BYD vise 50 % de ventes à l’international d’ici 2030 : quel impact sur les constructeurs français ?

En bref:

  • BYD vise 50 % de ses ventes à l’international d’ici 2030, renforçant fortement sa présence en Europe malgré des barrières tarifaires et des préférences locales.
  • Cette offensive chinoise exerce une pression significative sur Renault, Peugeot et Citroën, notamment sur les prix, l’innovation et la rentabilité des gammes électriques.
  • Les constructeurs français doivent accélérer leur innovation, renforcer les alliances et adapter leur stratégie pour rester compétitifs face à BYD.

Avec une ambition affichée de réaliser près de la moitié de ses ventes à l’étranger d’ici 2030, le constructeur chinois BYD pourrait profondément bouleverser le paysage automobile mondial, en particulier sur le marché européen et français. Renault, Peugeot et Citroën seront-ils prêts face à cette offensive électrique venue de Chine ? Analyse.

BYD, un géant électrique qui accélère fort

Pour saisir pleinement l’ampleur des ambitions internationales de BYD (Build Your Dreams), rappelons d’abord quelques chiffres frappants. Sur le seul mois d’avril 2025, la marque chinoise a écoulé 380 089 véhicules électrifiés (+20 % par rapport à 2024). Plus remarquable encore : pour la première fois depuis début 2024, les ventes de véhicules 100 % électriques (195 740 exemplaires rien qu’en avril) ont surpassé celles des hybrides rechargeables.

Ce dynamisme sans précédent fait de BYD le numéro un mondial incontesté de l’électrification, devant des acteurs comme Tesla ou Volkswagen. Après avoir écoulé 4,27 millions de véhicules en 2024, BYD compte atteindre environ 5,5 millions d’unités dès cette année, marquant une progression spectaculaire.

Europe : un enjeu clé mais semé d’embûches pour BYD

Le marché européen est stratégique pour le constructeur chinois, qui a pour ambition d’y réaliser une part significative de ses ventes internationales. Pourtant, cette stratégie ne manque pas d’obstacles :

📌 Barrières réglementaires et tarifaires

La surtaxe européenne de 17 % appliquée sur les véhicules chinois grève sensiblement la compétitivité des produits BYD. Pour contourner cette difficulté, le constructeur met en place progressivement des unités de production locales, notamment en Hongrie (prévue pour fin 2025) avec potentiellement une autre installation en France, si les conditions sont favorables.

📌 Difficulté à atteindre rapidement ses objectifs initiaux

Malgré une croissance impressionnante (+216 % de ventes européennes en 2024 par rapport à 2023), BYD n’a pas encore atteint son objectif de conquérir 5 % du marché européen d’ici fin 2025, affichant une part actuelle de 2,7 %. L’adaptation nécessaire au goût des consommateurs européens – qui privilégient souvent les modèles hybrides rechargeables abordables comme ceux proposés par MG – constitue un enjeu supplémentaire.

Quels impacts possibles pour Renault, Peugeot et Citroën ?

Face à cette stratégie offensive, les constructeurs français pourraient subir plusieurs conséquences directes et indirectes à court et moyen termes :

🔹 Pression accrue sur les segments électrique et hybride

BYD propose actuellement une large gamme de véhicules électrifiés, jusqu’à 20 à 25 % moins chers que leurs équivalents occidentaux à prestations comparables. Cet avantage tarifaire pourrait intensifier la concurrence sur les segments populaires visés par Renault (avec ses modèles E-Tech), Peugeot (e-208, e-2008 ou futur e-3008) et Citroën (ë-C4 et ë-C3 notamment).

🔹 Impact sur le positionnement prix et innovation

Le développement industriel local de BYD pourrait réduire les coûts et intensifier encore davantage la pression concurrentielle en France. Renault, Peugeot et Citroën devront alors probablement ajuster leurs stratégies tarifaires, accélérer l’innovation technologique (notamment sur les batteries et l’autonomie), ou encore accroître leur différenciation en matière d’expérience client pour préserver ou accroître leurs parts de marché.

🔹 Risques sur la rentabilité des gammes électriques françaises

Les coûts déjà élevés de l’électrification chez Renault ou Stellantis pourraient subir de nouvelles pressions à cause d’une concurrence accrue et de l’intensification d’une guerre des prix potentielle avec des géants comme BYD. Ce risque est particulièrement aigu sur les segments de masse, cœur de marché des constructeurs français, historiquement sensibles aux prix.

Quelles réponses stratégiques possibles pour contrer l’offensive chinoise ?

Pour anticiper ou contrer la stratégie BYD, plusieurs pistes d’actions stratégiques se présentent pour Renault, Peugeot et Citroën :

  • Accélérer la production et la maîtrise technologique locale pour réduire les coûts et augmenter la compétitivité des véhicules électriques européens.
  • Renforcer la collaboration intra-européenne, par exemple à travers des alliances technologiques (comme celle existante entre Stellantis et TotalEnergies dans la fabrication de batteries).
  • Accentuer les stratégies différenciatrices en misant sur des gammes au design audacieux, l’amélioration continue des systèmes d’aide à la conduite (ADAS), et des innovations en mobilité connectée et durable pour séduire une clientèle sensible à la technologie et au respect de l’environnement.
  • Mobiliser les leviers réglementaires ou commerciaux disponibles, notamment au niveau européen, pour défendre activement les intérêts industriels communautaires face à la concurrence extracommunautaire très compétitive.

💡 À retenir : une confrontation inévitable mais aux issues multiples

Si l’objectif ambitieux de BYD apparaît clairement comme une menace pour les acteurs français historiques, il peut également agir comme un puissant levier de transformation industrielle et technologique à condition de réagir proactivement. La réussite ou non de BYD en Europe dépendra aussi largement de sa capacité d’adaptation face aux attentes spécifiques des marchés locaux et aux contraintes réglementaires.

Pour l’heure, le constructeur chinois intensifie ses efforts, augmente ses volumes et progresse significativement en Europe, mais l’avenir reste ouvert et les jeux loin d’être faits. Renault, Peugeot et Citroën devront néanmoins redoubler d’efforts stratégiques et d’agilité commerciale pour tirer leur épingle du jeu. Tout l’enjeu dans les années à venir sera de bâtir une mobilité électrique compétitive, rentable, et capable de répondre aux aspirations spécifiques des consommateurs européens face à une concurrence chinoise toujours plus présente.

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