Faibles Émissions (ZFE) en mai 2025 risque de freiner la croissance du marché des véhicules électriques d’occasion en France, avec un risque de baisse de la demande et des prix à moyen terme.
  • Les professionnels devront ajuster leurs stratégies commerciales (promotions, services, arguments économiques) pour compenser la disparition de l’incitation réglementaire forte.
  • Cette décision a également des conséquences environnementales négatives et pourrait entraîner une perte importante de financements européens dédiés à la transition écologique.

Depuis le 28 mai 2025, la suppression des Zones à Faibles Émissions (ZFE) votée par les députés français suscite de nombreuses interrogations. Loin d’être anodine, cette décision pourrait bouleverser en profondeur le marché national des véhicules électriques d’occasion. Alors que la croissance était jusqu’ici soutenue grâce à ces mesures écologiques, comment cette suppression va-t-elle influer sur les prix, la demande et les stratégies des constructeurs et concessionnaires automobiles ?

🚗 Le marché du véhicule électrique d’occasion en pleine ascension avant la suppression des ZFE

Le premier trimestre 2025 avait présenté des chiffres particulièrement encourageants pour le marché des véhicules électriques (VE) d'occasion. En effet, quelque 40 000 transactions avaient été réalisées, en hausse de 39,3 % sur un an. La demande était principalement alimentée par une pression environnementale accrue et l’instauration progressive des ZFE, dissuadant l’utilisation de véhicules thermiques polluants dans les grandes villes.

Cette dynamique entraînait une baisse notable des prix : en moyenne, une chute de 17,4 % en un an pour des modèles emblématiques tels que la Renault Zoé ou encore la Nissan Leaf. Avec des tarifs oscillant entre 4 500 € et 7 000 € pour des modèles anciens affichant 100 à 150 km d'autonomie, et 10 000 € à 20 000 € pour des véhicules récents, l’accessibilité financière à la mobilité électrique n’avait jamais été aussi évidente.

ModèlePrix moyenAutonomie
Renault Zoé (5-8 ans)4 500 € – 7 000 €100 à 150 km
Nissan Leaf (5-8 ans)Dès 4 500 €Variable
Dacia SpringÀ partir de 9 000 €230 km
Peugeot e-208Dès 11 000 €Variable

📉 Suppression des ZFE : Vers une baisse probable de la demande en véhicules électriques d’occasion

L’abolition brutale des ZFE pourrait changer la donne. Ces zones avaient pour objectif d’inciter les conducteurs à abandonner progressivement leurs véhicules les plus polluants, favorisant indirectement le marché de l’électrique d’occasion. Avec leur suppression décidée par le parlement français, près de 2,7 millions de véhicules thermiques polluants retrouvent potentiellement les routes urbaines françaises. Il est possible donc d’anticiper une légère diminution à venir de la motivation des automobilistes à acquérir un véhicule électrique d’occasion pour accéder aux centres-villes.

📌 Bon à savoir : la densification de l’offre électrique d’occasion pourrait, dans un premier temps, maintenir des prix attractifs malgré une éventuelle réduction de la demande. Mais à terme, si la motivation initiale (accès aux centres-villes soumis à restriction) disparaît, une stagnation, voire une baisse significative des valeurs des VE d’occasion, pourrait survenir.

💶 Conséquences économiques : incertitude et instabilité à prévoir

La suppression des ZFE introduit également une nouvelle variable d’instabilité réglementaire. Les concessionnaires et constructeurs automobiles s’étaient adaptés à un scénario favorisant la promotion active des véhicules propres, occasion comprise. Aujourd’hui, ces acteurs risquent de revoir à la baisse ou de différer leurs investissements dans les solutions et infrastructures écologiques (développement des bornes de recharge par exemple), initialement encouragés par une réglementation favorable solide.

Ce climat d’incertitude, caractérisé par un manque de visibilité sur les orientations politiques et environnementales nationales de long terme, pourrait freiner les avancées technologiques déjà engagées. Ainsi, non seulement les ventes d’occasion mais aussi les projets industriels et stratégiques liés aux VE risqueraient d’être temporairement ralentis.

⚙️ Quelles stratégies désormais pour les constructeurs et revendeurs automobiles ?

Face à une possible baisse de l’incitation environnementale, les acteurs de l’automobile devront adapter rapidement leurs stratégies. Plusieurs pistes pourraient être suivies :

  • Accentuations promotionnelles et baisses tarifaires dynamiques : pour maintenir le rythme des ventes face à une demande décroissante.
  • Accentuation des arguments économiques comme l’avantage du coût de fonctionnement des VE face aux véhicules thermiques, rendu plus incitatif dans un contexte de hausse probable du prix des carburants fossiles.
  • Renforcement de services associés à l’automobile électrique d’occasion (garanties, entretien facilité, financement accessible…) afin de compenser l’impact psychologique négatif provoqué par la fin des ZFE.

📢 Citation d’expert :

« La suppression des ZFE pourrait transformer profondément le marché. Il y aura un choc psychologique à amortir du côté des consommateurs habitués à une pression réglementaire forte. La capacité d’adaptation des professionnels sera cruciale. »
Éric Lefèvre, analyste spécialisé dans le marché automobile électrique, mai 2025.

🌱 Conséquences environnementales majeures à ne pas ignorer

Il est indispensable de rappeler que, au-delà des considérations économiques et du marché automobile, la suppression des ZFE entraînera des conséquences environnementales significatives. La remise en circulation d’autant de véhicules particulièrement polluants impactera directement la qualité de l'air, notamment dans les grandes agglomérations.

Enfin, la France risque de perdre jusqu’à 3 milliards d’euros de financements européens liés à la transition écologique, réservés dans le cadre du Plan national de relance et de résilience. Un facteur indirect mais capital pouvant impacter durablement l’attractivité future des technologies électriques en général.

ℹ️ À retenir :

  • Probable baisse de la demande en VE d’occasion à moyen terme.
  • Prix potentiellement impactés (risque de stagnation voire de baisse sensible à terme).
  • Nécessité pour les professionnels de s’adapter rapidement et finement à ces évolutions réglementaires et commerciales.
  • Conséquences environnementales significatives et perte possible d’aides financières substantielles.

Si le marché des véhicules électriques d'occasion demeure solide à court terme, les inquiétudes concernant sa vigueur à moyen et long terme deviennent désormais légitimes. La suppression des ZFE rebat les cartes du secteur, instaurant un climat d’incertitude inédit. Pour les acteurs du marché automobile, une question urgente et incontournable se pose : comment maintenir l’élan vers la mobilité électrique en l’absence de contraintes réglementaires fortes ? Seules l’adaptation et une stratégie commerciale agile pourront permettre au secteur de conserver la trajectoire positive soigneusement construite ces dernières années.

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