Fin des aides régionales en Île-de-France : un nouveau coup dur pour la mobilité électrique

En bref:

  • La région Île-de-France met fin au programme d’aides pour l’achat de véhicules électriques, réduisant le soutien à l’électromobilité face à des restrictions budgétaires en cours.
  • Les ventes de véhicules électriques pourraient stagner, avec des impacts négatifs sur les constructeurs français et une aggravation des inégalités d’accès à la mobilité pour les ménages modestes.
  • Des alternatives, telles que le marché de l’occasion et des solutions de mobilité partagée, émergent en réponse à ce désengagement public.

La nouvelle est tombée comme un couperet : au 1er décembre 2024, la région Île-de-France mettra fin à son programme "Véhicules propres", une aide qui pouvait aller jusqu’à 9 000 euros pour l’achat d’une voiture électrique. Cette décision s’inscrit dans un contexte plus large de réduction des soutiens publics à l’électromobilité, soulevant de nombreuses interrogations sur l’avenir du marché français des véhicules à batterie.

Un dispositif majeur qui s’éteint

L’aide francilienne constituait l’un des dispositifs régionaux les plus généreux de France. Son fonctionnement reposait sur un barème progressif, avec quatre niveaux d’aide indexés sur le revenu fiscal de référence par part :

  • 9 000 € pour les ménages les plus modestes (RFR ≤ 6 358 €)
  • 7 500 € pour les revenus intermédiaires bas (RFR entre 6 359 € et 14 089 €)
  • 4 500 € pour les revenus intermédiaires (RFR entre 14 090 € et 30 508 €)
  • 2 250 € pour les revenus les plus élevés (RFR > 30 508 €)

Cette aide, cumulable avec le bonus écologique national permettait à de nombreux, permettait à de nombreux Franciliens d’accéder plus facilement à la mobilité électrique, notamment dans les zones péri-urbaines où la voiture reste indispensable.

Une cascade de restrictions budgétaires

La suppression de l’aide francilienne s’ajoute à une série de mesures restrictives au niveau national. L’enveloppe globale dédiée au verdissement du parc automobile passera de 1,5 milliard d’euros en 2024 à seulement 1 milliard en 2025. Plusieurs dispositifs sont concernés :

Le bonus écologique en sursis

Le montant du bonus national, actuellement de 4 000 euros (7 000 euros pour les ménages modestes), fait l’objet de discussions pour une probable réduction en 2025. Les arbitrages définitifs sont attendus dans les prochaines semaines.

La fin programmée de la prime à la conversion

Autre pilier historique du soutien à la transition énergétique, la prime à la conversion sera totalement supprimée à la mi-novembre 2024. Ce dispositif avait pourtant permis à plus d’un million de Français de remplacer leur ancien véhicule polluant depuis 2018.

Un leasing social aux moyens limités

Le dispositif de location longue durée à moins de 100 euros par mois de 100 euros par mois, lancé début 2024, a rapidement dépassé ses objectifs avec 50 000 dossiers validés. Son retour en 2025 est confirmé, mais avec une enveloppe plus restreinte.

Des impacts multiples sur le marché

Un risque de ralentissement des ventes

Les professionnels du secteur s’inquiètent légitimement des conséquences de ces restrictions. L’exemple allemand est particulièrement éclairant : après la suppression brutale des aides fin 2023, la part de marché des véhicules électriques est passée de 18% à 13% de 18% à 13%. En France, le marché montre déjà des signes d’essoufflement avec une stagnation des ventes autour de 17% de parts de marché.

Une menace pour les constructeurs français

La réduction des aides pourrait paradoxalement favoriser les constructeurs chinois, dont les véhicules affichent des prix plus compétitifs. Les constructeurs français, engagés dans une coûteuse transition vers l’électrique, risquent de voir leurs efforts de positionnement sur le segment de l’entrée et du milieu de gamme compromis.

Un impact social préoccupant

Les ménages modestes seront les premiers touchés par ces restrictions. Dans un contexte d’inflation persistante et alors que le prix moyen d’une voiture électrique neuve reste supérieur de 30% à celui d’un modèle thermique équivalent, la disparition des aides pourrait creuser les inégalités d’accès à la mobilité décarbonée.

Des alternatives à explorer

Face à ce désengagement public, plusieurs pistes émergent :

Le marché de l’occasion en développement

Le segment des véhicules électriques d'occasion connaît une croissance soutenue connaît une croissance soutenue, avec une augmentation de 22% des transactions au troisième trimestre 2024. Cette tendance pourrait offrir une alternative plus abordable aux acheteurs.

L’essor des solutions de mobilité partagée

Les collectivités locales misent de plus en plus sur des services d'autopartage électrique et des solutions et des solutions de mobilité multimodale, particulièrement pertinents en zone urbaine dense.

L’innovation technologique comme levier

Les progrès techniques continus, notamment dans le domaine des batteries, laissent espérer une baisse naturelle des coûts de production. Plusieurs constructeurs annoncent des modèles plus abordables pour 2025-2026, comme la future Renault 5 électrique ou la Citroën ë-C3 la Citroën ë-C3.

La suppression de l’aide régionale francilienne marque un tournant dans la politique de soutien à l’électromobilité. Si les objectifs de décarbonation des transports restent ambitieux, avec la fin programmée des ventes de véhicules thermiques neufs en 2035, le chemin pour y parvenir s’annonce plus escarpé qu’initialement prévu.

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