Le Japon et son choix stratégique pour l’hybride face à l’électrique

En bref:

  • Le Japon, berceau de géants de l’automobile tels que Toyota et Honda, persiste dans la voie de la voiture hybride malgré la montée en puissance du véhicule électrique.
  • Les hybrides représentent une part importante des ventes de Toyota en Europe, atteignant 80%.
  • Les raisons de ce choix stratégique sont la rareté des infrastructures de recharge, le patriotisme économique des consommateurs japonais et des politiques environnementales différentes.

Le Japon, berceau de géants de l’automobile tels que Toyota et Honda, a longtemps été perçu comme un précurseur dans l’industrie automobile mondiale. Cependant, à l’heure où la transition énergétique s’accélère et que le véhicule électrique (VE) gagne du terrain, le pays du Soleil-Levant semble persister dans une voie divergente, celle de la voiture hybride. Cette approche soulève des questions stratégiques et met en lumière les défis auxquels l'industrie automobile japonaise est confrontée dans un marché en pleine mutation.

L’hybride, une technologie maîtrisée

L’hybride, qui combine un moteur thermique et un ou plusieurs moteurs électriques, est une technologie que les constructeurs japonais, en particulier Toyota avec sa célèbre Prius, ont perfectionnée au fil des décennies. Ce choix technologique s’est avéré payant, la Prius devenant un symbole de l’innovation écologique dans l’automobile. Aujourd’hui, les hybrides représentent une part importante des ventes de Toyota en Europe, atteignant 80 %.

Un marché japonais à contre-courant

Alors que le reste du monde semble se tourner résolument vers l’électrique pur, le Japon maintient un cap différent. Les prévisions indiquent que, d’ici 2030, les voitures hybrides représenteront 67,1 % des véhicules achetés au Japon, tandis que les VE ne dépasseront pas 10 % de part de marché. Cette tendance contraste fortement avec les projections pour l’Europe et les États-Unis, où les VE devraient représenter une part bien plus significative des nouvelles immatriculations.

Les raisons d’un choix stratégique

Plusieurs facteurs expliquent cette orientation japonaise :

  • La rareté des infrastructures de recharge : Le Japon, malgré sa technologie avancée, dispose d’un réseau de bornes de recharge moins dense que ceux d’autres régions développées, rendant l’usage des VE moins pratique.
  • Un patriotisme économique : Les consommateurs japonais ont une forte préférence pour les marques nationales. Or, l’offre en VE japonais est encore limitée comparée à celle des hybrides.
  • Des politiques environnementales différentes : Le Japon a pris des mesures contre les émissions polluantes dès la fin des années 1990, réduisant la part des véhicules diesel bien avant l’Europe, ce qui a diminué la pression pour un passage rapide à l’électrique.

Les constructeurs japonais face à l’innovation mondiale

Les constructeurs japonais ne sont pas aveugles aux évolutions du marché mondial. Toyota a annoncé l’introduction de six VE d’ici 2026. Cependant, cette initiative peut sembler tardive face à des entreprises comme Tesla, qui a déjà une capacité de production d’un million de véhicules par an, ou le chinois BYD, avec 590 000 véhicules à nouvelle énergie vendus en 2021.

Le défi de la chaîne d’approvisionnement

Un autre défi majeur pour les constructeurs japonais est la mise en place d’une chaîne d’approvisionnement pour les VE sur le marché intérieur. La comparaison avec des entreprises comme Tesla, qui a investi dans les semi-conducteurs et les batteries, est révélatrice de la distance à parcourir pour le Japon.

Perspectives et réflexions

Le choix stratégique du Japon en faveur de l’hybride soulève des questions pertinentes sur la diversité des solutions technologiques face aux défis environnementaux. Alors que l’électrique semble s’imposer comme la voie du futur, le Japon nous rappelle que l’innovation peut emprunter plusieurs chemins. Les années à venir seront cruciales pour déterminer si la stratégie hybride japonaise est un pari gagnant ou une résistance au changement qui pourrait coûter cher à ses constructeurs historiques.

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