En bref:
- En 2025, le bonus écologique pour les voitures électriques sera réduit, ce qui pourrait favoriser les ventes de véhicules hybrides bénéficiant d’un report de malus au poids jusqu’en 2027.
- Les hybrides profitent d’une fiscalité avantageuse et d’un coût d’acquisition généralement inférieur, tout en évitant l’anxiété d’autonomie liée aux voitures électriques.
- Toutefois, des préoccupations subsistent quant à l’impact environnemental réel des hybrides et à l’évolution des normes d’émissions de CO2.
Face à la diminution programmée des aides à l’achat des voitures électriques et au report du malus au poids pour les hybrides, le marché automobile français pourrait connaître un nouveau tournant en 2025. Analyse d’une situation qui rebat les cartes de la transition énergétique dans l’automobile.
Un contexte fiscal en pleine mutation
La politique automobile française subit actuellement une profonde transformation. D’un côté, le bonus écologique pour les véhicules électriques va connaître une baisse significative, passant de 4 000 € à 3 000 € pour la majorité des acheteurs en 2025. Les ménages les plus modestes, dont le revenu fiscal de référence est inférieur à 15 400 € par part, conserveront une aide plus substantielle, mais réduite elle aussi, passant de 7 000 € à 4 000 €.
À l’opposé, les foyers appartenant aux deux déciles de revenus les plus élevés ne pourront prétendre qu’à un bonus limité à 2 000 €. Cette nouvelle grille témoigne d’une volonté gouvernementale de recentrer les aides vers les ménages les moins favorisés, tout en réduisant l’enveloppe globale qui passera de 1,5 milliard d’euros en 2024 à environ 1 milliard en 2025.
Le sursis inattendu des hybrides face au malus poids
L’élément le plus marquant concerne le report de deux ans du malus au poids pour les véhicules hybrides. Initialement prévu pour 2025, ce dispositif ne s’appliquera qu’à partir de 2027, offrant un répit inattendu à cette technologie. Cette décision s’explique officiellement par des contraintes techniques : le système d’immatriculation des véhicules (SIV) nécessite une adaptation pour prendre en compte la puissance maximale nette du moteur électrique dans le calcul du malus.
Un abattement préservé jusqu’en 2027
Les hybrides conserveront donc jusqu’en 2027 leur abattement de 100 kilogrammes sur le calcul du malus poids. Pour rappel, ce malus s’applique actuellement aux véhicules dépassant 1 600 kg (seuil qui sera abaissé à 1 500 kg en 2026), avec une taxation progressive allant de 10 à 30 euros par kilogramme excédentaire. Cet avantage permet à la grande majorité des modèles hybrides d’échapper à cette taxation.
Les implications sur le marché automobile
Un avantage concurrentiel pour les hybrides
Cette situation crée une fenêtre d’opportunité pour les véhicules hybrides. Alors que le marché électrique pourrait être freiné par la baisse des aides, les hybrides pourraient séduire davantage de consommateurs, notamment grâce à :
- Une fiscalité plus avantageuse jusqu’en 2027
- Des prix d’acquisition généralement inférieurs aux électriques
- L’absence d’anxiété liée à l’autonomie
- Une infrastructure de recharge non nécessaire au quotidien
Un impact sur les stratégies des constructeurs
Les constructeurs automobiles adaptent déjà leurs stratégies. Certaines marques comme Peugeot et Toyota ont largement orienté leur gamme vers l’hybridation. Cette tendance pourrait s’accélérer avec le maintien des avantages fiscaux. On observe notamment :
- Une diversification des offres hybrides dans tous les segments
- Le développement de nouvelles technologies d’hybridation plus efficientes
- Des positionnements prix plus agressifs face aux électriques
Les enjeux environnementaux en question
Performance environnementale réelle
Si les hybrides bénéficient d’un traitement fiscal favorable, leur impact environnemental réel suscite des interrogations. Des études récentes montrent que les émissions en conditions réelles dépassent souvent significativement les valeurs homologuées :
- Les émissions moyennes constatées sont 2 à 4 fois supérieures aux chiffres officiels
- L’efficacité dépend fortement du mode d’utilisation et de la fréquence des recharges
- Le poids des batteries additionelles impacte la consommation en mode thermique
Évolution des normes d’émissions
Le marché devra également composer avec le renforcement progressif des normes d’émissions de CO2. Le seuil du malus écologique sera abaissé à :
- 112 g/km en 2025
- 106 g/km en 2026
- 98 g/km en 2027
Cette trajectoire contraignante pousse les constructeurs à optimiser continuellement leurs motorisations hybrides pour rester sous ces seuils.
Perspectives pour les consommateurs
Critères de choix complexifiés
Les acheteurs doivent désormais intégrer de nombreux paramètres dans leur décision :
- Le coût total de possession incluant fiscalité et consommation
- L’usage prévu (urbain, périurbain, grands trajets)
- L’accès aux infrastructures de recharge
- La valeur de revente anticipée
Impact sur le pouvoir d’achat
Dans un contexte d’inflation persistante, la dimension économique reste cruciale. Les hybrides pourraient représenter un compromis attractif :
- Un investissement initial plus modéré que l’électrique
- Des économies d’usage par rapport au thermique pur
- Une fiscalité avantageuse maintenue jusqu’en 2027
- Une polyvalence d’usage rassurant les acheteurs
Le report du malus poids pour les hybrides, combiné à la réduction du bonus électrique, pourrait ainsi redessiner le paysage automobile français en 2025. Cette situation, si elle offre un répit aux constructeurs et aux consommateurs, pose néanmoins question sur la cohérence des politiques publiques en matière de transition écologique du secteur automobile.