En bref:
- Les véhicules électriques devraient bénéficier d’une autonomie doublée d’ici 2030, grâce à des batteries plus performantes.
- La recharge rapide est un enjeu majeur pour les constructeurs, qui cherchent à réduire le temps nécessaire pour recharger les véhicules.
- La tendance à quitter les grandes villes pourrait favoriser le développement du véhicule électrique, notamment pour les résidents en habitat individuel.
La mutation constante du paysage automobile
Au cours de ces quinze dernières années, l’industrie automobile a vu émerger des véhicules électriques qui ont profondément modifié le paysage. Le chemin parcouru depuis les premiers véhicules électriques disponibles au grand public au début des années 2010 est impressionnant. Les premiers acteurs du marché, tels que Renault avec sa Zoe ou encore Nissan avec sa Leaf, proposaient des véhicules dont les batteries, d’une capacité de vingtaine de kilowattheures seulement, peinaient à dépasser les 100 km d’autonomie en hiver.
Aujourd’hui, en 2023, le visage du marché automobile est bien différent. Une part significative des véhicules neufs vendus en France sont désormais 100% électriques. La plupart de ces véhicules présentent une autonomie suffisante pour être considérés comme le véhicule principal d’un foyer, grâce notamment à un réseau de charge rapide bien développé sur le territoire français.
Cependant, les constructeurs automobiles ne restent pas inactifs et prévoient des innovations majeures pour les prochaines années, avec pour objectif de faire de la voiture électrique de 2030 un véhicule toujours plus performant.
Une autonomie doublée d’ici 2030 ?
Aujourd’hui, de nombreux véhicules électriques franchissent la barre des 500 km d’autonomie WLTP, permettant ainsi à leurs propriétaires de voyager sans contrainte. Des modèles comme la Tesla Model 3 Propulsion ou la MG4 Autonomie Étendue en sont de parfaits exemples, affichant une autonomie de 510 et 520 km WLTP respectivement, pour un prix d’environ 40 000 euros (avant déduction du bonus écologique).
Cependant, ces 500 km d’autonomie ne reflètent pas la réalité à vitesse élevée sur autoroute. Il faut plutôt tabler sur une autonomie de 300 km, ce qui peut être insatisfaisant pour certaines personnes ne souhaitant pas modifier leurs habitudes de conduite.
Des géants de l’industrie, tels que CATL et Sunwoda Power, promettent des batteries de plus en plus performantes, capables d’atteindre jusqu’à 1000 km d’autonomie. Cependant, une question se pose : est-il vraiment nécessaire d’avoir une batterie d’une telle capacité ? Une batterie de grande taille peut en effet augmenter la consommation du véhicule, ce qui est un désavantage au quotidien.
La recharge rapide, un enjeu majeur
Actuellement, le temps de charge rapide moyen est d’environ 15 minutes pour passer de 20 à 80%. C’est un progrès significatif, qui permet aux conducteurs de rouler pendant environ 2 heures avant de devoir s’arrêter moins de 20 minutes pour recharger leur véhicule.
Cependant, la plupart des véhicules nécessitent une trentaine de minutes pour atteindre 80% de charge, ce qui diffère des habitudes des conducteurs de véhicules thermiques. Pour cette raison, il est probable que les constructeurs continuent d’améliorer la vitesse de charge de leurs véhicules. Certains promettent même une recharge complète en seulement 6 minutes.
Une évolution démographique favorable à l’électrique ?
Par ailleurs, une tendance démographique pourrait favoriser le développement du véhicule électrique. En effet, depuis quelques années, les grandes métropoles européennes connaissent une désurbanisation progressive. En France, environ 44% de la population réside en habitat collectif, ce qui représente un potentiel de 8 millions de places de parking à équiper de bornes de recharge. Cependant, seulement 2% des copropriétés sont actuellement équipées d’infrastructures de recharge.
Cependant, un phénomène d’exode urbain s’est accéléré ces dernières années, d’après les données de l’INSEE. En 2022, Paris a enregistré trois fois plus de départs que d’arrivées, faisant de la capitale française la région la plus touchée par ce mouvement. Cette tendance à quitter les grandes villes pourrait favoriser le développement du véhicule électrique, particulièrement apprécié des résidents en habitat individuel.
L’importance de l’efficacité énergétique
Enfin, l’autonomie d’un véhicule électrique ne dépend pas uniquement de la taille de sa batterie, mais aussi de son efficacité énergétique. Ainsi, une consommation électrique faible permet d’obtenir une grande autonomie, même avec une batterie de taille modeste. L’Allgemeiner Deutscher Automobil-Club (ADAC), la plus grande association automobile d’Europe, a récemment décerné la couronne de la plus grande efficacité énergétique à la Hyundai Ioniq 6, qui affiche une consommation incroyablement faible de 15,5 kWh/100 km.
Le développement des infrastructures de recharge
En parallèle de ces améliorations technologiques, l’augmentation du nombre de bornes de recharge électrique publiques est également un enjeu majeur pour la démocratisation du véhicule électrique. Selon l’Office fédéral de l’énergie (OFEN), le nombre de bornes est passé de 9132 en janvier à 11 311 en juin 2023, mais il reste encore loin de l’objectif de 20 000 bornes en 2025.
Cet engagement pris par la Confédération et différents acteurs du secteur de l’automobile, mais aussi de la production d’électricité et de l’immobilier, prévoit également de faire passer la part des véhicules rechargeables dans les nouvelles immatriculations à 50% d’ici à 2025.
Ainsi, la voiture électrique de 2030 pourrait bien être un véhicule au design innovant, doté d’une grande autonomie, d’une recharge rapide et d’une grande efficacité énergétique. Un véhicule qui pourrait bien devenir le choix de prédilection pour les conducteurs, qu’ils vivent en ville ou à la campagne.