L’électrification des flottes d’entreprise en France : Un défi de taille en 2024

En bref:

  • L’électrification des flottes d’entreprise en France est un défi majeur en 2024, avec des objectifs légaux de plus en plus contraignants.
  • Malgré les avantages en termes de coûts et d’impact environnemental, de nombreux freins persistent, tels que l’insuffisance des infrastructures de recharge et les réticences liées au coût total de possession.
  • Un soutien renforcé des pouvoirs publics, notamment à travers des sanctions plus sévères, pourrait inciter les entreprises à accélérer leur transition vers des flottes électriques.

Alors que la transition énergétique s’accélère et que les réglementations se durcissent, l’électrification des flottes de véhicules d’entreprise devient un enjeu incontournable pour les sociétés françaises en 2024. Malgré les avantages indéniables en termes de coûts d’exploitation et d’impact environnemental, de nombreux freins persistent et ralentissent la cadence de cette mutation indispensable.

Une obligation légale sous pression

Depuis le 1er janvier 2022, la loi d’orientation des mobilités (LOM) impose aux entreprises disposant d’une flotte de plus de 100 véhicules légers d’intégrer au moins 10 % de modèles à faibles émissions lors du renouvellement de leur parc. Ce quota devrait passer à 20 % au 1er janvier 2024, avant d’atteindre 70 % en 2030. Cependant, selon une étude récente de l’ONG Transport & Environnement (T&E), la majorité des grandes entreprises françaises peinent à respecter ces objectifs.

En 2023, seules 40 % des sociétés concernées ont atteint le seuil des 10 %, un chiffre alarmant qui soulève des inquiétudes quant à la capacité du secteur privé à s’adapter aux exigences de 2024. Léo Larivière, responsable du plaidoyer électrification des flottes chez T&E France, qualifie cette situation d' »échec généralisé de la loi », déplorant des objectifs légaux peu ambitieux et faiblement contraignants.

Des freins systémiques et cognitifs persistants

Malgré les avancées technologiques et les incitations financières, l’électrification des flottes d’entreprise se heurte à de nombreux obstacles. Parmi les principaux freins identifiés, on retrouve :

L’insuffisance des infrastructures de recharge

L’une des principales préoccupations des gestionnaires de flotte concerne le manque d’infrastructures de recharge adaptées.

Les craintes liées au coût total de possession

Bien que les coûts d’exploitation des véhicules électriques soient généralement inférieurs à ceux des modèles thermiques, le coût d’acquisition initial plus élevé et les incertitudes concernant la valeur résiduelle freinent de nombreuses entreprises. Certaines craignent que les technologies évoluent trop rapidement, rendant les véhicules achetés aujourd’hui obsolètes sur le marché de l’occasion dans quelques années.

Les réticences culturelles et organisationnelles

Au-delà des aspects techniques et financiers, l’électrification des flottes soulève des défis organisationnels et culturels. La formation des équipes, l’adaptation des processus et la remise en question des habitudes constituent des obstacles majeurs pour de nombreuses entreprises. Erwan Matte, directeur des nouvelles mobilités chez Athlon France, souligne que « l’accélération se fait de plus en plus, mais bon gré mal gré ».

Des avantages indéniables à saisir

Malgré ces défis, l’électrification des flottes d’entreprise offre de nombreux avantages qui devraient encourager les sociétés à franchir le pas. Parmi les principaux bénéfices, on peut citer :

Une réduction significative des coûts d’exploitation

Bien que le coût d’acquisition initial soit plus élevé, les véhicules électriques permettent de réaliser des économies substantielles sur le carburant et l’entretien. Selon une étude de Sia Partners, un parc de flottes entièrement électrifié pourrait générer des économies annuelles de l’ordre de 1,5 milliard d’euros pour les entreprises françaises.

Un levier d’attractivité et de rétention des talents

En démontrant leur engagement en faveur de la durabilité, les entreprises qui électrifient leur flotte peuvent renforcer leur image auprès des clients, des partenaires et des employés. Cette démarche éco-responsable peut aider à attirer et à retenir des talents sensibles aux enjeux environnementaux.

Une contribution à la transition énergétique

En adoptant des véhicules électriques, les entreprises participent activement à la la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à la lutte contre le changement climatique. Elles contribuent ainsi à la la transition énergétique et à la protection de l’environnement, des enjeux majeurs pour la société.

Un soutien renforcé des pouvoirs publics

Face aux difficultés rencontrées par les entreprises, les pouvoirs publics envisagent de renforcer leur soutien à l’électrification des flottes. Une proposition de loi, portée par le député Damien Adam, vise à accélérer le rythme de transition en imposant des sanctions plus sévères aux entreprises ne respectant pas les quotas.

Cette proposition prévoit une amende progressive pouvant atteindre 5 000 euros par véhicule manquant à partir de 2027, dans la limite de 1 % du chiffre d’affaires du groupe. Les hybrides rechargeables seraient également exclus des quotas, renforçant la pression sur l’adoption de véhicules 100 % électriques.

Bien que controversée, cette mesure pourrait inciter les entreprises récalcitrantes à s’engager plus résolument dans l’électrification de leurs flottes. Cependant, elle ne résoudra pas à elle seule les défis techniques et organisationnels auxquels les gestionnaires de flotte sont confrontés.

Une transition inévitable, à accélérer

En définitive, l’électrification des flottes d’entreprise en France constitue un défi de taille en 2024, mais une transition inévitable pour répondre aux exigences réglementaires, environnementales et économiques. Malgré les freins persistants, les avantages à long terme sont indéniables, tant pour les entreprises que pour la société dans son ensemble.

Pour accélérer cette mutation, un effort concerté impliquant les pouvoirs publics, les constructeurs automobiles et les entreprises elles-mêmes sera nécessaire. Le déploiement d’infrastructures de recharge adaptées, la formation des équipes et l’accompagnement financier seront des éléments clés pour faciliter cette transition complexe mais essentielle.

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