Infrastructures routières: conséquences sur la biodiversité, et pistes de solutions

Un pont pour limiter la fragmentation des espaces naturels, ici au Canada

La biodiversité ou diversité biologique est le tissu naturel formé de l’ensemble des organismes vivants peuplant toute la surface de la planète. Elle est, cependant, la cible de plusieurs menaces qui ébranlent sa survie au nombre desquelles les nombreuses infrastructures routières. Quels sont les impacts de ces infrastructures sur la biodiversité ? Quelles pistes de solutions ? Et comment pouvons-nous y contribuer ?

Constat de l’impact des infrastructures routières sur la biodiversité

Les causes de l’érosion de la biodiversité sont nombreuses et multiformes. Et comme bien souvent, l’espèce humaine est la principale responsable de cette destruction progressive. Ces impacts sont tout aussi directs qu’indirects.

Impact direct

Même si la construction des routes est un enjeu essentiel pour le développement d’un pays, elle endommage considérablement l’écosystème et provoque la fragmentation des habitats naturels. Celle-ci peut entraver la migration de certaines espèces biologiques et favoriser leur disparition au profit de la multiplication des infrastructures. En effet, notre planète regorge de plus de 1,8 million d’espèces différentes avec l’apparition de près de 15 000 espèces nouvelles chaque année.

Ce phénomène accentue le besoin d’avoir des habitats naturels plus denses pour conserver cette diversité. Les routes se révèlent donc contre-productives parce qu’elles réduisent la mobilité de ces espèces. Avec le rythme actuel de disparition de certaines d’entre elles, les infrastructures pourraient provoquer une augmentation de l’ordre de 100 à 1000 fois supérieur au taux naturel d’extinction.

Par ailleurs, selon une étude réalisée par Ghent (publiée dans Consilience, Columbia), il n’y aurait pas que l’environnement qui soit directement affecté par les infrastructures routières. Celles-ci interfèrent également dans le processus économique. En effet, l’étude indique que la construction de routes est susceptible d’impacter la croissance économique avec une éventuelle diminution des revenus nationaux générés par le tourisme.

En guise d’exemple, la Tanzanie, pays situé en Afrique, est l’un des pôles touristiques les plus importants du continent et du monde entier. Ce pays réalise annuellement un revenu de plus de 100 millions de dollars américains. Cependant, l’analyse d’un projet de construction d’une route devant gêner la migration de gnous (espèces de grandes antilopes africaines du genre Connochaetes) montre une réduction des revenus liés au tourisme et au capital étranger. Le pays court donc le risque d’affaiblir une économie déjà chancelante.

Le réseau routier mondial devrait connaître un bond de 60 % d’ici 2050, d’après les estimations. C’est un chiffre effrayant quand on sait que de tous les types d’infrastructures existantes, les routes sont les plus grandes menaces pour les écosystèmes. Ces conséquences sont :

  • la fragmentation et la dégradation des habitats naturels ;
  • l’augmentation des taux de mortalité du fait des cas d’accidents entre véhicules et animaux sauvages ;
  • la pollution sonore ;
  • l’isolement génétique ;
  • la perte de la biodiversité, etc.

La négligence des effets de la construction des routes sur les écosystèmes produit des résultats dévastateurs. Elle contribue aux inondations, aux glissements de terrain et à l’accroissement de la pollution. Pour un pays doté d’un riche patrimoine naturel comme la France, les enjeux sont colossaux.

En effet, la France possède plus de 180 000 espèces aussi bien en métropole qu’outre-mer, et plus de 600 nouvelles espèces sont recensées chaque année. Sa présence dans tous les océans, sauf l’arctique, la place à la deuxième place des plus grands espaces maritimes au monde.

Mais cette biodiversité reste naturellement menacée. Environ, une superficie de 590 000 ha de milieux naturels et de terrains destinés à l’agriculture a été remplacée. Ceci, en seulement près d’une décennie (2006-2015), par des infrastructures routières, des habitations, parkings et autres.

Effroyable ! Puisque cela équivaut à toute l’entendue de la Seine-et-Marne. Qui plus est, la France abrite 68 % des habitats naturels européens menacés. De même, le pays compte plus de 1301 espèces menacées au sein de son écosystème, selon la Liste rouge des espèces menacées de l’an 2018.

Impact indirect

Le climat et la biodiversité sont intrinsèquement liés. Les changements climatiques produisent donc un bouleversement de l’équilibre de la diversité biologique. Ils modifient les zones de vie des espèces, les paysages et, bien sûr, les espaces biogéographiques qui ont de lourdes conséquences sur l’environnement.

D’autre part, les véhicules qui sont l’objet du développement de ces infrastructures pèsent énormément dans la balance. Ils affectent, durant tout leur cycle de vie, notre environnement. Leurs effets ont une double portée : une portée locale en relation avec la pollution sonore de ces engins et une autre portée globale relative à leur pollution atmosphérique.

Le niveau de ces différentes portées n’est pas le même dans tous les espaces géographiques. Elle évolue en fonction des flux routiers concentrés dans une zone géographique ou une autre.

Les enjeux environnementaux se réfèrent à l’atmosphère, aux microclimats, à l’eau, à la flore et à la faune, à la fonge, à la santé publique, etc.

Les véhicules thermiques sont les plus polluants des moyens de transport. Ils émettent des particules extrêmement nocives (notamment les gaz à effet de serre) qui mettent en péril toutes les espèces de la planète. Il est établi que 4,9 % à 11 % des décès sont liés à une exposition aux particules en suspension dans l’atmosphère.

En outre, le recyclage automobile coûte très cher à la biodiversité. Dans les États où il n’existe pas de politique de recyclage, les déchets toxiques, tels que les batteries au plomb, les huiles moteur, les liquides de frein sont déversés dans la nature et polluent les sols et les nappes phréatiques.

Le dioxyde de carbone (CO2), qui est le principal gaz à effet de serre produit par le transport routier, est le danger numéro 1 de la couche protectrice d’ozone. Il participe au réchauffement climatique qui perturbe le monde. Aussi, il accélère certains cycles végétatifs et provoque le déplacement des aires de répartition des espèces animales et végétales. Les pluies acides ainsi que l’acidification des océans ne sont que quelques-uns des problèmes que l’humanité se doit d’affronter pour les décennies à venir si jusque-là rien n’est fait.

Quelques pistes de solutions

La préservation de la biodiversité contraste avec les objectifs de développement économique de tous les pays. Les politiques doivent donc promouvoir des mesures qui poussent l’activité économique, mais qui assurent également le bien-être de tous.

L’infrastructure verte est l’une des solutions à adopter pour endiguer la destruction effrénée de notre biodiversité. Elle propose le développement de services à l’écosystème comme la construction de parcs publics et des espaces verts. Le but étant de compenser la réduction progressive des habitats naturels.

L’infrastructure verte donne aux constructeurs les outils nécessaires pour équilibrer la balance entre le développement des routes et la conservation des habitats naturels. Elle favorise aussi le soulagement des changements climatiques, la régulation de l’exploitation des ressources maritimes ainsi que l’amélioration des mesures de santé publique.

La mise en œuvre de l’infrastructure verte passe nécessairement par la réalisation de corridors ou couloirs naturels. En fait, les corridors aident à pallier les effets de la fragmentation des habitats. Ils contribuent à limiter les conséquences des changements climatiques sur les espèces et donc à sauvegarder la biodiversité. L’objectif ultime de la construction des corridors réside dans la mobilité des espèces.

À l’instar des deux premières solutions, la construction de ponts et tunnels naturels constituent également une entreprise respectueuse de la biodiversité. Tout comme les couloirs naturels, ils facilitent la mobilité des espèces et la réduction de la fragmentation des habitats.

Par ailleurs, les véhicules zéro-émissions semblent être la seule solution pour endiguer les risques encourus en raison de la forte pollution des véhicules thermiques. Il est important que toute l’humanité prenne conscience des comportements à adopter pour assurer un avenir sans risque pour les générations futures.

En définitive, l’érosion de la biodiversité est, en grande partie, due aux activités humaines, notamment le développement des infrastructures routières. Elle impacte dangereusement la survie de toutes les espèces existantes. Il est donc important pour tous de consentir à faire des sacrifices afin de sauver notre chère planète. Toutes les politiques nationales et internationales ne doivent désormais s’inscrire que dans une seule logique : concéder quelques intérêts personnels au profit du bien-être de tous.

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