En bref:
- Stellantis investit plus de 50 milliards d’euros dans l’électrification avec l’objectif d’atteindre 100% de ventes de véhicules électriques en Europe d’ici 2030.
- Le groupe propose des modèles électriques abordables, comme la Citroën ë-C3, tout en visant à maintenir la rentabilité malgré la pression sur les prix.
- La réussite de cette stratégie dépendra de la rapidité de la transition électrique et de la création d’une infrastructure de recharge adaptée.
Face à un marché automobile en pleine mutation, le groupe Stellantis affine sa stratégie pour démocratiser la voiture électrique. Son PDG Carlos Tavares vient de présenter un plan ambitieux visant à proposer des véhicules électriques accessibles au plus grand nombre, tout en préservant la rentabilité du groupe. Une équation complexe qui mérite une analyse approfondie.
Une stratégie industrielle audacieuse
Le plan "Dare Forward 2030" de Stellantis prévoit un investissement massif de plus de 50 milliards d’euros dans l’électrification sur la prochaine décennie. Cette enveloppe considérable témoigne de l’engagement du groupe à transformer son portefeuille de produits. L’objectif est clair : atteindre 100% de ventes de véhicules électriques en Europe d’ici 2030, et 50% aux États-Unis.
Pour y parvenir, Stellantis développe quatre nouvelles plateformes globales dédiées à l’électrique – STLA Small, Medium, Large et Frame. Ces architectures innovantes permettront de proposer des véhicules offrant entre 500 et 800 kilomètres d’autonomie, répondant ainsi à l’une des principales préoccupations des consommateurs.
Une approche pragmatique du marché
Carlos Tavares adopte une position nuancée face aux défis de l’électrification. S’il reconnaît l’urgence de la transition, il met en garde contre une "course aux prix bas" qui pourrait s’avérer destructrice pour l’industrie. Le PDG souligne qu’une transition trop lente vers l’électrique constituerait un "piège majeur", forçant les constructeurs à maintenir des investissements parallèles coûteux dans les motorisations thermiques et électriques.
Cette vision se traduit concrètement dans la gamme du groupe. La nouvelle Citroën ë-C3, produite en Slovaquie, illustre parfaitement cette stratégie. Avec un prix de départ à 23 300 euros avant bonus, elle se positionne comme une alternative crédible face à la concurrence, notamment la Dacia Spring. La future Fiat Grande Panda électrique viendra également enrichir cette offre abordable.
Des choix technologiques pertinents
Pour maintenir des prix accessibles sans sacrifier la qualité, Stellantis mise sur plusieurs innovations :
- L’utilisation de la plateforme "Smart Car", spécialement conçue pour optimiser les coûts de production
- Le développement de batteries moins onéreuses mais offrant un compromis autonomie/prix intéressant
- La rationalisation des chaînes d’approvisionnement, avec une production localisée en Europe
- L’optimisation des processus de fabrication grâce à l’industrie 4.0
Un contexte concurrentiel tendu
La stratégie de Stellantis s’inscrit dans un environnement particulièrement challengeant. La concurrence chinoise, notamment BYD, gagne du terrain en Europe malgré les barrières douanières. Les ventes de véhicules électriques montrent des signes de ralentissement, particulièrement suite à la réduction des aides gouvernementales dans plusieurs pays.
Face à ces défis, le groupe maintient une santé financière solide, avec un bénéfice net de près de 12 milliards d’euros au premier semestre 2023, en hausse de 37% sur un an. Cette performance permet de soutenir les investissements nécessaires à la transition électrique.
L’importance du timing
La rapidité de transition vers l’électrique représente un enjeu stratégique majeur. Carlos Tavares insiste sur la nécessité d’une transformation accélérée pour éviter le piège d’une transition prolongée, qui impliquerait des surcoûts considérables. Cette approche se manifeste par le lancement rapide de nouveaux modèles électriques abordables.
Les défis à relever
Plusieurs obstacles restent à surmonter pour réussir cette démocratisation de la voiture électrique :
- Le développement d’une infrastructure de recharge suffisante
- L’optimisation continue des coûts de production
- Le maintien d’une qualité perçue satisfaisante malgré les contraintes de prix
- L’adaptation aux évolutions réglementaires, particulièrement en Europe
La stratégie de Stellantis pour démocratiser la voiture électrique apparaît comme un équilibre délicat entre ambition et réalisme. Si le succès n’est pas garanti, le groupe dispose d’atouts solides pour relever ce défi majeur de l’industrie automobile.