En bref:
- Les constructeurs chinois lancent une guerre des prix sur le marché de l’électrique à Pékin.
- Les marques européennes tentent de résister en misant sur leur avance technologique.
- Les autorités européennes enquêtent sur les subventions chinoises aux constructeurs, menaçant de représailles.
L’édition 2024 du salon de l’Auto de Pékin, qui ouvre ses portes ce mercredi 25 avril, s’annonce comme un tournant majeur dans la transition vers la mobilité électrique. Alors que les constructeurs européens historiques peinent encore à s’imposer sur ce marché stratégique, les géants chinois ont décidé de passer à l’offensive en lançant une véritable guerre des prix.
Une démonstration de force des constructeurs locaux
Cet Auto China 2024 est l’occasion pour les marques nationales de faire la démonstration de leur puissance. Avec plus de 60 nouveautés majeures annoncées, principalement des modèles 100% électriques, le salon s’inscrit dans la lignée de l’année 2023 qui a vu les constructeurs chinois s’octroyer pour la première fois plus de 50% des ventes automobiles dans leur pays.
BYD, devenu le numéro un mondial des ventes de véhicules électriques en 2023, entend bien asseoir sa domination. Le géant de Shenzhen dévoilera son premier pick-up électrique, le BYD Shark, tandis que sa nouvelle marque Fangchengbao présentera le Bao 8, un imposant SUV hybride rechargeable. Mais c’est surtout avec sa gamme de citadines abordables que BYD compte réaliser un véritablement choc tarifaire sur les marchés occidentaux.
De son côté, le constructeur Neta, filiale de Sokon, affiche ouvertement ses ambitions européennes en levant le voile sur son break dérivé de la berline Neta S ainsi que le SUV Neta L. Ces deux modèles seront parmi les premiers à débarquer chez nous dès le lancement de la marque sur le Vieux Continent d’ici quelques mois.
Les marques de l’électronique grand public à l’assaut du marché auto
Mais le plus spectaculaire reste l’arrivée fracassante des géants chinois de l’électronique grand public sur le marché automobile. Xiaomi, Baidu, Huawei et d’autres poids lourds de la tech ont décidé de se lancer à l’assaut du secteur de la voiture électrique, avec des modèles haut de gamme bardés de technologies de pointe.
Le jeune constructeur Xiaomi, à peine deux ans d’existence, fait d’ores et déjà figure de menace sérieuse avec sa berline électrique Xiaomi SU7 qui promet des performances de très haut niveau. Positionnée en concurrente directe de la Tesla Model 3, elle embarque toute la puissance de calcul et l’expertise logicielle du géant chinois des smartphones.
Non loin du stand imposant de Xiaomi, son rival Baidu expose sa propre berline électrique, la Jiyue 07, développée en partenariat avec Geely. Une démonstration de force qui illustre la volonté de ces mastodontes de l’électronique d’imposer leur vision d’une voiture intelligente et ultra-connectée.
Les constructeurs européens tentent de résister
Face à cette déferlante, les constructeurs automobiles européens tentent de résister en misant sur leur avance technologique, notamment dans le développement des nouvelles plateformes électriques dédiées. Audi dévoile ainsi à Pékin son Q6 e-tron, premier modèle produit en Chine sur la plateforme PPE (Premium Platform Electric) du groupe Volkswagen.
Mercedes, de son côté, mise sur le mythe de sa Classe G pour se démarquer en présentant une version 100% électrique de son légendaire tout-terrain. Avec quatre moteurs électriques, cette Classe G électrique promet des capacités en franchissement intactes, voire améliorées, par rapport à son homologue thermique.
Cependant, malgré ces efforts, force est de constater que les marques européennes restent à la traîne face à l’agressivité tarifaire de leurs rivaux chinois. Une situation préoccupante qui pousse leurs dirigeants à réclamer des mesures de soutien auprès des instances européennes.
Un avenir incertain pour l’industrie européenne
Luca de Meo, le directeur général de Renault et président de l’Association des constructeurs européens (ACEA), appelle ainsi à une véritable stratégie industrielle commune "de la mine à la tombe" pour soutenir la filière automobile du Vieux Continent. Parmi les principales revendications, une meilleure planification réglementaire, davantage de dialogue avec les pouvoirs publics et surtout, la possibilité de conserver une neutralité technologique plutôt que de se focaliser uniquement sur l’électrique.
De leur côté, les autorités européennes semblent déterminées à défendre leur industrie. La Commission a récemment ouvert une enquête sur les subventions publiques accordées par la Chine à ses constructeurs, menaçant de représailles si des pratiques déloyales étaient avérées. Une décision qui a logiquement provoqué une vive réaction de Pékin, dénonçant un "protectionnisme" européen.
Si les prochains mois s’annoncent tendus sur le plan diplomatique, l’avenir de l’automobile européenne pourrait bien se jouer dans cette guerre des prix sur le marché de l’électrique. Alors que les analystes prédisent que 25% des voitures électriques vendues en Europe en 2024 seront d’origine chinoise, l’industrie locale est dos au mur. Les constructeurs historiques n’auront d’autre choix que de réagir rapidement s’ils veulent éviter la déferlante annoncée.