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BMW iX3 Neue Klasse: 400 kW, 800 V et un « cerveau » pour bousculer Tesla

En bref:

  • BMW iX3 Neue Klasse : plateforme 800 V, batterie 108,7 kWh, recharge jusqu’à 400 kW (10–80 % en ~21 min idéales), intégration logicielle centralisée (« Heart of Joy ») et efficience réelle autour de 18–19 kWh/100 km (WLTP jusqu’à 805 km).
  • Atouts techniques et recharge haut de gamme vs limites pratiques : masse élevée (~2,36 t), prix premium dès ~71 950 €, ergonomie perfectible et dépendance à un écosystème de charge encore inégal face à Tesla.

BMW entre en scène. Avec l’iX3, premier modèle posé sur sa plateforme 100 % électrique Neue Klasse, le constructeur bavarois ne lance pas seulement un nouveau SUV: il change de logiciel. Littéralement. Architecture 800 V, batteries Gen6, électronique centralisée, interfaces repensées… La riposte à Tesla et aux nouveaux venus chinois se joue ici, sur l’efficience, la vitesse de charge et l’intégration logicielle.

Le pari est majeur — 10 milliards d’euros investis et une nouvelle usine à Debrecen (Hongrie) — dans un contexte où les constructeurs européens cherchent de l’oxygène. L’iX3 doit prouver que l’Europe premium peut reprendre la main sans promesses creuses ni techno-surenchère.


À retenir en 30 secondes

  • 800 V et jusqu’à 400 kW en DC: 10 à 80 % en 21 min (conditions idéales)
  • Batterie nette 108,7 kWh, autonomie WLTP annoncée jusqu’à 805 km selon version
  • Nouvelle E/E avec calculateur central « Heart of Joy » (dynamique, énergie, ADAS, HMI)
  • Consommation relevée sur route autour de 18–19 kWh/100 km pour le 50 xDrive (test mixte)
  • Prix iX3 50 xDrive: dès 71 950 € (France), 68 900 € (Allemagne); options salées
  • Points de vigilance: masse élevée (~2,36 t), pas d’amortissement piloté/air au lancement, ergonomie perfectible

Neue Klasse: une rupture d’architecture, pas un simple lifting

BMW a rebattu les cartes côté hardware et software.

  • Architecture NCAR dédiée à l’électrique (et non plus « adaptée » d’un thermique).
  • 800 V de bord: pertes réduites, charge soutenue plus longtemps, faisceaux et onduleurs optimisés.
  • Batteries Gen6 cylindriques NMC (fournisseur EVE Energy) en cell-to-pack: densité énergétique en hausse, masse et complexité en baisse.
  • Chaîne de traction: EESM à l’arrière (synchrone à excitation) + moteur asynchrone d’appoint à l’avant (xDrive).
  • « Heart of Joy »: calculateur central qui fédère dynamique, gestion d’énergie, freinage régénératif et aides à la conduite pour des réactions plus rapides et cohérentes.
  • Interfaces: iDrive X, grand écran central, affichage « Panoramic Vision » projeté à la base du pare-brise, OTA prévues.

📌 Bon à savoir
La plateforme 800 V de BMW reste compatible avec les bornes 400 V sans adaptateur externe — un point où certains rivaux ont trébuché au lancement.


iX3 50 xDrive: la fiche express

  • Dimensions: 4,78 m (SUV D) – Cx: 0,24
  • Transmission: intégrale (moteur AR EESM + AV asynchrone)
  • Puissance/couple: 345 kW / 469 ch, 645 Nm
  • 0–100 km/h: 4,9 s; Vmax: 210 km/h
  • Batterie: 108,7 kWh nets (cell-to-pack, cylindriques NMC)
  • Conso WLTP: 15,1 à 17,9 kWh/100 km (selon config)
  • Recharge: DC jusqu’à 400 kW; AC 11 kW (22 kW en option « Charging Professional »)
  • Bidirectionnel: V2L et fonctions V2X prévues selon marché/équipement
  • Coffres: 520 l arrière + frunk ~58 l
  • Prix France: dès 71 950 € (50 xDrive). Des options peuvent porter l’addition vers 90 000 €.

Efficience et recharge: le vrai terrain de jeu

  • Sur route mixte vallonnée, un iX3 50 xDrive a tourné à 18,9 kWh/100 km. Vu la capacité nette, dépasser 600 km réels en conduite apaisée paraît crédible.
  • La promesse « 400 kW » place BMW dans le haut du panier. L’essentiel se jouera sur la courbe de charge (maintien de la puissance) et le préconditionnement thermique, déjà bien travaillés.
  • Face à Tesla: l’iX3 annonce plus de vitesse de charge (400 kW vs 250 kW sur Model Y) mais l’écosystème Supercharger reste un atout d’usage. La valeur finale pour l’utilisateur, c’est le temps total d’un Paris–Nice en hiver, pas le pic affiché.

💡 Conseil d’expert
Sur longs trajets, l’algorithme de planification et le préconditionnement comptent autant que la puissance crête. Vérifiez la stabilité de la courbe (50–80 %) et la sélection automatique des bornes réellement rapides sur votre axe.


Logiciel et assistance: l’intégration avant l’empilement

  • Le « Heart of Joy » se ressent au volant: transitions de régénération/freinage très lissées, contrôle de couple proactif, stabilité persuasive en manœuvres d’évitement.
  • La fonction « Soft-Stop » efface le coup de frein final: confort perçu en ville au-dessus de la moyenne.
  • ADAS Niveau 2+ (selon pays): mains libres jusqu’à 130 km/h, changement de voie par simple regard dans le rétro. L’ensemble fonctionne proprement, avec une signalisation claire des états sur le volant.
  • iDrive X: plus logique et rapide que les itérations 8/8.5. Panoramic Vision lisible en plein soleil.
  • Bémols: les ouïes d’aération se règlent via l’écran; la commande directe de la régénération manque; CarPlay limite l’affichage étendu (Apple Plans ok; Waze/Google Maps non dans le HUD/Panoramic Vision), Android Auto mieux intégré ici.

Sur route: confort solide, dynamisme bridé par la masse

  • Direction consistante et précise pour la catégorie; BMW privilégie le confort et la sécurité.
  • Pas d’amortissement piloté/air au lancement: filtrage globalement convaincant, mais des mouvements de caisse subsistent sur revêtements cassés.
  • Pneus orientés efficience: freinage majoritairement par régénération, distances contenues; en usage très soutenu, on sent les limites thermiques des pneus avant les freins.
  • Bruit: à 120 km/h, relevés autour de 67–68 dB; vitrage simple épais, aérodynamique travaillée mais gabarit de SUV = brassage d’air.
  • En ville: excellente « one-pedal », démarrages/arrêts soyeux, mais diamètre de braquage moyen (≈12 m).

Vie à bord: nouvelle ère, quelques compromis

  • Panoramic Vision remplace le combiné classique: lisibilité au top, personnalisation utile.
  • Matériaux et assemblages: très bon niveau perçu, l’usine de Debrecen fait sérieux.
  • Places arrière généreuses; plancher plat; coffre dans la norme, frunk pratique pour les câbles.
  • Ergonomie: volant compact bien pensé, touches rétroéclairées; mais certaines actions trop « écran-dépendantes » (flux d’air, regen).
  • Équipements: pompe à chaleur, V2L, V2G (selon marché), double charge à induction, caméra 360°. Beaucoup d’options « à l’allemande ».

📌 À surveiller

  • Toit panoramique fixe (pas d’occultation mécanique), pas d’aumônières, poignées de maintien absentes avec le toit vitré, sièges arrière non chauffants au lancement (annoncés plus tard).

Tesla, Audi, Porsche, Mercedes: où se place l’iX3 ?

  • Face à Tesla Model Y:
      • Charge DC annoncée plus rapide, autonomie WLTP supérieure sur fiche (jusqu’à 805 km vs jusqu’à 622 km)
    • – Réseau et fluidité logicielle: Tesla garde l’avantage d’écosystème; l’OS BMW progresse fort mais reste en retrait en réactivité pure
  • Face à Audi Q6 e-tron:
      • Efficience/charge et intégration logicielle dynamiques paraissent supérieures
    • – Design/qualité perçue: débat d’école, l’Audi reste très homogène
  • Face à Porsche Macan Electric:
      • Rapport prix/prestations, vitesse de charge et autonomie brutes
    • – Ressenti de direction: Porsche conserve un surcroît de « grain » pour les puristes
  • Face aux futures Mercedes 800 V:
      • Compatibilité 400 V sans artifice, promesse V2X et courbe de charge travaillée
    • – Mercedes peaufine ses propres atouts de confort et de silence de marche

Enjeux industriels: la suite se jouera sur les coûts… et le réseau

  • Investissement et montée en cadence: Neue Klasse doit amortir vite. L’usage de cellules cylindriques NMC à haute densité apporte de la performance, mais leur coût impose du volume et une supply chain sécurisée.
  • Dépendance fournisseurs: BMW n’est pas (encore) totalement intégré batterie en interne; la bataille des marges se gagnera sur l’ingénierie système et le software.
  • Infrastructures: la promesse « 400 kW » n’a de sens qu’avec un maillage de bornes 350–400 kW fiables. L’Europe doit accélérer sur qualité et maintenance autant que sur quantité.
  • Prix clients: positionnement premium assumé; l’addition grimpe vite. Une version propulsion attendue devrait alléger facture et masse… et doper l’efficience réelle.

Points forts / Points à améliorer

✅ Ce qui frappe

  • Courbe de recharge annoncée de très haut niveau (800 V, 400 kW)
  • Efficience cohérente pour un grand SUV; plus de 600 km réels envisageables sereinement
  • Intégration logicielle (Heart of Joy) perceptible au volant; régénération de référence
  • Interfaces lisibles et modernes; OTA dans la feuille de route

⚠️ Ce qui peut freiner

  • Masse élevée et absence d’amortissement adaptatif à ce stade
  • Ergonomie: certaines commandes enfouies dans l’écran
  • Bruit d’air sur autoroute dans la moyenne haute du segment
  • Prix et politique d’options très « premium »

Au fond, l’iX3 signe le retour d’un BMW « d’ingénieurs » à l’ère électrique: efficace, rapide à recharger, cohérent dans son intégration logicielle. Il ne renverse pas Tesla sur l’usage global du jour au lendemain, mais il remet l’Europe premium dans le match avec une proposition crédible et, par moments, brillante. Pour la suite, tout se jouera sur la maîtrise des coûts et la généralisation d’une version propulsion plus efficiente — l’étape qui transformera l’essai.

Kia PV5 châssis-cabine: l’offensive silencieuse qui peut bousculer les utilitaires européens

En bref:

  • Kia PV5 châssis‑cabine : châssis‑cabine électrique modulaire (<5 m) avec batteries 51/71 kWh, charge utile ≈1 005 kg, recharge DC jusqu’à 150 kW, prix utilitaire attractif et écosystème pro (télématique, accès bornes, OTA, services flotte).
  • Potentiel disruptif réel si la recharge se fait au dépôt et les flottes cherchent un TCO inférieur; mais dépend fortement des infrastructures, des règles CO2/localisation, du réseau après‑vente — le rétrofit demeure une alternative compétitive.

Alors que la dynamique des voitures électriques particulières se tasse en Europe, un autre front s’ouvre: celui des utilitaires légers. Et l’arrivée du Kia PV5 en version châssis-cabine, dévoilé à Solutrans, en est un signal fort. Modulaire, connecté et agressif sur les coûts, il vise en plein cœur le terrain des Renault Trafic, e-Jumpy/Expert, E‑Transit Custom et consorts.

Derrière l’effet nouveauté, une question structurante: l’électrification des VUL, portée par la logistique du dernier kilomètre et la pression réglementaire, peut-elle devenir le vrai champ de bataille où de nouveaux entrants déstabilisent les constructeurs historiques?

Pourquoi les utilitaires électriques peuvent changer la donne

  • Des objectifs CO2 qui se durcissent: pour les VUL, la cible 2030 (-50%) est jugée hors d’atteinte au rythme actuel. Les parts des VUL électriques à batterie plafonnaient autour de 9–10% au S1 2025, quand il faudrait 15–20% dès maintenant pour rester sur trajectoire.
  • Une régulation en révision: Stellantis, l’ACEA et plusieurs gouvernements (dont la France) poussent un “lissage” des objectifs sur 5 ans et une différenciation claire entre voitures et utilitaires. Décisions clés attendues mi-décembre.
  • ZFE et accès aux centres-villes: l’électrique reste le passe-droit le plus sûr pour la livraison urbaine, même si certains pays discutent des calendriers. Pour les pros, c’est un facteur d’adoption “défensif”.
  • Infrastructures encore insuffisantes: environ un quart seulement des points publics nécessaires à horizon 2030 sont installés en Europe. La recharge au dépôt devient donc le pivot économique et opérationnel.

📌 À retenir

  • Le zéro-émission en VUL n’est plus une option marketing, c’est une contrainte opérationnelle des grandes villes et un levier CO2 central pour les flottes. La bataille se joue désormais sur le TCO, l’écosystème de services et la qualité d’intégration “véhicule + recharge + data”.

Kia PV5 châssis-cabine: fiche express et positionnement

Châssis-cabine électrique sur plateforme dédiée (E‑GMP.S), pensé pour être transformé “métier par métier” avec des carrossiers européens.

Chiffres clés

  • Gabarit compact (<5 m) et rayon de braquage de 5,5 m
  • Charge utile jusqu’à 1 005 kg
  • Volume jusqu’à 8 m3 avec caisson cargo
  • Batteries: 51,5 kWh (dès lancement), puis 71,2 kWh (à partir de 2026)
  • Autonomie annoncée (WLTP): 297 km (51,5 kWh) et 416 km (71,2 kWh)
  • Recharge DC jusqu’à 150 kW (10–80% ≈ 30 min)
  • Garantie 7 ans/150 000 km (extensible à 260 000 km)
  • Prix indicatifs versions utilitaires (HT): dès 33 500 € (51,5 kWh, L2H1 Essential) jusqu’à ≈ 38 300 € (71,2 kWh, finition Plus)

Modularité prête à l’emploi

  • Benne basculante, frigo, ridelles, food-truck, etc.: catalogue de transformations déjà balisé avec des carrossiers européens.
  • Format châssis-cabine: la base la plus “souple” pour coller aux usages réels et préserver la charge utile.

Un écosystème pro intégré

  • Drive: OS Android embarqué, assistant, OTA, écran ~13”, location flexible via “Kia Drive Business”.
  • Charge: accès à plus d’1 million de points en Europe (interop via Deftpower) et accompagnement pour l’installation sur site.
  • Connect: télématique multi‑marques sans boîtier additionnel, app Business gratuite jusqu’à 5 véhicules.
  • Work: portail unifié pour piloter l’ensemble de la flotte et des rôles.

💡 Conseil d’expert
Sur le marché VUL, la valeur n’est plus dans le “hardware” seul. La simplification de la recharge, la télématique ouverte et la location flexible pour absorber les pics d’activité sont devenues des critères d’achat décisifs.

Autonomie réelle: ce que disent les usages, pas seulement le WLTP

  • 297–416 km WLTP, oui. En réel, chargé et en hiver, comptez plutôt:
    • 51,5 kWh: 180–220 km typiques en urbain/périurbain.
    • 71,2 kWh: 260–320 km typiques, avec une vraie marge pour les tournées étendues.
  • Le point dur n’est pas l’aller-simple, mais l’enchaînement de missions avec clim/chauffage, arrêts fréquents et conduite multi‑conducteurs.

Astuce pro

  • Dimensionnez la batterie sur 80% des tournées, pas sur le jour “record”. Prévoyez un appoint DC de 15–20 min sur les journées longues: l’écosystème PV5 (localisation des bornes, planning) aide à verrouiller les créneaux sans impacter la productivité.

TCO: où le PV5 gagne, où il peut perdre

Hypothèses de calcul illustratives (ordre de grandeur)

  • Kilométrage: 25 000 km/an
  • Conso VUL électrique en charge: 22–26 kWh/100 km (nous prendrons 24)
  • Électricité au dépôt: 0,15 €/kWh; recharge publique rapide: 0,45 €/kWh
  • Diesel: 8,5 l/100 km; prix gazole pro: ~1,70 €/l

Coût énergie au km

  • PV5 (dépôt 0,15 €/kWh): 24 kWh/100 = 3,6 €/100 km → 0,036 €/km
  • PV5 (DC publique 0,45 €/kWh): 10,8 €/100 km → 0,108 €/km
  • Diesel: 8,5 l × 1,70 = 14,45 €/100 km → 0,145 €/km

Lecture TCO

  • Avec recharge majoritairement au dépôt, l’économie énergie vs diesel approche 0,11 €/km, soit ~2 750 €/an (25 000 km). Sur 5 ans, cela compense largement un surcoût d’achat initial.
  • Si la part de DC publique rapide devient dominante, l’avantage s’évapore: l’électricité chère peut rapprocher le coût d’usage de celui du diesel.
  • Maintenance: avantage structurel à l’électrique (usure frein limitée, pas d’huile/embrayage), mais attention au prix pneus (couple, masse) et à l’assurance.
  • Aides et fiscalité: variables selon pays/régions; les bonus utilitaires et amortissements accélérés peuvent faire pencher la balance. En France, certaines aides privilégient les productions/localisations européennes: à vérifier selon votre version/configuration.

✅ À retenir (TCO)

  • Gagnant si: recharge nocturne au dépôt négociée, mission urbaine/périurbaine, kilométrage régulier, planning maîtrisé.
  • À surveiller si: usage autoroutier intensif, forte dépendance à la recharge publique, poids d’équipements spécifiques diminuant l’autonomie utile.

Menace pour les historiques: réelle, mais conditionnelle

Où Kia (et les nouveaux entrants) peuvent frapper fort

  • Produit + services: offre “clé en main” avec télémétrie multi‑marques et portail unifié; c’est exactement ce qu’attendent les gestionnaires de flottes.
  • Modulaire dès le lancement: partenariat actif avec des carrossiers européens = délais et conformité “métiers” raccourcis.
  • Prix positionnés: un ticket d’entrée compétitif en châssis‑cabine électrique.

Ce qui peut freiner la disruption

  • Préférence européenne et règles CO2 en mouvement: la France pousse des critères de valeur ajoutée locale. Selon le lieu d’assemblage et de production batterie, les incitations pourraient avantager des modèles “made in EU”.
  • Réseau après‑vente et disponibilité pièces: critère majeur en B2B. Les groupes européens ont un maillage dense et des contrats service éprouvés.
  • Poids réglementaire: le basculement N1→N2 (si PTAC relevé par la batterie/charge utile) expose aux contraintes “poids lourd” (tachygraphe, limiteur), un vrai repoussoir pour certains usages. Les plateformes bien calibrées sous 3,5 t gardent un avantage.

Signal faible à ne pas ignorer

  • Les offres “abonnement tout‑compris” ont peiné à trouver leur marché (ex: la fin annoncée de Watèa by Michelin): preuve que le bundling financier ne suffit pas sans équation opérationnelle robuste (infra, prix de l’électricité, disponibilité véhicule).

La concurrence directe du PV5 châssis-cabine

  • Renault Trafic (E‑Tech en fourgon), Stellantis (Citroën ë‑Jumpy/Peugeot e‑Expert/Opel Vivaro Electric/Fiat E‑Scudo), Ford E‑Transit Custom: écosystèmes déjà installés, multiples longueurs et carrosseries, réseaux de carrossiers matures.
  • Le différenciateur du PV5 tient moins à une “fiche technique miraculeuse” qu’à l’assemblage produit‑prix‑services‑modularité.

Et le rétrofit dans tout ça?

  • Une alternative crédible pour les flottes: 22 000–27 000 € HT la conversion vs 40 000–50 000 € pour un VU neuf équivalent, délais courts (≈25 h de transformation), conservation des aménagements.
  • TCO compétitif (≈0,21 €/km estimé sur 10 ans, hors cas particuliers) et prime rétrofit dédiée pour les VUL.
  • Enjeux: standardisation, réseau service, homologations et disponibilité des kits. Mais pour une partie du parc, le rétrofit est une voie rapide vers la ZFE à moindre coût… et un concurrent indirect des VUL neufs.

Ce qui fera basculer le segment d’ici 24 mois

  • Décisions UE sur les cibles CO2 VUL et le lissage 2028–2032.
  • Accélération concrète des bornes rapides/ultra‑rapides sur axes logistiques et zones d’activités (AFIR).
  • Contrats d’électricité “flotte” à prix/plage garantis et pilotage smart charging au dépôt.
  • Garanties batteries, valeurs résiduelles encadrées et marché VO VUL électrique qui s’étoffe (confiance financière).
  • Éligibilité aux aides selon le contenu/localisation européens des véhicules et batteries.

📢 Check‑list rapide pour une flotte

  • Profil de mission: urbain/périurbain avec retour dépôt quotidien? Oui → match naturel.
  • Part de recharge au dépôt ≥ 70%? Oui → TCO favorable.
  • Carrosserie et masse: rester sous 3,5 t une fois équipé? Indispensable.
  • Contrat énergie + smart charging signés avant livraison? Sine qua non.
  • Service: maillage, prêt de véhicule de remplacement, SLA clairs? À verrouiller au contrat.

En filigrane, le Kia PV5 châssis‑cabine n’est pas un “coup” marketing: c’est une offre correctement dimensionnée aux usages, posée sur un écosystème qui parle aux pros. De quoi inquiéter les historiques? Oui, s’ils laissent filer la bataille du TCO réel, du service et de la simplicité opérationnelle. Mais avec une préférence européenne qui se précise et des réseaux après‑vente très ancrés, les champions locaux ont encore de solides cartes en main.

France sous perfusion, Norvège au quasi 100 % électrique : ce que révèlent vraiment les chiffres de novembre

En bref:

  • France : 132 927 immatriculations en nov., part de marché VE record à 26 % mais marché global −0,3 % — progrès réel mais largement porté par un leasing social temporaire.
  • Norvège : 97,6 % de VE en nov. grâce à une fiscalité pro‑VE durable, recharge mature et pouvoir d’achat élevé — leçon pour la France : stabiliser les règles, mieux cibler les aides et multiplier la recharge utile (domicile, rapide, occasion).

En un mois, deux mondes. En France, la voiture électrique signe un record historique de part de marché, portée par le retour du leasing social, mais sur un marché général en léger recul. En Norvège, l’électrique atteint un niveau inédit, quasi hégémonique, dopé par des arbitrages fiscaux et des achats anticipés.

Au-delà du choc des chiffres, voici ce qui explique l’écart – et ce que la France peut concrètement retenir pour accélérer sans s’épuiser budgétairement.

Les chiffres clés de novembre 2025

  • France
    • 132 927 immatriculations de VP, marché -0,3 % sur un an (PFA)
    • 26 % de part de marché pour les VE, un record mensuel (PFA)
    • Forte contribution du leasing social relancé fin septembre (quota 50 000 commandes encore ouvert à fin novembre)
  • Norvège
    • 19 899 immatriculations, mois parmi les plus forts de l’histoire (OFV)
    • 97,6 % de VE, nouveau record (OFV)
    • Tesla à 31,2 % de part de marché en novembre, achats anticipés avant changements fiscaux (OFV)

📌 À retenir

  • La France bat un record « électro » mais sans redresser le marché global.
  • La Norvège s’approche d’un mois à 100 % électrique grâce à une combinaison unique d’incitations… qui commencent justement à être rabotées.

Deux photos du même mois

  • En France, la transition s’accélère « par à-coups ». La part des VE franchit 26 % en novembre, tirée par le leasing social et par des modèles accessibles (Renault 5 E-Tech en tête). Mais les immatriculations totales restent molles (-0,3 %), signe d’un marché fragilisé par l’attentisme, l’inflation et une politique d’aides changeante.
  • En Norvège, l’électrique est devenu la norme. Près de 98 % des immatriculations en VE en novembre, volumes au plus haut de l’année, et une ruée avant un durcissement fiscal attendu. L’annonce d’un abaissement du seuil d’exonération de TVA, puis de sa suppression à l’horizon 2027, a provoqué un effet d’aubaine fin 2025, selon l’OFV.

Pourquoi la Norvège tutoie 100 % électrique

  1. Une fiscalité qui inverse la hiérarchie des prix
  • Exonération (longtemps totale) de TVA à 25 % pour les VE, désormais limitée et appelée à disparaître progressivement.
  • Taxes d’achat très lourdes sur les thermiques (CO₂, masse, NOx), dont les VE sont exemptés : l’écart de TCO s’est durablement installé en faveur de l’électrique.
  • Avantages périphériques (péages, ferries, stationnement) historiquement généreux, réduits ces dernières années mais toujours favorables.
  1. Un réseau de recharge dense et mature
  • Densité élevée de bornes rapides sur les grands axes ; stations-service converties en hubs de recharge.
  • Forte capacité de recharge à domicile, facilitée par un habitat plus pavillonnaire que la moyenne européenne.
  1. L’énergie et le pouvoir d’achat
  • Électricité majoritairement hydraulique, émissions très basses et coût historiquement compétitif.
  • Revenus élevés qui fluidifient le passage à l’électrique.
  1. Une acceptation déjà « mainstream »
  • Le VE n’est plus un pari, c’est la norme. La pénétration par foyer figure parmi les plus élevées au monde.
  • Effet de « boule de neige »: offre pléthorique, remises de fin d’année, disponibilité produits et délais optimisés.

🗣️ Repère
« L’incertitude autour d’une modification de la TVA pousse de nombreux acheteurs à sécuriser une voiture sous conditions actuelles », résume l’OFV. Le « pic » de fin 2025 est autant conjoncturel (fiscalité) que structurel (marché arrivé à maturité).

Pourquoi la France progresse… mais « sous perfusion »

  1. Des aides efficaces, mais instables
  • Le leasing social fait la preuve de son efficacité pour élargir l’accès au VE. Mais l’effet est mécanique et réversible si le robinet budgétaire se referme.
  • Le bonus écologique a été recentré (exclusion de nombreux modèles importés), brouillant certains signaux de prix.
  1. Un marché global atone
  • Les ménages arbitrent : incertitude économique, hausse du coût de la vie, attente des nouvelles règles 2026 (taxe au poids étendue aux VE >2,1 t à partir de juillet 2026).
  • Les entreprises restent décisives mais prudentes : elles bénéficient d’avantages (TVS, amortissements, AEN), tout en anticipant les futures contraintes (poids, fiscalité d’usage).
  1. La recharge progresse, la densité reste hétérogène
  • Environ 175 000 points de recharge publics fin été 2025, +20 à +30 % en un an (Avere-France). Rattrapage réel, mais encore inégal selon les territoires et les axes.
  • Freins résiduels en habitat collectif (copropriétés), malgré la montée en puissance du programme Advenir.
  1. Des coûts d’usage moins lisibles
  • Tarification de l’électricité moins stable qu’en Norvège et, pour les charges publiques rapides, parfois dissuasive sur longs trajets.
  • TCO du VE favorable… à condition d’optimiser la recharge à domicile et de choisir un modèle efficient.

Le fossé France–Norvège en 5 lignes

  • Fiscalité: Norvège, stabilité pro-VE depuis une décennie; France, alternance de coups d’accélérateur et de coups de frein.
  • Prix relatifs: en Norvège, l’ICE est fiscalement « malussé » jusqu’à devenir dissuasif; en France, l’écart reste moins tranché hors offres subventionnées.
  • Infrastructures: Norvège très mature en recharge rapide et domestique; France en rattrapage rapide mais inégal.
  • Pouvoir d’achat et énergie: Norvège combine hauts salaires et électricité hydraulique; France bénéficie d’un mix bas-carbone (nucléaire/hydro), mais d’une facture perçue comme moins prévisible.
  • Acceptation: en Norvège, l’électrique est le standard culturel; en France, la bascule est en cours, mais encore conditionnée aux aides.

Tableau de bord express

  • Norvège (nov. 2025): 97,6 % VE, volumes au plus haut, achats anticipés avant resserrement fiscal; Tesla ≈ 31 % PDM (OFV).
  • France (nov. 2025): 26 % VE, record mensuel; marché total -0,3 %; effet massif du leasing social; Renault ultra-dominante sur le VE particulier (PFA, données marché).

📌 Bon à savoir

  • Dans les deux pays, le bénéfice climatique du VE est très élevé (mix bas-carbone). Le différentiel porte davantage sur les prix relatifs, la stabilité des règles et les infrastructures, que sur l’empreinte CO₂ de l’électricité.

Que peut apprendre la France pour 2026 sans « perfusion » permanente ?

  1. Stabiliser les règles au moins sur 24 mois
  • Calendrier lisible du bonus/malus et de la taxe au poids. Privilégier la visibilité à la perfection réglementaire.
  1. Mieux cibler l’aide
  • Prioriser les petits et moyens VE sobres, ménages modestes et ruraux/périurbains dépendants de l’auto.
  • Consolider les offres locatives abordables en limitant les effets d’aubaine.
  1. Accélérer la recharge « utile »
  • DC 150–300 kW sur les axes secondaires encore délaissés; fiabilité et disponibilité en temps réel; paiement universel sans friction.
  • Coup d’accélérateur sur la copropriété (forfaits « clé en main », simplification administrative, subventions mieux calibrées).
  1. Sécuriser la recharge à domicile
  • Maintien d’un soutien à l’IRVE résidentielle (le crédit d’impôt menacé en 2026 compliquerait l’équation TCO).
  • Tarifs heures creuses plus incitatifs et stables pour la recharge nocturne.
  1. Doper l’occasion électrique
  • Bonus « seconde main » ciblé, certificat de santé batterie standardisé, garantie reconditionnée, financement adapté.
  1. Flottes comme levier d’entraînement
  • Renforcer les obligations d’électrification des parcs publics et d’entreprises avec accompagnement (AEN, amortissements, bornes au travail).
  1. Parler usage, pas dogme
  • Transparence sur les coûts réels (énergie, entretien, pneus), pédagogie sur l’autonomie utile et l’itinérance, essais longue durée. Le scepticisme recule quand l’expérience précède l’achat.

💡 Conseil d’expert
Pour un ménage roulant 12 000 à 15 000 km/an, un VE compact rechargé majoritairement à domicile en heures creuses reste l’option TCO la plus robuste. L’itinérance rapide doit être occasionnelle; si elle devient fréquente, viser un modèle efficient et un abonnement de recharge négocié.

En novembre, la France a franchi un cap symbolique, la Norvège un cap historique. L’écart ne tient pas à une fatalité, mais à des choix de long terme: fiscalité lisible, infrastructures impeccables, et un arbitrage prix/usage constant en faveur de l’électrique. À 2026 d’en dessiner la version française, moins dépendante des perfusions et plus ancrée dans l’usage.

Incendie d’un VE dans un garage: ce que l’affaire du Colorado révèle pour nos maisons… et pour les pompiers français

En bref:

  • Un VE a pris feu dans un garage au Colorado : incendie circonscrit, véhicule couvert puis remorqué pour "brûler sous contrôle"; fumées toxiques (HF), intervention axée sur confinement des fumées et refroidissement plutôt que sur arrosage massif.
  • Pour la France, le message est clair : feux de VE rares mais spécifiques — SDIS et réglementations IRVE se mettent à jour (refroidissement, détection HF, couvertures anti-feu, procédures), et à domicile privilégier installation IRVE conforme, ventilation, détecteurs et espace dégagé.

Un véhicule électrifié a pris feu dans le garage d’une maison du comté de Douglas (Colorado) lundi. Les secours américains ont réussi à contenir l’incendie dans le garage, évacué les occupants, puis ont remorqué le véhicule sous couverture anti-feu pour le laisser se consumer en sécurité sur un parking surveillé. L’épisode, largement documenté sur place par South Metro Fire Rescue, rappelle deux réalités: les feux de batteries sont rares mais atypiques, et leur gestion impose des protocoles précis, notamment en milieu clos.

Que nous dit cet incident pour la France? Où en sont nos doctrines d’intervention, nos règles pour parkings et garages, et quelles solutions concrètes existent pour limiter le risque chez soi?

Ce qui s’est passé au Colorado, en bref

  • Départ de feu dans un garage résidentiel, véhicule électrifié impliqué (hybride rechargeable selon les secours).
  • Incendie circonscrit au garage; maison épargnée. Un riverain et un livreur évacués, l’un hospitalisé par précaution.
  • Couverture anti-feu posée sur le véhicule, puis remorquage vers un lieu sécurisé pour “laisser brûler” sous contrôle.
  • Décontamination lourde des équipements après l’intervention, du fait de fumées toxiques (dont fluorure d’hydrogène, HF).

Point notable: le porte-parole des secours a rappelé vouloir “mettre le moins d’eau possible” sur le véhicule, considérant le faible intérêt de l’eau en présence de certaines réactions chimiques et la priorité donnée au confinement des fumées en milieu clos. Une approche contextuelle qui diffère d’autres doctrines privilégiant parfois d’importants volumes d’eau pour refroidir la batterie.

Risque: rareté vs spécificité

  • Probabilité: les données disponibles dans plusieurs pays montrent que les incendies de VE ne sont pas plus fréquents, et souvent moins, que ceux des thermiques. Mais…
  • Cinétique: lorsqu’une batterie entre en emballement thermique, le feu peut être plus long à maîtriser, avec des risques de rallumage.
  • Toxicité: les fumées contiennent des gaz nocifs (HF notamment). La protection respiratoire et la décontamination sont essentielles.

Autrement dit: le risque n’est pas “plus élevé”, il est “différent”. Et il exige une préparation adaptée des occupants, des copropriétés et des secours.

Pompiers français: où en sont les protocoles?

Les SDIS ont mis à jour leurs guides d’intervention pour véhicules électrifiés:

  • Sécurisation électrique et périmètre d’exclusion (souvent 50 à 100 m selon contexte).
  • Refroidissement prolongé de la batterie (lances à eau pour évacuer la chaleur), caméras thermiques et surveillance post-incident.
  • Gestion des fumées toxiques: ARI systématiques, détecteurs HF, procédures de décontamination des EPI et des matériels.
  • Équipements spécifiques en montée en puissance: couvertures anti-feu pour véhicules, lances perforantes/piercing pour atteindre le pack, bacs d’isolement/immersion lorsque disponibles, sondes thermiques.

Côté doctrine, la France travaille à l’harmonisation nationale et européenne: standardisation des fiches de secours, mise en sécurité électrique (référentiels NF C 18-550), et retours d’expérience partagés entre SDIS. La réalité reste hétérogène selon les départements, mais la montée en compétence est nette (formations dédiées, exercices avec industriels de la batterie).

📌 À retenir

  • En milieu clos, priorité à: confinement des fumées, refroidissement/isolement du véhicule, et extraction vers une zone sûre dès que possible.
  • Le “laisser brûler sous contrôle” peut être retenu si l’extinction active est risquée ou peu efficace, à condition de sécuriser le périmètre et la ventilation.

Parkings souterrains et garages: que dit la réglementation en France?

Le cadre évolue pour concilier IRVE et sécurité incendie:

  • Parkings couverts: harmonisation des règles incendie en cours; ventilation, désenfumage, compartimentage, signalisation, et dispositifs d’arrêt d’urgence sont clés. Les autorités et SDIS recommandent de limiter ou d’encadrer les puissances élevées en sous-sol et de positionner les bornes près des accès, avec dégagements.
  • IRVE (infrastructures de recharge): installation par professionnels qualifiés “IRVE”, matériels conformes, protections différentielles adaptées (détection de courant continu 6 mA), circuits dédiés et repérés, mise à jour du registre de sécurité en copropriété.
  • Doctrine nationale: un groupe interministériel travaille à l’uniformisation des exigences incendie dans les parkings couverts à l’ère des VE, pour éviter les disparités locales et clarifier les responsabilités.

ℹ️ Bon à savoir

  • Pas d’interdiction générale des VE en parkings souterrains en France. Le risque est géré par la conception du parking, la qualité des IRVE, la maintenance et les procédures.
  • En copropriété, le “droit à la prise” s’exerce dans le respect des règles de sécurité (projet validé, installateur qualifié, registre tenu à jour).

Chez soi: réduire le risque dans un garage privé

Checklist simple et efficace:

  • Préférer une wallbox dédiée plutôt qu’une prise domestique prolongée.
  • Installation par un électricien qualifié IRVE, protections conformes, câble et disjoncteur dimensionnés.
  • Dégager l’espace autour du véhicule et de la borne (éviter stock de solvants, peintures, cartons).
  • Détection: au minimum un détecteur de fumée performant dans/près du garage; si possible détection de chaleur.
  • Ventilation: assurer une évacuation des fumées (volet, extraction), à défaut laisser une possibilité d’aération.
  • Câbles et connecteurs: inspecter visuellement, éviter les rallonges, maintenir les connecteurs propres et secs.
  • Firmware/constructeur: appliquer les mises à jour; respecter les rappels; utiliser des chargeurs homologués.
  • Après choc/immersion: si le véhicule a subi un impact ou dégagement de fumée/odeur électrolytique, ne pas recharger et appeler l’assistance constructeur.

💡 Astuce
Programmer la charge aux heures creuses… sans charger à 100 % au quotidien, et en évitant les températures extrêmes dans le garage (isolation/ventilation).

Solutions émergentes pour parkings et flottes

  • Couvertures anti-feu véhicules: limitent l’embrasement et les fumées, utiles en extraction/remorquage.
  • Lances perforantes: refroidissement ciblé du pack sans accès direct.
  • Bacs d’isolement/immersion mobiles: pour flottes, dépôts, ou dépanneurs.
  • Détection précoce: capteurs de gaz (HF/solvants), caméras thermiques dans zones IRVE à risque.
  • Organisation: places IRVE proches des sorties, poteaux incendie et accès engins garantis, plans d’intervention partagés avec le SDIS.

Ce que l’incident du Colorado change (ou confirme) pour la France

  • Les fumées d’un feu de batterie sont un enjeu majeur en milieu clos: la ventilation et le confinement priment.
  • L’extinction “à grande eau” n’est pas un dogme: on refroidit, on isole, on surveille; on peut laisser brûler sous contrôle si c’est le plus sûr.
  • La chaîne “installation IRVE conforme + entretien + procédures de site + formation des intervenants” fait la différence.
  • Il faut poursuivre l’harmonisation des règles pour parkings couverts et la montée en puissance des équipements spécialisés des SDIS.

✅ À retenir (version express)

  • Les feux de VE restent rares, mais leurs fumées et la durée d’intervention exigent des protocoles spécifiques.
  • En France, la doctrine progresse: formation, équipements (couvertures, lances, détecteurs HF), harmonisation des règles pour parkings.
  • Chez soi: installation IRVE conforme, espace dégagé, détection, ventilation et bon sens utilisateur.

En filigrane, l’incident américain rappelle que l’électrification ne s’oppose pas à la sécurité incendie: elle oblige à la faire évoluer. En France, le cadre se met en place; à nous de l’appliquer sans retard ni excès d’optimisme.

Bonus VE en hausse, thermiques « assouplis » après 2035 ? L’Europe envoie des signaux contraires… ou complémentaires

En bref:

  • La France relève son bonus VE (jusqu’à 5 700 € en 2026) pour soutenir la demande et l’industrie, tandis que la Commission européenne évoque des « flexibilités » autour de l’interdiction des thermiques en 2035 (détails le 10/12/2025).
  • Objectif double : accélérer l’électrique côté consommateurs tout en assouplissant la transition côté production pour préserver emplois et sites — au risque d’affaiblir la trajectoire climatique si ces flexibilités deviennent pérennes.

La France renforce son bonus à l’achat d’un véhicule électrique dès 2026. Au même moment, à Bruxelles, la Commission laisse entendre qu’elle pourrait « adapter le chemin » de la transition en accordant des « flexibilités » à l’interdiction des moteurs thermiques en 2035. Contradiction totale ou ré-équilibrage pragmatique face à la réalité industrielle européenne ? Décryptage.

Dans un marché bousculé par la concurrence chinoise et la pression sociale sur l’emploi, l’Union tente de concilier cap climatique et compétitivité. Résultat : des messages qui paraissent dissonants, mais pourraient, en réalité, dessiner une stratégie à deux leviers — soutenir la demande électrique tout en desserrant certaines contraintes côté offre.

Ce qui vient de se passer

  • France: le gouvernement confirme le maintien du bonus et son relèvement « jusqu’à 5 700 € » en 2026 pour l’achat d’un VE, dans la continuité du cadre actuel et de ses critères environnementaux. Objectif affiché: soutenir le pouvoir d’achat et l’écosystème industriel local.
  • Bruxelles: le vice‑président Stéphane Séjourné a évoqué l’idée d’« accorder des flexibilités » et qu’« un certain nombre de technologies pourraient être autorisées après 2035 », avec des précisions attendues le 10 décembre.
  • Berlin: le chancelier Friedrich Merz a annoncé l’envoi d’une lettre à Ursula von der Leyen demandant de « corriger la réglementation sur la mobilité » afin d’autoriser, au-delà de 2035, des hybrides rechargeables, des moteurs thermiques à très haute efficacité et des prolongateurs d’autonomie, tout en lançant une prime nationale pour VE et PHEV destinée aux ménages modestes et intermédiaires.
  • Contexte: l’industrie allemande a perdu plus de 50 000 emplois en un an, souffre de coûts énergétiques élevés, de la faiblesse de la demande et de la concurrence chinoise. Des droits de douane américains de 15 % compliquent encore l’équation.

📌 À retenir

  • Bonus VE français relevé à partir de 2026: signal pro‑électrique clair côté demande.
  • À Bruxelles, pas de suppression de 2035 annoncée, mais une porte entrouverte à des « flexibilités » technologiques.
  • L’Allemagne pousse pour un assouplissement, la France défend la date de 2035… tout en se disant prête à « ouvrir des flexibilités » limitées.

Contradiction ou partage des rôles entre Paris, Berlin et Bruxelles ?

Vue de loin, la séquence ressemble à un tir croisé. En réalité, on observe:

  • Côté consommateurs (France): un soutien renforcé pour accélérer l’adoption des VE dans les ménages.
  • Côté production (UE): une volonté de limiter la casse industrielle en modulant la marche vers le « zéro émission » tailpipe en 2035.

Paris reste favorable au calendrier 2035, jugeant qu’il « aligne les acteurs » et sécurise les investissements, tout en acceptant le principe de flexibilités ciblées pour éviter « un couperet aveugle ». Berlin, plus en difficulté, cherche un reparamétrage plus large. La Commission, elle, tente de concilier ambition climatique et souveraineté industrielle, dans un contexte de rattrapage face aux marques chinoises.

Quelles « flexibilités » sont sur la table ?

  • Prolongateur d’autonomie (range extender): petit moteur thermique servant de générateur pour recharger la batterie sur longs trajets, sans entraîner directement les roues.
  • Hybrides rechargeables (PHEV): maintien possible dans des usages/segments précis, sous conditions plus strictes d’émissions réelles.
  • Thermiques « e‑fuels only » ou très haute efficacité: niches déjà évoquées, à encadrer par l’homologation et des verrous techniques.
  • Flex par segments/territoires: exemptions ciblées pour usages professionnels, zones rurales ou véhicules utilitaires légers.
  • Cadence: phasage, paliers intermédiaires, ou fenêtres transitoires après 2035.

Avantages

  • Donne de l’oxygène aux sites européens en reconversion.
  • Maintient une offre adaptée à des usages où le 100 % électrique reste contraignant (autonomie, charge, TCO professionnel).

Risques

  • Dilution de l’objectif « zéro émission au pot d’échappement » et retards d’investissements VE.
  • Emissions réelles des PHEV souvent supérieures à l’homologation si recharges insuffisantes.
  • Complexification réglementaire et incertitude pour les investisseurs.

💡 Note d’expert
La faisabilité juridique compte: modifier substantiellement l’interdiction 2035 suppose un processus européen formel (révision législative ou actes délégués précis). La Commission peut suggérer des voies de flexibilité, mais l’atterrissage dépendra des États et du Parlement.

Bonus français 2026: ce que ça change vraiment

  • Montant: jusqu’à 5 700 € annoncés en 2026, dans un cadre de critères environnementaux qui favorise les modèles à faible empreinte de production et l’ancrage européen.
  • Cible: ménages et modèles « cœur de marché » produits en Europe, pour soutenir volumes et emplois.
  • Effet attendu: accélérer le renouvellement du parc et sécuriser les plans industriels (batteries, assemblage, sous-traitance) en France et chez nos voisins.

Conseils pratiques pour 2026

  • Vérifiez l’éligibilité du modèle (critères environnementaux et plafond de prix).
  • Cumulez avec la prime à la conversion si vous mettez au rebut un ancien thermique.
  • Anticipez disponibilité et délais: l’effet bonus peut tendre l’offre sur certains modèles très demandés.

Qui dit quoi aujourd’hui ?

ActeurPosition résuméeObjectif prioritaire
FranceMaintien de 2035, bonus VE renforcé, flexibilités possibles mais cibléesTenir la trajectoire climat et soutenir l’industrie locale
AllemagneDemande d’assouplissement explicite (PHEV, prolongateurs, thermiques très efficients)Préserver l’emploi et la compétitivité face au choc VE
Commission (Séjourné)« Adapter le chemin » et « accorder des flexibilités », détails le 10/12Éviter un choc industriel sans renier le cap
Constructeurs UENeutralité technologique, plus de souplesse de calendrier et d’outilsGérer la transition sans destructions massives

Industrie vs climat: le délicat équilibre

  • Industrie: l’UE doit combler l’écart de coûts avec la Chine, sécuriser ses chaînes batteries et soutenir la demande locale. Des assouplissements ciblés peuvent éviter des fermetures à court terme.
  • Climat: l’UE vise −55 % d’ici 2030 et la neutralité 2050. Toute flexibilité devra rester encadrée, mesurable et temporaire, pour ne pas creuser l’écart d’émissions du transport routier.

📊 Points de vigilance

  • Mesures « transitoires » qui deviennent pérennes.
  • Contrôle des émissions réelles et des usages PHEV.
  • Lisibilité pour les industriels: éviter l’instabilité réglementaire.

Trois scénarios d’ici mi‑2026

  1. Cap 2035 maintenu, flexibilités limitées
  • Petites fenêtres pour prolongateurs/niches, renforcement des contrôles d’émissions réelles.
  • Probabilité: élevée si la France, l’Espagne et d’autres États restent fermes.
  1. Extension PHEV sur segments ciblés et période limitée
  • Exemptions post‑2035 sous conditions strictes; nécessite un cadre juridique robuste.
  • Probabilité: intermédiaire, dépend de la coalition d’États « pro‑flex ».
  1. Report de 2035
  • Politiquement très sensible; choc de crédibilité climatique.
  • Probabilité: faible à court terme.

🗓 Calendrier à suivre

  • 10 décembre 2025: annonces de la Commission pour « soulager » la filière auto.
  • Premier semestre 2026: précisions techniques (si actes délégués/révisions) et mise en musique nationale des aides.
  • 2035: cap actuel de fin des ventes neuves émettrices de CO2 au pot d’échappement.

Au fond, l’Europe n’envoie pas deux messages incompatibles: elle tente d’accélérer la demande électrique tout en aménageant la pente pour son outil productif. Toute la question est de savoir jusqu’où ira la « flexibilité » sans casser la boussole 2035. La réponse commencera à s’écrire le 10 décembre.

2035, le grand virage ? Comment Stellantis et Berlin ont fait vaciller Bruxelles

En bref:

  • Sous la pression de Stellantis et de l’Allemagne, la Commission ouvre la porte à des "flexibilités" technologiques après 2035 — le 10 décembre sera un signal politique, pas une réécriture immédiate du règlement.
  • Une vraie modification passerait par la révision de 2026 et prendra probablement la forme d’exceptions limitées et strictement encadrées (PHEV/REx, e‑fuels sous conditions) pour préserver crédibilité climatique et industrie.

À deux semaines d’une annonce attendue le 10 décembre, la Commission européenne laisse entrevoir des “flexibilités” sur l’interdiction des moteurs thermiques en 2035. Entre l’avertissement de John Elkann (Stellantis) sur un “déclin irréversible” de l’industrie et la pression frontale de Berlin, l’orthodoxie du 100 % électrique vacille. Que s’est‑il passé, et jusqu’où Bruxelles peut-elle vraiment reculer ?

Ce qui a (vraiment) changé cette semaine

  • À Stuttgart, Stéphane Séjourné, vice‑président de la Commission en charge de la stratégie industrielle, a indiqué vouloir “adapter le chemin” et que “un certain nombre de technologies pourraient être autorisées après 2035”, sans détailler lesquelles avant le 10 décembre.
  • En Allemagne, le chancelier Friedrich Merz a reconnu “avoir sous‑estimé” la progression de l’industrie chinoise et prépare une position commune de coalition en faveur d’assouplissements.
  • L’industrie allemande a perdu plus de 50 000 emplois en un an selon EY, sur fond de coûts énergétiques élevés, demande en berne et droits de douane américains de 15 % sur les voitures européennes.

📌 À retenir

  • Bruxelles n’a pas acté de recul, mais ouvre la porte à des exceptions technologiques après 2035.
  • L’Allemagne coordonne un lobbying offensif pour desserrer la contrainte du tout-électrique.
  • Le 10 décembre sera un jalon politique, pas nécessairement la réécriture de la loi.

L’onde de choc Stellantis : “déclin irréversible” et menu d’assouplissements

Depuis Turin, lors du lancement de la Fiat 500 Hybrid à Mirafiori, John Elkann a mis des mots durs sur un malaise profond : sans marges de manœuvre, l’automobile européenne court au “déclin irréversible”. Le patron de Stellantis et d’autres industriels portent à Bruxelles un paquet de mesures très concret:

  • Autoriser au‑delà de 2035 des technologies “de transition” telles que:
    • hybrides rechargeables (PHEV) de nouvelle génération,
    • véhicules à prolongateur d’autonomie,
    • carburants alternatifs (dont e‑fuels) dans un cadre strict.
  • Lisser les objectifs intermédiaires de CO2 vers 2030 pour éviter un “mur réglementaire”.
  • Lancer un vaste plan de prime à la casse pour accélérer le retrait des vieux véhicules très émetteurs.
  • Adapter les règles pour rendre économiquement viables les petites voitures “Made in Europe”.

💬 “Avant qu’il ne soit trop tard”, avertissent à l’unisson industriels et syndicats italiens, voyant dans ces mesures une respiration nécessaire plutôt qu’un renoncement.

Berlin, le pivot politique

  • L’industrie allemande, pilier de l’Europe auto, subit simultanément la montée en gamme chinoise, la hausse durable des coûts, et un ralentissement de la demande.
  • Les constructeurs plaident pour des solutions intermédiaires (PHEV, REx) pour sécuriser volumes et emplois, le temps que les chaînes batterie et la recharge rattrapent les ambitions.
  • Politiquement, une lettre formalisant la position unie de la coalition doit être adressée à la Commission. L’objectif : graver des “flexibilités” sans renier la trajectoire climat.

Où en est le droit aujourd’hui ?

Repères rapides:

  • La loi européenne (révisée en 2023) impose une baisse de 100 % des émissions de CO2 pour les voitures neuves dès 2035.
  • Une “porte étroite” pour les e‑fuels a déjà été ouverte, à condition d’empêcher l’usage d’autres carburants par des dispositifs certifiés.
  • Une clause de révision est prévue en 2026: juridiquement, c’est le moment clé pour ajuster sans déstabiliser l’investissement.

ℹ️ Modifier l’architecture 2035 exigera plus qu’un simple communiqué: études d’impact, compromis entre États, calibrage technique (mesure, contrôle, conformité) et cohérence avec le paquet climat.

Quelles “technologies” après 2035 ? Trois scénarios crédibles

  1. Exceptions encadrées, cap maintenu
  • PHEV et REx autorisés dans des niches précises (segments ou usages), avec facteurs d’usage réalistes et obligation de recharge prouvée.
  • E‑fuels permis pour des volumes limités, contrôlés par certification et monitoring.
  • Zéro changement du cap “100 % sur le papier”, mais soupapes techniques.
  1. Flexibilité mesurée, calendrier intact
  • Objectifs 2030 lissés, crédits de conformité plus souples à court terme, incitations ciblées pour petites voitures électriques européennes.
  • 2035 reste la borne, mais l’approche devient pragmatique pour éviter les à‑coups.
  1. Recalage de la date sur certains segments
  • Report partiel ou phasage différencié (ex: utilitaires légers, entrée de gamme).
  • Politiquement sensible, juridiquement plus lourd, mais défendu par une partie de l’Est de l’Europe.

Les positions des États : fracture assumée

  • Cap ferme mais “flexible”: France, Espagne, Suède prônent la stabilité du 2035, tout en acceptant des ajustements qui améliorent la compétitivité européenne.
  • Assouplissement/Report: Allemagne en tête, soutenue par l’Italie et plusieurs pays d’Europe centrale et orientale, invoquant l’impact social et industriel.

Cette cartographie annonce une négociation serrée: l’équilibre se jouera entre solidarité industrielle, sécurité juridique et crédibilité climatique.

Les enjeux pour l’électrique et l’hybride

  • Compétitivité: Sans citadines électriques européennes à 15–20 000 €, la pression chinoise restera forte. D’où l’idée d’un soutien ciblé au “petit format” produit en Europe.
  • Acceptabilité: PHEV et REx peuvent rassurer les ménages sur l’autonomie et le coût, à condition d’un usage effectivement électrique au quotidien (sinon, l’intérêt climatique s’évapore).
  • Climat et crédibilité: Trop de soupapes affaibliraient le signal d’investissement et l’alignement des chaînes de valeur. L’Europe devra verrouiller la “preuve d’usage” (télémétrie, facteurs d’utilité, conditions d’homologation) et l’authenticité des e‑fuels.

💡 Conseil d’expert

  • Si des PHEV post‑2035 sont validés, attendez-vous à des règles d’usage bien plus strictes: autonomie électrique minimale, suivi de recharge et incitations conditionnelles. C’est la condition pour rester crédible sur le CO2 réel.

Pour l’acheteur: que surveiller concrètement

  • 10 décembre 2025: paquet industriel de la Commission (signal politique, pas la refonte de la loi).
  • 2026: révision formelle du règlement CO2 auto — c’est là que se décidera la portée réelle des “flexibilités”.
  • Offre 2026–2028: accélération attendue des petites électriques européennes et PHEV plus efficients; bonus/malus et ZFE locales resteront des déterminants clés du TCO.
  • Recharge: la disponibilité d’AC à domicile/au travail reste le pivot économique de l’électrique. Sans cela, les PHEV bien utilisés peuvent encore avoir un rôle de “pont”.

📊 Ce qu’on peut raisonnablement anticiper

  • Des ajustements procéduraux (crédits de conformité, lissage 2030) à court terme.
  • Des exceptions technologiques limitées et mesurées plutôt qu’un grand renoncement.
  • Un soutien spécifique aux segments abordables pour éviter une délocalisation de la valeur.

En toile de fond, l’Europe cherche moins à “faire marche arrière” qu’à garder l’outil industriel debout pendant qu’elle accélère sur les batteries, les matériaux et les petites électriques compétitives. Le 10 décembre dira si cette ligne de crête tient.

Taxe au kilomètre pour les VE au Royaume‑Uni: et si la France s’en inspirait ?

En bref:

  • Le Royaume‑Uni instaure dès avril 2028 une taxe au mile pour les VE (3p/mile) et PHEV (1,5p), visant à compenser la perte de recettes carburant (≈1,1→1,9 Md£) sans supprimer l’avantage économique de l’électrique, mais avec risque de baisse des ventes et problèmes de fraude/acceptabilité.
  • En France, une mesure similaire est probable à terme ; elle devra être progressive et sociale (franchises, modulation territoriale), techniquement anti‑fraude et respectueuse de la vie privée pour ne pas freiner la transition.

Le Royaume‑Uni vient de dévoiler une fiscalité inédite pour les voitures électriques (VE) et hybrides rechargeables (PHEV) à partir d’avril 2028: une taxation “à l’usage”, facturée au mile parcouru. Un tournant majeur qui vise à compenser l’effondrement programmé des recettes issues des carburants. Faut‑il y voir la fin de l’avantage économique de l’électrique… et le modèle que la France adoptera demain ?

Ce que Londres a décidé, concrètement

  • 3 pence par mile pour les voitures 100% électriques (soit environ 2,2 centimes d’euro par km).
  • 1,5 pence par mile pour les PHEV.
  • Indexation annuelle sur l’inflation.
  • Contrôle du kilométrage lors du MOT (contrôle technique) annuel ou aux anniversaires d’immatriculation pour les véhicules récents; paiement intégré à la VED (road tax).
  • Exemptions: les utilitaires électriques, bus et poids lourds ne sont pas concernés au démarrage.
  • Particularité: les VE immatriculés au Royaume‑Uni seront taxés quel que soit l’endroit où ils roulent; à l’inverse, un VE étranger circulant au Royaume‑Uni ne paiera pas cette taxe.

En parallèle, le gouvernement maintient le gel de la taxe sur les carburants jusqu’en septembre 2026, puis remontera graduellement la “ristourne” de 5 p/litre afin de préserver un différentiel de coût d’usage en faveur de l’électrique. En ordre de grandeur, 3p/mile côté VE, c’est environ la moitié du niveau de taxation que supporte un conducteur essence/diesel via la fuel duty, estimée proche de 6p/mile.

📌 À retenir

  • Pour un conducteur électrique “moyen” au Royaume‑Uni (8 500 miles/an), la facture attendue est d’environ 255 £ en 2028‑2029.
  • Le Trésor anticipe 1,1 Md£ de recettes en 2028‑2029, 1,9 Md£ à l’horizon 2030‑2031.
  • L’OBR (le gendarme budgétaire britannique) estime que la mesure la mesure réduira la demande en VE en augmentant leur coût total de possession: jusqu’à 440 000 ventes de VE en moins sur cinq ans, partiellement compensées par d’autres aides (subvention achat prolongée et gonflée à 1,3 Md£), pour un impact net d’environ −24 000 unités par an.

💬 Le débat outre‑Manche

  • Constructeurs (dont Ford), SMMT (filière) et opérateurs de recharge jugent la mesure “mal calée dans le temps” et craignent un frein à la bascule électrique, notamment pour les ménages sans borne à domicile qui payent déjà plus (TVA à 20% sur la recharge publique non abaissée).
  • Le gouvernement défend un principe “d’utilisateur-payeur”: toutes les voitures usent la route; l’impôt doit refléter l’usage, pas seulement la motorisation.
  • Enjeux techniques déjà sur la table: fraude au compteur (clocking) et garanties d’intégrité/traçabilité des relevés.

Pourquoi cette taxe arrive maintenant

L’électrification érode mécaniquement l’assiette des taxes sur les carburants. Au Royaume‑Uni comme en France, ces prélèvements sont une colonne porteuse du budget. Londres arbitre donc entre deux nécessités: préserver les recettes d’infrastructures routières et ne pas casser l’attractivité de l’électrique. D’où un tarif au mile fixé “à mi-chemin” et des contre‑mesures pro‑VE (subventions, infrastructures).

Et la France dans tout ça ?

La question est loin d’être théorique. En France:

  • Les taxes sur carburants (TICPE) rapportent encore des montants considérables: environ 30 Md€ en comptabilité nationale en 2024, dont une part nette autour de 16 Md€ pour le budget de l’État. À mesure que l’électrique progresse, ce socle se délite.
  • Le cadre fiscal s’est déjà durci pour les véhicules neufs (malus CO₂ et au poids), tandis que le bonus écologique est désormais plus ciblé. Mais rien, à ce stade, qui ressemble à une “taxe à l’usage” pour les VE.

La tentation de “copier” le modèle britannique existera pour trois raisons:

  1. Prévisibilité budgétaire: une recette corrélée à l’usage est plus stable que des taxes sur l’énergie en recul structurel.
  2. Équité perçue: un conducteur qui roule beaucoup contribuerait plus, quel que soit son carburant.
  3. Signal-prix: conserver un avantage de coût d’usage pour l’électrique tout en finançant les routes.

… et les obstacles ne manquent pas:

  • Cadre pratique: en France, le contrôle technique intervient moins fréquemment qu’au Royaume‑Uni (tous les deux ans après 4 ans). Relever un kilométrage fiable chaque année imposerait soit d’adapter le CT, soit d’autres canaux (assurances, télématique embarquée, relevé lors de la révision…), avec des garde‑fous anti‑fraude.
  • Vie privée et acceptabilité: la CNIL serait très attentive à tout dispositif connecté. Un simple relevé de compteur au garage est plus acceptable qu’un suivi GPS, mais moins robuste contre la fraude.
  • Justice sociale et territoriale: comment traiter les “captifs de la voiture” (ruraux, périurbains) ou les ménages sans recharge domestique déjà pénalisés par le coût de la recharge publique ?

Combien cela représenterait en France ?

Ordre de grandeur si Paris copiait Londres (3p/mile ≈ 2,2 c€/km pour un VE):

  • 10 000 km/an: ≈ 220 €.
  • 12 000 km/an: ≈ 260 €.
  • 20 000 km/an: ≈ 440 €.

À comparer à la taxation “carburants” d’un thermique, qui représente plusieurs centimes d’euro par km (via TICPE + TVA), nettement supérieure au barème britannique pour VE. Le différentiel resterait favorable à l’électrique — mais l’écart se refermerait.

Trois pistes de fiscalité “à la française” (sans casser la transition)

  1. Une taxe au kilomètre “light” sur les VE

    • Barème bas, progressif, et différencié selon l’usage (km parcourus), avec franchise annuelle (ex: premiers 3 000 km non taxés) pour préserver les petits rouleurs.
    • Bonus territorial possible (rabais rural) et demi‑tarif pour véhicules partagés/autopartage.
  2. Une micro‑accise dédiée sur la recharge publique

    • Quelques centimes par kWh sur la recharge rapide uniquement, fléchés vers l’entretien des voiries et le maillage des bornes. Avantage: pas d’atteinte au compteur, pas de télématique. Inconvénient: pénalise les les ménages sans borne à domicile; à compenser par un alignement de TVA (public ≈ domicile) ou un chèque recharge social.
  3. Un mix “forfait + usage”

    • Modeste redevance annuelle de circulation (intégrée à la carte grise) + une composante au km relevée au contrôle technique, avec un taux inférieur en Île‑de‑France (forte alternative modale) et un taux plancher en zones peu denses.

💡 Conseil d’expert
Si la France s’y met, deux conditions sont clés pour ne pas enrayer la bascule électrique:

  • Verrouiller un écart de coût d’usage minimal VE vs thermique (par exemple, un ratio de 1 pour 2 comme au Royaume‑Uni).
  • Neutraliser les effets régressifs: franchises, modulation territoriale, et alignement de TVA entre recharge publique et domestique.

Les angles morts à surveiller

  • Fraude au kilométrage: une explosion du “débridage” des compteurs serait un risque réel. Des scellés électroniques, des journaux d’événements du combiné, voire un croisement avec les historiques de maintenance seront indispensables.
  • Flottes et VUL: la trajectoire française de décarbonation des utilitaires ne doit pas être torpillée. Le Royaume‑Uni épargne utilitaires, bus et poids lourds au lancement: un phasage similaire ferait sens chez nous.
  • Signal industriel: un durcissement mal calibré pourrait refroidir l’investissement et l’offre VE abordable, au moment où le marché a besoin de modèles à 20‑25 000 € et d’un réseau de recharge plus dense et plus fiable.

📊 L’essentiel en 6 points

  1. Londres crée, dès 2028, une taxe à l’usage pour VE: 3p/mile (≈2,2 c€/km).
  2. Objectif: remplacer une part des recettes “carburants” sans annihiler l’avantage VE.
  3. Impact attendu: recettes 1,1→1,9 Md£; ventes de VE freinées (OBR), d’où des contre‑mesures (subventions, infrastructures).
  4. Défis: fraude au compteur, équité pour les usagers sans recharge domestique, protection des données.
  5. En France, la question devient budgétairement inévitable à mesure que la TICPE s’érode (poids encore massif aujourd’hui).
  6. Un modèle “à la française” devra rester progressif, socialement juste, et garantir un net avantage de coût d’usage pour l’électrique.

En filigrane, le Royaume‑Uni trace une voie qui répond à une réalité budgétaire sans renier — en théorie — l’avantage d’usage de l’électrique. La France y viendra sans doute, mais le diable se nichera dans les détails: barèmes, protections sociales, lutte anti‑fraude et respect de la vie privée feront la différence entre un outil de financement acceptable… et un coup de frein malheureux à la transition.

Best-seller mais lanterne rouge au TÜV : le grand écart du Tesla Model Y

En bref:

  • Le TÜV 2025 place le Tesla Model Y en bas du classement 2–3 ans (≈17,3% de défauts sévères) surtout pour suspension, freinage et éclairage — résultat lié au poids/accélérations des VE, à un entretien allégé (freins régénératifs) et à une qualité d’assemblage variable.
  • Malgré ses atouts (Superchargers, OTA, efficience), Tesla doit améliorer les fondamentaux mécaniques ; acheteurs/propresaires doivent prévoir contrôles trains roulants, réglage des phares et freinages francs réguliers.

Le SUV électrique le plus diffusé d’Europe se retrouve au fond du classement de fiabilité du contrôle technique allemand. Un paradoxe ? Pas tant que ça, si l’on met à plat ce que mesure vraiment le TÜV, ce que recherchent les acheteurs de VE en 2025… et où pèche encore Tesla.

Au-delà du buzz, place aux faits, aux chiffres et aux explications utiles pour les conducteurs et les futurs acheteurs.

Ce que dit le TÜV 2025, précisément

  • Le Tesla Model Y affiche 17,3% de défaillances significatives à 2–3 ans lors du contrôle technique allemand (période juillet 2024 – juin 2025). C’est le pire score de sa tranche d’âge.
  • La Model 3 tourne autour de 13% dans la même catégorie, elle aussi en bas de tableau.
  • Les défauts les plus fréquents relevés sur Model Y: suspension et liaisons au sol, freinage, éclairage.
  • À l’inverse, plusieurs électriques font nettement mieux: Mini Cooper SE (≈3,5%), Audi Q4 e-tron (≈4%), Fiat 500e (≈4,2%). La Dacia Spring dépasse aussi les 10% (≈13%).
  • Tendance générale: près d’une voiture sur cinq échoue au premier contrôle en Allemagne (≈21,5%, +1 point vs l’an passé).
  • Nouveau volet «long terme» du TÜV: Mercedes décroche la meilleure qualité à 10 ans (≈18,5%), devant Audi et Toyota.

📌 À retenir

  • Le TÜV mesure des défauts de sécurité constatés le jour J, pas les pannes immobilisantes sur la durée de vie.
  • Les critères et méthodes du CT allemand ne se superposent pas parfaitement à ceux d’autres pays (France incluse).

Pourquoi le Model Y est-il autant recalé ?

Trois causes se cumulent, très concrètes.

  1. Masse et sollicitations
  • Avec environ 2 tonnes, un VE sollicite davantage les trains roulants. Rotules, silentblocs et amortisseurs peuvent s’user plus vite, surtout sur routes dégradées et dos d’âne répétés.
  • La forte accélération instantanée (couple immédiat) accentue les contraintes à l’avant.
  1. Entretien «allégé» et freinage régénératif
  • L’absence de programme d’entretien périodique strict chez Tesla est un argument commercial, mais elle peut laisser passer des réglages simples (par ex. alignement des phares).
  • Le freinage régénératif sollicite moins les disques: sans «rappels» de freinage ferme, on observe plus de corrosion ou de vitrification, ce que les inspecteurs détectent.
  1. Qualité d’assemblage variable selon l’usine
  • Les Model Y européens proviennent de Berlin, mais aussi de Shanghai et des États‑Unis. Des écarts ont été relevés sur les liaisons au sol et certaines fixations. À volume très élevé, chaque petite dérive pèse lourd dans les statistiques.

💡 Astuce

  • Sur un VE, effectuez régulièrement des freinages francs (dans un cadre sécurisé) pour «nettoyer» disques et plaquettes. Et faites contrôler trains roulants et réglage des phares avant le CT.

Paradoxe apparent… et réalités de marché

Le Model Y a été la voiture la plus vendue d’Europe en 2023 et a longtemps dominé son segment grâce à:

  • L’écosystème de charge (Superchargers), très différenciant en usage longue distance;
  • Les mises à jour logicielles OTA rapides, qui enrichissent l’expérience;
  • Des performances/efficience compétitives et une habitabilité au top;
  • Des campagnes tarifaires agressives en 2023–2024 qui ont dopé les volumes.

Mais en 2025, la donne change:

  • En Europe, Tesla recule fortement: en octobre 2025, les immatriculations chutent de près de 50% sur un marché BEV pourtant en hausse (part ≈16,4%, envolée des ventes BEV en octobre).
  • Concurrence européenne et chinoise plus affûtée, normes et contrôles plus stricts, image qualitative mise au défi: la dynamique n’est plus à sens unique.

🎯 Le point clé

  • L’achat d’un VE ne repose pas que sur la fiabilité perçue à 2–3 ans. L’écosystème de charge, le coût d’usage, la techno embarquée et le prix réel (après remises/bonus) pèsent lourd — parfois plus, pour une large part des acheteurs.

Que vaut vraiment le signal TÜV pour un acheteur français ?

  • Transposabilité limitée: en France, le premier CT intervient plus tard (≈4 ans), et la grille de contrôle diffère. Les retours d’expérience hexagonaux sur Model Y mentionnent des soucis de suspension, mais un quotidien globalement satisfaisant pour beaucoup d’usagers.
  • Le TÜV cible des organes de sécurité (freins, éclairage, suspension). Son message est utile: même un VE «sans entretien» exige des vérifications préventives.

Bon à savoir

  • Les «mauvaises notes» TÜV touchent aussi des thermiques réputées: BMW Série 5/6 selon tranches d’âge, Dacia Duster ancien, etc. La hausse des rejets tient aussi au vieillissement du parc et à des critères durcis.

Tesla, la techno… et les angles morts

Ce que les clients plébiscitent encore:

  • Réseau de charge et navigation «intégrée» très aboutie
  • OTA fréquentes, interface cohérente
  • Efficience sur autoroute, planification simple
  • Valeur de revente historiquement solide (même si chahutée par les baisses de prix)

Ce que le TÜV met en lumière:

  • Liaisons au sol: usure prématurée
  • Freinage: disques parfois dégradés par manque d’usage
  • Éclairage: réglages et modules à surveiller
  • Hétérogénéité d’assemblage selon sites

Notre lecture impartiale

  • La supérieure maturité logicielle de Tesla ne compense pas, seule, des fondamentaux mécaniques perfectibles. Sur un marché 2025 plus mûr, l’acheteur exige l’un et l’autre: techno ET robustesse.

Comparatif éclair express (2–3 ans, TÜV 2025)

  • Tesla Model Y: ≈17,3%
  • Tesla Model 3: ≈13%
  • Dacia Spring: ≈13%
  • Audi Q4 e-tron: ≈4%
  • Fiat 500e: ≈4,2%
  • Mini Cooper SE: ≈3,5%

Interprétation

  • L’écart entre Model Y et les meilleures électriques urbaines/compactes est significatif et porte sur des organes de sécurité. C’est un signal à considérer dans un achat, sans le sur-interpréter hors contexte.

Conseils d’expert pour propriétaires et futurs acheteurs

Pour les propriétaires de Model Y

  • Freinage: réalisez périodiquement des freinages fermes pour limiter la corrosion des disques; purge et contrôle si pédale spongieuse.
  • Trains roulants: inspection annuelle des silentblocs, biellettes et amortisseurs, surtout si routes dégradées.
  • Éclairage: contrôle et réglage optiques (atelier indépendant possible); vérifier le bon fonctionnement des modules LED.
  • Pneus: permutations tous les 10 000–12 000 km; attention au carrossage et au couple instantané qui accélèrent l’usure.
  • OTA: appliquez rapidement les mises à jour; elles corrigent aussi des calibrations d’ADAS/phares.

Pour un achat d’occasion en 2025

  • Privilégiez un historique limpide (factures de géométrie, suspensions, réglages d’optique).
  • Essayez sur mauvais revêtement; écoutez les claquements/jeux à l’avant.
  • Contrôlez l’usure intérieure/extérieur des pneus, témoin d’un carrossage ou d’un parallélisme imparfait.
  • Vérifiez l’origine usine (Berlin/Shanghai/États-Unis) et l’année de fabrication: certaines séries ont reçu des améliorations discrètes.
  • Anticipez un «pré-CT» chez un spécialiste VE avant la transaction.

Et demain ?

Tesla a déjà procédé à des arrêts de chaîne ponctuels pour optimisation en Allemagne et déploie régulièrement des évolutions de process. Le sujet, désormais, n’est plus d’opposer techno et mécanique, mais de les aligner. Dans une Europe aux standards sévères et très concurrentielle, cet alignement n’est plus optionnel.

En bref, le Model Y reste un formidable produit d’usage — réseau de charge, efficience, logiciel — mais le message du TÜV est clair: la sécurité passe par des fondamentaux mécaniques impeccables et un entretien un peu plus «proactif» que ce que promet le marketing. Un signal utile pour Tesla… et pour ses clients.

Guerre des écrans: BYD ouvre, GM ferme — qui gagnera le tableau de bord ?

En bref:

  • BYD choisit l’ouverture (CarPlay/Android Auto, fin de l’écran rotatif) pour privilégier l’UX et la compatibilité ; GM fait l’inverse en bannissant le mirroring pour imposer Android Automotive + IA et capter données/abonnements.
  • En jeu: expérience utilisateur, contrôle des données et revenus récurrents — risque de frustration pour les utilisateurs iPhone et nécessité d’un app‑store embarqué mature.
  • Pour l’acheteur (surtout VE) : testez 20 min l’infodivertissement (navigation EV, voix, latence), vérifiez CarPlay/AA, durée des mises à jour et coûts des services.

L’habitacle devient le nouveau champ de bataille entre constructeurs et géants de la tech. D’un côté, BYD supprime ses écrans rotatifs pour mieux intégrer Apple CarPlay et Android Auto. De l’autre, General Motors activera une stratégie inverse: bannir ces interfaces afin d’imposer un cockpit logiciel propriétaire, bâti sur Android Automotive et l’IA Gemini.

Au-delà du gadget ou de l’ergonomie, c’est une lutte pour la maîtrise de l’expérience utilisateur, des données et des futurs revenus connectés. Voici ce que cela change pour les conducteurs — en particulier les acheteurs de véhicules électriques.

Deux visions qui s’entrechoquent

BYD: adieu l’écran rotatif, bonjour la compatibilité universelle

  • La marque chinoise retire progressivement son écran pivotant (portrait/paysage) sur ses modèles européens. Motif: meilleure stabilité logicielle pour CarPlay/Android Auto et préparation des interfaces à la conduite autonome.
  • Stella Li (vice-présidente BYD) l’a reconnu: l’usage réel de la rotation est faible, et il pénalise la fluidité des apps tierces. Priorité désormais à « l’expérience avec les applications ».
  • Exemple concret: le nouveau BYD Atto 2 renonce au mécanisme rotatif au profit d’une dalle 12,4" fixe en paysage. Au passage, la version Comfort progresse à 430 km d’autonomie WLTP et 150 kW en charge.

GM: couper le cordon avec les smartphones, miser sur l’IA embarquée

  • Après avoir commencé par ses VE dès 2023, GM confirme la suppression de CarPlay/Android Auto sur ses futurs modèles thermiques et électriques. Les Cadillac Lyriq et GMC Hummer EV figurent parmi les derniers à les conserver aux USA, à court terme.
  • Cap logiciel: Android Automotive OS (à ne pas confondre avec Android Auto), intégrant Google Maps, Assistant, un Play Store auto… et bientôt l’assistant IA Gemini (déploiement à partir de 2026 selon les annonces).
  • Raison officielle: transitions jugées « maladroites » entre CarPlay et l’interface native, sources de distraction. Objectif: une expérience unifiée, mieux intégrée aux fonctions du véhicule, OTA et architecture centralisée à horizon 2028.
  • Angles morts actuels: connexion app par app, catalogue d’apps plus restreint qu’iOS, impact fort pour les clients iPhone. GM promet une connexion unifiée… sans calendrier précis.

📌 À noter

  • Hors USA, certains modèles GM conservent encore CarPlay/Android Auto selon les marchés.
  • Côté Apple, le nouveau CarPlay Ultra annoncé en 2025 divise: des marques (Audi, Mercedes-Benz, Polestar) ont levé le pied, quand Aston Martin, Kia ou Hyundai poursuivent. Et, fait notable, Tesla envisagerait CarPlay selon Bloomberg — un revirement qui, s’il se confirme, remettrait une pièce dans la machine.

Le point data

  • Selon AutoPacific 2025, près de 60% des automobilistes américains n’achèteront pas un véhicule dépourvu de CarPlay/Android Auto.
  • J.D. Power (APEAL): satisfaction plus élevée avec CarPlay (840/1000) et Android Auto (832/1000) qu’avec les systèmes natifs (≈805/1000).
  • McKinsey 2024: environ 1 acheteur sur 2 refuse désormais une voiture non compatible; 85% préfèrent l’ergonomie des solutions smartphone.

ℹ️ Interprétation

  • La préférence utilisateur pour le « mirroring » est nette. Tout écosystème propriétaire devra égaler — puis dépasser — ce niveau d’UX pour emporter l’adhésion.

Pourquoi ces choix opposés ?

  • Monétisation et services connectés:
    • En retirant le mirroring gratuit, un constructeur récupère le contrôle du « front » numérique: app store embarqué, packs connectés, navigation premium, assistants IA, ADAS évolutifs, etc. Beaucoup visent des revenus récurrents à horizon 2030 (Stellantis évoque ≈20 Md€).
  • Contrôle de la donnée:
    • Détenir la donnée d’usage (localisation, habitudes, préférences) permet de personnaliser services et offres… et d’ouvrir la porte à l’assurance à l’usage, à l’énergie maison/auto, etc. Revers: enjeux RGPD/consentement accrus.
  • Architecture SDV et OTA:
    • Un « software-defined vehicle » impose une pile logicielle maîtrisée, des mises à jour fréquentes, une intégration profonde des fonctions (énergie, ADAS, confort, commerce embarqué).
  • Sécurité/ergonomie:
    • GM invoque la distraction liée aux bascules entre interfaces. Argument recevable, mais l’UX propriétaire doit alors être irréprochable (latence, voix, continuité, cartes, messagerie).
  • Coûts et dépendances:
    • CarPlay/Android Auto n’imposent pas de lourdes licences, mais requièrent intégration/test. Un système propriétaire coûte cher à développer/maintenir, mais évite de déléguer l’interface client à Apple/Google — et garde la « porte d’entrée » de la voiture.

Ce que ça change pour le conducteur (surtout en VE)

  • Si vous êtes utilisateur iPhone:
    • Chez GM (futurs modèles), plus de CarPlay: il faudra se reposer sur l’écosystème Google embarqué et les apps disponibles. Vérifiez la présence de vos services (musique, podcasts, messages, navigation).
  • Si vous êtes utilisateur Android:
    • Android Automotive n’est pas Android Auto. Pas besoin du smartphone pour les fonctions natives, mais toutes vos apps préférées ne sont pas forcément présentes.
  • Qualité de navigation/énergie:
  • Connectivité et coûts:
    • Les services embarqués exigent souvent une eSIM/abonnement data. Certaines fonctions autrefois « gratuites » via smartphone pourraient devenir payantes (packs connectés).
  • Durée de support et revente:
    • Annonce de certains constructeurs: 7 ans d’updates garantis. Or, l’âge moyen d’un véhicule dépasse 10 ans. Un cockpit qui se dégrade logiciellement peut peser sur la valeur à la revente.

BYD vs GM: deux routes, un même objectif

AxeBYDGM
PhilosophieOuvrir aux standards (CarPlay/AA), simplifier l’UXFermer le mirroring, unifier l’expérience propriétaire
MatérielFin de l’écran rotatif, dalle fixe stablePlateforme centralisée à horizon 2028
LogicielCompatibilité large + préparation conduite autonomeAndroid Automotive + IA Gemini + app store
RisquesPerdre une différenciation « design »Frustrer clients iPhone, app store limité, frictions de login
Gains visésAdoption fluide, satisfaction utilisateurDonnées, abonnements, contrôle total de l’interface

💬 Citation clé

  • BYD (Stella Li): la rotation « n’aide pas » l’expérience apps et est peu utilisée.
  • GM (Mary Barra): bascule CarPlay/interface native « peu fluide » et source de distraction.

Trois scénarios d’ici 2030

  1. Le smartphone gagne
  • Les conducteurs imposent CarPlay/Android Auto. Les tentatives de fermeture reculent ou s’assouplissent. Probable si la satisfaction reste structurellement supérieure.
  1. Le compromis
  • Cockpits propriétaires solides, mais ouverture optionnelle au mirroring. Les constructeurs monétisent l’ADN automobile (ADAS/énergie), laissent Apple/Google gérer divertissement/messagerie.
  1. Le cockpit propriétaire s’impose
  • Les systèmes natifs égalent puis dépassent l’ergonomie smartphone, intègrent mieux l’auto (énergie, capteurs, IA, sécurité). Il faudra un app store riche, une voix fiable, une connexion unifiée et des politiques data claires.

Conseils d’achat: la check-list à tester en concession

  • Compatibilité smartphone:
    • CarPlay/Android Auto présent ? Filaire ou sans fil ? Dans quelles finitions ?
  • Navigation EV:
    • Planification par bornes fiable ? Prise en compte de la dispo/puissance ? Préconditionnement batterie ?
  • Commande vocale:
    • Compréhension naturelle, fiabilité hors 4G, accès aux fonctions natives (clim, sièges, ADAS) ?
  • Catalogue d’apps:
    • Musique/podcasts/messagerie/outils que vous utilisez au quotidien sont-ils disponibles nativement ?
  • Connexion et confidentialité:
    • Compte unique pour toutes les apps ? Paramètres de consentement clairs ? Données géolocalisation/usage: qui collecte quoi, pourquoi ?
  • Mises à jour et durée:
    • Période d’updates garantie (en années) ? Engagement écrit ? Historique de suivi du constructeur ?
  • Coûts cachés:
    • Abonnements data/pack connectés après la période d’essai ? Tarifs transparents ?
  • Plan B:
    • En cas d’arrêt de service, quelle dégradation fonctionnelle ? Lecteur Bluetooth/USB autonome ? Navigation offline ?

📦 À retenir

  • Plus que l’écran ou le marketing, ce sont la stabilité, la latence, la qualité de la voix et la richesse du store qui feront la différence au quotidien.

Et les autres dans tout ça ?

  • Tesla: selon Bloomberg, des tests internes de CarPlay seraient en cours. Aucune annonce pour Android Auto. Si cela se concrétise, ce serait un signal fort de réalignement avec les attentes clients.
  • Ford: le patron Jim Farley a redit ne pas vouloir supprimer CarPlay/Android Auto — un positionnement pro-utilisateur clair.
  • Premium allemands et CarPlay Ultra: hésitations chez Audi, Mercedes-Benz, Polestar; Aston Martin, Kia, Hyundai poursuivent. Les arbitrages portent autant sur la maîtrise des données que sur l’UX.

💡 Conseil d’expert

  • Vous hésitez entre deux VE proches en autonomie/prix ? Tranchez à l’usage: 20 minutes d’essai focalisé sur l’infodivertissement (navigation EV, voix, messages, multimédia, latence) valent mieux qu’une fiche technique.

En filigrane, une même ambition se dessine: faire du logiciel la colonne vertébrale de la voiture. BYD choisit l’ouverture et la simplicité d’usage; GM, la souveraineté et la monétisation. Le vainqueur sera celui qui, à l’écran comme sur la route, livrera l’expérience la plus fluide, durable et honnête sur les données — au meilleur coût pour l’automobiliste.

Mercedes ELF: le labo roulant qui veut réconcilier recharge, réseau électrique… et automobilistes

En bref:

  • Mercedes ELF est un laboratoire roulant (V‑Class) qui teste la recharge très haute puissance (CCS jusqu’à 900 kW, MCS), les connexions automatisées (conductive/inductive/robot) et la bidirectionnalité (V2H/V2G) — démonstrations techniques, pas un modèle de série.
  • But stratégique : reprendre la main sur l’expérience de recharge et standardiser l’écosystème pour flottes et particuliers (V2H visé dès 2026 en DE/UK/FR), mais la généralisation des mégawatts et l’adaptation des infrastructures restent à valider.

Loin d’un simple « concept-car », le Mercedes-Benz ELF — pour Experimental-Lade-Fahrzeug — est une V‑Class transformée en banc d’essai mobile. Objectif: pousser très loin les technologies de recharge (jusqu’au mégawatt), automatisées (conductive et inductive) et bidirectionnelles (V2H/V2G), et mesurer leur impact réel sur les véhicules comme sur le réseau électrique.

Dans un marché bousculé par la défiance sur l’infrastructure et la fiabilité des bornes, Mercedes répond par une approche système: faire de la voiture un maillon énergétique intelligent plutôt qu’un simple consommateur d’électrons.

Ce que teste vraiment ELF

  • Recharge haute puissance
    • CCS poussé à 900 kW sous conditions de test (câbles et connecteurs refroidis par liquide, jusqu’à 1 000 A via un prototype co-développé avec Alpitronic).
    • Interface MCS (Megawatt Charging System) embarquée pour explorer les limites thermiques et mécaniques à très haute intensité — une technologie née pour les poids lourds, portée théorique jusqu’à 3,75 MW (1 250 V/3 000 A).
  • Recharge automatisée
    • Conductive par platine au sol: 11 kW AC via un connecteur sous plancher (park assist pour l’alignement).
    • Inductive (sans fil): 11 kW AC par couplage magnétique, pensée pour les usages domestiques, les flottes et, demain, les véhicules autonomes.
    • Robotisation de la connexion sur HPC pour manipuler des câbles lourds en toute sécurité.
  • Échanges d’énergie (bidirectionnel)
    • V2H/V2B/V2G en AC et en DC via wallbox bidirectionnelle, intégration possible avec solaire résidentiel et stockage stationnaire.
    • Mercedes annonce un potentiel d’économie jusqu’à environ 500 € par an par foyer, et la capacité d’alimenter une maison 2 à 4 jours avec une batterie de 70 à 100 kWh (usage moyen).

📌 À retenir

  • ELF n’est pas un modèle de série mais un laboratoire d’interopérabilité, destiné à infuser les futures Mercedes (particuliers et flottes).
  • Capacité de « recharger 100 kWh en ~10 minutes »: démonstration technologique, pas une promesse client à court terme.
  • Les fonctions V2H doivent débuter en Europe (Allemagne, Royaume-Uni, France) à partir de 2026 selon Mercedes.

Pourquoi c’est stratégique pour Mercedes

  • Reprendre la main sur l’expérience de recharge, devenue décisive dans le choix d’un VE: vitesse, confort, automatisation et fiabilité. Une récente étude citée en Allemagne pointe que près de 60% des conducteurs doutent encore de la fiabilité du réseau public.
  • Accélérer l’adoption des normes et des briques logicielles (ISO 15118‑20, Plug & Charge, bidirectionnel) pour sécuriser l’interopérabilité.
  • Préparer le passage à l’échelle des flottes intensives (logistique, taxis/robo-taxis): temps d’immobilisation comprimé et gestion énergétique optimisée.

💡 Conseil d’expert
La valeur d’ELF est moins dans le « pic » de puissance que dans l’ingénierie: tenue thermique, gestion des courants extrêmes, dialogue chargeur‑véhicule, et pilotage énergétique. Ce sont ces couches qui feront la différence au quotidien.

La voiture comme maillon du réseau: promesses et garde-fous

  • Flexibilité pour le système électrique
    • V2G et stockage distribué pour lisser pointes et creux, absorber des renouvelables variables, sécuriser localement des sites.
    • En Allemagne, le Bundestag a acté une avancée clé: dès 2026, l’électricité réinjectée par les VE ne sera plus doublement taxée par les tarifs de réseau, avec un processus simplifié (MiSpeL) et appui des compteurs communicants. C’est l’un des prérequis pour des modèles économiques viables.
  • Pour l’usager
    • Autoconsommation photovoltaïque optimisée, arbitrage tarifaire, secours domestique.
    • Mercedes évoque aussi des « comptes énergie » virtuels pour valoriser la flexibilité — concept prometteur mais encore à encadrer.

⚠️ Ce qui reste à prouver

  • Disponibilité réelle de puissances >500 kW sur voitures particulières: densités de courant, architecture batterie, refroidissement et vieillissement cellulaire.
  • Infrastructures: raccordements de sites à 1–3 MW, buffers batterie, gestion thermique et foncier.
  • Rémunération et responsabilités en V2G: agrégateurs, garanties constructeur sur cycles bidirectionnels, fiscalité, contractualisation.
  • Efficience et standardisation de la recharge inductive: confort indéniable, mais pertes et tolérances d’alignement doivent rester maîtrisées.
  • Interopérabilité bout‑en‑bout: véhicule, borne, logiciel, paiement et mise à jour à distance sur plusieurs années.

Où en est l’écosystème Mercedes

  • Réseau et partenariats
    • MB.Charge revendique près de 2 millions de points publics AC/DC via plus de 1 600 opérateurs.
    • IONITY avoisine 5 000 points HPC en Europe, certaines stations montant à 400 kW par point.
    • Objectif interne: +10 000 points rapides d’ici 2030; JV en Chine (IONCHI avec BMW) visant ~7 000 points d’ici fin 2026; consortium en Amérique du Nord pour ~30 000 bornes.
  • Transfert technologique
    • Le démonstrateur CONCEPT AMG GT XX a soutenu plus de 1 000 kW en essais sur des fenêtres courtes, utile pour la validation thermique.
    • Les briques batterie, CCS et contrôle de charge d’ELF sont annoncées proches de la série.

Flottes, taxis et robotaxis: les premiers bénéficiaires

  • Des recharges « 100 kWh/10 minutes » changent l’équation économique des flottes intensives, en réduisant l’immobilisation et la taille nécessaire des parcs.
  • La bidirectionnalité transforme un dépôt en actif énergétique: effacement de pointe, micro‑grids, alimentation d’installations.
  • L’automatisation (plateau conducteur, inductif, robots) est la clé pour les services 24/7 sans intervention humaine.

🎯 Cas d’usage concret

  • Dépôt urbain 30 VE: recharge nocturne à bas tarif, délestage partiel en matinée, appoint solaire en journée, maintien de service grâce à des « splash charges » très puissantes en milieu de shift.

Chiffres et repères techniques

  • CCS testé jusqu’à 900 kW (≈1 000 A, refroidi liquide) côté véhicule.
  • MCS: jusqu’à 1 250 V et 3 000 A en spécification; aujourd’hui cantonné aux essais et aux poids lourds.
  • Recharge sans fil/conductive au sol: 11 kW AC, pensée pour la simplicité d’usage, l’accessibilité et les scénarios autonomes.
  • Bidirectionnel: V2H/V2B/V2G en AC ou DC; lancement de services V2H visé en 2026 en DE/UK/FR.

🔎 Point méthode
Les démonstrations à 900 kW établissent une marge technique, mais l’expérience client dépendra surtout de plateaux de puissance soutenus, de la pré‑condition thermique de la batterie, et… de la disponibilité des bornes réellement compatibles.

Notre lecture: une réponse à la « crise de confiance » du VE

ELF adresse frontalement les irritants qui freinent l’adoption: vitesse, simplicité, fiabilité et intégration énergétique. La démarche est robuste — laboratoire roulant, essais en conditions réelles, partenariats industriels — et s’inscrit dans un calendrier crédible pour le V2H dès 2026 en Europe. Prudence toutefois sur la transposition rapide des mégawatts aux voitures de grande série: la maturité passera par étapes, par segments (flottes avant particuliers), et par corridors équipés. Côté réseau, les signaux réglementaires s’améliorent (Allemagne), mais l’équation restera locale: raccordements, stockage tampon et business models régionaux feront la différence.

En somme, ELF change la question: moins « où brancher ? », plus « comment orchestrer l’énergie ». Et c’est probablement là que se jouera la prochaine décennie du véhicule électrique.

Porsche Cayenne Electric: la recharge par induction signe-t-elle la fin du câble ?

En bref:

  • Porsche propose une recharge par induction 11 kW (>90%) sur le Cayenne Electric pour un usage domestique sans câble, tout en conservant les prises AC/DC rapides ; la solution est aboutie mais reste sensible à l’alignement et à l’état de la dalle.
  • Coût total ≈ 8–10 k€ à domicile (kit ≈7 k€ + pose) ; utile pour garages privés, seniors et flottes premium, mais l’adoption grand public dépendra des standards (J2954), de l’interopérabilité et du prix.

Porsche dégaine une option longtemps fantasmée par l’industrie: la recharge par induction. Avec le nouveau Cayenne Electric, le constructeur promet de se passer de câble au quotidien, au moins à domicile. Reste une question centrale: la technologie est-elle enfin mûre pour sortir du laboratoire… ou restera-t-elle un gadget haut de gamme?

Nous avons passé au crible le fonctionnement, le rendement, le coût, les usages et les limites de cette solution. Et observé ce que préparent les autres acteurs de l’écosystème, de Tesla à Volvo — sans oublier le précédent BMW.

Ce que Porsche met sur la table

  • Puissance: 11 kW par induction, calibrée pour une charge nocturne complète sur une batterie d’environ 113 kWh.
  • Rendement annoncé: “>90%” (contre ~95% en charge filaire AC de qualité).
  • Guidage au stationnement: lignes à l’écran, communication large bande et tolérance de décalage de l’ordre de 12 à 18 cm; le Cayenne peut s’abaisser pour optimiser l’entrefer.
  • Sécurité: détection d’objets et d’êtres vivants sous le véhicule; arrêt automatique en cas d’anomalie; blindage électromagnétique.
  • Poids embarqué: environ 15 kg de bobines et câblage supplémentaires.
  • Ports “classiques” conservés: 11 kW AC et jusqu’à 400 kW en DC (10–80% en moins de 16 min annoncés).
  • Disponibilité et coût: option annoncée à partir de 2026; prix indicatif observé en Europe autour de 7 000 € pour le kit, hors pose d’un électricien certifié.

📌 À retenir

  • 11 kW inductif chez Porsche: une première significative en série sur un SUV premium.
  • L’induction n’annule pas la prise: le Cayenne conserve ses connecteurs AC/DC pour la polyvalence.

Induction: maturité technique… mais compromis assumés

Sur le papier, 11 kW à >90% d’efficacité est crédible pour un usage domestique. À cette puissance, compter environ:

  • 10 à 80% en 7 à 8h pendant la nuit (en tenant compte des pertes),
  • 50 à 60 km récupérés par heure de charge selon la consommation réelle.

Côté robustesse, le système Porsche embarque les garde-fous que l’on attend en 2025: arrêt en cas de présence d’un animal ou d’un métal, compatibilité intérieur/extérieur et gestion thermique poussée du véhicule. C’est nettement plus abouti que les premiers essais grand public.

Mais l’induction reste sensible:

  • à l’alignement (même s’il est tolérant),
  • à la propreté et à l’intégrité de la dalle,
  • à l’entrefer (hauteur, charge, pneus).

Dans la vraie vie, l’efficacité chute si le positionnement est médiocre. Sur un an, ces quelques points de perte se payent en kWh et en euros.

✅ Bon à savoir

  • La norme SAE J2954 encadre l’induction légère jusqu’à 11 kW: un jalon important pour l’interopérabilité. Reste à vérifier, à la commercialisation, la compatibilité entre dalles et véhicules au-delà de l’écosystème Porsche.

Le précédent BMW et les pilotes en flotte: des signaux contrastés

  • BMW a proposé en 2018 un système 3,2 kW sur la 530e. Retour mitigé: dalle fragile, contraintes de stationnement (sens imposé), gain de temps perçu… faible.
  • Volvo teste depuis 2022 la recharge inductive sur taxis à Göteborg avec un fournisseur spécialisé. Objectif: automatiser et fiabiliser le geste pour des usages intensifs.

La différence aujourd’hui? Une puissance triplée chez Porsche, une ergonomie améliorée, et l’expérience cumulée des projets pilotes. Suffisant pour convertir massivement? Pas certain.

📢 Retour d’expérience

  • Les premiers utilisateurs d’induction soulignent un confort indéniable au quotidien.
  • Mais la discipline de stationnement et l’entretien de la dalle restent des irritants potentiels, en particulier hors garage.

Combien ça coûte vraiment?

  • Matériel Porsche Wireless Charging: environ 7 000 € TTC en Europe (indication), hors pose.
  • Installation IRVE: de l’ordre de 800 à 2 000 € selon la complexité (alimentation, percements, protections).
  • Coût total réaliste: 8 000 à 10 000 € à domicile.

Comparatif:

  • Wallbox filaire 7–11 kW: 1 500 à 2 500 € pose incluse en France, souvent éligible à des aides. L’induction, plus spécifique, n’entre pas toujours dans les dispositifs d’aide: à vérifier au cas par cas.

Impact énergétique annuel (ordre de grandeur):

  • 15 000 km/an à 20 kWh/100 = 3 000 kWh utiles.
  • À 95% (filaire) vs 90% (induction), surcoût d’environ 160 kWh/an.
  • À 0,20 €/kWh, ≈ 32 €/an. Si vos habitudes d’alignement dégradent l’efficacité (ex. 85%), le surcoût grimpe vers 100 €.

💡 Conseil d’expert

  • Si vous rechargez quasi exclusivement à domicile et cherchez le geste zéro contrainte, l’induction a du sens — à condition d’accepter un CAPEX élevé.
  • Si votre usage repose sur la route et la recharge rapide, privilégiez la prise: elle reste imbattable en coût, vitesse et universalité.

Pour qui cela change la donne?

  • Conducteurs à mobilité réduite, seniors, garages étroits: l’absence de câble est un vrai plus.
  • Foyers multi-VE: une dalle par place de parking… ou retour au câble.
  • Parkings premium/entreprises: confort utilisateur et image technologique, mais CAPEX/OPEX à arbitrer.

À l’inverse:

  • Utilisateurs sans place privative (rue, copro non équipée): intérêt limité tant que l’espace public n’est pas standardisé et protégé contre les dégradations.

Et les autres constructeurs?

  • Tesla: travaille depuis longtemps sur un pad domestique; rien de commercialisé à ce jour, mais les indices s’accumulent.
  • Hyundai: la nouvelle Ioniq 6 N (présentée pour les États‑Unis, arrivée mi‑2026) se concentre sur les performances et l’accès NACS; aucune annonce d’induction.
  • Volvo/InductEV: pilotes en flotte.
  • BMW: premier essai en 2018, non reconduit en masse.

Tendance: l’induction repointe son nez chez le premium, surtout en vue d’un futur semi/fully autonome, où un véhicule doit recharger sans intervention humaine. Pour le grand public, l’adoption dépendra des standards (J2954), des coûts, et d’une offre interopérable… donc encore du chemin.

Induction vs filaire vs alternatives: le match

  • Induction (11 kW)
      • Confort ultime, automatisable, sécurisé
    • – Coût élevé, pertes supérieures, dalle à maintenir, interopérabilité à prouver
  • Filaire AC (7–22 kW)
      • Efficace, peu coûteux, universel, aides disponibles
    • – Geste de branchement, câble à manipuler et à ranger
  • “Contact au sol” robotisé (pads conductifs, bras automatisés)
      • Efficacité proche du filaire, automatisation possible
    • – Peu disponible à grande échelle, normalisation en cours, coûts incertains

ℹ️ Clé de lecture

  • Pour démocratiser, l’écosystème doit converger sur des solutions standard et abordables. À court terme, l’induction restera surtout une option de confort sur véhicules haut de gamme.

Ce qu’il faut surveiller en 2026

  • Le tarif final et l’approvisionnement de l’option chez Porsche en Europe.
  • Les premiers retours clients sur robustesse des dalles (intempéries, salissures, tolérance d’alignement).
  • L’interopérabilité: dalles tierces certifiées J2954 fonctionnant avec des modèles variés.
  • Les annonces de Tesla et d’éventuels pilotes urbains (parkings publics).

FAQ express

  • L’induction recharge-t-elle aussi vite que le câble? Non: 11 kW c’est pour la maison; pour la route, on garde la prise DC à 400 kW.
  • Est-ce dangereux pour les animaux? Les systèmes intègrent une détection et coupent en cas de présence sous la voiture.
  • Peut-on l’installer en extérieur? Oui, en principe; la durée de vie dépendra de la pose et de l’exposition. Prévoir une installation IRVE sérieuse.

En une phrase, l’induction du Cayenne Electric paraît enfin aboutie pour un usage domestique premium et prépare l’ère de la recharge autonome; mais son coût, ses pertes et la question des standards en feront, à court terme, une option de confort plus qu’un bouleversement du quotidien des automobilistes.

Crise du VE premium, percée par le leasing : la manœuvre Omoda & Jaecoo qui bouscule l’Europe

En bref:

  • Le VE premium marque le pas en Europe tandis que HEV/PHEV gagnent du terrain ; les flottes et la LLD dictent le rythme du marché.
  • Omoda & Jaecoo (groupe Chery) misent sur des offres LLD en marque blanche avec Ayvens (7 pays, France incluse) — lancement HEV/PHEV en 2026 puis BEV produits en Europe — pour capter les flottes et perturber le modèle premium-first.

Le haut de gamme électrique cale, les hybrides s’envolent, et les flottes dictent le tempo. Au cœur de ce basculement, les nouvelles marques chinoises Omoda & Jaecoo (groupe Chery) orchestrent une offensive méthodique via le leasing en marque blanche avec Ayvens. Un contournement subtil des codes de distribution européens… et une remise en cause du schéma top-down (d’abord le premium, puis le mass market) privilégié par de nombreux constructeurs historiques.

À retenir

  • Le premium électrique ralentit en Europe, tandis que l’hybride domine la croissance.
  • Omoda & Jaecoo signent avec Ayvens (ex-ALD/LeasePlan) pour des offres LLD B2B en marque blanche dans 7 pays, y compris la France.
  • Stratégie en deux temps : d’abord HEV/PHEV (2026), puis BEV produits en Europe pour maximiser éco-score et compétitivité.
  • Objectif France 2026 : environ 70 points de vente et un démarrage centré flottes pour accélérer la notoriété et les volumes.
  • Une “attaque par le bas” qui cible le cœur du marché et menace la rentabilité du modèle premium-first européen.

1) Un haut de gamme électrique en souffle court, des hybrides en pleine forme

La photographie 2025 du marché européen est contrastée. Plusieurs signaux faibles, devenus forts, convergent:

  • Le VE premium montre des signes de faiblesse: reports de production, ajustements d’usines, ralentissements de lancement sur certains modèles.
  • Les hybrides (HEV/PHEV) captent une part record des immatriculations en Europe, portés par un coût d’usage compétitif, une autonomie illimitée et des contraintes de recharge moindres. En France, le canal entreprises et loueurs pèse déjà plus de la moitié des immatriculations neuves: un levier décisif dans la transition.

Conséquence: l’escalier de la transition “top-down” — financer l’électrique par des marges premium avant de descendre en gamme — s’enraye. Le volume se déplace vers le milieu du marché, là où le TCO et la flexibilité priment.

2) Le leasing comme cheval de Troie: l’accord Ayvens x Omoda & Jaecoo

Le protocole d’accord signé par Chery pour Omoda & Jaecoo avec Ayvens (issu de la fusion ALD Automotive / LeasePlan) est une pièce maîtresse:

  • Portée: Allemagne, France, Italie, Belgique, Pays-Bas, Pologne, Luxembourg.
  • Cible: LLD full-service en marque blanche pour PME, indépendants et professionnels; intégration des véhicules au catalogue Ayvens pour ses clients internationaux et locaux.
  • Canal: utilisation du réseau de distributeurs Omoda & Jaecoo, tout en capitalisant sur la puissance de feu commerciale d’un leader de la LLD.

Bon à savoir: Ayvens multiplie ce type d’alliances (BYD, Polestar, Xpeng). Autrement dit, la “place de marché” du leasing devient un accélérateur d’adoption pour les nouveaux entrants, avec un accès direct aux décideurs flottes et un TCO packagé.

3) Une stratégie produit pragmatique: hybrides maintenant, électriques made in Europe ensuite

Le calendrier Chery en France est assumé:

  • Lancement au printemps 2026 avec quatre SUV électrifiés: Jaecoo 5 et 7 ; Omoda 7 et 9 (HEV et PHEV selon modèles).
  • Focus initial sur l’hybride et l’hybride rechargeable, y compris PHEV avec charge rapide DC (environ 40 à 65 kW) et V2L jusqu’à 3,3 kW.
  • Exemples-clés: Omoda 9 PHEV annoncé avec une batterie d’environ 34 kWh et jusqu’à ~145 km WLTP en électrique.
  • L’électrique pur (BEV) viendra ensuite, avec une priorité: produire en Europe (usine à Barcelone déjà activée pour d’autres modèles du groupe) pour maximiser l’éco-score français et neutraliser droits de douane et handicaps logistiques.

Citation interne au groupe résumant la philosophie: “slow is fast” — mieux vaut arriver avec le bon produit au bon niveau que brûler les étapes face à des références européennes déjà bien installées en VE.

4) Pourquoi l’assaut par le leasing peut changer la donne

Le leasing, surtout en B2B, restructure la concurrence:

  • Il gomme (partiellement) le déficit de notoriété: c’est l’offre packagée, le TCO et le service qui priment.
  • Il sécurise des volumes: les contrats flottes et LLD lissent la demande et accélèrent la visibilité industrielle.
  • Il rassure sur l’après-vente: l’écosystème Ayvens structure les services, pendant que Chery bâtit 70 points de vente en France et un stock pièces dédié.

Effet de ciseaux possible en 2026:

  • PHEV bien dotés au prix de l’hybride (promesse Chery), HEV au prix du diesel: une équation tarifaire agressive pour les renouvellements de flottes.
  • Les premium européens, coincés entre la pression prix et le ralentissement du VE haut de gamme, voient leur marche de manœuvre se réduire.

5) Le “contournement” du réseau traditionnel… mais sans le court-circuiter

La tactique Chery n’est pas une vente directe pure. Elle superpose:

  • Un réseau de distribution physique (objectif ~70 concessions dès le lancement en France).
  • Des offres LLD en marque blanche opéré par un tiers de confiance, déjà référent chez les gestionnaires de flotte.

Ce double canal fluidifie l’accès au marché tout en “européanisant” l’expérience d’achat/usage. C’est une manière de contourner les barrières psychologiques et opérationnelles à l’entrée, sans renoncer aux codes attendus par les clients.

6) Pour les constructeurs européens: cinq lignes de défense à consolider

  • Réinventer la proposition PHEV: charge DC, efficience réelle, logiciels, services — pas seulement cocher des cases CO2.
  • Muscler les offres captives de leasing: TCO transparents, services inclus, valorisation des résiduels par la donnée.
  • Accélérer la production locale de VE abordables: l’éco-score et les droits de douane rendent le “made in Europe” déterminant.
  • Soigner l’expérience flotte: délais, disponibilité, retrofit logiciel, reporting ESG — autant d’arguments qui pèsent dans les appels d’offres.
  • Clarifier la feuille de route: éviter le grand écart entre VE premium en reflux et généralistes en attente; sécuriser les volumes cœur de marché.

7) Ce qui va faire (vraiment) la différence en 2026

  • L’appétit des flottes pour des PHEV plus crédibles (autonomie électrique réelle, DC, coûts d’énergie).
  • La capacité d’Omoda & Jaecoo à tenir les délais réseau/SAV et à stabiliser les résiduels via Ayvens.
  • Les arbitrages réglementaires (éco-score, fiscalité PHEV/BEV, normes d’émissions) et les droits de douane.
  • Le tempo industriel de l’électrique “made in Europe” chez Chery: si la bascule BEV localisée est rapide, l’offensive s’installera durablement.

📌 À suivre de près

  • Niveaux de loyers LLD PHEV vs hybrides européens équivalents.
  • Taux d’activation flottes (PME vs grands comptes) et disponibilité véhicules.
  • Confirmation des capacités industrielles européennes dédiées BEV et batteries.

En capitalisant sur le leasing B2B et une gamme HEV/PHEV techniquement mieux calibrée, Omoda & Jaecoo exploitent habilement la faiblesse actuelle du VE premium. Si la production européenne des futurs BEV suit, l’attaque par le bas pourrait durablement redistribuer les cartes — et contraindre les acteurs historiques à accélérer sur le cœur du marché, là où se gagne aujourd’hui la transition.

Crise du VE : F‑150 Lightning, Acura ZDX… ces modèles déjà sacrifiés pour 2025‑2026

En bref:

  • Le secteur électrique se recentre en 2025‑2026 : plusieurs modèles premium et pick‑up (F‑150 Lightning, Ram REV, Acura ZDX, etc.) sont arrêtés, repoussés ou retirés, surtout en Amérique du Nord.
  • Causes principales : marges comprimées, fin des crédits d’impôt US, coûts industriels et infrastructures de recharge inégales.
  • Conséquences pour l’acheteur : moins de choix sur certains segments, bonnes affaires et déstockages à court terme, mais risque de décote accélérée et bascule partielle vers les hybrides.

Le “ralentissement” électrique n’est plus un débat d’opinion, c’est une réalité industrielle qui se mesure en lignes d’assemblage stoppées, projets gelés et gammes « purgées ». En 2025, plusieurs véhicules électriques sont retirés, repensés ou repoussés, souvent après une carrière éclair. Voici l’inventaire des modèles concernés, ce que cela dit de la rentabilité du VE aujourd’hui et l’impact concret pour les acheteurs.

À retenir

  • De grands noms préfèrent couper, simplifier ou différer leurs VE pour 2025‑2026, surtout dans les segments haut de gamme et pick-up.
  • Les causes s’additionnent : marges sous pression, crédits d’impôt retirés aux États‑Unis fin septembre, infrastructures inégales, surcoûts et risques industriels.
  • Côté clients, le choix se rétrécit dans certains segments, mais les rabais de fin de vie et la décote accélérée dynamisent l’occasion.

La liste noire 2025‑2026 : arrêts, pauses et reports

Voici les décisions actées ou officialisées par les marques ces derniers mois. Attention au périmètre géographique : beaucoup de décisions concernent d’abord l’Amérique du Nord.

Ford F‑150 Lightning — production suspendue sine die

  • Production à l’arrêt depuis octobre 2025 (incident chez un fournisseur d’aluminium, puis arbitrages stratégiques) et aucune date de redémarrage communiquée à la mi‑novembre.
  • Selon le Wall Street Journal, Ford a étudié l’hypothèse d’un arrêt définitif, sur fond de demande plus faible et de marges dégradées.
  • Contexte défavorable aux États‑Unis : la fin des crédits d’impôt fédéraux fin septembre a brutalement refroidi les modèles chers, dont les pick‑up électriques.

Acura ZDX — fin de carrière après un an

  • Annoncé comme arrêté en septembre 2025, après une seule année modèle.
  • SUV Ultium (base technique GM), jusqu’à 313 miles d’autonomie (RWD) et 499 ch en Type S. Près de 12 000 exemplaires vendus en 2025, mais profil jugé trop « moyen » face à la concurrence.

Ram 1500 REV (100% électrique) — abandonné

  • Présenté en 2023 mais officiellement annulé en septembre 2025.
  • Ram se recentre sur le Ramcharger (hybride à prolongateur d’autonomie), lui‑même décalé vers début 2026.

Dodge Charger Daytona — gamme rationalisée

  • La version R/T (env. 496 ch, 308 miles annoncés) disparaît après 2025, la palette se resserre autour de la Scat Pack.
  • La déclinaison « Banshee » ultra‑puissante a été abandonnée avant lancement.

Nissan Ariya — pause de commercialisation aux États‑Unis

  • Ventes « suspendues » à partir de 2026 sur le marché américain, Nissan réallouant ses moyens (Leaf nouvelle génération plus accessible). Tarifs et droits de douane ont pesé sur l’équation.
  • Le statut varie selon les régions : en Europe, l’Ariya reste au catalogue à ce stade.

Genesis Electrified G80 — sortie discrète du marché US

  • Berline électrique premium (env. 282 miles, 385 ch) arrêtée aux États‑Unis, distribution déjà très limitée à l’origine.

Mercedes‑Benz — repli tactique en Amérique du Nord

  • EQB : fin annoncée après 2025 en NA.
  • Pause d’expédition des EQE/EQS (berlines et SUV) vers les États‑Unis depuis début septembre. Ces modèles restent disponibles sur d’autres marchés, dont l’Europe.

Polestar 2 — retirée de la gamme US neuve

Maserati MC20 Folgore — abandonné

  • Le projet d’hypercar électrique est tombé, Maserati ayant préféré relancer son thermique remanié.

Porsche « K1 » (SUV 7 places 900 V) — reporté

  • Le vaisseau amiral électrique 7 places est repoussé au profit d’un renforcement des PHEV et thermiques à court terme.

📌 En Chine, le choc est d’une autre nature : la guerre des prix a fragilisé des marques plus jeunes. Neta (Hozon), ex‑cadre du Top 10 VE en 2022, est passée en restructuration judiciaire en 2025, symbole d’un secteur ultra‑concurrentiel où les marges ont été laminées.


Pourquoi ces coupes ? Le retour du réel économique

  • Rentabilité sous pression: les gros VE (luxe, pick‑up) restent coûteux à produire, la demande est devenue plus sensible au prix. La disparition des aides fédérales US fin septembre a asséché la clientèle « haut de panier ».
  • Risques industriels: montée en cadence batterie/logiciel complexe, dépendances à des fournisseurs critiques, et coûts de garantie élevés.
  • Infrastructures inégales: l’usage quotidien (longue distance, recharge hivernale, remorquage) pénalise des segments comme le pick‑up.
  • Politique commerciale et tarifs: les droits de douane et les critères d’éligibilité aux aides redessinent les prix et l’attractivité modèle par modèle.
  • Stratégie produits: recentrage temporaire vers l’hybride et les solutions à prolongateur d’autonomie pour conserver l’agrément électrique tout en sécurisant l’autonomie et les coûts.

Ce que cela change pour l’acheteur

  • Moins de variété dans certains segments: pick‑up 100% électriques et « muscle cars » électriques perdent des déclinaisons.
  • Plus d’opportunités court terme: fins de série, déstockages et négociations renforcées quand un modèle sort du catalogue. Surveillez aussi les immatriculations 0 km.
  • Occasion plus abordable, mais plus volatile:
    • L’arrêt/suspension d’un modèle peut accélérer sa décote sur le marché de l’occasion, par crainte sur la pérennité des mises à jour logicielles, des pièces et de la valeur résiduelle.
    • En 2025, la baisse moyenne des prix en VE d’occasion est souvent plus rapide que pour le thermique: de l’ordre de 12 à 17% sur un an, avec des cas à −40% en 12 mois et jusqu’à −60% sur trois ans pour certains modèles.
  • Poussée des hybrides (HEV/PHEV/EREV): l’offre s’étoffe sensiblement en 2026, avec des coûts d’usage et une autonomie mixte rassurants pour une partie du public.

💡 Conseil d’expert achat (neuf ou occasion d’un modèle « stoppé »)

  • Exigez par écrit les engagements de mises à jour logicielles, la durée de support connectivité et la disponibilité des pièces (au moins 10 ans).
  • Vérifiez l’état de santé batterie (SOH), la garantie restante (souvent 8 ans/160 000 km) et la politique de remplacement/réparation du pack.
  • Anticipez la revente: comparez la valeur résiduelle des modèles concurrents encore en production.
  • Réseau de charge: testez votre usage réel (trajets, météo) et validez la couverture de bornes sur vos axes.

Ce que révèle cette « purge » des gammes

  • Le VE « cher » est le plus exposé: sans aides et sans volumes élevés, la rentabilité vacille.
  • Les constructeurs privilégient des VE mieux ciblés et plus abordables: le milieu de gamme à 30‑40 k€ progresse (type Chevrolet Equinox EV, Hyundai Ioniq 5), quand les vaisseaux amiraux sont temporisés.
  • L’hybride redevient un pilier de transition: pont technologique pour ménager coûts, autonomie et marges, tout en poursuivant l’électrification.
  • 2026 sera une année de tri: simplification des gammes, baisses de coûts (nouvelles chimies LFP/M3P, architectures 800/900 V plus efficaces), et repositionnements industriels région par région.

Modèles concernés, en bref

Arrêtés/abandonnés

  • Ford F‑150 Lightning (production suspendue sans calendrier, arrêt définitif à l’étude)
  • Acura ZDX (arrêt annoncé, US)
  • Ram 1500 REV (EV) (annulé)
  • Dodge Charger Daytona R/T (abandonné après 2025)
  • Genesis Electrified G80 (US)
  • Maserati MC20 Folgore (annulé)

Mis en pause / retirés localement

  • Nissan Ariya (pause US à partir de 2026)
  • Mercedes EQB (fin de carrière en NA après 2025)
  • Mercedes EQE/EQS (pause d’expéditions vers les US depuis 09/2025)
  • Polestar 2 (retirée du neuf US, cause tarifs)

Reportés

  • Porsche « K1 » (SUV 7 places électrique haut de gamme)

En clair, le marché ne renonce pas au 100% électrique, mais il se réorganise. Les projets trop ambitieux ou mal positionnés cèdent la place à des VE mieux calibrés en coût et en usage, et à des hybrides de transition. Pour l’acheteur, c’est l’instant des bonnes affaires — à condition de sécuriser le support dans la durée.

Constructeurs en retrait, énergéticiens à l’offensive : qui va financer vos futures voitures électriques ?

En bref:

  • Le financement de l’électromobilité bascule des constructeurs vers les énergéticiens, les banques et les fonds publics (ex. Octopus EV, TotalEnergies), transformant l’EV en un système "voiture+énergie+service".
  • Conséquence: offres mensuelles tout-compris et captation de la relation client; pour réussir la transition l’Europe doit stabiliser la trajectoire réglementaire, standardiser les actifs et mobiliser l’épargne via une Union des marchés de capitaux.

Entre bras de fer politique et ruée d’investissements, l’électrique en Europe vit un paradoxe. Tandis que des constructeurs traditionnels agitent la menace d’un désengagement si l’interdiction des moteurs thermiques en 2035 est maintenue, de nouveaux acteurs injectent des milliards dans l’écosystème. Exemple récent: Octopus EV porte sa capacité de financement à 2 milliards de livres pour électrifier des dizaines de milliers de voitures, pendant que TotalEnergies verrouille 14 GW d’actifs électriques flexibles en Europe.

Au-delà du bruit médiatique, une question simple se pose: qui, demain, financera réellement nos voitures et les infrastructures qui les rendent utiles au quotidien ? Décryptage, chiffres à l’appui, des nouvelles lignes de force.

Le bras de fer des constructeurs: signal d’alarme ou tactique de négociation ?

Des dirigeants auto en Europe ont prévenu: persister sur 2035 sans assouplissements ferait fuir des investissements, déjà fragilisés par une demande d’EV moins dynamique que prévu, des coûts élevés et une infrastructure de recharge encore inégale. Lors d’un événement organisé par la PFA, un responsable de Stellantis a même conditionné une hausse d’investissements à un “changement significatif et urgent” de la réglementation.

  • Les motifs invoqués:
    • Coût du capital et marges sous pression sur l’électrique.
    • Ralentissement ponctuel de la demande et concurrence chinoise exacerbée.
    • Incertitudes réglementaires et hétérogénéité des politiques nationales.
  • Le message de fond: non pas “stopper l’électrification”, mais obtenir une trajectoire plus “rationnelle” et prévisible.

Lecture critique: ces prises de position relèvent aussi d’une tactique classique pour peser sur le cadre 2030-2035 (calendriers, flexibilité technologique, incitations), à l’heure où l’Amérique subventionne massivement, que les coûts d’emprunt restent élevés et que l’Europe doit réduire son écart de compétitivité.

Pendant ce temps, l’argent afflue… côté énergie, réseaux et services

  • Octopus EV passe à 2 Md£ de lignes de financement (Lloyds, Morgan Stanley, CACIB) et annonce pouvoir faire passer sa flotte de 40 000 à plus de 75 000 véhicules financés, avec un bundle “clé en main” (location + tarif électrique dédié + borne + roaming) annoncé à la COP30. L’entreprise cite un mois record au Royaume-Uni avec 26% de part de marché pour les électriques en octobre 2025.
  • TotalEnergies signe une opération à 5,1 Md€ (échange d’actions) pour une JV 50/50 avec EPH: plus de 14 GW d’actifs flexibles (CCGT, biomasse, batteries) en Italie, UK/Irlande, Pays-Bas, France. Objectif: sécuriser une électricité “pilotable” pour accompagner le déploiement des renouvelables et valoriser ~2 Mt/an de GNL, avec une contribution positive de l’activité “Integrated Power” attendue dès 2027.
  • Financements publics européens et nationaux:
    • La Commission soutient 70 projets de décarbonation (600 M€), incluant recharge et hydrogène; Zunder obtient 10,5 M€ pour déployer 399 stations en Europe du Sud-Ouest.
    • Le Fonds européen pour l’innovation (alimenté par les quotas CO₂) finance des projets industriels lourds (e-carburants, ciment décarboné), preuve que le “chèque” public cible désormais aussi les briques amont.
    • En France, les Certificats d’Économies d’Énergie dépasseront 8 Md€ en 2026: des fonds privés imposés aux énergéticiens, répercutés en partie sur les factures, pour financer rénovation et mobilité (bonus, leasing social).
  • La BEI et REPowerEU: leviers décisifs pour réseaux, stockage, efficacité, avec une montée en puissance des prêts et garanties pour verdir le tissu productif européen.

Conclusion provisoire: le centre de gravité financier se déplace vers l’énergie, les réseaux et les services d’usage. L’électromobilité devient un “système” financé par un mix d’énergéticiens, de banques et de fonds publics — pas seulement par les usines des constructeurs.

Qui paie quoi, concrètement ?

  • Contribuables et consommateurs
    • Subventions européennes (Innovation Fund, Mécanisme pour l’interconnexion en Europe) et nationales (bonus, leasing social).
    • CEE en France: financements privés “obligés” portés par les fournisseurs d’énergie et partiellement répercutés sur les factures.
  • Banques et marchés
    • Lignes de crédit et titrisations de loyers de véhicules électriques (cas Octopus EV).
    • Appel à une Union des marchés de capitaux (UMC): Christine Lagarde rappelle le besoin de mobiliser ~1 200 Md€/an pour la décarbonation, majoritairement privés.
  • Énergéticiens et utilities
    • Investissements bilanciels dans la production (renouvelables + flex), dans les réseaux et la recharge; JVs pour mutualiser risques et cash-flows.
  • Flottes et entreprises
    • D’un point de vue TCO, les véhicules électriques deviennent compétitifs sur des profils d’usage intensifs, accélérant les volumes financés en leasing opérationnel.

📌 À retenir:

  • Le financement de l’électrique n’est plus monolithique: il s’appuie sur des “tuyaux” multiples dont beaucoup ne transitent pas par les constructeurs.
  • Une part non négligeable transite par la facture d’énergie (CEE) et par l’épargne privée, encore sous-mobilisée faute d’UMC aboutie.

Vers un basculement du pouvoir financier… et de la relation client

Quand un énergéticien ou un opérateur de services propose “voiture + borne + électricité + accès au réseau public + maintenance” sur une mensualité unique, il capte la relation client et sa valeur sur la durée. À la clé:

  • Désintermédiation potentielle des réseaux de distribution traditionnels.
  • Nouvelles marges sur l’énergie, les services numériques (smart charging, V2H/V2G), l’assurance et la maintenance.
  • Pour les constructeurs: urgence à sécuriser les valeurs résiduelles, à développer des offres packagées avec captives financières, et à nouer des alliances avec les énergéticiens et opérateurs de recharge.

C’est un basculement silencieux: l’“auto” s’adosse au “kWh”, au “réseau” et au “service”. Celui qui finance ces briques contrôle une part croissante de la valeur.

Les angles morts et les risques à surveiller

  • Fragmentation financière européenne: sans UMC, l’Europe peine à convertir son épargne en projets verts, avec un coût du capital plus élevé qu’aux États-Unis.
  • Stop-and-go réglementaire: l’incertitude affaiblit les chaînes d’approvisionnement et renchérit le financement.
  • Équité sociale: les CEE financent le bonus et le leasing social, mais via les factures d’énergie. Il faut un ciblage fin pour éviter les effets régressifs.
  • Flexibilité “gaz”: l’essor des actifs pilotables (CCGT) est nécessaire à court terme, mais doit rester un tremplin vers du stockage bas carbone, pour éviter l’effet d’enfermement fossile.
  • Marché de l’occasion EV: si les valeurs résiduelles sont mal calibrées, les coûts de leasing flambent et la demande s’érode.

Ce qu’il faut aligner vite en Europe (et en France)

  • Stabiliser la trajectoire 2030-2035: clarté sur normes, flexibilités et soutiens, pour réduire la prime de risque.
  • Accélérer l’Union des marchés de capitaux: standardiser la titrisation “verte” (leases EV, bornes) pour drainer l’épargne vers la mobilité électrique.
  • Cibler les aides là où elles déclenchent vraiment des volumes:
    • Bonus et leasing social concentrés sur les ménages modestes et les véhicules sobres.
    • Aides dédiées à l’occasion (garanties publiques de valeurs résiduelles, labels de santé batterie).
  • Massifier les infrastructures utiles:
    • Recharge haute puissance sur corridors et MCS pour poids lourds.
    • Renforcement/numérisation des réseaux; mécanismes de capacité pour la flexibilité zéro/low carbone (batteries, effacement, V2G).
  • Donner de l’oxygène aux “projets de proximité”:
    • Financements intermédiaires (10–50 M€) pour PME de la recharge, du stockage et des réseaux locaux, trop souvent délaissés au profit des méga-fonds.

💡 Conseil d’expert:
Pour contenir les mensualités, l’arbitrage se fera moins par la subvention “unitaire” que par la baisse du coût du capital: sécurisez les cash-flows (contrats long terme, garanties), standardisez les actifs (bornes, batteries), et vous compressez mécaniquement les taux exigés par les investisseurs.

Pour l’automobiliste: que va-t-il se passer pour votre budget ?

  • La mensualité “tout compris” va se généraliser: voiture + borne + électricité + service. Cherchez les offres qui optimisent votre profil de recharge (tarifs heures creuses, smart charging).
  • Le coût total d’usage (TCO) reste souvent favorable en usage régulier, surtout si vous rechargez à domicile/pro et profitez d’un tarif adapté.
  • Surveillez:
    • La valeur résiduelle (VR) intégrée dans votre contrat de leasing.
    • Les frais annexes (assurance, entretien, connectivité).
    • La qualité de l’écosystème de recharge (roaming, disponibilité, puissance).

📊 Chiffres clés

  • 2 Md£: capacité de financement Octopus EV pour porter sa flotte à >75 000 véhicules (annonce COP30).
  • 14 GW: actifs électriques flexibles de la JV TotalEnergies–EPH en Europe (accord du 17/11/2025).

  • 8 Md€: enveloppe CEE en France en 2026, au service notamment du bonus et du leasing social.

  • ~1 200 Md€/an: besoin d’investissements verts en Europe (rappel de la BCE), avec un rôle prépondérant du privé.

En filigrane d’un débat parfois rugueux, l’Europe dessine un nouveau partage des rôles: aux constructeurs la compétitivité produit et l’industrialisation, aux énergéticiens et aux financiers la mise à l’échelle des kWh, des réseaux et du “paiement à l’usage”. C’est sans doute de cette alliance — clarifiée et stabilisée — que dépendra la capacité des ménages et des entreprises à rouler électrique, à bon prix et sans renoncer à la qualité d’usage.

Fin de la fête pour le VE de luxe ? Les signaux faibles (et forts) derrière la vague d’arrêts et de reports

En bref:

  • Après l’effondrement de la part de marché des VE aux États‑Unis post‑crédit fédéral, de nombreux modèles haut de gamme (Acura, Genesis, Mercedes, Polestar, Ram, etc.) sont arrêtés, suspendus ou recadrés.
  • Causes : recul conjoncturel lié à la fin des incitations + facteurs structurels (coûts élevés, règles d’origine, réseaux de charge imparfaits, valeur résiduelle incertaine).
  • Conséquence : priorité donnée à des VE plus sobres et moins chers (LFP, plateformes massifiées), aux hybrides et à la production locale, avec besoin d’une politique stable et d’infrastructures fiables.

Le haut de gamme électrique, locomotive de la première phase d’adoption — surtout aux États‑Unis — cale brutalement. En quelques semaines, Acura, Genesis, Mercedes, Polestar, Nissan (Ariya), Ram et d’autres ont annoncé des arrêts, des pauses ou des recadrages. Et même les projets vitrines (Porsche K1, Maserati MC20 Folgore) ne sont plus intouchables. Effet d’ajustement cyclique ou symptôme d’une transition plus dure que prévu vers le marché de masse ?

Dans le sillage d’un mois d’octobre 2025 marqué par une chute historique de la part de marché des VE aux États‑Unis, les constructeurs réécrivent leurs feuilles de route. Décryptage, sans triomphalisme ni catastrophisme.

Ce qui se passe (vraiment) aux États‑Unis

  • D’après J.D. Power/GlobalData, la part de marché des VE au détail est tombée à 5,2 % en octobre 2025, contre 12,9 % en septembre, l’expiration du crédit fédéral au 30 septembre ayant provoqué un « effet d’aspirateur » avant un trou d’air ensuite. En parallèle, l’hybride grimpe à 14,2 %.
  • General Motors ajuste: usines partiellement à l’arrêt (Factory Zero, Spring Hill), priorisation de modèles thermiques rentables, arrêt du fourgon électrique BrightDrop.
  • Les modèles et projets premium les plus touchés:
    • Acura ZDX: interrompu après un seul millésime (~12 000 unités en 2025). 313 miles (≈504 km) d’autonomie annoncée, Type S jusqu’à 499 ch.
    • Genesis Electrified G80: retrait du marché américain, diffusion limitée et visibilité faible.
    • Mercedes: suspension des livraisons US des EQE/EQS (berlines et SUV) et fin de carrière discrète de l’EQB en Amérique du Nord après 2025.
    • Nissan Ariya: ventes US mises en pause à partir de 2026 (concurrence, coûts, exposition tarifaire).
    • Polestar 2: retirée de l’offre neuve US, pénalisée par les surtaxes sur les importations chinoises.
    • Ram 1500 REV (100 % électrique): programme arrêté; recentrage sur le Ramcharger (hybride à prolongateur d’autonomie).
    • Dodge Charger: fin de la version Daytona R/T dès 2026; rumeurs d’abandon du très ambitieux Banshee.
    • Porsche K1 (grand SUV 7 places électrique): projet repoussé; priorité aux PHEV/thermique.
    • Maserati MC20 Folgore: supercar électrique annulée.
    • Audi Q8 e-tron: fin de production avec la vente du site de Bruxelles; VW ID.7 écartée du plan US.

📌 À noter côté Ford: la prochaine génération d’utilitaires et pick-up électriques (E‑Transit, remplaçant du F‑150 Lightning, « Project T3 ») est repoussée à 2028. Le Lightning actuel a vu sa production modulée et ses investissements lissés, signe d’un calendrier plus prudent sur le pick‑up BEV.

Pourquoi les VE premium décrochent

  • Prix et incitations instables: sans aides, l’écart de coût total de possession redevient visible, surtout au-delà de 60–70 k$. Les marques premium n’échappent pas aux arbitrages budgétaires des ménages.
  • Tarifs et règles d’origine: surtaxes à l’import (notamment pour les modèles fabriqués en Chine ou au Japon) et exigences d’assemblage local compliquent l’équation.
  • Infrastructures et expérience client: réseaux de charge encore inégaux selon régions, fiabilité perfectible, temps de charge vs usages longs trajets.
  • Risque technologique perçu: incertitude sur la valeur résiduelle, l’évolution des chimies batteries et les cycles logiciels pèsent sur l’intention d’achat.
  • Demande « early adopters » saturée: le premier cercle (fort pouvoir d’achat, forte appétence techno) est équipé. Le « cœur de marché » exige des VE plus accessibles et sans compromis d’usage.

Ajustement conjoncturel ou signal structurel ?

  • Conjoncturel: le trou d’air post‑crédit fédéral et la normalisation post‑période d’anticipation expliquent une partie de la chute. Plusieurs modèles retirés étaient déjà en difficulté (positionnement flou, diffusion limitée, faible notoriété).
  • Structurel: passer du premium à la grande série suppose:
    • des VE à marge positive sans subvention;
    • un coût batterie inférieur à ~100 $/kWh à l’échelle;
    • une recharge perçue comme aussi simple que le thermique;
    • des offres plus rationnelles (LFP, tailles de batterie optimisées, efficience aérodynamique),
    • et une politique industrielle stable (règles d’éligibilité/ROO, tarifs, bonus) sur plusieurs années.

📊 À retenir en 5 points

  1. Le haut de gamme ne suffit plus à tracter la courbe S d’adoption.
  2. L’instabilité des politiques publiques fragilise les plans produits.
  3. Les hybrides gagnent du terrain comme solution « sans renoncement ».
  4. Les projets vitrine sont reportés au profit des modèles à cash-flow.
  5. L’accès au marché de masse passe par des VE sobres, robustes et moins chers.

Quelles conséquences pour l’Europe et la France

  • Effet miroir limité mais réel: les EQE/EQS restent vendus en Europe, mais la réorientation US signale une prudence globale des groupes sur les volumes haut de gamme BEV.
  • Bonus/malus et règles d’empreinte carbone (France) réallouent la demande vers des modèles produits en Europe et/ou à meilleur score environnemental, accélérant batteries LFP et ancrage local de la chaîne de valeur.
  • Entreprises et flottes demeurent des piliers de diffusion (TCO compétitif, ZFE, fiscalité), alors que le particulier haut de gamme devient plus sélectif.
  • L’occasion électrique s’installe, amortissant le choc prix pour accéder au segment premium, sous réserve de garanties batterie claires.

💡 Conseil d’expert
Pour maintenir l’élan européen: sécuriser des gigafactories compétitives, fiabiliser la recharge rapide interurbaine, massifier les plateformes dédiées (moins de poids, moins de coûts), et stabiliser les dispositifs d’aide sur un horizon pluriannuel. Côté produit, l’efficience prime: aérodynamique soignée, chaînes de traction sobres, packs LFP quand c’est pertinent, et logiciels réellement au service de l’usage (planification de charge, préconditionnement, écosystème ouvert).

Les arrêts/pauses marquants (sélection 2025)

  • Arrêts/fin de carrière US:
    • Acura ZDX
    • Genesis Electrified G80
    • Audi Q8 e-tron (fin de prod.)
    • Ram 1500 REV (BEV)
    • Polestar 2 (neuf, lineup US)
    • Mercedes EQB (après 2025, NA)
  • Pauses/suspensions:
    • Mercedes EQE/EQS (livraisons US suspendues)
    • Nissan Ariya (pause marché US à partir de 2026)
  • Reports/recadrages:
    • Porsche K1 (SUV 7 places électrique, repoussé)
    • Ford: prochaine génération F‑150 électrique et E‑Transit vers 2028
    • VW ID.7 non importée en Amérique du Nord
    • Dodge Charger: fin Daytona R/T en 2026; Banshee abandonnée

Ce que veulent désormais les acheteurs

  • Simplicité: recharge fiable, cartes transparentes, planification intégrée.
  • Coût maîtrisé: prix d’accès, LLD compétitive, valeur résiduelle lisible.
  • Efficience et polyvalence: 400–500 km réels à 120 km/h, consommation contenue, attelage/porte‑charges pris en compte.
  • Garantie et service: batterie, mises à jour logicielles, réseau après‑vente formé.

✅ Bon à savoir

  • Les chimies LFP et les architectures 800–900 V coexistent: la première pour la maîtrise des coûts et de la durabilité, la seconde pour des recharges plus rapides sur les modèles supérieurs. L’arbitrage dépend du segment et de l’usage visé.

En filigrane, 2025 acte la fin de l’illusion d’une électrification « tirée par le haut » indéfiniment: le marché attend des VE sobres, moins chers et impeccables à l’usage; c’est par eux que passera le prochain palier d’adoption.

Freins d’Ioniq 5 N: changer des plaquettes… avec un mot de passe. Ce que cela dit du droit à réparer nos électriques

En bref:

  • Sur la Hyundai Ioniq 5 N, remplacer les plaquettes arrière impose un "service mode" via l’ECU accessible uniquement avec un outil diagnostique authentifié (GDS ou J2534 + abonnement) — symptôme d’une généralisation des verrous logiciels sur les véhicules modernes.
  • Le droit européen favorise l’accès des indépendants mais admet des authentifications pour les fonctions liées à la sécurité; en pratique, les garages doivent investir (J2534, habilitation SERMI, mutualisation) et les régulateurs doivent définir des garde‑fous (mode entretien normalisé, support logiciel long terme).

L’entretien d’une Hyundai Ioniq 5 N a mis en lumière un verrou logiciel inattendu: impossible de remplacer les plaquettes arrière sans passer la voiture en “mode service” via un outil de diagnostic authentifié. Un détail? Pas vraiment. Ce cas illustre une tendance de fond où la clé de 13 ne suffit plus: il faut un login.

Au-delà de l’anecdote, c’est tout l’équilibre entre cybersécurité, sécurité opérationnelle et droit à la réparation qui se joue. Et les garages indépendants, comme les automobilistes, doivent s’adapter vite.

Ioniq 5 N: de la clé à douille au login pro

Sur la Ioniq 5 N (comme sur un nombre croissant de modèles), le frein de stationnement est électronique. Pour écarter les plaquettes et sortir l’étrier arrière, la procédure officielle impose de placer l’étrier en “service mode” via l’ECU. Dit autrement: il faut parler au calculateur.

  • Outils requis côté Hyundai:
    • Outil constructeur GDS (Global Diagnostic System), matériel + logiciel propriétaire, vendu au public mais onéreux (ordre de grandeur: plusieurs milliers d’euros).
    • Ou interface J2534 compatible (type CarDAQ Plus 3, MTS 6531 ou d-briDGe PRO, 800 à 2 000 €) + abonnement au logiciel Hyundai (environ 50–60 € la semaine, avec des tarifs dégressifs).
  • Et surtout: l’accès à certaines fonctions “bi-directionnelles” et “spéciales” peut exiger une authentification professionnelle (aux États‑Unis via NASTF; en Europe, l’équivalent pour les opérations liées à la sécurité s’appelle SERMI).

Hyundai explique soutenir à la fois ses concessions et les réparateurs indépendants. Le constructeur indique avoir ouvert davantage de fonctions via l’application J2534, tout en maintenant une authentification pour les opérations jugées sensibles, afin de garantir sécurité et traçabilité, afin de garantir sécurité et traçabilité. En clair: pas de monopole des concessions, mais pas d’accès libre non plus.

📌 À retenir

  • Le simple remplacement des plaquettes peut nécessiter un outil de diagnostic authentifié à cause du frein de parking électronique.
  • Les “valises” OBD bi-directionnelles grand public ne passent pas toujours la barrière d’authentification.
  • Ce n’est pas propre à Hyundai: c’est la nouvelle norme des véhicules modernes, électriques comme thermiques récents.

“Software-locking”: pas un cas isolé, une lame de fond

La multiplication des passerelles sécurisées (secure gateways), des mises à jour OTA et des fonctions “critiques” contrôlées logiciellement pousse l’atelier vers le numérique. Tesla, Stellantis, Volkswagen, BMW, Hyundai… tous verrouillent des fonctions à des degrés divers, pour des raisons:

  • de cybersécurité (anti‑vol, anti‑fraude),
  • de sécurité fonctionnelle (éviter une désactivation intempestive d’ABS/EPB, etc.),
  • de responsabilité juridique.

Effet collatéral: des opérations historiquement “DIY” (plaquettes, purge électronique d’ABS, réinitialisation BMS après changement de 12 V, etc.) deviennent parfois inaccessibles sans identifiants et abonnement.

Ce que dit (vraiment) le droit en Europe en 2025

Le cadre s’est durci en faveur de la réparation indépendante, tout en ménageant la sécurité:

  • Règlement (UE) 2018/858: obligation pour les constructeurs de fournir aux opérateurs indépendants un accès normalisé aux informations OBD, aux outils et logiciels nécessaires à l’entretien et à la réparation, via des portails dédiés et à des conditions raisonnables.
  • Jurisprudence 2023–2024: confirmation de l’accès des indépendants aux infos et outils de réparation, avec limitation des entraves de cybersécurité lorsqu’elles dépassent le nécessaire.
  • Directive “droit à la réparation” (2024/1799): incitations fortes à réparer plutôt qu’à remplacer, transparence et disponibilité des informations et pièces.
  • SERMI (depuis 2023-2024): schéma d’agrément européen pour accéder aux informations et fonctions liées à la sécurité (antidémarrage, clés, antivol). Les indépendants peuvent y prétendre, sous conditions d’audit.

Important: les fonctions explicitement liées à la sécurité peuvent rester derrière une authentification. La ligne de partage est parfois floue: un “service mode” d’étrier peut être considéré comme une fonction spéciale liée à la sécurité et au système de freinage, donc protégée.

ℹ️ Bon à savoir

  • La réglementation européenne tend à prohiber les verrous disproportionnés et à éviter l’obligation de connexions permanentes aux serveurs constructeurs si elles ne sont pas strictement nécessaires. Mais des contrôles d’accès pour les fonctions sensibles restent admis.
  • L’application concrète varie selon les marques, les pays et la façon dont les autorités interprètent “sécurité” et “proportionnalité”.

L’addition pour les garages… et pour la planète

Conséquences économiques:

Conséquences environnementales:

  • Risque d’obsolescence logicielle: si certaines fonctions deviennent inopérantes faute d’accès (ou de support logiciel), on remplace plus que l’on répare.
  • Frein au réemploi et au remanufacturing: sans accès aux données/initialisations, la remise en service de pièces (modules batterie, BMS, actionneurs) est plus difficile.
  • À nuancer pour les freins: sur un VE, les plaquettes s’usent moins vite grâce au système de freinage régénératif. On intervient moins souvent, mais quand on intervient, c’est plus “numérique”.

✅ À retenir

  • Coûts + complexité logicielle = barrière à l’entrée pour de petits ateliers.
  • Effet domino possible: hausse des coûts d’usage, allongement des délais, et, à terme, impact environnemental si la réparation devient décourageante.

Quelles solutions concrètes aujourd’hui ?

Pour les garages indépendants:

  • S’équiper “dans les clous”
    • Interface J2534 approuvée par la marque + abonnement logiciel du constructeur.
    • Monter en compétence sur les procédures haute tension et les freins EPB/ABS.
    • Demander l’habilitation SERMI pour les fonctions sécurité (si nécessaire selon opérations).
  • Mutualiser les coûts
    • Plateformes de données multimarques type Atelio Data ou Autodata pour la documentation technique et les schémas, utiles au diagnostic et à la préparation d’intervention.
    • Réseaux spécialisés (Bosch Car Service, NexDrive, etc.) pour partager outils, formations et accès.
  • Standardiser ses pratiques
    • Vérifier systématiquement la présence d’un EPB et la procédure “service mode”.
    • Préparer les véhicules: maintien de tension, sauvegarde des états, procédures de calibrage post‑intervention.

Pour les particuliers:

  • Évaluer la faisabilité
    • Sans valise bi‑directionnelle authentifiée, un remplacement de plaquettes arrière peut être impossible ou risqué sur des modèles récents. Ne forcez pas mécaniquement un étrier EPB.
  • Demander de la transparence
    • Solliciter un devis détaillant la part “logicielle” (temps de connexion, abonnements) de l’intervention.
  • Anticiper l’entretien
    • Sur un VE, les plaquettes s’usent moins… mais peuvent se “glacer” ou gripper par manque d’usage. Un entretien périodique reste nécessaire (nettoyage, contrôle coulisseaux).

💡 Astuce d’expert

  • Un court roulage périodique avec freinage “friction” (désactiver temporairement la régénération quand c’est possible) limite la corrosion des disques et évite les surprises à 60 000 km.

Et maintenant, on va où ?

Le cas Ioniq 5 N n’est pas une guerre ouverte contre le droit à réparer, mais le symptôme d’une industrie qui n’a pas encore trouvé le juste milieu. Des pistes existent:

  • Un “mode entretien” normalisé, hors ligne, pour les opérations d’usage (plaquettes, purge, stationnement-service), accessible à tout pro certifié sans abonnements redondants.
  • Des garde‑fous réglementaires clarifiant ce qui relève vraiment de la sécurité et ce qui ne doit pas être verrouillé.
  • Une garantie de maintenance logicielle longue durée (au moins 15–20 ans), pour éviter l’obsolescence des outils et procédures.

En attendant, garages et automobilistes doivent composer avec une réalité: nos voitures sont devenues des objets connectés, et l’entretien passe par le réseau au sens propre comme au figuré. L’important est de s’assurer que le câble de diagnostic ne coupe pas définitivement le lien avec la réparation indépendante.

Ventes fantômes, rabais massifs : la “menace” des VE chinois est-elle une bulle prête à éclater ?

En bref:

  • Le marché chinois des VE est surdimensionné et fragile : surcapacités, rabais et ventes artificielles érodent les marges ; la réduction des aides publiques devrait accélérer une forte consolidation ou pousser vers des déversements à l’export.
  • Pour l’Europe, c’est à la fois une menace et une opportunité — renforcer les barrières (droits, règles), sécuriser la chaîne batterie et lancer des VE mass‑market fiables et bon marché pour préserver parts de marché et emplois.

Les voitures électriques chinoises bousculent l’automobile mondiale. Mais derrière les prix planchers et les volumes records, le marché intérieur montre des fissures inquiétantes : surproduction chronique, remises extrêmes, immatriculations tactiques et… véhicules “zéro‑kilomètre” bradés comme des occasions. À l’heure où Pékin retire progressivement ses perfusions publiques, l’équation change. Bulle en formation, purge salutaire… ou exportations encore plus agressives ? Décryptage, sans œillères.

Sous le vernis, un marché intérieur sous tension

  • Surcapacités massives et “involution” du secteur. La Chine a empilé les capacités (plus de 150 marques actives, une quarantaine produisant des VE), bien au‑delà d’une demande ralentie par l’érosion du pouvoir d’achat. Résultat : une guerre des prix permanente qui érode les marges, y compris chez les cadors.
  • Ventes gonflées, “zéro‑kilomètre” et rabais. Des constructeurs livrent massivement des véhicules aux réseaux pour afficher des “ventes” qui finissent en stocks… revendus en “occasion” à prix cassés. La presse d’État a dénoncé ces pratiques, signe qu’elles ont pris de l’ampleur.
  • Rentabilité rare. Malgré des volumes colossaux, peu d’acteurs gagnent réellement de l’argent de manière récurrente. Plusieurs marques de milieu de tableau ont basculé en restructuration. Le cas Neta, passé de la 8e place en VE en 2022 à la quasi‑cessation de paiements en 2025, illustre la brutalité du tri.

📌 À retenir

  • Le prix est l’arme principale, mais il a un coût : marges laminées, SAV sous pression, et valeur résiduelle menacée par une rotation rapide des modèles.

Pékin coupe (partiellement) la perfusion : changement d’ère

Coup de tonnerre d’octobre 2025 : pour la première fois depuis plus d’une décennie, les véhicules électriques ne figurent plus parmi les secteurs “stratégiques” du plan quinquennal 2026‑2030. Traduction opérationnelle probable dès 2026‑2027 : baisse graduelle puis extinction d’une partie des subventions nationales, et durcissement vis‑à‑vis des “concurrences désordonnées” (guerre des prix, ventes artificielles).

  • Pourquoi maintenant ? Le gouvernement juge l’industrie arrivée à “maturité” après quinze ans d’aides (estimées à plus de 200 milliards de dollars au total), mais aussi minée par des excès (surcapacité, dépendance aux aides, pertes récurrentes).
  • Objectif affiché : laisser le marché opérer la sélection naturelle, concentrer les ressources publiques sur d’autres priorités (IA, semi‑conducteurs, quantique, hydrogène), et assainir la filière.

📊 Chiffres clés

  • Les NEV (VE + PHEV + hydrogène) ont dépassé 50 % des ventes en Chine en 2024.
  • À l’international, les exportations automobiles chinoises ont rapporté des dizaines de milliards de dollars en 2025, vers plus de 200 pays.
  • Les États‑Unis appliquent 100 % de droits sur les VE chinois ; l’UE a ajouté jusqu’à 35 % de surtaxes anti‑subventions (en plus des 10 % de base).

Bulle ou purge ? Trois scénarios crédibles pour 2026‑2028

  1. Déflation contrôlée (scénario “purge ordonnée”)
  • Baisse des aides, consolidation rapide (disparition/fusion de nombreuses marques), discipline tarifaire accrue.
  • Effet probable : hausse des prix domestiques, volumes moins dopés, mais bilans qui se stabilisent. À l’export, pression moindre mais ciblée sur les segments stratégiques.
  1. Fuite en avant à l’export (scénario “déversoir”)
  • Pour maintenir l’outil industriel, les acteurs les plus fragiles bradent à l’international, malgré droits de douane. Construction d’usines en Europe pour contourner une partie des barrières.
  • Effet probable : guerre des prix prolongée en Europe, montée en puissance des marques qui s’implantent localement (emplois sur place, mais pression sur la rentabilité de l’ensemble du marché).
  1. Choc de trésorerie (scénario “cassure”)
  • Retrait d’aides plus rapide que prévu, faillites en chaîne, ventes domestiques en trou d’air. Exportations affectées par les limites financières et par des contrôles accrus.
  • Effet probable : tension temporaire sur l’offre mondiale de VE abordables, puis rebond des acteurs restants, plus solides.

Mon point de vigilance: au vu des fondamentaux (intégration verticale batterie‑véhicule, échelle industrielle, coûts unitaires), le scénario 2 reste plausible, au moins à court terme, tant que la consolidation n’a pas fait son œuvre.

L’Europe face au “mur chinois” : menace… et fenêtre d’opportunité

  • Droits de douane et prix planchers. L’UE a relevé ses défenses en 2024–2025 (surtaxes jusqu’à 35 %, discussions sur des prix minimaux). Cela freine l’arrivée des modèles les plus agressifs, sans annuler l’avantage coût des références chinoises.
  • Écart de coûts persistant. Même sans subventions nationales, les VE chinois restent structurellement 20 à 40 % moins chers en coût de production : intégration batterie, chimie LFP de grande série, maîtrise logistique, coûts salariaux, cycles de développement courts. Les marques peuvent en outre localiser une partie de la production en Europe (Hongrie, Espagne, co‑fabrications) pour neutraliser les droits.
  • Industrie européenne sous pression. Le marché européen n’a pas retrouvé ses volumes pré‑Covid ; les prix moyens ont bondi depuis 2020, pas seulement à cause de l’électrification. Les marges ont été préservées par une “montée en gamme”, mais l’absence d’offres mass‑market véritablement abordables ouvre un boulevard à la concurrence.

✅ Opportunités pour l’Europe (si elles sont saisies)

  • Accélérer les plateformes d’entrée de gamme (citadines/compacts à batterie LFP ou sodium, efficience optimisée) et des VE < 25 000 € “réels”.
  • Sécuriser la chaîne batterie en Europe (matériaux actifs, cellules, modules) pour réduire l’écart de coût.
  • Rendre lisible et stable le cap réglementaire post‑2026, tout en visant le TCO bas (tarifs, assurance, recharge, fiscalité d’usage).
  • Soutenir l’offre locale via la commande publique (flottes, VUL) et la commande privée (leasing social, incitations ciblées aux revenus intermédiaires).

💡 Conseil d’expert

  • La bataille ne se gagnera pas seulement sur le prix catalogue. Efficience énergétique, fiabilité, réseau après‑vente, MAJ logicielles, garanties batterie, valeur résiduelle et financement sont les vrais terrains de différenciation.

Que surveiller en 2026

  • Le rythme de la consolidation en Chine: faillites/fusions, part des 10 premiers acteurs, volumes “zéro‑kilomètre”.
  • L’arbitrage de Pékin entre discipline des prix et maintien de l’emploi industriel.
  • Les annonces d’usines chinoises en Europe (capacités, localisation, sourcings batterie).
  • La réponse européenne: éventuels prix minimaux, ajustements des surtaxes, soutien au “Made in Europe” batterie.
  • Les prix transactionnels réels des VE en concessions européennes (chinois… et européens), au‑delà des tarifs catalogue.

📦 Bon à savoir

  • Les “zéro‑kilomètre” exportés peuvent séduire par le prix, mais attention aux garanties, aux campagnes de rappel et à la compatibilité logicielle/réseau après‑vente hors Chine.

Alors, bulle ou pas bulle ?

Le marché chinois du VE est clairement surdimensionné et instable à court terme. La sortie progressive des subventions nationales agit comme un révélateur : les acteurs les moins efficients vacillent, les pratiques “toxiques” sont moins tolérées, la consolidation s’accélère. Pour l’Europe, ce n’est ni un répit garanti, ni un raz‑de‑marée inéluctable : tout dépendra de la vitesse de la purge côté chinois… et de la capacité européenne à proposer rapidement des VE sobres, bien fabriqués et vraiment accessibles.

Pékin rétrograde l’électrique: menace fantôme ou choc à retardement pour l’Europe ?

En bref:

  • Pékin déclassifie l’électrique, réduit les aides et durcit les standards → surcapacité qui peut provoquer un déstockage export bon marché à court terme, puis consolidation et montée en gamme.
  • L’Europe doit répondre vite : réduire le coût voiture complète, sécuriser des chimies batteries efficaces, miser sur le logiciel et l’après‑vente, et calibrer des politiques publiques ciblées.

Le récit dominant s’effrite. Alors que l’Europe s’armait contre un “raz-de-marée” de voitures électriques chinoises, Pékin semble, lui, lever le pied. Selon plusieurs signaux concordants, les véhicules électriques (VE) pourraient perdre leur statut d’“industrie stratégique” dans le prochain plan quinquennal (2026–2030). Un séisme politique qui intervient sur fond de surchauffe du marché intérieur: stocks gonflés, “zéro kilomètre” bradés, guerre des prix sans fin.

Faut-il y voir la fin de la menace chinoise en Europe ? Prudence. À court terme, ce virage pourrait au contraire provoquer une vague d’exportations à bas prix avant un durcissement marqué du secteur en Chine.

Ce que dit Pékin, concrètement

  • Retrait des VE de la liste des “industries stratégiques” dans le prochain plan quinquennal 2026–2030, selon des informations publiées le 11 novembre 2025 par Table.Media. Signal politique fort: l’électrique n’est plus “priorité absolue”.
  • Fin progressive des soutiens de masse à la demande: l’exonération totale de taxe d’achat s’arrête en 2025; en 2026–2027, l’avantage fiscal serait réduit de moitié et filtré par des critères plus stricts.
  • Durcissement des standards techniques: depuis octobre 2025, les PHEV doivent offrir au moins 100 km d’autonomie électrique équivalente pour bénéficier d’allégements, ce qui élimine les modèles “au rabais”.
  • Recentrage budgétaire sur les techno de rupture: batteries avancées (dont semi/solide), logiciel/IA embarquée, conduite automatisée, semi-conducteurs, quantique et biotech. Moins de subventions à la production, plus d’argent sur l’innovation.

📌 À noter

  • Pékin ne “déserte” pas l’électrique: les objectifs climatiques restent, et l’État pousse la qualité, la sécurité et l’intégration logicielle. Mais la perfusion budgétaire se retire.

Surchauffe en Chine: stocks gonflés, guerre des prix, “zéro km” bradés

Le retournement intervient dans un marché domestique en “involution” (qui se replie sur lui-même) selon les analystes:

  • “Ventes” maquillées: des voitures immatriculées par les concessions pour gonfler les volumes, puis revendues comme “occasion 0 km” à prix cassés. Le Quotidien du Peuple a publiquement dénoncé cette pratique, signe d’un malaise systémique.
  • Trop d’acteurs, marges étouffées: près d’une cinquantaine de marques se sont lancées; une douzaine dominent désormais, mais la consolidation n’est pas achevée. Xiaomi a débarqué, quand Nio a encore perdu lourd en 2025.
  • Soutiens publics hétérogènes: sauvetages locaux d’usines, interventions régionales pour “protéger l’emploi”, et en parallèle une chasse à la “concurrence déloyale” (prix suicidaires, artifices de vente).
  • Production hors-sol: en 2024, la Chine a fabriqué plus de 5 fois plus de VE que l’UE et 11 fois plus que les États-Unis. Une capacité qui doit s’écouler… ou fermer.

📊 Chiffres clés

  • Environ 231 milliards de dollars de soutiens cumulés aux VE en Chine entre 2009 et 2023.
  • Les aides à la filière équivaudraient à près de 3% des recettes budgétaires centrales certaines années selon Rhodium Group — difficilement soutenable à long terme.
  • Les importations européennes de VE/hybrides depuis la Chine ont bondi de plus de 800% (2018–2022), d’où les hausses de droits décidées dans plusieurs pays.

Déclassement des VE: ce que cela change en Chine

Effets probables, sans catastrophisme ni naïveté:

  • Court terme: pression à l’export. Moins d’aides domestiques + surcapacité = tentation d’écouler au dehors, malgré les barrières. Attendez-vous à des offensives tarifaires d’usine et à des “séries spéciales export”.
  • Moyen terme: consolidation. Fermetures/fusions des acteurs les plus fragiles, montée en gamme des survivants, et bascule des ressources vers batteries de nouvelle génération et logiciel (véhicules “software-defined”).
  • Long terme: industrie plus exigeante, moins de volumes subventionnés, davantage d’intégration techno. Pékin semble préférer “moins mais mieux”, en phase avec son agenda de souveraineté technologique.

ℹ️ Bon à savoir

  • Les objectifs climatiques chinois (part d’énergies non fossiles, déploiement d’infrastructures de charge, électrification des flottes publiques) demeurent. Ce n’est pas un recul climatique, mais un recalibrage industriel.

Europe: menace fantôme… ou choc à retardement ?

L’inquiétude d’un raz-de-marée “dumpé” n’était pas fantasmée — mais elle évolue.

  • Scénario 1 (2026–2027): déstockage à l’export. Avant que la consolidation ne fasse son œuvre, des volumes agressifs pourraient viser l’UE, malgré la hausse des droits. Risque: pression extrême sur le segment C–D à 20–35 k€.
  • Scénario 2 (2027–2028): montée en gamme chinoise. Moins de “low-spec”, davantage de VE aboutis (logiciel, sécurité fonctionnelle, efficience). La menace change de nature: valeur perçue élevée, pas seulement le prix.
  • Scénario 3: “Industrialisation locale”. Pour contourner les droits, les groupes chinois accélèrent l’assemblage en Europe (ou pays tiers associés), avec contenu local progressif. Le risque se déplace de la douane au terrain industriel.

Conséquences pour les acteurs européens

  • Constructeurs: le cœur de gamme électrique reste le champ de bataille. Sans rupture de coûts batteries/logiciel, les marges resteront comprimées. L’hybridation (PHEV/HEV efficients) peut jouer l’amortisseur à court terme, mais ne dispense pas d’une VE compétitive dès 25–30 k€.
  • Batteries et logiciel: l’écart se joue autant en BMS, efficience et OTA qu’en cathodes. L’avance chinoise sur la LFP et la mise en production de technologies présolide impose d’accélérer en Europe les plateformes 800V et l’efficacité globale.
  • Réseau et service: l’avantage tarif ne suffit pas si l’UX, le service et la fiabilité logicielle sont différenciants. Terrain où l’Europe peut reprendre la main.

📌 Rappel contexte commercial

  • États-Unis: droits de 100% qui ferment de facto le marché aux VE chinois.
  • UE, Canada, Turquie, Mexique: droits relevés et enquêtes anti-subventions. Les flux s’adaptent, mais la pression sur les prix mondiaux demeure.

Les 5 mouvements à engager côté européen (dès 2026)

  1. Cibler le coût voiture complète, pas seulement la cellule
  • Plateformes VE dédiées frugales, chaînes d’assemblage flexibles, intégration verticale raisonnée des packs. Objectif: VE net-net à 25–30 k€ TTC, en respectant les marges.
  1. Accélérer les chimies “bon ratio coût/autonomie”
  • LFP optimisée, sodium-ion pour l’entrée de gamme, packs structurels. Mutualiser les volumes au niveau européen et sécuriser l’accès aux matériaux via le Critical Raw Materials Act.
  1. Miser sur le logiciel utile
  • Efficience, confort, sécurité fonctionnelle et mise à jour OTA fiables. Faire simple et robuste avant le “tout gadget”. L’IA embarquée au service de la consommation réelle et de la durabilité.
  1. Réparer le maillon après-vente
  • Pièces, diagnostic et MAJ logicielles rapides. Un levier majeur d’attractivité face à des offres importées au backoffice parfois plus fragile en Europe.
  1. Politiques publiques fines, pas massives
  • Bonus conditionnés à l’empreinte carbone du cycle de vie, appels d’offres publics favorisant les meilleures intensités CO2, tarification réseau/énergie plus lisible pour l’utilisateur. Calibrer les droits de douane pour protéger sans renchérir inutilement la décarbonation.

💡 Astuce d’expert

  • L’arme secrète reste l’efficience. Un VE qui consomme 13–14 kWh/100 km sur autoroute réelle change la donne: pack plus petit, coût moindre, temps de charge réduit — et donc une compétitivité qui résiste mieux aux chocs tarifaires.

À retenir en 30 secondes

  • Pékin prépare un déclassement des VE en tant qu’“industrie stratégique” et serre la vis des aides: moins de perfusion, plus d’exigence.
  • Le marché chinois est en surchauffe: stocks artificiels, prix cassés, consolidation à venir.
  • À court terme, l’Europe pourrait faire face à une poussée d’exportations agressives; à moyen terme, à des VE chinois mieux finis et mieux dotés.
  • La bonne réponse européenne: efficacité industrielle, efficience énergétique, logiciel utile et politique publique ciblée. La fenêtre 2026–2028 sera décisive.

En bref, la “menace” n’est ni un mirage ni une fatalité: elle change de forme. À l’Europe de s’ajuster vite — et bien — pour transformer ce choc en aiguillon de compétitivité.

Crise de l’électrique : pourquoi des équipementiers français lèvent l’ancre — et ce que l’Europe risque

En bref:

  • Les équipementiers français diversifient hors (ou à côté) de l’automobile — vélos électriques, hydrogène, défense, électronique, bâtiment — face à des volumes EV insuffisants, incertitudes réglementaires et choc de compétitivité, mettant en péril emplois et capacités industrielles.
  • Sans stabilisation des règles, engagements de volumes, aides ciblées et co‑investissements, la perte de fournisseurs clés affaiblira la souveraineté européenne et freinera l’électrification.

La crise actuelle ne frappe pas seulement les constructeurs. En première ligne, les sous-traitants français — colonne vertébrale de la filière — révisent en urgence leur feuille de route. Entre volumes en berne, incertitudes réglementaires et choc de compétitivité, nombre d’équipementiers diversifient leur activité… parfois hors de l’automobile, pour sauver leurs usines et leurs compétences. et choc de compétitivité, nombre d’équipementiers diversifient leur activité… parfois hors de l’automobile, pour sauver leurs usines et leurs compétences.

Ce mouvement défensif, encore discret mais réel, pose une question stratégique: combien de temps l’Europe pourra-t-elle électrifier ses routes si sa base industrielle s’effrite?

De l’injection diesel au vélo électrique: la diversification contrainte

  • SAB (Loire), champion des pièces d’injection diesel, a vu son pic d’activité auto en 2023 s’éroder. Pour éviter la casse sociale, le groupe investit désormais un autre marché: des cadres de vélos électriques en aluminium moulé monobloc, sans soudure. Un pivot qui réemploie ses savoir-faire fonderie/usina­ge tout en dé-risant l’exposition à l’automobile.
  • SODEMOT MF accélère vers l’hydrogène (pièces critiques), la défense et le bâtiment, portée par des investissements en frappe à froid pour de nouveaux alliages.
  • L’Entreprise Blésoise s’ouvre aux composants hydrogène (piles à combustible), applications fixes) et aux pièces de très haute précision pour l’industrie et la défense. applications fixes) et aux pièces de très haute précision pour l’industrie et la défense.
  • Eurocast Châteauroux ajoute une brique technologique sur les carters de moteurs électriques en injection aluminium sous pression: une diversification “dans” l’auto électrique, qui illustre la double voie possible.

Ces trajectoires ont un point commun: réemployer des compétences cœur (métallurgie, usinage, injection, qualité), mais sur des marchés plus porteurs ou plus lisibles que l’auto 2025.

📌 À retenir (repères 2025)

  • En France, la part de marché des VE reste autour de 16% quand il en faudrait 25–27% à ce stade pour tenir 2035 (PFA).
  • 40 000 emplois auto perdus en 5 ans, 1 million de véhicules de production en moins; 75 000 emplois des équipementiers menacés d’ici 2035 (PFA/Xerfi).
  • La part des fournisseurs européens dans la valeur pourrait tomber de 70% à 50%, voire 40% sans réaction rapide (Commission européenne).
  • Plus de 300 Md€ investis en décarbonation ces 5 dernières années en Europe, avec de nombreux actifs non rentables (ACEA).

Pourquoi ils décrochent: six facteurs qui s’additionnent

  1. Volumes erratiques et effet ciseaux
  • Marché européen post-Covid atone vs États-Unis/Chine.
  • Mix produit tiré vers le haut (poids/prix), guerre des prix sur l’électrique, et carnets moins prévisibles pour les rangs 2/3.
  1. Incertitude réglementaire et fiscale
  • Changement de règles répétés depuis 2017, bonus/malus et normes CO2 mouvants.
  • Sur les utilitaires légers (VUL), le TCO des VE pénalise artisans/PME, rendant des cibles “tout-électrique” inatteignables à court terme selon les industriels.
  1. Choc de compétitivité-coûts
  • Énergie plus chère, coût du capital, taux élevés, accès aux financements plus strict.
  • Concurrence chinoise très compétitive; avantage américain via politiques industrielles massives. américain via politiques industrielles massives.
  1. Transition technologique asymétrique
  • L’électrique élimine/compresse des familles de pièces (injection, échappement, boîtes complexes).
  • Intégration verticale des constructeurs sur batteries/électronique, rognant la part fournisseur.
  1. Conformité et overhead réglementaire
  • Chez certains, jusqu’à un quart du temps ingénieur consacré à la conformité: charges fixes élevées qui pèsent davantage sur les PME/ETI.
  1. Trajectoire 2030–2035 encore floue
  • Flexibilités post-2035 (REEV, e‑fuels) sur la table, rôle des PHEV pas clarifié; définition de la “voiture européenne” à venir; statut des “petits véhicules” en gestation. définition de la “voiture européenne” à venir; statut des “petits véhicules” en gestation.

Diversifier, oui — mais où? Les marchés adjacents crédibles

  • Micro‑mobilités et cycles: cadres, composants, motorisation légère, fonderie alu/magnésium.
  • Hydrogène: pièces de piles, vannes haute pression, échangeurs, usinage haute précision.
  • Électronique de puissance/thermomanagement: dissipateurs, boîtiers, sous-ensembles refroidis pour VE, data centers ou ENR.
  • Défense/aéronautique: tolérances serrées, séries moyennes, certifications — continuité naturelle pour des mécaniciens de précision.
  • Bâtiment/énergie: composants pour pompes à chaleur, compresseurs, réseaux de chaleur.
  • Économie circulaire: reconditionnement, recyclage métaux/batteries, réparation — marchés tirés par les exigences ESG.
  • Ferroviaire, machines spéciales, agriculture connectée: diversification progressive avec CAPEX mesuré.

💡 Conseil d’expert
Un “bon pivot” réutilise 50–70% du parc machines et 60–80% des compétences cœur, vise un time‑to‑market < 24 mois et sécurise au moins un client ancre avec engagement volumique. Au-delà, le risque de dilution industrielle explose.

Souveraineté industrielle: le risque d’une érosion silencieuse

Si les rangs 2/3 (fonderie, plasturgie, découpage, électronique, outillage) se retirent partiellement de l’auto, l’Europe perd plus que des capacités: elle perd sa capacité d’accélération. À court terme, cela signifie plus d’importations d’Asie pour des pièces critiques; à moyen terme, une fragilité systémique sur la montée en cadence des véhicules électriques et utilitaires décarbonés. La souveraineté, c’est d’abord une densité d’usines et d’ingénieurs au plus près des lignes d’assemblage.

Que peut encore changer en 2025? Les pistes sur la table

  • Régulation européenne en ajustement

    • Annonce attendue le 10 décembre: découplage VP/VUL pour les cibles CO2, définition de la “voiture européenne” conditionnant les aides, cadre spécifique pour les “petits véhicules” (objectif prix 15 000–20 000 €). cadre spécifique pour les “petits véhicules” (objectif prix 15 000–20 000 €).
    • Ouverture discutée aux REEV et aux carburants de synthèse après 2035; visibilité encore limitée pour les PHEV.
  • Compétitivité et “contenu local intelligent”

    • Les industriels plaident pour des incitations pro‑compétitivité (énergie, infra de recharge, simplification), une neutralité technologique pragmatique et des critères de contenu local lisibles, moyens sur l’ensemble des ventes plutôt que des usines à gaz réglementaires.
  • Contrats et volumes: le nerf de la guerre

    • Les constructeurs peuvent stabiliser leur base fournisseurs via pré‑engagements pluriannuels, partage de risques outillage et cadence de SOP mieux lissée.

🧭 Chiffres‑clés à surveiller d’ici fin 2025

  • Décisions de Bruxelles sur VP/VUL, petits véhicules et “voiture européenne”.
  • Capacité réelle des gigafactories et des fonderies européennes à livrer au T2‑T3 2026.
  • Taux d’attrition des rangs 2/3 en France (cessions, fermetures “à bas bruit”).
  • Niveau des malus/bonus 2026 et leur stabilité sur 12–18 mois.

Outils publics: comment éviter la fuite des compétences

  • France 2030 — “Première Usine”: accélérer l’industrialisation de nouvelles lignes (électronique de puissance, hydrogène, micro‑mobilités) et ancrer des productions sur le sol français.
  • “Rebond Industriel” (Bpifrance): combler les trous de financement sur des projets structurants, y compris modernisation énergétique des ateliers.
  • Aides à l’Industrie du Futur: robotique, IA, fabrication additive, capteurs — productivité et qualité au service de la compétitivité‑coût.
  • ADEME et dispositifs régionaux: efficacité énergétique, chaleur renouvelable, économie circulaire.
  • Formation‑reconversion: requalifier rapidement vers l’électrification (câblage HV, tests batterie), l’électronique et la qualité logicielle.

✅ Feuille de route “anti‑décrochage” pour la filière

  • Sécuriser des séries minimales locales sur pièces stratégiques (contenu local moyen, clauses d’approvisionnement).
  • Co‑investir constructeurs‑équipementiers sur modules critiques (e‑drives, onduleurs, cases alu).
  • Dégeler la rentabilité: énergie compétitive, amortisseurs sur le coût du capital, guichets rapides pour CAPEX.
  • Stabiliser normes et fiscalité sur 3 ans, regrouper les nouveautés en “paquets” triennaux.
  • Accélérer le segment “petits véhicules” sobres et abordables, afin d’élargir le marché et redonner des volumes aux fournisseurs.
  • Mettre en place un fonds de consolidation des rangs 2/3 pour éviter les fermetures silencieuses.

En clair, diversifier n’est pas trahir: c’est survivre. Reste à transformer ces pivots défensifs en tremplins industriels, avec des règles lisibles, des volumes crédibles et une compétitivité retrouvée, pour que l’électrification rime encore avec emplois et savoir‑faire en France.

Formule E Gen4 plus vive qu’une F1: décryptage d’un choc et ce que ça change pour nos sportives électriques

En bref:

  • La Gen4 de Formule E promet un 0–100 ≈1,8 s—devant une F1—grâce à l’AWD, la vectorisation de couple, une régénération massive et un logiciel moteur/traction centralisé; en revanche la F1 garde l’avantage sur un tour (aérodynamique, slicks, masse, vitesse moyenne).
  • Pour les sportives de série, cela signifie plus de logiciels, transmissions pilotées et régénération accrue, mais les transferts seront limités par le coût, la gestion thermique, le poids et la durabilité.

La scène a de quoi bousculer les certitudes: annoncée pour 2026-2027, la Formule E Gen4 revendique un 0 à 100 km/h en 1,8 s, plus rapide qu’une F1. Derrière l’effet d’annonce, il y a un vrai saut techno: quatre roues motrices actives, régénération record, aérodynamique repensée et… un logiciel qui devient la pièce maîtresse de la performance.

Au-delà du symbole, cette rupture interroge l’avenir des sportives électriques de série. Voici l’analyse, chiffres posés et idées claires, d’un bouleversement qui pourrait déborder très vite des circuits urbains.

Ce que la fiche technique dit vraiment

  • Puissance: jusqu’à 600 kW (≈ 815 ch) en mode d’attaque, 450 kW en conditions course.
  • Transmission: intégrale permanente (avant + arrière) avec vectorisation de couple.
  • Accélération: 0 à 100 km/h annoncé en ≈ 1,8 s.
  • Régénération: jusqu’à 700 kW, environ 40% de l’énergie d’un ePrix issue du freinage.
  • Batterie: 55 kWh, gestion thermique et structure optimisées.
  • Aérodynamique: deux configurations (appui élevé pour qualifs, traînée réduite en course).
  • Pneus: rainurés fournis par Bridgestone à partir de 2026.
  • Vitesse de pointe: > 337–338 km/h indiqués.
  • Masse: légèrement au‑dessus d’une tonne.
  • Conception: matériaux 100% recyclables, dont au moins 20% déjà recyclés.
  • Déploiement: premières courses en 2026/27; tests en cours chez Porsche, Nissan, Jaguar, Stellantis, Lola Cars.

📌 À retenir

  • Oui, la Gen4 démarre plus fort qu’une F1 sur 0–100 km/h.
  • Non, elle ne tournera pas plus vite qu’une F1: la F1 garde l’avantage en virages et en vitesse moyenne au tour.

Pourquoi la Gen4 “décroche” la F1 au départ

  • Motricité: l’intégrale permanente répartit le couple sur 4 roues, limite le patinage et exploite mieux l’adhérence au démarrage. Une F1 reste une propulsion.
  • Couple instantané: l’électrique répond sans latence. Sur les 0–100, le facteur limitant n’est pas la puissance brute, mais l’adhérence. La Gen4 maximise ce paramètre.
  • Logiciel: la gestion en temps réel du couple (torque vectoring), de la traction et du freinage-by-wire lisse les pertes et stabilise la voiture dès les premiers mètres.
  • Géométrie urbaine: sur revêtements bosselés et grip variable, l’AWD et les algorithmes font la différence.

ℹ️ Note méthodologique
Comparer un 0–100 isolé n’équivaut pas à comparer des performances sur un tour ou une course complète, où l’aéro, le poids, les pneus et l’énergie soutenue dominent.

Là où la F1 garde (largement) l’avantage

  • Aérodynamique: une F1 génère plus d’appui utile avec moins de traînée et reste souveraine dans les courbes rapides.
  • Pneumatiques: slicks hautes performances en F1 vs pneus rainurés en Formule E; écart majeur en grip latéral.
  • Masse et inertie: environ 800 kg pour une F1, plus d’une tonne pour la Gen4: transferts de charge et freinages s’en ressentent.
  • Vitesse et rythme: pointes supérieures (~360–370 km/h en F1) et vitesses de passage en virage incomparables; au chrono, la F1 reste devant.
  • Énergie soutenue: la F1 dispose d’un système hybride thermique/électrique conçu pour délivrer une puissance élevée de manière continue; la FE joue davantage l’efficience et la stratégie d’énergie.

Ce que cela change en piste: stratégie et spectacle

  • Courses plus rythmées: 700 kW de régénération et 40% d’énergie issue du freinage autorisent des phases d’attaque plus fréquentes, moins de gestion “passive”.
  • Overtakes: l’explosivité entre deux virages serrés et la motricité à la réaccélération augmentent les opportunités de dépassement.
  • Réglages différenciants: plus de libertés accordées aux équipes sur les différentiels et algorithmes de contrôle. Attendez-vous à des philosophies de mise au point très distinctes selon les constructeurs.
  • Aérodynamique à deux visages: forte déportance pour la qualif, traînée réduite pour la course afin de favoriser l’économie d’énergie et les attaques.
  • Circuits: le gabarit et la vitesse grimpent; certains tracés urbains étroits (comme Londres) pourraient évoluer. La FE veut garder son ADN “street”, mais la sécurité dictera des adaptations.

💬 “Bien plus qu’une monoplace, la Gen4 condense une décennie d’innovation électrique.” Le message est clair: la Formule E se positionne comme laboratoire roulant, désormais rapide et crédible.

Et demain sur nos routes? Les transferts concrets vers les sportives électriques

  • Transmission intégrale pilotée: la vectorisation de couple (avant/arrière, voire roue par roue via différentiels actifs) affine la motricité et la stabilité sur route ouverte, surtout sur sol humide.
  • Freinage-by-wire et régénération puissante: la FE pousse le curseur à 700 kW. Sur route, on ne visera pas de tels pics, mais les prochaines sportives franchiront plus sereinement les 200–300 kW de récup, avec une transition friction/électrique imperceptible.
  • Logiciel au centre du jeu: cartographies d’énergie prédictives, gestion thermique proactive, “châssis défini par logiciel”. C’est déjà le cas chez Porsche, Tesla, Lucid ou Rimac; la FE accélère la maturité de ces briques.
  • Packaging batterie: 55 kWh utilisés à puissance très élevée sur des durées courtes. Enseignements sur la résistance aux pics, le refroidissement et la longévité des cellules, directement exploitables sur route pour limiter la dégradation lors d’usages intensifs.
  • Matériaux et circularité: un châssis 100% recyclable et 20% de contenu recyclé montrent la voie. Les volumes auto imposent d’autres compromis, mais la trajectoire est lancée.

🎯 Astuce d’expert
Sur route, l’intérêt n’est pas de “copier” la FE, mais de transposer les bons leviers: gestion logicielle, contrôle du couple et régénération forte. C’est là que se joue l’agrément… et l’autonomie.

Les limites au transfert, à ne pas sous-estimer

  • Coûts et complexité: différentiels actifs, capteurs, calculateurs et calibres logiciels ont un prix. Tous ne passeront pas en grande série à court terme.
  • Contraintes thermiques: soutenir des pics de puissance ou de régénération dégrade la batterie si le refroidissement n’est pas exemplaire. La route exige de la robustesse avant tout.
  • Poids et réglementations: sécurité, crash-tests, acoustique/agrément, confort. Les arbitrages routiers diffèrent profondément d’une monoplace.
  • Pneus: les gains en motricité supposent des gommes adaptées; leur durabilité et leur résistance énergétique (RR) restent clés pour l’usage quotidien.

F1 vs Formule E Gen4: trois repères pour bien comparer

  • Le 0–100: la Gen4 est devant grâce à l’AWD et au couple instantané.
  • Le tour lancé: la F1 reste intouchable (aéro, slicks, masse, vitesse moyenne).
  • L’ADN: FE = efficacité urbaine et techno logicielle; F1 = performance absolue sur grands tracés.

En bref, la Gen4 signe un basculement: l’électrique n’est plus seulement efficiente, elle devient férocement rapide là où l’adhérence et le logiciel priment. Si la F1 garde la main au chrono, la Formule E impose désormais une référence en départ arrêté et en intelligence énergétique — et c’est exactement ce dont nos futures sportives électriques ont besoin.

Maroc, l’atelier européen de Renault et Stellantis: menace pour la France ou pivot pour des voitures (électrifiées) abordables ?

En bref:

  • Le Maroc est devenu un hub near‑shore majeur pour Renault et Stellantis (>1 M de capacités, intégration locale ~65–69%, coûts bas, port Tanger Med), facilitant la production de VE/hybrides abordables pour l’UE.
  • Plutôt qu’une simple menace, c’est une opportunité: garder la R&D, l’électronique et la valeur ajoutée en Europe tout en coordonnant énergie, règles d’origine et formation pour préserver emplois et accélérer la décarbonation.

L’alerte sur la filière automobile française s’est durcie en 2025, jusqu’à évoquer un possible “crash”. Dans le même temps, le Maroc a franchi un cap: hub industrialo‑logistique majeur de Renault et Stellantis, il dépasse désormais le million d’unités de capacité et vise deux millions à l’horizon 2030. Délocalisation de plus ou réorganisation lucide face à la pression asiatique et au défi des voitures électriques abordables ?

Au-delà des slogans, voici les faits, les rouages et les conséquences concrètes pour la transition et l’emploi de part et d’autre de la Méditerranée.

À retenir (chiffres-clés)

  • Capacité auto au Maroc: >1 million de véhicules, cap sur 1,45 puis 2 millions d’unités
  • 270 fournisseurs, intégration locale 65–69% aujourd’hui, visée: ~80% à 2030
  • 2023: 14,1 Md$ d’exportations automobiles, 1er secteur exportateur du pays
  • Renault Maroc: ~400 000 véhicules visés fin 2025 (≈18% de la prod. mondiale du groupe)
  • Stellantis Kénitra: montée à ≈530–535 000 véhicules/an
  • Coût de main-d’œuvre ultra-compétitif: ≈106 $ par véhicule (benchmark 2025)
  • Logistique premium: port Tanger Med, “Europe à un jour” par route

Pourquoi le Maroc est devenu un “near-shore” stratégique

  • Compétitivité-coût et productivité: coûts salariaux bas mais process aux standards IATF/VDA, diffusion du Lean/TPS. Selon une étude 2025, le Maroc devance même la Chine en efficacité sur certains segments.
  • Connexions et fiabilité: Tanger Med comme hub de classe mondiale, accords de libre‑échange donnant accès à 2,5 Md de consommateurs, proximité Espagne/France/Italie.
  • Talents et formation: IFMIA (Casablanca, Kénitra, Tanger), plus de 50 000 professionnels formés, montée des compétences d’ingénierie (19 000 ingénieurs diplômés/an, 42% de femmes).
  • Énergie plus décarbonée et coût compétitif: atout clé pour des usines orientées VE/hybrides.
  • Politique industrielle cohérente: écosystèmes câblage, intérieurs, moteurs, batteries; foncier industrialo‑portuaire; incitations ciblées.

Ce que font Renault et Stellantis au Maroc

Renault: de l’usine à l’écosystème techno-industriel

  • Production: Tanger + Somaca Casablanca, Dacia Sandero/Jogger, Renault Express, Mobilize Duo/Bento; objectif 400 000 unités en 2025.
  • Localisation: 87 fournisseurs de rang 1; 2,5 Md€ d’achats locaux déjà atteints (objectif 2030 anticipé); 66% de localisation hors mécanique, trajectoire vers ~80–91% selon périmètre.
  • R&D et digital: création de Renault Technologie Maroc (RTMA, Tétouan/Tanger) pour piloter développements/adaptations/homologations locales; nouveau pilier Renault Digital à Casablanca (troisième hub mondial).
  • Montée technologique: installation d’un procédé de pressage à chaud inédit en Afrique (pièces plus légères/rigides); montée des compétences batteries, électronique embarquée, IA, recyclage.
  • Produits: électrification progressive Dacia; Sandero Stepway hybride en Europe au T4 2026; nouvelle plateforme Dacia électrifiée d’ici 2030.
  • Emploi et formation: avenant 2025–2030 pour créer 7 500 emplois; >3 M d’heures de formation depuis 2011; master ingénierie auto 4.0.

Côté batteries, Renault multiplie les sources (NMC et LFP “cell-to-pack”) (NMC et LFP “cell-to-pack”) et a intégré Gotion à son panel en lien avec un projet industriel au Maroc – logique prudente d’achats multi-technologies pour réduire les coûts dès 2026.

Stellantis: Kénitra change d’échelle

  • Capacité: extension à ≈530–535 000 véhicules/an.
  • Mix produits: véhicules urbains électriques (Citroën Ami, Fiat Topolino, Opel Rocks), nouvelle génération “Smart Car” (dont déclinaisons électrifiées) et objectif d’environ 70 000 VE/an.
  • Écosystème: Africa Technical Center à Casablanca (≈1 000 ingénieurs/techniciens), investissements fournisseurs, montée d’intégration locale.
  • Emploi: +3 000 recrutements prévus avec l’extension; standardisation qualité et montée en complexité produits.

Menace pour la filière française ou réorganisation nécessaire ?

  • Oui, il y a un risque de délocalisation d’assemblage et de fournisseurs “prix-dépendants” si la France ne bouge pas. Le Sénat a pointé en octobre 2025 un risque de “disparition” si coûts/énergie/réglementations restent défavorables.
  • Mais il existe une complémentarité puissante: un “Europe élargie” qui combine R&D, software, batterie/électronique et industrialisation avancée en France/UE avec un near‑shore compétitif au Maroc au Maroc pour les segments à forte sensibilité prix (citadines, B‑SUV, utilitaires légers, micro‑VE).
  • La véritable menace, ce n’est pas le Maroc: c’est l’écart de compétitivité face à la Chine et aux États‑Unis sur les VE abordables. Sans base de coûts optimisée, l’Europe laissera filer le marché des petites voitures électrifiées… et l’emploi amont qui va avec.

📌 À ce jour, environ 90% des volumes marocains partent vers l’UE: toute contraction européenne ou surenchère réglementaire rejaillit immédiatement sur Tanger/Kénitra. Les destins sont liés.

Travail “subalterne” au Maroc ? Les faits, sans posture

  • Il existe bel et bien des centres d’ingénierie et de développement: RTMA chez Renault; Africa Technical Center (Stellantis) à Casablanca; coentreprises d’ingénierie (ex. MG2 Magna–Altran).
  • Les sites marocains intègrent des procédés de pointe (pressage à chaud), une digitalisation accélérée (jumeaux numériques) et une robotisation sélective.
  • Nuance indispensable: l’essentiel de l’ingénierie amont, des plateformes et des systèmes critiques reste encore conçu en Europe. La montée en gamme marocaine est réelle mais progressive, tirée par l’industrialisation, l’adaptation produit et la validation.

Autrement dit: le Maroc n’est plus un simple “atelier CKD”, mais pas encore un moteur global de conception. C’est une marche nécessaire pour fiabiliser des chaînes euro‑méditerranéennes résilientes.

Transition énergétique: l’équation coût–CO2 des VE accessibles

  • Énergie: l’électricité marocaine, de plus en plus renouvelable, réduit l’empreinte de fabrication des modèles électrifiés/hybrides.
  • Logistique courte: à un jour de route des hubs UE, avec un maillon maritime court; l’empreinte transport reste contenue.
  • Effet prix: des coûts usines plus bas rendent possible des VE/hybrides sous contrainte budgétaire, clé pour décarboner un marché européen qui ne s’est pas remis des hausses de prix post‑Covid.
  • Pragmatisme: l’hybride reste, à court terme, un levier massif de CO2 évité par euro dépensé. Generaliser l’électrique sans accessibilité revient à ralentir la décarbonation réelle du parc.

Que faire côté France/UE pour que tout le monde gagne ?

  • Miser sur la valeur: électronique de puissance, logiciels embarqués, architectures E/E, packs batteries et recyclage en France/UE.
  • Relancer la petite voiture: standards industriels frugaux, plateformes dédiées <4,20 m, et incitations ciblées pour l’acheteur final.
  • Baisser le coût de l’énergie: contrats de long terme, accès prioritaire à l’électricité décarbonée pour les sites auto.
  • Automatiser intelligemment: lignes flexibles, changement de dérivé en quelques semaines; “digital twin” systématique.
  • Faire alliance avec le Maroc: règles d’origine favorables euro‑méditerranéennes, filière batteries conjointe, mobilité des talents (formations, visas pro).
  • Réguler avec réalisme: calendrier VE/Euro 7/CAFE aligné sur l’accessibilité; soutien transitoire à l’hybride là où l’infra VE est insuffisante.

2026–2030: ce qui arrive concrètement

  • T4 2026: Dacia Sandero Stepway hybride pour l’Europe, montée en cadence des dérivés électrifiés.
  • 2026–2028: extension Kénitra Stellantis (≈530k), industrialisation Smart Car, objectifs VE ~70k/an.
  • 2025–2030: déploiement RTMA, hub digital Renault à Casablanca, intégration locale vers ~80%.
  • Cap Maroc: 1,45 million d’unités visées puis 2 millions; dépendance au cycle européen toujours forte.
  • Europe: si les mesures pro‑compétitivité tardent, la pression chinoise sur les VE low‑cost s’accentuera.

En filigrane, le Maroc illustre une stratégie “fabriquer proche, fabriquer juste” qui peut sauver les volumes européens… si les centres de gravité technologiques et décisionnels restent en Europe et travaillent en miroir avec la rive sud.

Au fond, le Maroc n’est ni un danger ni une panacée: c’est le miroir industriel d’un choix européen. Savoir articuler R&D et haute valeur en France avec un near‑shore compétitif au Maroc conditionnera notre capacité à proposer des voitures électrifiées abordables sans vider l’industrie de son cœur.

Poissy en sursis, le Maroc en hub: l’électrique redistribue la donne

En bref:

  • Poissy voit son avenir industriel incertain (fin prochaine des modèles DS3/Mokka, reconversion possible) pendant que le Maroc (Tanger/Kénitra) s’impose comme hub low‑cost et proche de l’Europe pour l’assemblage EV, avec capacité, fournisseurs et montée en compétence.
  • La pression prix de l’électrique favorise le nearshoring; la France doit se recentrer sur les « briques critiques » (batteries, moteurs, électronique, logiciel), conditionner les aides et accompagner la reconversion des emplois pour préserver sa souveraineté industrielle.

La juxtaposition est cruelle. En Île-de-France, Poissy attend une annonce sur son avenir industriel, entre rumeurs de reclassement et fin de production automobile. À 1 800 km au sud, Tanger et Kénitra tournent à plein régime, et le Maroc s’affirme comme base d’exportation à bas coûts pour l’Europe. Au cœur de cette bascule: la pression prix de la voiture électrique, les arbitrages de Stellantis et Renault, et une question très française de souveraineté industrielle.

Sans caricature, ni catastrophisme, décryptage d’un «nearshoring» qui rebat les cartes.

Poissy, la fabrique du doute

  • Aujourd’hui, Poissy n’assemble plus que deux modèles, DS 3 et Opel Mokka, en fin de cycle dans moins de deux ans. Rien n’est annoncé pour la suite, d’où l’angoisse des quelque 2 000 salariés.
  • La CGT affirme que la fin de la production de voitures a été actée; Stellantis dément formellement et parle d’«activités annexes» à l’étude: emboutissage, logistique, reconditionnement, voire préparation de batteries.
  • Antonio Filosa, directeur général de Stellantis, a assuré début novembre que «la France reste le cœur» des activités européennes du groupe et annoncé des recrutements d’ingénieurs en 2026. Mais le sort de Poissy demeure suspendu à une décision attendue d’ici la fin de l’année.

📢 Citation
« Jamais l’arrêt de la production à Poissy n’a été annoncé lors de cette réunion. » Porte-parole de Stellantis
« Il est à peu près sûr que Poissy ne produira plus jamais 100 000 voitures/an. » Bernard Jullien, économiste de l’automobile

Pendant ce temps au Maroc, l’ascension s’accélère

Le royaume a méthodiquement bâti un écosystème compétitif:

  • Près d’1 million de véhicules de capacité installée (Tanger, Kénitra, Casablanca), 270 fournisseurs de rang 1 et 2, 69% d’intégration locale.
  • 14,1 Md$ d’exportations auto en 2023; le pays est devenu le 2e exportateur de voitures vers l’UE en 2021 (OCDE).
  • Coût de main-d’œuvre moyen: 106 $ par véhicule (Oliver Wyman 2025), l’un des plus bas au monde, combiné à la proximité Europe (Tanger Med, «accès en un jour» vers l’Espagne/France/Italie).
  • Feuille de route 2025-2030 avec Renault pour produire des hybrides/électriques d’ici 2030, créer 7 500 emplois et développer un centre d’ingénierie; montée en cadence visée à 1,45 million puis 2 millions d’unités.

ℹ️ À noter
Selon l’agence marocaine de promotion des investissements (AMDIE), plus de la moitié de la production automobile française réalisée hors de France l’est désormais… au Maroc.

Pourquoi ce «nearshoring» séduit les constructeurs

  • L’électrique impose un «prix plancher» nouveau: pour vendre des BEV à 20–30 000 €, il faut compresser chaque poste de coût. La main-d’œuvre marocaine, combinée à une logistique courte, agit comme un amortisseur sans les risques de très longue chaîne Asie-Europe.
  • La standardisation des plateformes et l’automatisation réduisent l’avantage historique des grands clusters européens; l’assemblage final peut être déplacé sans perte majeure de qualité, tant que la supply chain suit.
  • Les incitations publiques et la formation (IFMIA, 50 000 professionnels formés, taux d’emploi de 98% annoncés) permettent de sécuriser la montée en compétence locale.

📌 À retenir

  • Ce n’est pas un «grand départ» lointain, mais un recentrage à la porte de l’Europe.
  • Le Maroc joue pour la France le rôle qu’a longtemps joué la Roumanie: un socle de coûts bas, mais proche et interopérable avec les normes européennes.

L’envers français: emplois, sous-traitance, souveraineté

  • La production auto en France a déjà fortement reculé depuis le pic de 2004 (3,66 M de véhicules). En deux décennies, environ 100 000 emplois de la filière ont disparu; un rapport sénatorial (octobre 2025) alerte sur un nouveau risque de 100 000 destructions d’ici 2035 sans virage stratégique.
  • Poissy, comme Flins hier, illustre une reconversion complexe: économie circulaire, reconditionnement, emboutissage… utiles, mais moins intensifs en main-d’œuvre que l’assemblage.
  • La souveraineté ne se résume pas à «faire la voiture entière chez nous». Elle repose sur la maîtrise des briques critiques (cellules et modules de batterie, moteurs électriques, électronique de puissance, logiciel), des normes et de l’ingénierie.

📊 Chiffres clés

  • Poissy: ~2 000 salariés; DS 3 et Opel Mokka en fin de cycle < 2 ans
  • Maroc: 960 000 véhicules/an de capacité; 69% d’intégration locale; 270 fournisseurs; 14,1 Md$ d’export 2023; 106 $/véhicule de coût de main-d’œuvre; objectif 1,45–2 M unités

Exploitation ou ascenseur social? Débat et réalités

Le reproche d’«exploitation» existe: salaires bas, profits captés par des groupes étrangers, dépendance aux donneurs d’ordre. À l’inverse, des témoignages soulignent des emplois formalisés, le respect des normes (IATF, VDA, Lean), des carrières techniques et des effets d’entraînement (logistique, ingénierie, maintenance).

  • Les deux lectures coexistent. La clé est la trajectoire: si le Maroc intensifie R&D, ingénierie produit/process et contenu local à forte valeur, le pays sort du seul rôle d’atelier d’assemblage. Les récents accords Renault (HEV/EV, centre d’ingénierie) vont dans ce sens, mais devront se mesurer en brevets, compétences et salaires dans la durée.

🧭 Conseil d’expert
Ne jugez pas un écosystème à un instant T. Suivez trois indicateurs sur 5 ans: part de R&D localisée, poids des fournisseurs locaux dans les pièces complexes (e-moteurs, power electronics, BMS), progression salariale des métiers techniques.

Que peut faire la France, concrètement?

  • Cibler les «briques critiques» de l’électrique: packs batteries, moteurs, électronique de puissance, logiciels embarqués. Conditionner les aides (bonus, achats publics) au contenu européen de ces briques, pas seulement à l’assemblage final.
  • Réindustrialiser là où l’avantage existe encore: utilitaires électriques, micro-voitures urbaines, séries courtes à forte automatisation, véhicules pro et fleets (TCO décisif, proximité client).
  • Sécuriser les emplois de transition: plans de reconversion qualifiante vers rétrofit, reconditionnement, seconde vie des batteries, maintenance des lignes électrifiées.
  • Structurer la chaîne d’approvisionnement: mutualiser achats d’énergie pour l’industrie, accélérer l’accès aux gigafactories et aux fonderies électroniques européennes, aligner les calendriers des donneurs d’ordre et des ETI.
  • Politique d’achats publics exemplaire (État, collectivités, grands opérateurs): contrats pluriannuels fléchés vers des sites français/européens avec critères CO2 et contenu technologique.

🚦 Carte des risques à surveiller

  • Effet domino sur les sous-traitants d’Île-de-France si Poissy change de nature industrielle
  • Dépendance aux flux transfrontaliers (goulets logistiques, aléas politiques)
  • Érosion des compétences d’assemblage si les reconversions tardent
  • Concurrence Chine/Europe de l’Est sur les prochains modèles d’entrée de gamme

Ce que révèle la bascule vers le Maroc

La transition vers l’électrique récompense les chaînes sobres en coûts et rapides en exécution. Le Maroc coche ces cases et capte une partie croissante de la valeur d’assemblage pour l’Europe, pendant que la France doit se battre pour retenir les couches «nobles» de l’EV. Ce n’est ni un désastre inéluctable, ni une success story simple: c’est la géographie industrielle d’une décennie de rupture.

En clair: si Poissy symbolise une ère qui se ferme, la partie décisive se jouera sur les batteries, l’électronique et le logiciel — là où la France peut encore écrire la sienne.

Garages en alerte: l’électrique grève les recettes… et peut fragiliser l’occasion

En bref:

  • L’arrivée massive des VE réduit les prestations récurrentes et compresse les marges des garages indépendants (moins d’heures facturables, CAPEX HV élevés, accès aux diagnostics et pièces souvent verrouillé).
  • Ce manque de capacité locale fragilise le marché du VO électrique (SoH batterie opaque, délais de reconditionnement, risque de décote et de sinistres coûteux).
  • Solutions prioritaires : ouvrir l’accès aux données et fonctions de réparation, industrialiser la réparation de batteries, financer la transition ateliers et accélérer la formation.

La bascule vers l’électrique ne bouleverse pas que les usines. Elle met aussi sous pression la dernière maille de la chaîne: les ateliers. Aux États‑Unis, de nombreux garages indépendants voient leurs recettes EV fondre. En France, la montée en compétences et l’accès aux outils restent inégaux. Si rien ne change, le maillon maintenance pourrait devenir le talon d’Achille du marché de l’occasion électrique européen.

Ce que l’électrique change vraiment dans un atelier

  • Moins d’entretien récurrent: pas de vidange, ni bougies, ni courroies. La régénération use moins les freins. Résultat: moins de passages atelier et de prestations “faciles” à forte marge.
  • Plus de logiciel, moins de mécanique: des mises à jour OTA, des correctifs à distance… qui court‑circuitent les ateliers indépendants.
  • Garantie batterie “captives”: la plupart des batteries sont couvertes 8 ans/160 000 km. Les gros travaux restent en concession.
  • Outillage et data propriétaires: diagnostics verrouillés, procédures HV, agréments. Sans abonnement ou habilitation, l’indépendant est écarté de nombreuses opérations.
  • Coûts fixes à la hausse: EPI isolants, outillage 1 000 V, marquage de zones HV, formation et assurance plus chères.
  • Pièces et délais: références spécifiques, chaînes d’approvisionnement jeunes, délais qui dégradent la productivité des ponts.

📌 À retenir

  • Aux États‑Unis, une synthèse récente rappelle des marges qui se compriment: moins d’heures facturables, plus d’investissements, et un accès limité aux outils et pièces hors réseau constructeur. En parallèle, PartsTech (2025) indique qu’environ 25% des ateliers US ne prennent toujours pas les VE et 70% disent que les VE pèsent 10% ou moins de leur trafic.
  • En Europe, Reuters (2023) alertait déjà sur la pénurie de techniciens habilités VE, allongeant les délais et les coûts.

France: une montée en compétences encore trop lente

L’Onisep souligne une filière en mutation rapide et la nécessité de compétences en électrotechnique, électronique de puissance et systèmes embarqués. Dans les faits, beaucoup de TPE n’ont ni le temps ni la trésorerie pour former un ou deux collaborateurs plusieurs jours et immobiliser un pont pour les VE.

  • Habilitations et modules HV: plusieurs milliers d’euros par technicien sur un cycle complet (sécurité HT, diagnostic, thermique batterie).
  • Assurance: surprime liée au risque HV et aux protocoles de sécurité.
  • Outillage: de 10 000 à 40 000 € pour équiper correctement un poste HV (EPI, outillage isolé, consignation, levage batterie, borne AC, valises diag).

ℹ️ Bon à savoir

  • Des financements existent (OPCO Mobilités, CPF, France Travail, aides régionales). Ils réduisent la facture, mais n’annulent pas l’impact d’exploitation (immobilisation, temps non facturé, organisation).
  • Les schémas d’accès sécurisé à l’info technique (SERMI) progressent en Europe, mais l’accès aux données temps réel et aux fonctions logicielles reste un point de friction avec plusieurs constructeurs.

L’effet ciseau sur la rentabilité: un exemple chiffré

Imaginons un atelier de 4 ponts, 2 000 interventions/an, panier moyen 280 € TTC, marge brute main‑d’œuvre/pièces 60%.

  • Passage du parc client à 20% VE en 2 ans.
  • Baisse moyenne des visites par véhicule: de ~1,1/an (thermique) à ~0,6/an (VE).
  • Perte de prestations récurrentes (vidanges, filtres, bougies, embrayages): −25 à −35% du chiffre sur la clientèle VE.

Ordres de grandeur annuels:

  • Recettes “perdues” liées au mix VE: −70 à −100 k€ de CA, soit −40 à −60 k€ de marge brute.
  • Investissements et coûts spécifiques: 20 à 50 k€ (équipements HV), +10 à +20% sur la prime d’assurance, 5 à 10 k€ de formation la première année.
  • Gains potentiels si repositionnement: pneus (usure plus forte sur VE), géométrie, freins, refroidissement batterie, ADAS/calibrations, clim: +30 à +60 k€ récupérables si l’atelier capte ces lignes à forte valeur.

Conclusion opérationnelle: sans pivot de l’offre, le point mort remonte. Avec un repositionnement intelligent, l’atelier peut compenser une partie du manque à gagner, mais la phase de transition érode les marges.

Pourquoi c’est un risque systémique pour l’occasion électrique

  • Valeur résiduelle dépendante de la batterie: sans mesure standardisée d’état de santé (SoH) et sans filière locale de réparation de modules, les coûts de remise en état restent opaques, donc décotés.
  • Reconditionnement plus long: si l’indépendant n’est pas formé outillé, le VO attend… et perd de la valeur.
  • Assurance et sinistres: le moindre choc sur un pack peut entraîner une immobilisation longue, voire une épave économique si la pièce est rare/cher. Effet direct sur primes et valeurs de rachat.
  • Confiance des acheteurs: un réseau indépendant fiable et compétitif est un carburant psychologique du VO. S’il manque, l’acheteur reporte son choix ou exige une décote.

📊 Point d’étape France (2025)

  • Plus de 2 millions de VE circulent, la part de marché des électriques à batterie tourne autour de 17% du neuf. Le potentiel après‑vente progresse, mais reste encore concentré en garantie constructeur.
  • Les garages qui basculent vers des services à forte valeur (diag, HV, ADAS, pneus, suspensions) retrouvent des marges, au prix d’une gestion fine des investissements.

Des modèles qui marchent déjà: l’économie circulaire et la spécialisation

Des ateliers français 100% VE misent sur:

  • Réparation et reconditionnement de modules batterie plutôt que remplacement complet.
  • Pièces d’occasion ou reconditionnées quand c’est techniquement et légalement pertinent.
  • Ciblage des véhicules hors garantie, segment peu couvert par les réseaux.
  • Partenariats flottes/leasers pour sécuriser un volume et lisser la saisonnalité.

Exemple inspirant: des garages dédiés à l’électrique apparus dès 2020 ont bâti leur modèle sur la prolongation de vie des véhicules et la baisse du coût moyen de réparation grâce au reconditionné. Quand un pack complet neuf dépasse 10 000 €, une intervention au module peut diviser la note par plusieurs. Ce modèle ne convient pas à tous les cas, mais il change l’équation économique du VO.

Cinq leviers pour éviter le “trou de maintenance” en Europe

  1. Accès aux données et aux fonctions de réparation
  • Étendre et faire respecter l’accès aux données véhicule (diag, télémétrie utile, réinitialisations) pour les indépendants habilités, à tarifs et interfaces raisonnables.
  • Harmoniser les procédures de consignation HV et les référentiels de sécurité.
  1. Industrialiser la réparation batterie
  • Réseaux régionaux de centres de réparation modules/cooling, logistique ADR, protocoles qualité, traçabilité.
  • Accélérer le passeport batterie européen et un standard de mesure SoH opposable pour la vente VO.
  1. Financer la transition atelier
  • Aides ciblées sur les CAPEX HV (40–50% d’abondement), bonus assurance pour ateliers certifiés, amortissements accélérés.
  • Programmes “prêt de compétences” avec constructeurs/équipementiers pour des immersions techniques courtes.
  1. Sécuriser la demande
  • Contrats d’entretien forfaitaires VE adaptés aux indépendants via leasers et grands comptes.
  • Intégrer un contrôle HV (visuel/isolement/cooling) dans certains jalons réglementaires pour créer un flux d’atelier utile, sans alourdir excessivement la charge.
  1. Former massivement, rapidement
  • Habilitations HT modulaires et hybrides (e‑learning + présentiel), calendriers courts, prises en charge OPCO/CPF/France Travail simplifiées.
  • Valoriser des spécialisations rémunératrices: ADAS/calibrations, pneumatiques VE, clim/thermique batterie, châssis.

💡 Conseil d’expert

  • Ne vous “équipez” pas avant de “vendre”: commencez par des offres VE monétisables sans lourds CAPEX (pneus, géométrie, clim, diagnostics de premier niveau, contrôles HV), puis faites monter votre mix et vos prix. Les gros investissements viennent avec des volumes sécurisés (flottes, contrats d’entretien).

🛠️ Check‑list express pour un atelier en 2025

  • Habilitations B0L/H0V pour tous, B2VL/BCL pour référents HV.
  • Procédures et EPI HV en place, traçabilité des interventions.
  • Partenariats pièces VE (réseau équipementiers + reconditionné qualifié).
  • Offre VO: diagnostic SoH batterie avec rapport client clair.
  • Calibrations ADAS et géométrie compatibles VE.
  • Une borne AC interne pour tests et services clients.

Au‑delà des slogans, l’électrique impose un nouveau modèle économique de l’après‑vente. La transition sera rude si l’on laisse seuls les indépendants, mais elle peut devenir un accélérateur de qualité sur le VO si l’on investit dans la formation, l’accès aux données et la réparation batterie: c’est là que se jouera une grande partie de la confiance des acheteurs.

Électriques à 24 % en octobre: miracle ou mirage du « leasing social » ?

En bref:

  • En octobre, les BEV ont atteint un record à ~24 % des immats (+63 % sur un an) mais le marché VP reste en recul YTD (-5,4 %) et l’essor du mois repose largement sur le leasing social (≈7–8k immats) — sans lui, octobre repasserait dans le rouge.
  • Le leasing social démocratise l’accès (0 apport, <200 €/mois) et soutient l’industrie européenne, mais il crée un risque de « falaise » en 2026, des distorsions sur l’occasion et met en lumière les limites techniques de certaines offres (batterie, recharge).

C’est un record: en octobre, près d’une voiture sur quatre immatriculées en France était 100 % électrique. Un bond de +63 % pour les BEV sur un an. De quoi parler de décollage durable ? Pas si vite. Derrière l’euphorie, le marché reste contracté sur l’année et la dynamique repose largement sur un stimulant puissant mais temporaire: le leasing social.

Voici ce que disent vraiment les chiffres… et ce qu’ils ne disent pas.

Chiffres clés d’octobre 2025

  • Marché VP total: entre 135 529 et 139 514 immatriculations, soit environ +2,9 % vs octobre 2024.
  • Électriques (BEV): ~34 000 unités, +63 % sur un an, pour 24–24,5 % de part de marché (record).
  • Mix de clients: particuliers en hausse (+6 à +6,1 %), flottes en retrait (~-9 à -10 %), loueurs courte durée très dynamiques (+53 %).
  • Leasing social: 41 500 bénéficiaires au 30/10 (sur 50 000 possibles). Estimation d’immats liées au dispositif en octobre: 7 000 à 8 000. Sans ce levier, le marché du mois retomberait autour de 132 000 unités (≈ -2,6 % vs 2024).
  • Depuis janvier: 1,326 million de VP immatriculés (-5,4 %). VUL: -7 %.

📌 Le point méthode
Les écarts entre 135 529 et 139 514 unités proviennent de sources et périmètres différents (PFA, AAA Data, segments de clients, corrections de jour ouvré). La tendance, elle, est claire: légère reprise en octobre, année toujours en recul.

Qui gagne, qui perd

  • Renault en patron: la R5 E-Tech écrase le mois avec 4 551 immats. Le Scénic E-Tech (≈ 1 670) confirme sans le leasing social; la R4 (≈ 1 201) progresse en douceur; Mégane E-Tech (≈ 1 166) profite du contexte.
  • Stellantis se redresse sur l’électrique: e-208 (2 436) second du mois, e-2008 (1 630) remonte. Citroën ë-C3 déçoit au regard de son prix (1 391).
  • Tesla résiste: Model Y à 1 660 dans un mois défavorable (hors fin de trimestre), solide n°2 en cumul annuel.
  • Groupe Volkswagen en embuscade: Skoda Elroq (891) s’installe, ID.3/ID.4 et Cupra Born tirent parti du dispositif.

À l’échelle de l’année (janvier–octobre, AAA Data):

  • Renault 5: 26 285
  • Tesla Model Y: 17 326
  • Citroën ë-C3: 12 956
  • Renault Scenic: 12 520
  • Peugeot e-208: 10 319

😊 Bon à savoir
Les particuliers ont enfin tiré le marché de l’électrique en octobre, inversant la logique « flottes d’abord » des trimestres précédents. Signal encourageant… mais largement subventionné.

Le leasing social, formidable accélérateur… et angle mort stratégique

Le dispositif 2025, relancé le 30 septembre et financé via les certificats d’économies d’énergie (CEE), plafonne à 50 000 contrats. Il a deux mérites indéniables:

  • Abaisser la barrière d’entrée (0 apport, <200 €/mois) et démocratiser l’électrique auprès des ménages modestes.
  • Réorienter la demande vers des modèles éligibles, souvent produits en Europe, avec un effet d’entraînement sur les volumes.

Mais trois limites demeurent:

  1. Effet cliquet et « falaise »
    La hausse d’octobre est directement corrélée aux aides. Si le robinet se resserre en 2026, un trou d’air est probable, sauf baisse durable des prix catalogue.
  2. Distorsions de marché
    Dans certaines configurations, des VO récents se retrouvent plus chers que les neufs aidés. Un paradoxe qui brouille les repères de valeur résiduelle et pénalise la fluidité de l’occasion.
  3. Qualité de l’offre réelle à 150–200 €/mois
    Toutes les versions éligibles ne se valent pas en polyvalence: capacité utile de batterie, puissance de recharge DC et chargeur AC 11 kW font souvent la différence à l’usage.

💡 Conseil d’expert

  • Renault 5: évitez les versions d’entrée de gamme sans charge DC rapide (95 ch). Préférez la 52 kWh/150 ch (100 kW DC), mieux armée pour les trajets variés.
  • Sur citadines low-cost (Fiat Grande Panda, ë-C3, Hyundai Inster): autonomie et recharge autoroutière restent le principal compromis.
  • En compactes/SUV: un Skoda Elroq 59 kWh (DC 165 kW) ou un e-2008 54 kWh offrent un meilleur « rayon d’action » familial que des petites batteries.

Le paradoxe 2025: l’électrique progresse, le marché recule

  • Conjoncture: pouvoir d’achat sous tension, taux de financement, attentisme des ménages et flottes — le cœur du marché peine.
  • Thermique en reflux structurel: l’essence décroche, le diesel touche un plus bas historique. Les hybrides non rechargeables tiennent le haut du pavé, avec une montée des technologies type générateur embarqué (Nissan e‑Power).
  • Industriel: les aides et critères d’éligibilité favorisant l’assemblage en Europe soutiennent les acteurs locaux, mais la rentabilité des BEV reste tendue à ces niveaux de prix.

📊 À retenir

  • Record pour les électriques en octobre, mais année VP toujours à -5,4 %.
  • Sans leasing social, octobre repasserait dans le rouge.
  • Le test sera 2026–2027: prix hors subventions, densité de recharge, coût total d’usage.

3 questions décisives pour 2026

  1. Les prix « catalogue » peuvent-ils baisser assez vite ?
    La bataille se joue autant dans l’ingénierie frugale (plateformes simplifiées, LFP/LMFP, contenu réduit) que dans l’échelle industrielle européenne.
  2. L’infrastructure suivra-t-elle la demande ?
    La capillarité hors grands axes reste le point faible. Sans recharge AC 11 kW à domicile/pro et HPC fiables partout, l’adoption de masse ralentit.
  3. Le marché de l’occasion s’équilibrera-t-il ?
    La normalisation des décotes BEV est enclenchée, mais il faut résorber les incohérences entre prix neufs aidés et VO récents pour donner confiance aux seconds acheteurs.

Pour les ménages éligibles: bien choisir son leasing social

  • Vérifiez la puissance de charge:
    • DC: minimum 100 kW conseillé pour l’autoroute.
    • AC: 11 kW utile si vous avez un accès triphasé (temps de charge divisé par deux vs 7,4 kW).
  • Anticipez l’usage:
    • Moins de 12 000 km/an principalement urbains: petite batterie OK.
    • Voyages réguliers: visez >50 kWh utiles et DC ≥100 kW.
  • Lisez la LOA en détail:
    • Kilométrage inclus, pénalités, entretien, pneus, restitution.
    • Option d’achat en fin de contrat: cohérente avec la valeur de marché ?
  • Délais/stock: les modèles les plus demandés partent vite; soyez flexible sur la finition/couleur pour accélérer la livraison.

📢 À surveiller d’ici fin d’année

  • Effet « fin de trimestre » chez certains constructeurs (livraisons groupées), possible rebrassage des classements mensuels.
  • Dernière vague de livraisons leasing social avant d’atteindre le plafond des 50 000 contrats.
  • Niveaux de remises hors dispositifs publics: signe avancé d’un rééquilibrage prix/volume.

En octobre, l’électrique n’a pas seulement sauvé les apparences: il a montré son potentiel quand les conditions d’accès sont réunies. Mais tant que l’équation prix–recharge–valeur résiduelle ne sera pas solide sans perfusion, la dynamique restera fragile. Le vrai match se jouera en 2026, sur la capacité de l’offre à tenir la promesse du « juste prix »… sans filet.

Électriques en plein vol, marché en panne: la France auto à deux vitesses

En bref:

  • Les VE explosent en octobre (24–24,4 % de Pdm, +~63 % an/an) grâce aux aides renforcées (leasing social, bonus, prime européenne) et au retour massif des particuliers.
  • Le marché global reste en retrait (-5,4 % YTD) et dépend fortement des subventions : sans baisse des prix catalogue et maillage de recharge, risque d’atterrissage brutal en 2026–2027.

L’actualité d’octobre 2025 offre un paradoxe saisissant. Les voitures électriques signent un record historique en France, portées par des aides publiques renforcées, tandis que le marché global de l’auto reste orienté à la baisse depuis le début de l’année. Fracture conjoncturelle ou mutation structurelle? Décryptage, chiffres à l’appui.

À retenir (en 30 secondes)

  • 24 à 24,4 % de parts de marché pour l’électrique en octobre, un record, avec des immatriculations en envol (+63 % environ sur un an).
  • Le marché global reste en retrait: -5,4 % sur les dix premiers mois de 2025 malgré un mois d’octobre légèrement positif.
  • Accélération due aux aides (leasing social, bonus, prime européenne), retour massif des particuliers et repositionnement des constructeurs.
  • Thermique en reflux: essence en fort recul, diesel à un plus bas historique (<9 %).
  • Une dynamique puissante mais sous perfusion: sans soutien public durable, le risque d’atterrissage brutal existe à l’horizon 2026-2027.

Les chiffres clés d’octobre 2025

  • Immatriculations totales VP:
    • 139 513 véhicules selon AAA Data (+2,9 % vs octobre 2024)
    • 135 529 selon la PFA (+2,9 % également)
  • Voitures 100 % électriques:
    • 24 à 24,4 % de part de marché (record)
    • +63 % à +65 % sur un an (source: AAA Data/échos sectoriels)
    • Environ 34 000 immatriculations sur le mois (AAA Data)
  • Depuis janvier: marché global -5,4 % (≈1,33 million de VP), avec deux jours ouvrés de moins qu’en 2024
  • Bénéficiaires du leasing social relancé: 41 500 annoncés au 29/10 (objectif 50 000)

📌 Bon à savoir
Les écarts de volumes d’octobre entre AAA Data et la PFA tiennent à des périmètres et méthodes de collecte différents. La tendance, elle, est identique: petit rebond mensuel, année toujours négative.


Pourquoi l’électrique explose maintenant

Trois leviers se combinent et changent l’équation:

  1. Aides publiques plus puissantes
  • Leasing social réactivé avec des loyers de 100–200 €/mois selon profils, ciblant 50 000 ménages.
  • Bonus écologique recentré et « prime européenne » de 1 000 € depuis octobre pour les VE assemblés en Europe: signal prix favorable aux modèles locaux.
  • « Coup de pouce » estival et dispositifs CEE qui irriguent le financement.
  1. Retour des particuliers
  • Les particuliers progressent nettement (+75 % d’EV vs octobre 2024 dans certaines estimations), comblant le retard sur les flottes.
  • Message clé: l’électrique n’est plus une niche de B2B; l’usage perso décolle.
  1. Offre et production « made in Europe »
  • Renault tire le marché (R5, Scénic, Mégane E-Tech), Stellantis aligne e-208/e-2008 et la nouvelle ë‑C3 à prix d’appel.
  • Tesla reste « dans le match » (Model Y podium), mais sa domination se normalise face à une concurrence européenne armée et éligible aux nouveaux critères d’aides.

Qui gagne, qui décroche?

  • Renault et Stellantis se partagent près de la moitié du marché en octobre (≈24,5 % vs 25,4 %), avec une meilleure dynamique chez Renault sur les 10 mois.
  • Hybrides non rechargeables stables autour de 28 %; PHEV en soutien; prolongateurs d’autonomie en hausse marginale.
  • L’essence dévisse, le diesel tombe sous 9 %: un point bas historique.
  • Top EV janvier–octobre (volumes cumulés): Renault 5 en tête, suivie de Tesla Model Y et Citroën ë‑C3; Scénic E‑Tech et Mégane E‑Tech bien placés.

📊 Encadré – Le trio qui fait la course en tête (Jan–Oct 2025)

  • Renault 5: ≈26 300 unités
  • Tesla Model Y: ≈17 300
  • Citroën ë‑C3: ≈13 000
    Signal fort: l’ancrage des modèles compacts et des B‑SUV dans le cœur de marché.

Une croissance sous perfusion publique

Soyons lucides: sans aides, la pente serait beaucoup moins raide. Les signaux de dépendance sont clairs:

  • Distorsions prix entre neuf subventionné et occasion récente (certaines R5/ë‑C3 d’occasion plus chères que des neuves éligibles): effet d’aubaine.
  • Taux d’équipement inégal en bornes de recharge, notamment hors grands axes; l’infrastructure demeure le talon d’Achille.
  • Pouvoir d’achat contraint: le soutien public compense partiellement, mais ne règle pas tout (assurance, coût de l’électricité, recharge à domicile).

💡 Conseil d’expert
Si vous achetez un VE, sécurisez l’équation « usage-recharge » AVANT la commande: possibilité de prise domestique dédiée, coût du kWh (heures creuses), accès à la recharge au travail, et solutions en itinérance fiables. C’est la clé d’un TCO maîtrisé.


Flottes, particuliers: la France roule-t-elle à deux rythmes?

  • Les flottes ont accéléré l’électrification depuis début 2025 (plus de 20 % de BEV, et 70 %+ de motorisations électrifiées au sens large); elles structurent l’offre et alimentent le futur marché de l’occasion.
  • En octobre, la vague des particuliers a enfin rattrapé son retard grâce aux aides ciblées: bon pour la diffusion sociale du VE, déterminant pour atteindre l’échelle.

Côté utilitaires, le diesel reste ultra-majoritaire (≈74 % sur 9 mois): la transition est plus lente là où les contraintes d’usage sont plus dures (autonomie, charge utile, disponibilité de la recharge pro).


Politique européenne: cap 2035 et « made in Europe » assumé

  • L’UE maintient l’arrêt des ventes thermiques neufs en 2035, tout en aménageant la trajectoire CO₂ à court terme pour éviter les chocs.
  • Soutiens à la chaîne batteries et aux infrastructures; incitations à la production européenne.
  • La prime française de 1 000 € pour les VE assemblés en Europe (depuis octobre) renforce le signal-prix domestique face à la concurrence mondiale.

🎯 Ce que cela implique

  • Avantage compétitif aux modèles produits/localisés en Europe.
  • Pression sur les prix catalogue à la baisse en 2026–2027, sous l’effet cumulé de volumes, de coûts batteries et de concurrence.

Bulle subventionnée ou transition réussie?

  • Thèse « bulle »: la demande serait artificielle, gonflée par des aides et fragile dès qu’on baisse le curseur. Indices: distorsions VO/neuf, dépendance forte aux dispositifs, marché global toujours mou.
  • Thèse « transition »: l’électrique entre dans la norme prix/usage; l’occasion s’étoffe; la concurrence tire les coûts; les particuliers basculent enfin.

La vérité est entre les deux: la marche est engagée, mais l’allure reste conditionnée par l’État et l’Europe: la marche est engagée, mais l’allure reste conditionnée par l’État et l’Europe. Sans baisse nette des prix catalogue et sans maillage de recharge plus homogène, un trou d’air en 2026 n’est pas à exclure.


Ce qu’il faut surveiller d’ici 12 à 18 mois

  • Évolution des aides 2026–2027 et critères d’éligibilité
  • Baisse effective des prix catalogue (hors subventions)
  • Déploiement des bornes rapides hors corridors (zones rurales/périurbaines)
  • Marché de l’occasion EV: volumes, décotes, garanties batterie
  • Part des particuliers sans leasing social et fidélisation à la deuxième voiture
  • Localisation industrielle: montée en cadence des sites européens et sécurisation des chaînes batteries

Pour les acheteurs: quelques repères pratiques

  • Profils urbains/périurbains: VE pertinent dès 8 000–12 000 km/an si recharge à domicile/au travail; viser 350–450 km WLTP réels selon usages.
  • Gros rouleurs: comparer TCO sur 4–5 ans (prix d’achat, conso, pneus, assurance, recharge) avec un hybride sobre; tester l’itinérance sur vos trajets types.
  • Occasion EV: viser modèles <3 ans, vérifier SOH batterie, historique de recharge, et privilégier garanties constructeur.
  • Attention aux signaux prix: certains modèles neufs éligibles peuvent rendre les VO récents moins intéressants à court terme.

En octobre, la France confirme sa bascule électrique… mais sous contrainte. La transition avance, les chiffres sont là, et l’offre se densifie. Pour tenir la durée, il faudra désormais transformer l’essai: des prix catalogues plus bas, des bornes partout, et une demande capable de vivre avec moins d’aides. C’est à cette condition que la « France auto à deux vitesses » pourra enfin rouler au même rythme.

Hybrides rechargeables: recharge obligatoire ? Le coup de poker allemand face au tout-électrique

En bref:

  • La VDA propose d’obliger la recharge des PHEV (bridage progressif du thermique si non‑recharge), pour garantir une utilisation électrique réelle face au durcissement des règles UE.
  • Faisable techniquement mais source de risques (sécurité, RGPD, accès aux bornes) — mieux vaut agir sur les incitations, exigences techniques (chargeur 11 kW/DC, démarrage EV par défaut) et la fiscalité liée à l’usage réel.

L’idée a de quoi faire lever plus d’un sourcil. Pour sauver les hybrides rechargeables (PHEV) bousculés par Bruxelles et la montée du 100 % électrique, l’industrie automobile allemande propose de… rendre la recharge obligatoire. À la clé, un bridage du moteur thermique si l’utilisateur ne branche pas son véhicule à intervalles réguliers.

Manœuvre désespérée ou redressement utile d’une technologie mal utilisée ? Décryptage, sans œillères.

Ce que propose vraiment la VDA

  • La fédération allemande de l’automobile (VDA), présidée par Hildegard Müller, suggère que les futurs PHEV intègrent une contrainte d’usage:
    • obligation de recharger au moins une fois sur une distance à définir,
    • à défaut, réduction automatique des performances du moteur thermique (bridage).
  • Objectif affiché: “motiver” une conduite réellement électrique au quotidien pour réduire les émissions réelles de CO2 et rassurer Bruxelles.

Important: ce n’est, à ce stade, qu’une proposition industrielle. Ni texte de loi, ni projet réglementaire européen. Et de nombreuses inconnues techniques et juridiques demeurent.

Pourquoi maintenant ? Parce que les chiffres réels rattrapent le discours

  • Les PHEV donnent le meilleur d’eux-mêmes… lorsqu’ils sont rechargés. Or, en flotte d’entreprise notamment, ils le sont trop peu.
  • Les données d’usage collectées en Europe (OBFCM) et les analyses d’ONG comme Transport & Environment (T&E) convergent:
    • part de roulage réellement électrique très inférieure aux suppositions d’homologation,
    • émissions en conditions réelles très supérieures aux valeurs WLTP, parfois “jusqu’à cinq fois plus” selon T&E.
  • L’Agence européenne pour l’environnement a publié des écarts marqués (par exemple autour de 139 g/km observés pour des PHEV récents quand le WLTP en annonce en moyenne quelques dizaines de g/km).
  • L’UE a déjà commencé à corriger le tir:
    • renforcement des essais pour PHEV (Euro 6e-bis depuis 2025),
    • baisse programmée des “facteurs d’utilité” (la part de roulage supposée en électrique) d’ici 2027/2028 afin d’aligner les chiffres officiels sur la réalité.

En langage politique: l’échappatoire PHEV se referme. D’où l’offensive allemande pour prouver la “bonne utilisation” de ces modèles.

📌 À retenir

  • Les PHEV ne posent pas problème… s’ils sont rechargés.
  • Bruxelles intègre désormais les usages réels; les avantages CO2 des PHEV se réduisent quand ils ne sont pas branchés.
  • La proposition allemande cherche à préserver la viabilité réglementaire et commerciale du PHEV après 2027… et jusqu’à l’échéance 2035.

Techniquement faisable… mais à quel prix (et quels risques) ?

  • Mise en œuvre probable via logiciel et télématique (calcul de kilomètres depuis la dernière recharge, historique de sessions, etc.).
  • Type d’action: plutôt limiter les modes “puissants” (boost, sport), réduire la puissance de crête, voire la vitesse max, que “couper” brutalement — pour des raisons évidentes de sécurité.
  • Points sensibles:
    • sécurité routière: toute réduction doit être progressive, prévisible, abondamment signalée; pas de “coupure” en dépassement,
    • contournements: “fausses” recharges très brèves pour lever la contrainte, charge minimale à définir,
    • compatibilité usage: longs trajets consécutifs sans accès facile à une borne,
    • homologation et responsabilité: qu’implique une limitation de performance “à l’usage” dans le dossier de type-approval ?
    • cybersécurité: intégration d’une logique critique pilotée par logiciel et données connectées.

Comparaison utile: l’AdBlue sur diesel. Quand le réservoir est vide, le véhicule peut refuser de démarrer. L’esprit est similaire (forcer un comportement vertueux), mais la transposition au PHEV est plus complexe: une “recharge suffisante” n’est pas aussi binaire qu’un plein d’additif.

Données, vie privée, RGPD: la face cachée

Obliger la recharge suppose de tracer:

  • kilomètres parcourus entre deux recharges,
  • occurrences et durées de charge, éventuellement lieux.

Sous RGPD, c’est un traitement de données potentiellement sensibles (profil d’usage, habitudes de déplacement). Il faudra:

  • un fondement légal clair,
  • minimiser les données collectées,
  • garantir le consentement et la transparence,
  • protéger ces données (cybersécurité, durées de conservation, accès).

Qui soutient ? Qui tique ?

  • En Allemagne, l’écosystème VDA pousse: les PHEV restent un pilier industriel et commercial. Le pays a vu les ventes grimper fortement en 2025, avec environ 12 % de part de marché en septembre (près de 27 700 immats), alors que la France a reculé sur la période.
  • Ailleurs en Europe, les positions divergent:
    • constructeurs et pays pro-BEV (100 % électrique) jugent la “recharge obligatoire” artificielle et préfèrent accélérer l’électrique,
    • certains industriels italiens restent ouverts aux solutions hybrides, mais sans afficher (pour l’instant) un soutien explicite au bridage,
    • côté nordique, l’engagement vers le tout-électrique rend la proposition largement inaudible.

En clair: l’idée fédère chez ceux qui ont beaucoup investi dans le PHEV; ailleurs, elle est vue comme une rustine.

Impact client et marché: zones grises à clarifier

  • Flotte d’entreprise: cœur du sujet. Tant que l’essence est prise en charge et que la recharge ne l’est pas toujours, l’incitation est mauvaise. Le bridage peut créer des frictions sociales et opérationnelles.
  • Particuliers: acceptabilité incertaine pour une voiture neuve qui “punit” si l’on n’a pas pu recharger.
  • Infrastructures: imposer la recharge sans garantir l’accès (domicile, travail, voirie) serait perçu comme inéquitable.
  • Technique produit: nombre de PHEV restent lents à charger (3,7–7,4 kW AC), peu compatibles charge DC. Difficile de “sanctionner” si recharger est lent ou peu pratique.

🛠️ Bon à savoir

  • Plusieurs marques affichent déjà des alertes de non-recharge récurrente. La VDA franchit un cap avec une contrainte matérielle sur la performance.
  • Des zones à faibles émissions (ZFE) testent ailleurs en Europe des géorepérages “EV only” sur PHEV. Une autre voie, plus ciblée territorialement.

Y a-t-il mieux que le bâton ? Les leviers qui fonctionnent

  • Fiscalité entreprise: rembourser l’électricité au même titre que le carburant, obliger la preuve de recharge (borne pro ou domestique certifiée), conditionner les avantages fiscaux à un taux minimal de roulage électrique vérifiable.
  • Produit:
    • imposer un chargeur embarqué AC de 11 kW minimum et, au-delà d’un certain gabarit, une capacité de batterie plus élevée,
    • généraliser la compatibilité DC sur PHEV destinés aux flottes,
    • forcer le démarrage par défaut en mode EV, verrouiller certains modes thermiques en ville.
  • Réglementation CO2:
    • continuer l’alignement sur les données d’usage réelles (OBFCM),
    • restreindre les crédits/bonus PHEV si la part électrique constatée reste faible,
    • réserver les aides publiques aux PHEV atteignant une part mesurée d’usage EV (au lieu d’un simple “potentiel”).

✅ Alternatives plus efficaces que le bridage

  • Incitations financières à la recharge vérifiée
  • Conditions d’avantages fiscaux indexées sur l’usage EV réel
  • Matériel adapté: OBC 11 kW, compatibilité DC, e-range crédible
  • Démarrage EV par défaut, géorepérage en zones sensibles
  • Ajustement réglementaire continu via données OBFCM

Que peut faire Bruxelles maintenant ?

  • Continuer la baisse des “facteurs d’utilité” PHEV et la prise en compte des données d’usage,
  • Conditionner plus strictement les avantages (homologation, fiscalité, écobonus) à des critères d’usage réel,
  • Exiger des minimums techniques (capacité batterie, puissance de charge) pour l’éligibilité aux aides,
  • Clarifier le statut post‑2035 des PHEV (qui, en l’état, ne sont pas autorisés à la vente neuve) afin d’éviter des investissements “piégés”.

Et si vous roulez en PHEV aujourd’hui ?

  • Branchez dès que possible: chaque nuit à domicile ou chaque jour au travail change tout (coût et CO2).
  • Paramétrez l’EV par défaut, réservez l’hybride/sport aux grands axes.
  • Sur long trajet, anticipez une courte recharge intermédiaire si votre modèle accepte au moins 7–11 kW AC.
  • Si vous ne pouvez pas recharger régulièrement, un hybride simple efficient ou un diesel récent peut, paradoxalement, consommer moins sur autoroute. Et si l’infrastructure vous le permet, un BEV devient souvent plus pertinent en coût total de possession.

Au fond, l’idée allemande a le mérite de poser la vraie question: un PHEV vaut la peine à condition d’être rechargé. Mais transformer une bonne pratique en obligation punitive risque d’additionner complexité, contentieux et rejet. Mieux vaut corriger les incitations et l’outil industriel pour que la recharge devienne naturelle… et rentable, pour tous.

Reprise auto: l’Europe sacrifie-t-elle 90 hybrides pour 1 électrique ? Le calcul qui dérange

En bref:

  • Le ratio 1:6:90 (une BEV 60 kWh = 6 PHEV 10 kWh = ≈90 HEV ≈0,6–0,7 kWh) montre qu’en termes de CO₂ évité par kWh de batterie, les hybrides simples dominent à court terme (avec ≈225–450 tCO₂ évitées si on alloue 60 kWh à des HEV vs ≈10–16 t pour 1 BEV).
  • Conclusion politique : arbitrer 2025–2030 avec pragmatisme — favoriser les BEV là où ils sont optimaux (urbain, forts kilométrages), encadrer les PHEV pour garantir leur efficacité réelle, et massifier les HEV pour des gains immédiats tout en accélérant décarbonation du mix, recharge et recyclage pour la transition durable.

L’embellie du marché européen se confirme, portée par les hybrides et les électriques. Mais une équation anglo-saxonne fait grincer des dents: avec la même quantité de batteries, construire une seule voiture 100% électrique ou… 6 hybrides rechargeables ou… 90 hybrides simples. Derrière ce 1:6:90 popularisé par Toyota, une vraie question d’efficacité carbone à court terme se pose.

Et si, obsédée par le “tout électrique”, l’Europe passait à côté du meilleur rendement climatique immédiat de ses matières premières critiques ? Plutôt que des slogans, voici les chiffres, les limites et les implications stratégiques.

Où en est vraiment le marché européen

  • Sur janvier–septembre 2025, l’UE repasse dans le vert: +0,9% vs 2024 (≈8,06 M de VP). Septembre seul: +10% (≈889 000 immats), selon l’ACEA.
  • Les hybrides non rechargeables dominent: 34,7% de parts, ≈2,8 M d’unités (+16,4%).
  • Les hybrides rechargeables remontent: 9% de parts (≈+31%).
  • Les 100% électriques progressent à 16,1% (≈1,3 M, +24%). L’Allemagne tire la croissance, la France repart en septembre.

Message clé: l’appétit européen est très réel pour les motorisations électrifiées, mais il n’est pas monolithique. Les hybrides “classiques” tiennent aujourd’hui le haut du pavé.

D’où vient le ratio 1:6:90, et que vaut-il ?

Ce ratio vient d’une logique simple: une batterie de 60 kWh (typique d’une compacte électrique) peut, en ordre de grandeur:

  • faire 1 BEV de 60 kWh,
  • ou 6 PHEV de 10 kWh,
  • ou ≈90 hybrides légers avec ≈0,6–0,7 kWh.

C’est un raisonnement d’allocation de ressources: à quantité donnée de lithium, nickel/graphite, cuivre… combien de véhicules électrifiés peut-on mettre sur la route ? Et quel impact carbone total obtient-on, à conduite et durée de vie égales ?

⚠️ Ce n’est pas un verdict pro/anti BEV: c’est une boussole “rendement par kWh de batterie” utile dans une phase temporaire de contraintes d’approvisionnement. Elle ne traite ni la pollution urbaine, ni le verrouillage fossile, ni le potentiel long terme du 100% électrique.

CO₂: combien “rapporte” 1 kWh de batterie selon la techno ?

Pour comparer proprement, on regarde l’économie de CO₂ sur l’usage, rapportée à la capacité batterie mobilisée.

📌 Hypothèses de calcul (prudentes et transparentes)

  • Cycle de vie d’usage: 150 000 km (moyenne européenne).
  • Référence thermique essence “réaliste”: 170–190 gCO₂/km (route + ville).
  • Consommation BEV: 16–18 kWh/100 km. Électricité UE en baisse tendancielle (mix ≈ bas carbone croissant). Intensité moyenne retenue: 200–300 gCO₂/kWh selon pays/période.
  • Surplus d’émissions à la fabrication d’un BEV vs thermique: +3,5 à +6 tCO₂ (batterie incluse), en baisse avec la décarbonation des usines.
  • PHEV en usage réel: très sensible à la recharge. Scénario médian: gain 30–60 gCO₂/km vs thermique. Hybride non rechargeable (HEV/MHEV): gain 10–20%.

✅ Résultats ordre de grandeur

  • 1 BEV 60 kWh:
    • économie à l’échappement vs thermique: 100–130 g/km ⇒ 15–20 tCO₂ sur 150 000 km
    • moins le surcroît de fabrication: net ≈ 10–16 tCO₂ évitées
    • “rendement” par kWh de batterie: ≈ 170–270 kgCO₂ évités/kWh
  • 1 PHEV 10 kWh (usage moyen réellement branché):
    • 30–60 g/km ⇒ 4,5–9 tCO₂ évitées
    • rendement ≈ 450–900 kgCO₂/kWh
  • 1 hybride simple ≈0,6–0,7 kWh:
    • 10–20% de gain ⇒ 2,5–5 tCO₂ évitées
    • rendement ≈ 3 500–7 500 kgCO₂/kWh

En clair: par kWh de batterie “consommé”, l’hybride simple est imbattable à court terme, le PHEV suit, le BEV ferme la marche. Mais attention: ce métrique favorise mécaniquement les très petites batteries… et il ignore d’autres dimensions clés.

🔎 Calcul express “60 kWh disponibles”

  • Option A — 1 BEV 60 kWh: ≈ 10–16 tCO₂ évitées sur vie.
  • Option B — 6 PHEV (6×10 kWh): ≈ 27–54 tCO₂.
  • Option C — 90 hybrides simples (90×0,67 kWh): ≈ 225–450 tCO₂.

Si le but est de maximiser la baisse de CO₂ 2025–2030 avec des matériaux limités, la massification des hybrides “rend” objectivement plus de tonnes évitées. C’est le cœur du paradoxe 1:6:90.

Les grands “mais” que le ratio ne voit pas

  • Qualité de l’air en ville: les BEV ont zéro émission au pot d’échappement (NOx/PM), les hybrides restent des fossiles en usage urbain.
  • Verrouillage fossile: multiplier les hybrides prolonge l’usage d’essence jusqu’aux années 2040. Risque d’actifs échoués et d’inertie industrielle contraire au cap 2035 (fin des ventes thermiques neuves dans l’UE, hors carburants synthétiques très spécifiques).
  • Réalité PHEV: sans recharge systématique (flottes, particuliers sans prise), l’économie réelle s’effondre; certains roulent proche d’un thermique.
  • Décarbonation de l’électricité: plus le mix baisse en CO₂, plus le BEV “gagne” chaque année en émissions évitées, sans modifier le véhicule.
  • Chimies de batteries: la bascule vers le LFP (peu/nickel, zéro cobalt) et la baisse de l’intensité carbone des gigafactories diminuent l’empreinte amont des BEV.
  • Ressources et éthique: hybrides et BEV utilisent lithium/graphite/cuivre (moins en HEV), avec des enjeux sociaux et environnementaux similaires; le recyclage change l’équation après 2030.

📌 Bon à savoir

  • Le règlement batteries de l’UE impose des taux de collecte, d’efficacité de recyclage et des teneurs minimales en contenu recyclé, accélérant un “bouclage” des matériaux.
  • Les capacités de recyclage (Europe/États-Unis/Asie) montent en puissance; elles réduiront la pression minière et l’empreinte amont des BEV et PHEV au fil de la décennie.

Europe: se tromperait-on d’arbitrage ?

L’Europe n’a pas rejeté les hybrides: le marché en raffole en 2025, et les objectifs CO₂ des flottes 2025–2030 ont laissé une place aux PHEV/HEV. Mais l’architecture réglementaire (cap 2035, normes de pollution urbaines, fiscalité) vise clairement la destination BEV.

La vraie question est séquentielle: comment orchestrer 2025–2030 pour maximiser les tonnes de CO₂ évitées tout en préparant un parc largement électrique durablement ?

Une stratégie de transition “mixte” et testable

  • Cibler les BEV là où ils sont déjà optimaux
    • Urbain/périurbain avec recharge domestique/pro: bénéfice air local + TCO compétitif.
    • Forts kilométrages (VTC, livraisons, taxis): effet volume d’usage, amortit la fabrication.
  • Encadrer les PHEV pour délivrer leurs promesses
    • Bonus/malus et avantages fiscaux conditionnés à des kilomètres électriques réels (télémétrie anonymisée), géorepérage “zéro émission” en zones à faibles émissions, révision des Utility Factors.
  • Massifier l’hybride non rechargeable sur les remplacements à court terme
    • Remise à niveau rapide du parc ancien, surtout là où la prise est absente. Gains sûrs de 10–20% sans contrainte d’usage.
  • Piloter la “matière” comme une ressource stratégique
    • Indicateur officiel d’abattement CO₂ par kWh batterie allouée dans les politiques publiques 2025–2030, pour arbitrer finement les soutiens.
  • Accélérer les facteurs systémiques
    • Recharge publique fiable et dense, surtout AC au travail et en copropriété.
    • Décarbonation du mix électrique (plus elle s’accélère, plus les BEV surperforment).
    • Recyclage/traçabilité: exigences et soutien industriel pour sécuriser l’offre et l’éthique.

💡 Astuce de lecture des annonces constructeurs

  • Regardez la chimie (LFP vs NMC), la taille de batterie, et la consommation homologuée/réelle: trois leviers qui changent l’empreinte sans changer la carrosserie.

Risques à surveiller

  • Verdissement de façade: PHEV mal utilisés dans les flottes, hybrides puissants à gains faibles.
  • Effets prix: si l’aide publique se concentre trop sur BEV haut de gamme, le renouvellement du parc ralentit, dégradant le bilan court terme.
  • Goulots d’électrons: la stagnation du réseau ou des raccordements peut freiner l’usage BEV et dégrader le bilan si la recharge reste carbonée localement.

À retenir

  • Par “kWh de batterie”, les hybrides simples offrent aujourd’hui le meilleur rendement CO₂; les PHEV suivent; les BEV ferment la marche dans ce métrique précis.
  • En “tonnes absolues” par véhicule et en qualité de l’air, le BEV est devant, et son avantage croît avec la décarbonation du mix et la baisse de l’empreinte de fabrication.
  • La bonne réponse européenne n’est pas binaire: un pilotage fin 2025–2030 peut concilier efficience immédiate (hybrides) et trajectoire structurelle (BEV), sans perdre de vue le verrouillage fossile et la santé publique.

En somme, le 1:6:90 est un rappel utile: la batterie est une ressource stratégique. À l’Europe de la répartir intelligemment, sans confondre rendement à court terme et destination finale.

1 VE ou 90 hybrides ? L’équation qui bouscule le “tout-électrique” européen

En bref:

  • L’équation 1:6:90 (1 VE = ~6 PHEV = ~90 HEV en kWh batterie) illustre qu’en situation de contrainte matière, multiplier les HEV maximise à court terme les tonnes de CO2 évitées par kWh.
  • Les chiffres montrent qu’un kWh investi dans une HEV évite plus de CO2 annuellement que dans un VE ou PHEV aujourd’hui, mais les HEV verrouillent des émissions et bénéficient moins du déploiement d’électricité bas‑carbone.
  • Conclusion pratique : utiliser les HEV comme solution‑pont (2025‑2030) là où le VE n’est pas compétitif, tout en priorisant VE efficients, recyclage, chimies moins critiques et mesures pour atteindre l’objectif zéro émission 2035.

L’affirmation fait mouche: avec les mêmes matériaux de batterie, on pourrait fabriquer “1 voiture électrique = 6 hybrides rechargeables = 90 hybrides”. Popularisée par Toyota, l’équation 1:6:90 remet en question notre manière d’allouer des ressources critiques à l’heure où les chaînes d’approvisionnement en batteries et en semi‑conducteurs se tendent. Faut-il, en Europe, réorienter une partie des cellules lithium vers les hybrides pour réduire plus vite le CO2, sans renoncer à l’objectif 2035?

Derrière le slogan se cache un vrai débat: comment maximiser, en 2025‑2035, les tonnes de CO2 évitées par kWh de batterie, tout en sécurisant l’industrie et l’acceptabilité des clients? Décryptage, chiffres à l’appui.

D’où vient le “1:6:90”, et que dit vraiment cette équation?

  • À l’origine: un ratio interne chez Toyota, repris publiquement par des dirigeants (ex. l’usine Kentucky), qui illustre un ordre de grandeur matériel: la capacité d’une batterie de VE (typiquement ~60 kWh) peut, à production égale de cellules, équiper environ 6 PHEV (10 kWh) ou ~90 hybrides (HEV ~0,6–1 kWh).
  • Le message implicite: si les matériaux de batterie sont la contrainte, mieux vaudrait équiper plus d’HEV pour “électrifier” massivement le parc et réduire plus vite la consommation de carburant.

C’est un raisonnement de pénurie. Mais une pénurie qui, en 2025, est plus nuancée qu’en 2020: montée en puissance des gigafactories européennes, bascule vers des chimies moins critiques (LFP, cobalt‑free) (LFP, cobalt‑free), progrès du recyclage, et baisse des prix de métaux (le lithium s’est détendu en 2024 avant de se rééquilibrer en 2025). Reste que la dépendance asiatique, en particulier vis‑à‑vis de la Chine (graphite, cathodes, technologies d’assemblage), demeure un risque stratégique et que des tensions commerciales existent (droits compensateurs européens sur les VE chinois depuis fin 2024; nouvelles restrictions chinoises sur certaines techno batteries évoquées en 2025).

Hybrides vs électriques: que dit le carbone, vraiment?

  • Hybrides (HEV): réduction typique de 20 à 30% de carburant versus essence équivalente. Elles épargnent du CO2 à chaque plein, mais continuent d’émettre sur toute leur durée de vie.
  • Hybrides rechargeables (PHEV): très dépendantes de l’usage. Les études ICCT/Fraunhofer montrent des émissions réelles souvent 2 à 4 fois supérieures à l’homologation si on recharge peu; en moyenne, les particuliers circulent ~37% du temps en électrique, les véhicules de flotte ~20%. Sans discipline de recharge, le gain CO2 fond.
  • 100% électriques (VE): empreinte de fabrication plus élevée (batterie), mais avantage massif à l’usage si l’électricité est peu carbonée. En Europe, les analyses ACV convergent: le VE émet sensiblement moins que le thermique sur le cycle de vie, surtout dans les pays à électricité décarbonée (France, Suède, Espagne). À l’échelle UE, l’intensité carbone du kWh tourne autour de 170–200 gCO2/kWh (ordre de grandeur), avec des écarts majeurs (France ~30–40 g/kWh sur 2024; Pays‑Bas ~300 g/kWh selon périodes).

📌 À retenir

  • En France, un VE alimenté par un mix très bas carbone abat des tonnes de CO2 très rapidement.
  • En UE moyenne, le bilan reste largement favorable au VE, mais les gains dépendent du mix électrique, de la consommation du véhicule et du kilométrage.
  • Les PHEV n’apportent un bénéfice climatique significatif que s’ils roulent majoritairement en électrique et qu’ils sont effectivement rechargés.

Calcul express: CO2 évité “par kWh de batterie”

Objectif: comparer l’efficacité carbone d’allocation des cellules quand elles sont rares. Hypothèses simples (illustratives, mêmes km annuels: 12 000 km)

  • Référence thermique: 170 gCO2/km (ordre de grandeur réel)
  • VE: 17 kWh/100 km, mix UE 190 g/kWh → ~32 gCO2/km
  • HEV: −25% vs thermique → ~128 gCO2/km
  • PHEV: 20 kWh/100 km en électrique. Part de roulage électrique 37% (moyenne particuliers). Le reste comme thermique.

Résultats indicatifs d’abattement annuel:

  • VE (batterie 60 kWh): (170−32)=138 g/km → 1,66 t CO2/an → ≈27,6 kg CO2 évités par kWh de batterie et par an
  • HEV (batterie 1 kWh): (170−128)=42 g/km → 0,50 t/an → ≈504 kg CO2/kWh/an
  • PHEV (batterie 10 kWh): émissions pondérées ≈145 g/km → gain ~25 g/km → 0,30 t/an → ≈30 kg CO2/kWh/an

Ce que montre ce “ratio de pénurie”: par kWh de batterie “investi”, l’HEV est imbattable à court terme. C’est l’argument choc derrière le 1:6:90.

Mais attention aux angles morts:

  • On compare “par kWh de batterie”, pas “par véhicule” ni “sur trajectoire zéro émission”. Les HEV gardent un moteur thermique et verrouillent des émissions pour 10–15 ans.
  • L’empreinte fabrication (moteur thermique supplémentaire, complexité) n’est pas prise en compte.
  • Le mix électrique se décarbone: le rendement climatique du VE s’améliore dans le temps, celui de l’HEV plafonne.
  • En France et dans plusieurs pays UE bas carbone, le VE délivre des gains massifs immédiats “par véhicule” et “par euro dépensé” en exploitation (énergie et maintenance).

💡 Conseil d’expert
Si votre priorité est d’optimiser le CO2 “dès 2025 avec un stock de cellules limité”, maximiser les HEV est rationnel. Si l’objectif est “sortie des émissions à 2035‑2040”, accélérer les VE légers et efficients reste incontournable.

Le marché européen: l’hybride progresse, l’électrique tient

  • 2024: repli ponctuel de la part de marché des VE à ~13–14% en UE; forte poussée des hybrides.
  • 2025: rebond des VE (~16% sur 8 mois) et envol des HEV, au point que les motorisations “électrifiées” (VE+HEV+PHEV) pèsent désormais plus de 60% des ventes dans l’UE.
  • France: réseau de recharge public à plus de 150 000 points fin 2024; les TCO sur 10 ans sont souvent favorables au VE (énergie/entretien), surtout avec recharge à domicile. À l’inverse, les PHEV peuvent coûter plus cher que prévu si l’on ne recharge pas régulièrement (surcoût annuel constaté par plusieurs analyses).

2035: que dit la règle européenne?

  • La norme est claire: fin des ventes neuves de voitures émettant du CO2 à l’échappement en 2035. Cela exclut thermiques et hybrides. Une fenêtre étroite est prévue pour des véhicules dédiés aux e‑carburants “neutres”, sous conditions techniques strictes.
  • Traduction industrielle: les HEV et PHEV ont un horizon réglementaire borné pour la première mise en circulation. Ils restent pertinents comme solution-pont (2025‑2030), mais ne peuvent être l’axe central au‑delà.

Ressources, procédés et recyclage: le tableau bouge

  • Chimies et matériaux: montée du LFP (sans cobalt/ni nickel), densités en progrès, stratégies de “right‑sizing” (batteries plus petites sur véhicules plus efficients), et percées annoncées (solide à moyen terme).
  • Recyclage: l’UE impose dès 2025–2031 des taux d’extraction élevés (jusqu’à 95% pour cobalt/nickel, 80% pour le lithium en 2031). Des procédés émergents (lixiviation “neutre”) promettent des rendements quasi totaux sans acides forts.
  • Effet macro: plus de contenu recyclé et des batteries moins “métal‑intensives” réduiront la tension matières premières, donc la pertinence d’un raisonnement de pénurie à long terme.

📌 Bon à savoir
La fabrication d’un VE émet plus qu’un thermique, essentiellement à cause de la batterie. Mais rechargé avec un mix UE moyen, l’avantage à l’usage compense en quelques dizaines de milliers de km; en France, bien plus vite grâce au mix bas carbone.

Semi‑conducteurs et géopolitique: un risque transversal

Batteries, mais aussi puces, composants de puissance, aimants: la chaîne EV est mondialisée et exposée. Entre enquêtes anti‑subventions, droits compensateurs, rumeurs de restrictions à l’export, et arbitrages industriels, l’Europe doit sécuriser ses approvisionnements (gigafactories locales, alliances matières, filières de recyclage) pour que le “tout‑électrique 2035” soit tenable.

L’Europe “gaspille‑t‑elle” ses batteries?

Réponse courte: non, si elle les met au bon endroit.

  • Là où l’électricité est bas carbone et l’usage intensif (flottes, gros kilométrages, particuliers avec recharge à domicile), un VE bien conçu “valorise” au mieux chaque kWh de batterie en tonnes de CO2 évitées et en coûts d’usage.
  • À court terme (2025‑2030), dans des segments lourds/sensibles au prix ou des pays au mix plus carboné, des HEV sobres peuvent maximiser le CO2 évité par kWh de cellules si l’offre VE n’est pas encore compétitive.
  • Les PHEV ne sont pertinents que strictement encadrés: grande part de trajet en électrique, incitations et contraintes d’usage (recharge obligatoire en flotte, géorepérage urbain, facturation carburant à l’utilisateur, bornes au travail).

Trois leviers pour “ne pas gaspiller” nos batteries en Europe

  1. Faire des VE plus efficients plutôt que plus gros:
    • Favoriser les segments compacts, l’aérodynamique, les pneus sobres.
    • Calibrer des batteries plus petites, adaptées aux usages réels (350–450 km WLTP suffisent à 80% des trajets) pour multiplier le nombre de VE à ressources constantes.
  2. Encadrer les PHEV et stimuler les HEV intelligemment:
    • Bonus/malus conditionnés au taux de roulage électrique réel (télémétrie en flotte), obligations de recharge, géorepérage zéro‑émission en ville.
    • HEV comme “pare‑feu CO2” transitoire dans les pays/segments où le VE n’est pas encore compétitif.
  3. Fermer la boucle matière:
    • Accélérer le déploiement des filières de collecte et recyclage (objectifs UE 2027/2031), encourager les chimies moins critiques (LFP), et sécuriser l’amont (accords matières, production locale d’éléments actifs).

📢 Citation à méditer
“L’équation 1:6:90 est éclairante pour gérer une pénurie; elle ne fait pas une politique industrielle de long terme.”

En somme, la bonne question n’est pas “hybrides ou électriques”, mais “où chaque kWh de batterie évite‑t‑il le plus de CO2 aujourd’hui, sans compromettre l’objectif zéro émission de 2035?”. C’est à cette aune qu’il faut juger l’allocation européenne des ressources, au‑delà des slogans.

BYD vise les kei cars au Japon : répétition générale avant d’attaquer nos petites électriques ?

En bref:

  • BYD dévoile une mini‑EV au format kei car pour le Japon (≈3,4 m, ~20 kWh LFP, ~180 km WLTC, commercialisation visée 2026, prix ~2,5 M¥) pour prouver sa capacité à concevoir sur‑mesure et tester une micro‑plateforme.
  • Impact européen indirect : menace limitée pour Renault 5/ë‑C3 à court terme (homologation, sécurité, attentes d’usage), mais BYD pourrait bouleverser l’entrée de gamme si elle produit localement ou si une catégorie allégée émerge.

L’offensive est symbolique et stratégique. À deux jours de l’ouverture du Japan Mobility Show, BYD confirme l’arrivée d’une mini-électrique au format kei car, ce “Saint des saints” du marché nippon. Derrière ce move très ciblé, une question agite déjà l’Europe: et si BYD se servait de ce laboratoire japonais pour casser les codes du segment des petites citadines chez nous, face aux Renault 5, Citroën ë-C3 et à la future Twingo ?

Ce que BYD prépare au Japon, très concrètement

  • Format kei car (réglementation japonaise): longueur < 3,40 m, largeur < 1,48 m, puissance limitée à 64 ch.
  • Architecture et design: silhouette cubique optimisée pour l’habitabilité, portes arrière coulissantes, « double » montant A pour améliorer la visibilité en ville, combiné d’instruments flottant et écran central.
  • Batterie et recharge attendues: LFP Blade ~20 kWh, autonomie annoncée/pressentie ~180 km (WLTC), recharge DC pouvant aller jusqu’à 100 kW.
  • Calendrier et prix: première publique à Tokyo (29-30/10 pour la presse), commercialisation visée en 2026 au Japon; cible tarifaire évoquée autour de 2,5 M¥ (ordre de grandeur ~15-17 000 € selon le change), au niveau d’une Nissan Sakura.
  • Plateforme: développement annoncé ad hoc pour un gabarit « light EV » (et non simple réduction d’une BYD Seagull).

📌 À ce stade, BYD ne confirme pas toute la fiche technique. Plusieurs éléments (capacité batterie, puissance de charge, équipements d’ADAS) restent à officialiser.

Pourquoi les kei cars, et pourquoi maintenant ?

  • Poids du segment: environ 38-40% du neuf au Japon, soit ~1,5 million d’unités/an; la Honda N-Box truste les tops ventes.
  • Portes d’entrée: fiscalité, assurance et stationnement avantageux, usage urbain intense, compacité plébiscitée.
  • Contexte marché: les marques étrangères peinent au Japon, et l’électrique pure progresse lentement; BYD n’y vend que quelques milliers d’unités à ce jour.
  • Message stratégique: prouver sa capacité à concevoir « sur mesure » pour un marché aux normes ultra-spécifiques, là où les constructeurs japonais restent prudents sur le 100% électrique.

✅ À retenir

  • Si BYD réussit sur le terrain le plus « domestique » du Japon, l’argument technologique et industriel gagnera en crédibilité à l’international.
  • Le positionnement prix sera décisif: atteindre le ticket d’entrée des Sakura/eK X EV avec une batterie LFP robuste et une charge rapide inhabituelle dans ce gabarit serait un atout concurrentiel.

Menace (ou pas) pour Renault 5, ë-C3 et future Twingo en Europe ?

Disons-le clairement: une kei car « japonaise » n’est pas une européenne. Trois verrous à considérer.

  1. Homologation et sécurité (GSR2, ADAS, crash-tests)
  • Les exigences européennes tirent les coûts vers le haut et rendent difficile l’import « as is » d’une kei car.
  • Pour l’Europe, il faudrait élargir/renforcer, voire repartir d’une base adaptée (à l’image de la BYD Seagull/Dolphin Surf, 3,78 m).
  1. Économie produit
  • Aujourd’hui, nos petites électriques « mainstream » (R5, ë-C3) se positionnent plutôt entre ~20 000 et 30 000 € selon versions et batteries (WLTP 250-400+ km).
  • Une kei car à batterie 20 kWh, 180 km WLTP et équipement simplifié pourrait viser <15 000 €, mais seulement avec:
    • production locale (BYD bâtit des capacités en Hongrie et Turquie, et projette en Espagne),
    • ou une nouvelle catégorie réglementaire allégée (des discussions existent en Europe sur des “micro-citadines” électriques plus simples, mais rien d’acté à ce jour).
  1. Usage et attentes clients
  • Une R5/ë-C3 promet polyvalence péri-urbaine et autoroutière minimale; une “kei européenne” viserait plutôt le pur urbain.
  • Si une catégorie dédiée émerge (vitesses plafonnées, équipement de sécurité adapté, autonomie réduite), alors l’option « kei à l’européenne » pourrait bouleverser l’entrée de gamme.

💡 Conseil d’expert
Pour Renault (Twingo 2026 annoncée sous 20 000 €) et Stellantis (projets citadins chez Citroën), la réponse se joue moins sur la “spécification ultime” que sur le coût complet d’usage: sobriété énergétique, batterie raisonnable, logiciel efficace, ADAS « justes » mais conformes, et un réseau après-vente rassurant. C’est là que BYD est attendu: une petite EV crédible à coût imbattable, fabriquée en Europe.

Ce que cette kei-car BYD dit de l’offensive chinoise

  • Cycle de développement court, industrialisation agile, batteries maison: BYD continue d’aligner le triptyque vitesse/coût/intégration verticale.
  • Le Japon sert de test grandeur nature pour une ultra-compacité électrique, potentiellement « transposable »:
    • Royaume-Uni et Asie du Sud-Est (volants à droite, villes denses),
    • Europe si les verrous réglementaires et tarifaires s’assouplissent (ou via production locale BYD).
  • Les rivaux japonais réagissent: Nissan, Mitsubishi, Honda, puis Toyota/Suzuki préparent ou déploient leurs petites EV. La pression sur les prix va monter.

📊 Le contexte en 5 points

  • Part des kei cars au Japon: ~40% du marché.
  • Cible BYD: batterie ~20 kWh, ~180 km WLTC, DC jusqu’à 100 kW.
  • Prix visé: autour de 2,5 M¥ (~15-17 k€ estimés).
  • Lancement Japon: 2026 (après révélation à Tokyo 2025).
  • Export: possible en conduite à droite; pour l’Europe, à suivre (homologation et production locales clés).

Scénarios sur 12-24 mois

  • Japon

    • Si l’accueil client dépasse la méfiance initiale (prix, usage urbain, charge rapide), l’effet d’entraînement pourrait pousser les marques locales à accélérer leurs kei EV.
    • Si la demande reste timide, BYD aura malgré tout validé une base technique exploitable ailleurs.
  • Europe

    • Scénario 1 (le plus probable à court terme): BYD privilégie une petite citadine au format « A/B » européen (type Seagull/Dolphin Surf), industrialisée localement pour rester sous le seuil psychologique des 20 000 €.
    • Scénario 2 (plus disruptif, moyen terme): si l’UE ouvre une catégorie allégée pour mini EV urbaines, BYD pourrait dégainer un « esprit kei » en dessous de 15 000 € – et là, Renault 5/ë-C3 ne seraient pas directement visées, mais la future Twingo et les entrées de gamme oui.

🔎 Points de vigilance pour les acheteurs européens

  • Autonomie réelle en hiver sur petites batteries: la présence d’une pompe à chaleur peut faire la différence.
  • Normes de sécurité/ADAS: elles décideront du coût final et de l’agrément au quotidien (ISA, AEB, maintien de voie, etc.).
  • Valeur de revente: l’image de marque et le maillage après-vente comptent autant que le prix d’achat.

En filigrane, la kei-car de BYD n’annonce pas un choc frontal avec Renault 5/ë-C3, mais elle ouvre une brèche: celle d’une micro-électrique très optimisée et agressive en prix. Si l’Europe lui fait de la place, la bataille des “vraies petites” électriques ne fait que commencer.

Ariya stoppée, mini‑BYD en embuscade : la double alerte que l’Europe ne peut plus balayer

En bref:

  • Le retrait de l’Ariya aux États‑Unis et l’entrée de BYD dans les kei montrent que les EV « globales » chères et standardisées perdent face à des modèles hyper‑adaptés, locaux et à moindre coût.
  • Pour l’Europe, la solution passe par des citadines « light EV » : batteries right‑sized (LFP), production locale, design et logiciel frugaux, vise 16–22 k€ pour rendre la transition crédible.

L’actualité en dit parfois plus que les rapports. En quelques jours, deux signaux forts ont clignoté à l’international: Nissan retire l’Ariya du marché américain dès 2026, tandis que BYD s’apprête à dévoiler sa première « light EV » taillée pour le format kei au Japan Mobility Show (29‑30 octobre). Deux mouvements opposés, une même leçon: l’ère des « blockbusters » électriques standardisés s’essouffle face à l’hyper‑adaptation, agile, locale et frugale.

Dans une Europe où la citadine demeure le poumon du marché et de la transition (coût d’usage, encombrement, CO₂), ce duel à distance mérite un examen lucide.

Deux actus, un même message

  • Nissan Ariya retirée des États‑Unis pour le millésime 2026: une combinaison de droits de douane additionnels sur les EV japonaises, d’éligibilité plus complexe aux aides, de positionnement prix et d’un produit correct… mais peu différenciant face à un Tesla Model Y agressif en tarifs. Le modèle poursuit sa route au Japon avec un restylage.
  • BYD montre sa première kei 100% électrique: architecture dédiée, batterie LFP autour de 20 kWh, environ 180 km d’autonomie WLTC, recharge DC annoncée jusqu’à 100 kW, et un ticket autour de 2,5 M¥ qui la place au niveau d’une Nissan Sakura. Signe fort: un outsider étranger ose la catégorie la plus codifiée du marché japonais.

📌 À retenir

  • L’Ariya illustre les limites d’un SUV « global » arrivant tard, cher et sans avantage net perçu.
  • BYD s’insère là où la demande est structurelle (kei = ~40% des ventes au Japon) avec un produit minimaliste, optimisé et fiscalement pertinent.

Ariya, l’anti‑leçon du « blockbuster EV »

L’Ariya n’est pas une mauvaise voiture. Sur la route, elle est décente, confortable, plutôt efficiente. Mais voilà le vrai problème: elle est décente. Sur son segment, le « milieu de tableau » n’est plus viable quand la marque en face fait mieux au même prix, ou légèrement moins bien pour beaucoup moins cher.

  • Différenciation: faible sur le logiciel, l’écosystème et les usages (CarPlay/Android Auto ne suffisent plus).
  • Expérience: ergonomie discutable (surface haptique), conduite « neutre »; le client ne trouve pas son « aha moment ».
  • Économie: importée, donc fragile face aux droits de douane et aux primes conditionnées; leasing agressif pour écouler, mais valeur résiduelle sous pression.

Leçon: un EV « universel », coûteux et standard, ne résiste pas longtemps à un environnement mouvant (tarifs, aides, concurrence chinoise et Tesla) sans proposition de valeur claire – ou sans production locale pour sécuriser sa compétitivité.

BYD, l’hyper‑adaptation par la petite porte

À l’inverse, BYD applique sa méthode éprouvée: partir des contraintes locales, concevoir une plateforme spécifique, et optimiser coût/fonction plutôt que sur‑spécifier.

  • Produit « juste ce qu’il faut »: pack ~20 kWh, autonomie urbaine réaliste, recharge soutenue pour compenser la petite batterie, gabarit milimétré pour avantages fiscaux et d’assurance.
  • Coûts: LFP « Blade » maison, intégration verticale batteries/électronique, industrialisation serrée.
  • Go‑to‑market: prix aligné sur la Sakura, design et usage kei (portes coulissantes attendues, visibilité, rayon de braquage), RHD prévu.

💬 Citation à méditer
« Gagner le Japon n’est pas le point; y laisser une trace l’est. » L’entrée de BYD dans le temple des kei n’est pas une quête de volumes, mais de crédibilité industrielle et qualité perçue. Un signal envoyé à l’Occident.

Pourquoi l’Europe est directement visée: la citadine

L’UE a laissé s’éroder le cœur de marché A/B en thermique, faute de marges. En électrique, l’équation est encore plus dure: poids et batterie font la note. Résultat: emballement des prix, et un trou béant sous 20 000 € que seules quelques offres comblent partiellement (Dacia Spring, futures ë‑C3/Twingo e‑Tech/ID.2).

Or la demande réelle de transition se trouve là: petites autos frugales, réparables, assurables, faciles à recharger en ville.

  • Si des « light EV » asiatiques optimisées (LFP 25–35 kWh, 250–350 km WLTP, DC 75–100 kW, 900–1 050 kg) arrivent en Europe via production locale ou partenaires, elles établiront le standard du « suffisant désirable ».
  • Les droits additionnels ralentissent, mais n’annulent pas la force d’un concept produit solide, industrialisé à coût plancher.

Feuille de route très concrète pour l’Europe

  1. Recentrer le cahier des charges
  • Batterie « right‑sized » (25–35 kWh), 800–1 000 kg visés, Cx/A maîtrisés. Pas besoin de 500 km WLTP en ville.
  • DC 75–100 kW, AC 11 kW: regagner vite 100–150 km en 10–15 min.
  1. Adopter les chimies frugales
  1. Design pour coût total de possession
  • Pièces extérieures non peintes remplaçables, selleries recyclées faciles à nettoyer, jantes 14–15". Assurance/VO favorisés.
  1. Logiciel utile, pas gadget
  • OTA robustes, applis locales (parkings/borne/transport), modes urbains (éco‑chauffage, pré‑conditionnement intelligents). Interface simple, latence faible.
  1. Standards partagés
  • Plateforme A/B commune (multi‑marques) en Europe: économies d’échelle, modules unifiés (moteur, onduleur, BMS).
  1. Sourcing et usine
  • Cellules LFP/sodium locales (ou JV proches), usinage carrosserie simple, lignes courtes. Objectif prix public: 16–22 k€ hors bonus.
  1. Sécurité pragmatique
  • 5 étoiles ciblées via structures intelligentes et aides ADAS pertinentes (AEB urbain, angles morts), pas de surenchère coûteuse d’options.
  1. Contrats d’énergie et recharge
  • Packs d’électricité urbaine avec opérateurs, tarifs nuit, bornes de quartier. V2L de série pour cas d’usage domestiques.
  1. Financement rassurant
  • LOA/LDD avec garantie batterie 8 ans et valeur résiduelle encadrée. Abonnement batterie possible en entrée de gamme.
  1. Calendrier et communication
  • Lancer en 18–24 mois une « triade »: 3,65 m (2+2), 3,95 m (5 places), dérivé utilitaire léger. Storytelling frugalité/plaisir urbain, pas « tech porn ».

📊 Chiffres clés

  • Japon 2024: ~1,55 million de kei (≈40% du marché).
  • BYD kei attendue: ~20 kWh, ~180 km WLTC, DC jusqu’à 100 kW, ~2,5 M¥.
  • Ariya US: fin de partie dès MY2026, sur fond de droits additionnels et d’arbitrages internes.

💡 Conseil d’expert
Avant de promettre « la citadine européenne à 20 000 € », verrouillez trois postes: batterie (chimie/volume), carrosserie (pièces simples, non peintes), chaîne logicielle (OTA fiables). C’est 70% de la bataille.

Le vrai enjeu

Derrière Ariya et le kei BYD, c’est une bataille de méthode. D’un côté, un SUV « global » pris en tenaille par les tarifs et la concurrence prix/produit. De l’autre, une micro‑électrique chirurgiquement ajustée à un marché, à sa fiscalité, à ses rues. L’Europe n’a pas besoin de copier les kei, mais d’appliquer cette logique d’ultra‑pertinence à ses citadines: utiles, légères, sobres, abordables – et produites au bon endroit. C’est là que se jouera la crédibilité de la transition auprès du grand public.

GM coupe CarPlay pour l’IA de Google: l’Europe regarde la crise des puces, la vraie bataille est ailleurs

En bref:

  • GM supprime progressivement Apple CarPlay/Android Auto pour passer à Android Automotive embarqué, Gemini et une architecture logicielle centralisée afin de contrôler l’UX, les données et la monétisation par abonnements et services.
  • La vraie bataille pour l’avenir automobile n’est plus que matérielle : l’Europe doit sécuriser l’accès aux données, l’interopérabilité et une souveraineté logicielle (OS, assistants, OTA, carto) pour éviter d’être cantonnée au rôle de fournisseur de hardware.

General Motors ne veut plus d’Apple CarPlay ni d’Android Auto à bord. Après ses électriques, le groupe américain confirme qu’il supprimera progressivement les systèmes de “projection smartphone” sur l’ensemble de sa gamme, thermiques compris. Dans le même temps, GM accélère un pivot logiciel majeur: Android Automotive embarqué, assistant IA Gemini de Google, architecture centralisée, services connectés monétisables.

Au moment où l’Europe focalise ses débats sur la souveraineté des semi‑conducteurs (affaire Nexperia, Chips Act), c’est peut‑être la guerre d’après – celle des plateformes logicielles et de l’IA embarquée – qui décidera du partage de la valeur automobile. Et elle ne se joue pas dans les fonderies, mais dans l’interface homme‑machine, les données et l’écosystème de services.

Ce que GM fait concrètement (et pourquoi c’est structurant)

  • Fin programmée d’Apple CarPlay et d’Android Auto sur tous les nouveaux modèles GM au fil des renouvellements. La bascule démarre côté Cadillac avec l’Escalade IQ à l’horizon 2028.
  • Adoption généralisée d’Android Automotive OS embarqué (sans téléphone), avec les Google Automotive Services (Maps, Assistant, Play) et un store d’applications dédié.
  • Nouvelle architecture électrique/électronique à calculateur central, mises à jour OTA à grande échelle, orchestration logicielle maison (ex‑Ultifi).
  • Intégration d’un assistant conversationnel basé sur Gemini (Google) dès 2026, puis assistant propriétaire GM à terme.
  • Objectif “eyes‑off” (conduite autonome conditionnelle) annoncé pour l’Escalade IQ vers 2028, dans la continuité de Super Cruise (plus d’1,1 milliard de km roulés “mains libres” selon GM).

En clair: reprendre la main sur l’UX, les données, l’IA et l’après‑vente numérique. Et capter les revenus récurrents (abonnements, options logicielles, assurances basées sur l’usage, contenus, e‑commerce).

📌 À noter: GM n’abandonne pas “Android”, il abandonne Android Auto (projection du smartphone) mais parie sur Android Automotive (OS embarqué). Nuance cruciale.

CarPlay/Android Auto vs Android Automotive: ce que ça change au volant

  • CarPlay/Android Auto: l’écran de la voiture projette une interface du smartphone. Avantages: familiarité, continuité des apps (carto, musique, messages). Limites: intégration partielle au véhicule (énergie, ADAS, commandes), handover d’interface parfois heurté.
  • Android Automotive embarqué: pas besoin de téléphone; l’OS tourne nativement dans la voiture, avec applications “véhicule‑aware” (préconditionnement batterie, planification de charge, ADAS). Contrepartie: il faut se reconnecter app par app, et l’offre d’apps Apple (Apple Music, Messages…) est absente tant qu’un accord n’existe pas.

“C’est une approche très job­sienne”, assume GM: décider contre l’habitude du marché pour pousser une architecture jugée d’avenir. L’analogie a ses limites, mais la logique est claire: unifier l’expérience et éviter qu’Apple/Google monopolisent la couche “client”.

La double menace pour l’Europe: matériel vs logiciel

  • Menace 1 – Matériel (puces): la dépendance aux semi‑conducteurs reste stratégique. L’UE investit (Chips Act) et surveille les risques (Nexperia, Newport, supply chain). Indispensable… mais défensif.
  • Menace 2 – Logiciel/IA: c’est ici que se crée la marge. Qui contrôle l’OS embarqué, l’assistant vocal, la carte, la place d’apps, le paiement de la recharge, la télématique et l’OTA contrôle l’expérience client, la donnée et la monétisation. Tesla l’a démontré. GM veut suivre. Les champions chinois (BYD/Huawei, Xiaomi) convergent vers des stacks fermés et très intégrés.

Ignorer cette bataille revient à accepter une “désintermédiation” progressive des constructeurs européens au profit de plateformes US/Chine, reléguant les marques au rôle de fournisseurs de hardware homologué.

Où en sont les constructeurs européens (forces et fragilités)

  • Volkswagen Group: CARIAD réécrit sa base logicielle (E3), retards en cascade, mais ambition intacte sur les architectures zonales et l’OTA. En transition délicate.
  • Stellantis: stratégie STLA Brain/SmartCockpit, OTA massives, Android Automotive OS sans Google Automotive Services (GAS), avec Alexa/TomTom. Volonté d’éviter la dépendance à Google.
  • Mercedes‑Benz: MB.OS propriétaire, intégration profonde, forte maîtrise de l’UX premium; CarPlay reste proposé pour la partie média/navigation si souhaitée.
  • BMW: OS maison basé sur AOSP (Android open source), CarPlay maintenu. Approche pragmatique et premium‑centrée.
  • Renault Group: partenariat Google (AAOS + GAS) mais CarPlay et Android Auto restent disponibles; montée en puissance logicielle via Ampere.

Tous investissent. Mais la fragmentation des approches, les retards d’intégration et des arbitrages complexes (ouvrir vs fermer, Google vs maison) créent une fenêtre d’opportunité pour des plateformes extra‑européennes.

Pourquoi GM peut s’en sortir là où d’autres peinent

  • Intégration verticalisée: calculateur central, pipeline OTA, app store, ADAS, IA conversationnelle, tout est pensé pour fonctionner ensemble.
  • Monétisation dès la conception: packages logiciels, options à l’usage, services connectés pilotés par la donnée.
  • Parc et marques US puissants (Chevrolet, GMC, Cadillac), clientèle habituée aux services à abonnement.
  • Storyline “sécurité/ergonomie”: une UX unifiée et nativement véhicule peut réduire les frictions au volant, notamment dans l’électrique (routage de charge, préconditionnement, tarification).

Reste un talon d’Achille: la qualité perçue de l’UX face à CarPlay. Si l’expérience n’est pas franchement meilleure, la frustration client peut se payer en parts de marché, surtout en Europe.

Règlement et souveraineté numérique: quels leviers en Europe

  • Accès aux données du véhicule: accélérer un “Vehicle Data Act” européen garantissant un accès équitable aux données et ressources embarquées (interfaces HMI, capteurs, paiement, ADAS) pour des tiers agréés, sous contrôle du client, dans le respect du RGPD.
  • Interopérabilité: exiger des interfaces ouvertes minimales pour éviter des jardins clos irréversibles. L’UE l’a fait sur smartphone (DMA); l’automobile mérite un cadre spécifique.
  • Cybersécurité et OTA: UE/UNECE R155 et R156 offrent un socle. À renforcer avec des exigences de portabilité des services et de logging interopérable.
  • Cloud/edge et IA: soutenir des chaînes de confiance européennes (hébergement, MLOps, modèles spécialisés) compatibles avec les contraintes temps réel du véhicule.

L’objectif n’est pas d’interdire les écosystèmes, mais d’empêcher qu’ils capturent unilatéralement la relation client et les rentes de données.

Pour l’automobiliste électrique: conséquences très concrètes

  • Expérience: plus d’apps natives optimisées pour l’énergie (pré‑conditionnement, planification multi‑bornes, paiement, tarification dynamique). Moins de continuité directe iPhone (Apple Music, messages) tant qu’aucun accord n’existe.
  • Abonnements: la valeur se déplace de l’option matérielle vers la licence logicielle (ADAS, confort, connectivité). Attention au TCO et aux coûts récurrents.
  • Confidentialité: la voiture devient un capteur massif. Bien lire les consentements et les paramètres de partage de données.
  • Revente/flottes: un véhicule “lié” à un écosystème donné peut voir sa valeur résiduelle varier selon l’appétence marché pour cet écosystème et la politique d’abonnements.

Plan d’action: éviter le piège du cheval de Troie logiciel

Pour les constructeurs européens:

  1. Prioriser un OS embarqué robuste et voiture‑centré, mais garder des “ponts” vers CarPlay/Android Auto tant que l’UX maison n’apporte pas un gain évident.
  2. Maîtriser l’assistant vocal de bord (NLP, multimodal) et sa gouvernance des données. Les partenariats IA doivent être réversibles.
  3. Industrialiser l’OTA end‑to‑end (sécurité, qualité, cadence), avec une usine logicielle capable de livrer des features trimestrielles.
  4. Orchestrer un app store contrôlé, adossé à des API ouvertes documentées, avec business model clair pour les développeurs.
  5. Éviter la “captivité cartographique”: co‑développer carto HD et routage énergie avec plusieurs partenaires (TomTom, Here, Google…) pour rester multi‑sourcing.
  6. Conduire la transformation E/E (zonal + calculateur central) en alignant software, achat, après‑vente et finance sur un P&L logiciel pluriannuel.

Pour les régulateurs:

  • Encadrer l’accès aux données et ressources embarquées, imposer la portabilité des services et la transparence des abonnements.
  • Harmoniser rapidement les règles d’interopérabilité HMI/infotainment sans freiner l’innovation (balisage plutôt qu’injonctions techniques).

💡 Astuce d’expert

  • La “killer feature” EV n’est pas l’écran géant, c’est la chaîne logicielle énergie (planification, pré‑cond, paiement, V2X) qui supprime les frictions de la recharge. C’est là que doit se mesurer l’avantage d’un OS embarqué face à CarPlay/Android Auto.

📢 À retenir

  • GM tourne le dos à CarPlay/Android Auto pour verrouiller un écosystème IA‑logiciel monétisable avec Google et sa propre stack.
  • L’Europe ne peut pas gagner la prochaine décennie auto uniquement avec des usines de puces: l’OS du véhicule, l’assistant, la carto, l’OTA et la donnée sont la nouvelle chaîne de valeur.
  • Sans interopérabilité et maîtrise logicielle, le risque est de devenir fournisseur de carosserie haut de gamme pour plateformes américaines ou chinoises.

En bref, l’abandon de CarPlay n’est pas une querelle d’icônes sur un tableau de bord: c’est le signal d’une bataille stratégique pour la relation client et la rente logicielle de la voiture électrique. À l’Europe de s’y engager pleinement, et vite.

Pénurie de puces et course à l’IA: l’Europe auto prise en étau entre Nexperia et l’offensive GM–Google

En bref:

  • Blocus autour de Nexperia crée un risque immédiat de pénurie de composants « commodité » (quelques semaines de stocks) pouvant immobiliser des lignes: priorité aux substitutions pin‑to‑pin, war rooms filière et partage de stocks pour sécuriser la production à court terme.
  • Parallèlement, l’alliance GM–Google accélère la bascule vers des voitures définies par logiciel (Gemini 2026, conduite « eyes‑off » 2028) ; l’Europe doit combiner résilience matérielle (multi‑sourcing, ESMC) et industrialisation logicielle (compute central, OTA, partenariats IA et conformité AI Act).

L’automobile européenne se retrouve à nouveau au pied du mur. À très court terme, le blocus chinois visant les exportations liées à Nexperia fait ressurgir le spectre d’une pénurie de semi-conducteurs, avec des chaînes prêtes à caler en quelques semaines. Dans le même temps, General Motors scelle une alliance stratégique avec Google pour embarquer l’IA Gemini dès 2026 et promettre une conduite « eyes-off » en 2028 sur Cadillac. Deux fronts, un même enjeu: la souveraineté industrielle et logicielle du Vieux Continent.

Entre crise d’approvisionnement et bascule vers la voiture définie par logiciel, l’Europe peut-elle tenir la ligne de crête sans perdre du terrain à la fois sur le matériel d’aujourd’hui et le logiciel de demain ?

Nexperia: le retour du risque « stop & go » en usine

Le 13–14 octobre, La Haye a pris le contrôle de Nexperia (filiale de Wingtech) au nom de la sécurité nationale. Pékin a riposté par des contrôles d’exportation visant des composants fabriqués en Chine et nécessaires à Nexperia. Conséquence immédiate: le fournisseur a prévenu la chaîne auto qu’il ne pouvait plus garantir ses livraisons.

  • ACEA (constructeurs européens): « situation alarmante » si le bras de fer se prolonge.
  • VDA (Allemagne) et plusieurs groupes (Volkswagen, BMW, Mercedes-Benz, Stellantis) évaluent d’urgence l’exposition et activent des plans d’atténuation.
  • Volkswagen a prévenu d’un risque de perturbations à brève échéance; d’autres constructeurs évoquent des stocks de quelques semaines.

Ces puces – diodes, transistors, microcontrôleurs modestes en valeur unitaire mais omniprésents – irriguent faisceaux, calculateurs, système de gestion de batterie (BMS), chargeurs, capteurs, actionneurs… Les remplacer n’est pas trivial: qualification technique, validation CEM/sécurité, et montée en cadence se comptent en mois. En 2021–2022, l’industrie a appris à diversifier, mais le « risque zéro » n’existe pas sur ces références de base, souvent standardisées sur un seul second source.

📌 À retenir

  • Effet domino: un composant « commodité » peut immobiliser un ensemble complet (ex.: un chargeur embarqué de voiture électrique, un module ABS).
  • Fenêtre critique: quelques semaines de stocks chez plusieurs équipementiers; le risque d’unités « incomplètes » réapparaît.
  • Le juste-à-temps reste vulnérable quand la qualification alternative dépasse 8–12 semaines.

💡 Conseil d’expert

  • Prioriser des « drop-in replacements » pin-compatibles et qualifiés en amont (conception multi-sources), même au prix d’un léger surcoût BOM. Cette assurance technique vaut davantage que le gain centimes par pièce en période de stress.

Pendant ce temps aux États-Unis: GM accélère l’IA embarquée avec Google

Le 22 octobre, à New York, GM a dévoilé une feuille de route très offensive:

  • Intégration de l’assistant IA Gemini de Google à partir de 2026, pour des interactions en langage naturel (aide à l’usage, diagnostic, itinéraires, pédagogie de fonctions comme l’utilisation de l'énergie en mode « one pedal driving »).
  • Nouvelle plateforme informatique centralisée (un « ordinateur central » unique pour propulsion, ADAS, infotainment, sécurité) déployée sur EV et thermiques.
  • Objectif 2028: première Cadillac Escalade IQ « eyes-off » (fusion des capteurs pour la conduite autonome sans supervision visuelle), sous réserve des cadres réglementaires et de la maturité opérationnelle.

Au-delà du marketing, le signal est clair: convergence IA + robotique + compute central. La future différenciation se jouera sur le logiciel systémique, la mise à jour agile (OTA), la sûreté de fonctionnement multi-domaines et la qualité de l’interface conversationnelle.

ℹ️ Bon à savoir

  • L’Europe n’est pas absente: Mercedes-Benz dispose déjà d’un niveau 3 homologué en Allemagne (Drive Pilot jusqu’à 95 km/h), et expérimente des assistants vocaux enrichis par IA. BMW collabore avec Amazon (Alexa) pour son prochain assistant.
  • À l’inverse, certains programmes européens très ambitieux de « smart cockpit » ont été remaniés ou ralentis en 2025, signe d’un environnement plus incertain côté stratégie logicielle.

Double tenaille: hardware sous tension, software en recomposition

  • Chaîne matérielle: l’Europe a lancé des chantiers de souveraineté (TSMC/ESMC à Dresde, mise en production visée en 2027, aux côtés d’acteurs européens comme Infineon, NXP, STMicroelectronics). C’est stratégique pour l’auto… mais trop tard pour amortir le choc Nexperia à court terme.
  • Chaîne logicielle: les plateformes de calcul central, l’IA conversationnelle et l’autonomie conditionnelle deviennent des différenciateurs majeurs. Les alliances américaines (constructeurs–Big Tech) avancent vite, avec un écosystème cloud/IA intégré. L’Europe aligne des réussites (Mercedes L3) mais reste fragmentée côté stacks logiciels et assistants génériques.

📊 Où se situe l’Europe aujourd’hui ?

  • Court terme (2025): forte exposition aux commodités électroniques, dépendance à des flux Asie–Europe; amortisseurs limités.
  • Moyen terme (2027+): capacité locale accrue (ESMC) pour des nœuds adaptés à l’automobile; montée en puissance des compute centraux européens sous contraintes réglementaires (sécurité, cybersécurité, IA Act).
  • Logiciel: atouts en sécurité fonctionnelle, architecture E/E, homologation; retard relatif sur l’IA grand public embarquée, les plateformes conversationnelles et l’industrialisation OTA « cloud-native ».

Que faire maintenant? Feuille de route pragmatique pour l’écosystème européen

  1. 0–12 semaines: sécuriser la production
  • Cartographier finement l’exposition Nexperia par référence et par usine; remonter jusqu’au niveau sous-traitants (tier-2/3).
  • Lancer en parallèle: substitutions pin-to-pin déjà qualifiées; lots pilotes pour requalification accélérée; arbitrer des plans industriels (prioriser modèles à fort mix).
  • Activer des « war rooms » multi-fournisseurs, partager des stocks critiques au niveau filière sous égide des États si nécessaire.
  • Transparence client/concession: options temporairement indisponibles, délais réalistes, choix d’équipements alternatifs.
  1. 3–18 mois: concevoir pour la résilience
  • Introduire systématiquement des seconds et troisièmes sourcings dès la phase schématique (footprints compatibles, tolérances harmonisées).
  • Cadres d’accord à long terme avec plusieurs fondeurs/IDM sur les commodités (diodes, transistors, MCU auto-grade).
  • Mutualiser au niveau européen des « kits de validation » pour composants standards afin de réduire le temps d’homologation inter-marques.
  • Accélérer l’accès à ESMC (Dresde, 2027) et renforcer les capacités locales d’assemblage/test pour les références spécifiques auto.
  1. Logiciel et IA: rattrapage ciblé, souveraineté raisonnée
  • Standardiser les architectures de calcul central (séparation des domaines sûreté/infotainment), avec pipeline OTA robuste et une certification de la sécurité des réseaux véhiculaires.
  • Nouer des partenariats IA pragmatiques (moteurs LLM multicloud, incluant des alternatives européennes) tout en investissant dans les couches d’orchestration, l’expérience conversationnelle embarquée et la confidentialité des données.
  • Anticiper les exigences de l’AI Act: explicabilité, sécurité, données embarquées traitées en local « on-device » quand c’est pertinent.
  • Accélérer l’harmonisation réglementaire UE pour le niveau 3/4 (extension des cas d’usage, corridors d’essais transfrontaliers).
  1. Politique industrielle et énergie
  • Conditionner les aides à des engagements de multi-sourcing et de « design-for-substitution ».
  • Lier l’analyse du cycle de vie des batteries (matières critiques, chimies alternatives comme LMR/Mn) à la disponibilité électronique pour sécuriser la montée en volume des électriques et hybrides rechargeables.

🧭 À retenir (stratégique)

  • Le risque Nexperia est immédiat; les réponses sont techniques et logistiques, pas seulement diplomatiques.
  • La bataille logicielle se gagnera sur la discipline d’ingénierie (compute central, sûreté, OTA) autant que sur la « brillance » d’un assistant IA.
  • 2025–2027 est une fenêtre de vulnérabilité: combler l’écart matériel par la résilience et l’écart logiciel par l’industrialisation rapide des plateformes.

Impact transition: ne pas casser l’élan de l’électrification

Un « trou d’air » sur des composants à faible valeur unitaire peut retarder des milliers de VE et hybrides, renchérir les coûts et brouiller la lisibilité des délais. La réponse la plus efficace pour les objectifs climatiques européens reste d’éviter les arrêts de chaîne par une ingénierie de substitution agile et des stocks tampons intelligents, sans renoncer à la montée en puissance du logiciel embarqué, indispensable pour l’efficacité énergétique, la sécurité et l’usage.

En clair: sécuriser les puces d’aujourd’hui pour livrer les voitures de demain, tout en construisant les briques logicielles qui feront la différence dans cinq ans. L’Europe n’a pas perdu la partie, mais elle n’a plus le droit à l’erreur sur l’exécution.

Voiture “Made in Europe” à 80 % : sauvetage de la filière ou mirage industriel ?

En bref:

  • Proposition: conditionner les aides publiques à un seuil de contenu local de 80 % (≈65 % pour la batterie) pour relocaliser la chaîne de valeur, sécuriser l’emploi et capter la valeur ajoutée en Europe.
  • Contraintes: risque de hausse de prix à court terme et d’obstacles juridiques UE/OMC — solution probable : phasage des seuils, cadre européen et critères neutres (empreinte carbone, traçabilité) + soutiens ciblés (batteries, petits modèles).

La proposition est aussi simple que radicale : conditionner les aides publiques (bonus, leasing social, subventions d’implantation) à un seuil de 80 % de contenu local pour définir une “voiture européenne”. Portée par la FIEV, la fédération des équipementiers, elle vise à enrayer un décrochage devenu structurel. Mais une telle clause est-elle réaliste, juridiquement tenable et économiquement soutenable, notamment pour l’électrique ?

Pourquoi cette idée surgit maintenant

  • Marché en berne: près de 3 millions d’immatriculations de moins en Europe depuis 2019. Surcapacité dans les usines d’assemblage estimée à 20–30 %.
  • Choc social: 40 000 emplois détruits en cinq ans chez les équipementiers en France, et 20 000 supplémentaires menacés à court terme, selon la FIEV.
  • Dépendance: 25 à 30 % des composants d’un véhicule assemblé en Europe proviennent déjà d’Asie, davantage pour l’électrique (batterie, électroniques de puissance, aimants).
  • Concurrence mondiale: offensive chinoise sur l’électrique, barrières américaines, marges sous tension en Europe.

Dans ce contexte, la FIEV plaide pour une définition stricte de la “voiture européenne” à 80 % de contenu local (hors batterie), avec un seuil spécifique pour les batteries autour de 65 %. Objectif affiché: faire des aides publiques un levier de souveraineté industrielle plutôt qu’un accélérateur d’importations.

Ce que changerait une clause à 80 %

  • Aides publiques fléchées: pas d’interdiction d’importer, mais un accès aux aides réservé aux voitures respectant le seuil. Cela rebat les cartes dans les segments subventionnés (citadines, compactes électriques).
  • Relocalisation incitée: pression pour sourcer davantage en Europe les pièces plastique, mécaniques, électroniques, logiciels, ensembles e-axle/inverseurs, et pour ancrer les batteries.
  • Effet d’entraînement: des donneurs d’ordres incités à remailler les rangs 2–3 (chimie cathodique/anodique, aimants, packaging électronique, connectique), aujourd’hui massivement asiatiques.

📌 À retenir

  • Seuil visé: 80 % de contenu local véhicule hors batterie; ~65 % pour la batterie.
  • Périmètre: condition d’éligibilité aux aides (bonus, leasing social, subventions).
  • But: sécuriser l’emploi, capter la valeur ajoutée, réduire la vulnérabilité d’approvisionnement.

Impact pour le consommateur: les prix vont-ils grimper ?

À court terme, oui, probablement. L’Europe paie encore plus cher certains intrants clés (cellules de batterie, cathodes, composants électroniques) que l’Asie.

Scénario indicatif sur une compacte électrique:

  • Batterie 60 kWh: écart de coût “UE vs Chine” de l’ordre de 20–40 €/kWh en 2025 selon contrats et volumes, soit +1 200 à +2 400 €.
  • Autres composants localisés: surcoût possible de 3–5 % du prix sortie usine selon l’effort de re-sourcing, soit +600 à +1 000 € sur une voiture à 30–35 000 €.
  • Total plausible: +1 800 à +3 400 € (4–10 %), avant gains d’échelle et d’apprentissage.

Effets en chaîne:

  • Si le véhicule respecte 80 %, il conserve le bonus/leasing social et le surcoût peut être partiellement absorbé.
  • S’il ne respecte pas 80 %, il perd l’aide et devient moins compétitif, ce qui peut réduire l’offre “bon marché” importée à court terme.
  • Risque social: sans calibrage fin, l’accès à l’EV pour les ménages modestes peut se tendre. Il faut donc coupler la mesure à des aides renforcées sur les petits modèles légers européens.

💡 Conseil d’expert

  • Pour éviter une hausse ressentie des prix, la mesure doit être accompagnée de bonus majorés pour les véhicules légers, sobres et réparables produits localement, et d’un leasing social pérenne ciblé.

Juridique: est-ce compatible avec l’UE et l’OMC ?

Point sensible. Les règles européennes et de l’OMC sont rétives aux clauses explicites de contenu local liées aux aides:

  • Droit de l’UE: les aides d’État ne peuvent pas discriminer l’origine intra-UE. À l’échelle européenne, conditionner une aide à un “contenu européen” discrimine les pays tiers; c’est politiquement faisable seulement si c’est décidé au niveau de l’UE et juridiquement justifié.
  • OMC (Accord sur les subventions): les subventions conditionnées à l’usage de produits domestiques sont prohibées. Le risque de contentieux est réel.

Comment contourner légalement ?

  • Utiliser des critères “neutres” d’accès aux aides: score environnemental, empreinte carbone du cycle de vie, traçabilité, devoir de diligence, recyclabilité, circularité, sécurité d’approvisionnement. Ce type de critère, déjà mobilisé en France pour le bonus écologique, favorise de facto les chaînes courtes européennes, tout en restant plus défendable juridiquement.
  • Agir au niveau européen: un cadre UE (plutôt que national) réduit le risque de fragmentation du marché et permet d’articuler la mesure avec le Net-Zero Industry Act et le règlement batteries (empreinte carbone, contenu recyclé, due diligence).

⚖️ Bon à savoir

  • Le “bonus écologique” français version 2024–2025 a déjà basculé vers un score environnemental (transport, mix énergétique, etc.) qui a écarté certains modèles importés sans énoncer de « contenu local ». C’est le précédent le plus robuste à ce jour en Europe.

Faisabilité industrielle: peut-on atteindre 80 % vite ?

  • Capacités en montée, mais pas homogènes: l’Europe accélère sur les cellules (ACC, Northvolt, Verkor), les packs, l’électronique de puissance (Si/SiC), l’assemblage e-axle. Les maillons encore faibles: cathodes/anodes, graphite, aimants permanents (NdFeB), une partie de la microélectronique et du packaging, chimie des précurseurs.
  • Utilisation des usines: la demande chahutée de 2024–2025 pèse sur les plans de charge; sécuriser des volumes stables via la politique d’aides est clé pour baisser les coûts.
  • Règles de calcul: définir le “contenu local” (valeur ajoutée ex-works, nomenclature douanière, règles d’origine) est techniquement complexe et mobilise des données fournisseurs rangs 2–3 rarement transparentes.

Approche réaliste:

  • Phasage des seuils (ex. 50 % en 2026, 60 % en 2028, 70 % en 2030, 80 % en 2032), avec trajectoire spécifique pour les batteries (ex. 65 % en 2030).
  • Couplage avec des outils pro-industriels: contrats pour différence sur la batterie, soutien aux cathodes/anodes/aimants, achats publics “verts”, et un cadre de long terme pour la demande (bonus/feebate pondérés par le poids et l’efficacité).

Effets sur l’électrique: frein ou accélérateur ?

  • Probable recentrage vers des véhicules plus compacts, légers et sobres, plus faciles à “européaniser” à coût contenu.
  • Incitation à développer des chimies de batteries industrialisables en Europe (LFP/LFP-Mn), du remanufacturing et du recyclage (boucle fermée).
  • Risque à court terme sur l’accessibilité prix si la contrainte n’est pas phasée et si les volumes subventionnés diminuent. Le calibrage des aides devient déterminant.

Les chances politiques de la mesure

  • Momentum: la filière équipementière pousse fort; plusieurs rapports en France plaident pour des clauses de contenu local élevées et un recentrage sur les petites voitures abordables.
  • Bruxelles prudente: la Commission privilégie des critères de durabilité/empreinte carbone et des instruments commerciaux (enquêtes anti-subventions sur les EV chinois) plutôt qu’une clause frontale “80 % local”.
  • Issue la plus probable à court terme: un renforcement des critères environnementaux pan-européens, combiné à des soutiens ciblés à la chaîne batterie et à des instruments commerciaux. Une “clause 80 %” explicite a des chances limitées, sauf si portée au niveau de l’UE, phasée et juridiquement blindée.

✅ En synthèse

  • L’ambition industrielle fait sens et répond à une urgence sociale et stratégique.
  • Économiquement, un surcoût transitoire est probable mais compressible si les volumes et la visibilité sont au rendez-vous.
  • Juridiquement, l’option la plus robuste passe par des critères d’empreinte/durabilité et une mise en musique européenne, plutôt qu’un local content “nu”.
  • Pour l’électrique, la clé sera de marier souveraineté, prix d’accès et sobriété: bonus orienté sur les petits modèles légers, et accélération des maillons critiques (batteries, aimants, électroniques).

En clair, la “voiture européenne à 80 %” peut devenir une politique industrielle crédible… à condition d’être phasée, européanisée, et ancrée dans des critères environnementaux solides qui sécurisent l’emploi sans casser l’ascenseur social de l’électrique.

Hybrides qui déçoivent, Norvège qui coupe: la fin de la transition « facile » pour l’automobile européenne

En bref:

  • Analyse OBFCM/T&E : les PHEV émettent en réalité ~5× les valeurs WLTP (≈135–139 g CO2/km) avec ~27 % de kilomètres électriques — ils ne décarbonent que si rechargés quasi-quotidiennement ; l’UE va durcir les facteurs d’utilisation.
  • La Norvège supprime progressivement l’exonération de TVA (2026–2027), faisant monter le prix des VE et mettant fin aux aides permanentes — message pour la France : cibler les aides sur BEV abordables et la recharge, et conditionner tout soutien aux PHEV à la preuve d’un usage branché.

L’automobile européenne vient de recevoir un double électrochoc. D’un côté, une vaste analyse européenne remet sévèrement en cause l’efficacité réelle des hybrides rechargeables. De l’autre, la Norvège — marché pionnier et laboratoire du 100 % électrique — programme la fin de son exemption de TVA sur les VE. Deux signaux convergents qui marquent la fin des « béquilles » technologiques et fiscales de la transition.

Que reste-t-il quand la pédagogie des données se heurte aux habitudes de conduite, et quand les subventions s’effacent sur un marché jugé mature ? Décryptage et conséquences concrètes pour la France.

Le premier signal: les hybrides rechargeables, une promesse qui se fissure

Selon Transport & Environment (T&E), sur la base de données officielles collectées par l’Agence européenne de l’environnement (compteurs OBFCM, plus de 800 000 PHEV immatriculés 2021–2023), l’écart entre laboratoire et route s’est transformé en gouffre.

  • Emissions réelles ≈ 5 fois supérieures aux valeurs WLTP en 2023
  • Emissions moyennes en usage réel ≈ 135–139 g CO2/km (vs ~28 g/km en fiche WLTP)
  • Avantage CO2 réel vs thermique: seulement ~19 % (vs ~75 % promis)
  • Consommation réelle moyenne: ~5,9 L/100 km (vs ~1,5 L/100 km annoncés)
  • Surcoût d’usage: ≈ +500 € par an de carburant, en moyenne

Pourquoi un tel écart ? Deux raisons structurantes ressortent des données:

  • Un usage électrique largement surestimé dans la méthode WLTP. Le « facteur d’utilisation » (part des kilomètres effectués en électrique) tourne autour de 27 % en pratique, contre ~80 % postulés à l’homologation.
  • Une architecture et des calibrations qui sollicitent souvent le thermique. Même en « mode électrique », le moteur essence s’enclenche environ un tiers des distances (côtes, relances, vitesses soutenues), d’où ~3 L/100 et ≈ 68 g CO2/km… en théorie zéro-émission.

📌 À retenir

  • Le PHEV n’est pas une solution climatique par défaut: il le devient uniquement si l’on recharge très régulièrement et que la majorité des trajets quotidiens reste courte et urbaine.
  • Plus les batteries grossissent sans recharge fréquente, plus l’effet poids pénalise en thermique.
  • La Commission européenne abaissera le « facteur d’utilisation » en 2025 puis 2027/28: les CO2 officiels des PHEV remonteront et leurs avantages réglementaires diminueront.

Le second signal: la Norvège éteint (progressivement) la pompe à aides

Championne mondiale du VE, la Norvège enclenche la sortie des exonérations majeures:

  • 2026: seuil d’exemption de TVA ramené de 500 000 à 300 000 NOK (~42 500 € → ~25 500 €)
  • 2027: suppression totale de l’exemption de TVA (25 %) sur le prix d’achat des VE neufs
  • Hausse parallèle de la taxe d’immatriculation des thermiques (+20 000 à +30 000 NOK) pour maintenir un différentiel en faveur des zéro-émission
  • Contexte: 95 % de parts de marché VE sur 2025 (98,3 % en septembre), « objectif 2025 pratiquement atteint » selon le ministre des Finances

Effet attendu: une hausse sensible des prix des VE (jusqu’à +25 % sur le ticket TTC en 2027), critiquée par l’Association norvégienne des VE, mais justifiée budgétairement (coût annuel de l’exonération: ~17,5 Md NOK, ≈ 1,5 Md €) et politiquement au nom d’un marché désormais mûr.

ℹ️ Info Box — Ce que change la fin de l’exemption de TVA en Norvège

  • 2026: de nombreux modèles « cœur de marché » basculent partiellement à 25 % de TVA
  • 2027: 25 % de TVA appliqués à tous les VE neufs
  • Les thermiques restent plus taxés à l’achat, maintenant l’avantage comparatif du VE — mais la « fête » fiscale est bel et bien terminée

Un même message, deux faces: la transition n’avance plus « à crédit »

  • Côté produit, l’hybride rechargeable perd sa rente « statistique ». Mesuré par l’usage réel (OBFCM), il n’est un levier climat que sous conditions strictes d’exploitation.
  • Côté politique publique, le marché VE le plus avancé d’Europe s’affranchit de l’hyper-incitation. La subvention permanente cède la place à une fiscalité plus neutre, une fois la bascule acquise.

Cette double alerte clôt l’ère de la transition « facile »: celle où l’on cumulait promesses WLTP optimistes, bonus généreux et objectifs reportés. À l’avenir, l’Europe arbitrera plus sur la réalité d’usage que sur l’intention, et sur des incitations mieux ciblées que « massives ».

Conséquences pour la France: cap sur le réel, pas sur l’alibi

La France n’est pas la Norvège. Son marché VE est moins avancé, son réseau de recharge progresse mais n’est pas encore homogène, et ses ménages sont plus sensibles au prix d’achat. Pour autant, les signaux norvégiens et les données OBFCM appellent des inflexions claires.

  • Règlementaire

    • Révision des facteurs d’utilisation WLTP: les CO2 officiels des PHEV remonteront mécaniquement en 2025 puis 2027/28.
    • Flottes: ne plus « compter » les PHEV par défaut dans les cibles de verdissement, sauf usage tracé et rechargé (télémétrie à l’appui).
    • Zones à faibles émissions (ZFE): clarifier le statut des PHEV à horizon 2030 si l’objectif est la conduite réellement zéro-émission en ville.
  • Fiscalité et aides

    • Cibler les incitations sur l’accès au VE abordable (segments B/C), la recharge à domicile et au travail, et le réseau rapide interurbain.
    • Conditionner toute éventuelle incitation PHEV à la preuve d’un usage branché (par ex. taux de kilomètres en électrique via OBFCM), sinon s’abstenir.
  • Industriel et social

    • Anticiper la dépréciation des PHEV en occasion si leur statut réglementaire se durcit: risque de valeurs résiduelles en baisse pour les loueurs et flottes.
    • Accélérer la montée en cadence des BEV compacts fabriqués en Europe, en coûts et en prix cibles réalistes, pour sécuriser l’emploi et l’acceptabilité.

📌 À retenir (France)

  • PHEV: part de marché ~6 % en 2025, essentiellement flottes. Leur TCO se dégrade si l’usage électrique n’est pas au rendez-vous.
  • BEV: l’enjeu n’est plus de « subventionner tout », mais de rendre accessible le bon produit, bien rechargé, au bon prix — et partout.

PHEV: quelle place utile… et à quelles conditions ?

  • Pertinence ciblée

    • Conducteurs rechargeant tous les jours (maison/entreprise)
    • Trajets majoritairement < 40–60 km en ville/périurbain
    • Besoins occasionnels de longue distance, remorquage ou zones blanches de recharge
  • Conditions minimales de réussite

    • Recharge quotidienne planifiée, contrat d’énergie adapté
    • Mode « Éco » par défaut, anticipation des relances (réduire les appels de puissance du thermique)
    • Choix de modèles où le moteur électrique tient la charge en côte/voie rapide, et pas seulement « sur le papier »

💡 Conseil d’expert
Avant d’opter pour un PHEV, observez vos 90 derniers jours de trajets (téléphone/boîte télématique): si >70 % de vos parcours quotidiens excèdent l’autonomie électrique, ou si vous ne pouvez pas brancher quasi-quotidiennement, un hybride simple efficient ou un bon diesel moderne peut — oui — émettre moins en pratique. À l’inverse, si vous rechargez chaque soir et roulez surtout court, un BEV compact sera plus cohérent… et plus économique.

Ce que les constructeurs vont devoir corriger

  • Allègement et efficience réelle plutôt que « grosses batteries » peu utilisées
  • Chaînes de traction où l’électrique assure seul des phases soutenues (côtes, 110–120 km/h stabilisés)
  • Transparence d’usage: afficher dans l’ordinateur de bord la part électrique réelle, les litres économisés et un coach de recharge

L’Europe en toile de fond: après l’ère des « bonus », l’ère des preuves

  • L’Allemagne et la Suède ont déjà testé l’arrêt brutal des aides: ventes VE en chute à court terme, puis stabilisation.
  • La Norvège, elle, coupe parce que la bascule est faite (95–98 % de parts VE). Le message pour l’UE: soutenir l’accès et l’infrastructure tant que nécessaire, mais ancrer l’évaluation sur les kilomètres vraiment zéro-émission.

Au bout du compte, la transition avance quand les chiffres réels remplacent les promesses et que la fiscalité s’aligne sur l’impact. Les hybrides rechargeables n’en sortent pas disqualifiés par principe, mais sommés de prouver — véhicule par véhicule, usage par usage — qu’ils décarbonent vraiment. Quant aux aides, la Norvège rappelle qu’elles ne sont pas un viager: elles s’éteignent quand l’objectif est atteint.

Sénat et “crash” annoncé: et si l’avenir de l’auto française se jouait surtout… dans les garages ?

En bref:

  • Le Sénat sonne l’alarme sur une "crise profonde" de l’industrie automobile française (ventes en recul, délocalisations, risque de disparition d’usines) si rien n’est fait.
  • En contrepoint, l’entretien-réparation (130 000 entreprises, 400 000 emplois) croît et représente une valeur locale et non délocalisable : compétences HV/ADAS, pièces reconditionnées, services et data.
  • Priorités proposées : droit effectif à la réparation et passeport batterie, montée en compétences/ outillage des ateliers, filières de remanufacturing et politiques pour VE petits et abordables.

Le constat est brutal: un rapport du Sénat alerte sur le risque de disparition de l’industrie automobile française si rien ne change rapidement. Ventes en retrait, délocalisations, concurrence chinoise, transition bousculée… Pendant que l’Hexagone doute de ses usines, un autre pan de la filière progresse dans l’ombre: l’entretien, la réparation et la pièce.

Et si, à court terme, la valeur et les emplois les plus défendables ne se trouvaient pas dans l’assemblage des voitures neuves, mais sous les ponts élévateurs des ateliers ? Radiographie d’un basculement déjà à l’œuvre, avec ses promesses… et ses limites.

Ce que dit le Sénat: une “crise profonde et durable”

  • Ventes de voitures neuves toujours -20% par rapport à l’avant-Covid, part de production nationale en chute (une voiture sur cinq vendue en France est fabriquée en France, contre une sur deux au début des années 2000), nombre d’usines divisé par deux en trente ans.
  • 800 000 emplois en jeu (350 000 chez les constructeurs, 450 000 chez les équipementiers et sous-traitants).

“On va vers un crash si rien n’est fait.”
“Interdire la vente des thermiques en 2035 fragilise des acteurs déjà pris en étau.”
— Extraits des sénateurs coauteurs du rapport

Parmi les 18 mesures d’urgence recommandées: relever les droits de douane sur les VE chinois, réexaminer la date 2035, imposer un contenu local élevé (80% hors batterie, objectif 40% de batteries produites localement en 2035), créer un “Airbus du logiciel embarqué”, et surtout relancer des petits véhicules électriques abordables, type kei cars.

Pendant ce temps, les ateliers tournent: la mécanique devient un service

Le quotidien des automobilistes a changé, et vite.

  • 86% des Français estiment ne pas pouvoir réparer eux-mêmes leur voiture; 73% s’en remettent au garage au premier pépin (étude Meyle–OpinionWay, 14 octobre 2025).
  • Le diagnostic électronique pèse désormais plus de 40% du temps d’intervention (contre <20% il y a dix ans).
  • Marché de l’entretien-réparation: plus de 37 Md€ en 2024; chiffre d’affaires des ateliers en hausse (+4,3% sur un an selon la FNA).
  • Un tissu dense: 130 000 entreprises, plus de 400 000 emplois dans la maintenance automobile.
  • Coût d’entretien annuel moyen: 650 € (contre 580 € en 2020).
  • Les réseaux investissent massivement dans la compétence électrique/hybride; les indépendants misent sur la proximité et le conseil.
  • Pièces en ligne: 2,6 Md€ en 2025; 43% des automobilistes ont déjà commandé des pièces sur Internet.

📌 À retenir

  • Le parc vieillit (âge moyen au-delà de 11 ans): plus d’interventions, plus de pièces.: plus d’interventions, plus de pièces.
  • Les voitures deviennent des objets numériques: la compétence bascule de la clé plate vers le logiciel.
  • La confiance dans le garagiste reste élevée (60% le voient comme un “spécialiste de confiance”).

Une opportunité nationale: la valeur locale, non délocalisable

L’entretien est par nature territorial, ancré dans les bassins de vie. Sa croissance offre une respiration à la filière:

  • Valeur ajoutée locale, difficile à délocaliser.
  • Montée en gamme technique (haute tension, ADAS, calibrations, mises à jour logicielles).
  • Économie circulaire: pièces remanufacturées, gammes “haute durabilité”, réemploi, recyclage, diagnostic batterie certifié pour l’occasion (recommandé par les sénateurs).
  • E-commerce et “do it yourself” encadré: tutoriels, kits, diagnostics interactifs; un vivier pour les indépendants.

Mais cette dynamique a ses angles morts: pression haussière sur les factures, risque de verrouillage logiciel par les constructeurs, dépendance persistante à des composants électroniques importés, et difficulté pour les plus petites structures à investir dans l’outillage et la formation.

Usines vs garages: le match réel n’oppose pas, il complète

EnjeuFabrication de véhicules neufsEntretien et réparation
Souveraineté/commerceExposé à la concurrence et aux coûts hors d’EuropeValeur locale, maillage national
TechnologieBatteries, électronique de puissance, logiciel embarquéHV, ADAS, cybersécurité atelier, data véhicule
EmploiConcentré, cyclique, capitalistiqueDiffus, résilient, orienté services
ClimatCritique pour décarboner le parc à la sourceProlonge la vie utile; clé pour l’économie circulaire
RisquesDélocalisations, délais d’industrialisation, normesAccès aux données, inflation des coûts, pénurie de compétences

Miser sur l’entretien ne décarbone pas tout seul

Allonger la durée de vie d’un véhicule réduit l’empreinte de fabrication, mais prolonge aussi l’usage de modèles anciens plus émetteurs. Le bon compromis est double:

  • Remplacer en priorité les véhicules les plus polluants par des modèles sobres/électriques abordables.
  • Optimiser l’entretien du parc restant (thermique et électrique) pour en réduire l’empreinte et garantir la sécurité.

Dit autrement: l’avenir ne se joue pas “contre” les usines, mais “avec” des garages plus puissants et mieux outillés, pendant qu’on relocalise ce qui peut l’être et qu’on réoriente l’offre vers des voitures plus légères et plus accessibles.

Pistes concrètes: faire des garages un pilier de souveraineté

  • Droit effectif à la réparation auto: accès standardisé aux données et fonctions des véhicules (ODX/OTA/ADAS) pour les acteurs indépendants, à des conditions équitables.
  • Passeport batterie obligatoire et lisible (SoH certifié) sur le marché de l’occasion, interopérable pour tous les ateliers habilités.
  • Accélérer le remanufacturing et le réemploi: labels de durabilité, traçabilité, filières locales de pièces “HD” et reconditionnées.
  • Plan compétences haute tension/ADAS à grande échelle (ANFA, réseaux, indépendants): habilitations, outillage subventionné, plateformes régionales de formation.
  • Soutenir les solutions de transition: rétrofit électrique ciblé, conversion E85 quand pertinent, packs “sobriété” (pneus basse résistance, géo-réglage, etc.).
  • Normaliser la réparabilité: modules remplaçables, documentation technique, lutte contre l’obsolescence logicielle.
  • Commander local: marchés publics couplant achat responsable et contrats d’entretien avec PME territoriales.
  • Économie numérique de l’atelier: cybersécurité, sauvegarde et traçabilité des opérations, télémétrie utile au diagnostic prédictif., sauvegarde et traçabilité des opérations, télémétrie utile au diagnostic prédictif.

💡 Conseil d’expert (pour les ateliers)

  • Investir en priorité dans: certification HV, calibration ADAS, outils de diagnostic multi-marques dernière génération, EPI et procédures HV, gestion des données.
  • Nouer des partenariats avec les vendeurs de pièces et plateformes e-commerce pour capter la demande “hybride” (client + pro).
  • Développer l’offre VE: check-up batterie, maintenance freinage/thermique, mise à jour logicielle accompagnée.

Et la production de VE neufs dans tout ça ?

Le rapport vise juste en rappelant l’urgence des petits VE accessibles. Sans véhicules sobres et abordables, la transition cale. Trois leviers à articuler:

  • Un “socle” industriel européen: petites plateformes électrifiées, composants clés relocalisés où c’est réaliste, coopération sur le logiciel embarqué.
  • Une politique de demande cohérente: bonus ciblés classes moyennes, LLD sociales, normes de poids, et calendrier UE pragmatique mais crédible.
  • Un après-vente prêt pour l’électrique: diagnostics batterie, sécurité HV, pièces de rechange disponibles et raisonnablement tarifées.

📢 À méditer

  • L’objectif n’est pas de substituer les garages aux usines, mais de reconnaître que, d’ici 2030, l’essentiel de la valeur défendable est diffus: entretien, services, data, circularité. C’est là que la France peut gagner vite, pendant qu’elle reconstruit des atouts industriels durables.

En creux, le “vrai” pari est double et réaliste: rebasculer l’offre neuve vers des modèles plus légers et abordables tout en professionnalisant l’entretien du parc — thermique comme électrique. Les usines mettront du temps à reprendre l’avantage; les garages, eux, sont déjà en première ligne.

Crash industriel vs. pays accro à la voiture: comment la France s’est enfermée dans un piège (et les sorties possibles)

En bref:

  • La filière auto française est en risque de « crash » (800 000 emplois menacés) alors que 75 % des actifs continuent d’utiliser la voiture pour le travail ; la contraction de la demande et la concurrence chinoise sur les VE accentuent le danger.
  • Sortie possible : industrialiser des petits VE abordables et locaux, sécuriser batteries/logiciels et offrir des aides stables et ciblées (occasion électrique, gigafactories, flottes) pour éviter une dépendance accrue aux importations.

L’industrie automobile française serait au bord du « crash » selon un rapport sénatorial publié le 16 octobre. Dans le même temps, 75% des actifs continuent d’utiliser une voiture pour aller travailler, révèlent IFOP et Alphabet France. Comment un pays aussi dépendant de l’auto peut-il laisser dépérir sa filière, au moment même où la bascule vers l’électrique redessine les chaînes de valeur mondiales ?

Décryptage, chiffres à l’appui, et pistes concrètes pour éviter de passer d’une dépendance à la voiture… à une dépendance aux voitures des autres.

À retenir

  • 800 000 emplois de la filière auto en France sont jugés « en grand danger » par le Sénat, qui alerte sur un risque de « crash » si rien n’est fait.
  • 75% des actifs français utilisent une voiture pour se rendre au travail (IFOP, juin 2025). La dépendance à l’auto reste structurelle.
  • Double étau pour la filière: contraction de la demande en Europe et concurrence chinoise très agressive sur l’électrique.
  • Le Sénat propose 18 mesures, dont: contenu local à 80% sur les véhicules vendus en Europe, 40% de batteries produites localement en 2035, droits de douane temporaires, développement de petits VE abordables, diagnostic batterie obligatoire pour l’occasion, et report de l’échéance 2035 pour les thermiques.
  • En toile de fond: une équation sociale (accès à une mobilité abordable) et une équation climatique (décarbonation rapide) qu’il faut résoudre simultanément.

Ce que dit le Sénat: un « péril industriel » chiffré

  • Chute d’environ 20% des ventes de VP en France depuis le Covid, part de la France dans la production auto européenne en recul de 12 points entre 2000 et 2020.
  • Signaux industriels inquiétants: arrêts temporaires de sites Stellantis (Poissy, Sochaux, Mulhouse) pour ajuster la production à une demande atone; réflexion stratégique chez Renault sur l’emploi. Parallèlement, Stellantis annonce 13 Md$ d’investissements… aux États‑Unis.
  • Concurrence extra‑européenne: la Chine exporte massivement des VE aux prix en moyenne plus bas, portée par des coûts optimisés, un écosystème batterie intégré et une cadence d’innovation logicielle élevée.
  • 18 leviers proposés:
    • Protection commerciale ciblée et temporaire, localisation accrue (80% de contenu européen, 40% de batteries locales d’ici 2035).
    • Réorientation des aides vers des petites voitures abordables; diagnostic batterie certifié pour structurer l’occasion électrique.
    • Soutien massif à la R&D, aux gigafactories, et au logiciel embarqué (idée d’un « Airbus du logiciel »).
    • Clause de revoyure sur 2035 et neutralité technologique pour gérer la transition sans casse.

📌 À noter: des acteurs de l’écosystème électrique (bornes, batteries, ONG climat) contestent l’idée d’un report de 2035, craignant un signal contre-productif pour la décarbonation et l’investissement.

Ce que disent les Français: l’auto reste la reine des trajets domicile‑travail

Baromètre IFOP pour Alphabet France (enquête en ligne, 16–23 juin 2025, 1 002 actifs):

  • 75% des actifs utilisent une voiture pour aller travailler; 24% empruntent les transports collectifs; 26% optent pour des modes « doux »; 32% combinent plusieurs moyens.
  • 14% roulent déjà en véhicule électrifié (11% en 2024); 52% envisagent un prochain achat électrifié (électrique ou hybride).
  • La mobilité pèse sur l’emploi: 74% affirment que la pénibilité des trajets influence leurs choix professionnels.

En clair: la voiture reste un outil de vie et d’emploi, spécialement hors hypercentres urbains. Ce « besoin » de voiture ne disparaîtra pas à court terme: il faut l’accommoder avec des offres sobres, abordables, et fabriquées au plus près.

Le paradoxe n’est qu’apparent

  • Côté usage, la voiture est structurelle (maillage territorial, horaires décalés, activités diffusées, intermodalité incomplète).
  • Côté industrie, la demande neuve est sous pression (inflation, crédit plus cher, recentrage post‑Covid sur le haut de gamme), pendant que la transition électrique exige des investissements massifs.
  • Sur l’électrique, le différentiel de coût reste un frein à l’achat initial pour une partie des ménages, malgré des TCO souvent compétitifs. La stabilité et la lisibilité des aides publiques sont déterminantes; leur variabilité récente a refroidi certains acheteurs.
  • Résultat: on roule beaucoup en voiture, mais on achète moins de voitures neuves produites en France. Le gap s’élargit avec des concurrents asiatiques très réactifs sur les petits VE à bas coût.

Le vrai risque: une dépendance étrangère accélérée à l’ère électrique

  • Batteries: aujourd’hui, la majorité des cellules utilisées en Europe vient d’Asie. Les projets européens (ACC, Verkor, Northvolt…) montent en cadence, mais l’écart reste réel.
  • Logiciel/électronique: la voiture devient un « device » connecté. L’intégration logiciel‑matériel sera un différenciateur majeur.
  • Matières critiques: tensions géopolitiques possibles (terres rares, graphite, nickel, etc.), qui exigent sécurisation d’approvisionnement et recyclage industriel de haut niveau de haut niveau.

💬 Citation clé: « On va vers un crash si rien n’est fait » (rapport sénatorial). L’inaction ferait glisser la France d’une dépendance à l’usage de l’auto à une dépendance aux importations pour l’auto elle‑même.

Comment éviter l’étau: 6 leviers concrets et mesurables

  1. Offres plus abordables, fabriquées localement
  • Réorienter la conception vers des véhicules compacts, allégés, à contenu fonctionnel optimisé.
  • Standardiser, rationaliser les plateformes, et viser des packs batterie plus petits (donc moins chers), adaptés à l’usage quotidien.
  • Encadrer et stabiliser un cadre d’aides ciblées sur ces segments.
  1. Marché de l’occasion électrique crédible
  • Rendre obligatoire un diagnostic batterie certifié (état de santé/SoH), traçable et opposable, pour rassurer acheteurs et financeurs.
  • Soutenir les filières du reconditionnement et de la seconde vie des batteries.
  1. Demande solvabilisée et lisible
  • Visibilité pluriannuelle des dispositifs (bonus, leasing social, fiscalité entreprises).
  • Harmonisation européenne des soutiens à la demande pour éviter la « loterie réglementaire » entre pays.
  1. Compétitivité‑coût et énergie
  • Électricité compétitive et décarbonée pour l’industrie.
  • Réformes ciblées sur le coût du travail pour les segments à forte intensité de main‑d’œuvre (montage, reconditionnement).
  1. Souveraineté technologique
  • Accélérer les gigafactories et les cathodes/anodes en Europe; sécuriser matières critiques; amplifier le recyclage (boucles locales).
  • Miser sur le logiciel embarqué, l’architecture E/E, la cybersécurité automobile, l’IA embarquée, via un écosystème européen coordonné.
  1. Flottes et territoires
  • Activer le levier des flottes (entreprises, administrations) via des critères TCO et contenu local, pour amorcer des volumes.
  • Déployer une recharge « utile » (domicile, travail, axes, quartiers denses) en priorité sur les bassins d’emploi.

💡 Conseil d’expert

  • Aux pouvoirs publics: évitez les stop‑and‑go. La filière investit sur 5 à 10 ans; donnez une trajectoire stable d’aides, de fiscalité et de normes.
  • Aux industriels: « faire simple et robuste ». Le meilleur anti‑dumping, c’est un petit VE européen bien conçu, à prix plancher, livré à l’heure.

Trois trajectoires possibles à l’horizon 2030

  • Sursaut coordonné: compétitivité, petits VE locaux, marché de l’occasion structuré, investissements batterie/logiciel sécurisés. Résultat: part locale remonte, émissions baissent au rythme prévu.
  • Status quo: aides erratiques, offres trop chères, infrastructures incomplètes. Résultat: importations en hausse, volumes locaux stagnants, retard technologique.
  • Protectionnisme sans compétitivité: droits de douane mais peu d’offres attractives et de coûts maîtrisés. Résultat: voitures plus chères, demande bridée, industrie locale pas vraiment relancée.

Repères chiffrés

  • 800 000: emplois de la filière auto en France (constructeurs, équipementiers, aval).
  • −20%: ventes de VP en France après Covid vs. période antérieure.
  • −12 pts: part de la France dans la production auto européenne (2000–2020).
  • 75%: part des actifs qui utilisent une voiture pour aller travailler (IFOP 2025).
  • 14%: conducteurs déjà en VE/HEV parmi les répondants; 52% envisagent une motorisation électrifiée pour le prochain achat.

En bref, il n’y a pas de contradiction entre un pays très dépendant de l’auto et une filière en danger: c’est précisément parce que nous aurons longtemps besoin de voitures qu’il faut, d’urgence, pouvoir les concevoir, les produire et les entretenir ici, à des prix accessibles et avec une empreinte carbone en chute rapide.

Alerte au “crash” et promos à 95 €/mois : l’auto française prise en étau

En bref:

  • Le Sénat alerte sur le risque de désindustrialisation et propose protections commerciales, aides ciblées sur des petites BEV abordables et accélération des batteries en Europe.
  • Les constructeurs répondent par des remises massives (leasing à ~95 €/mois, rabais en concession) sous la pression des acteurs chinois, ce qui relance la demande mais érode les marges.
  • L’enjeu : concilier prix bas et production locale (gigafactories, contenu européen) et stabiliser les règles d’ici 2026 pour éviter un choc durable.

Face à un rapport sénatorial qui évoque un risque de “disparition” de la filière et un déficit commercial sans précédent, les constructeurs multiplient remises et loyers canon sur l’électrique. Paradoxe apparent ou virage stratégique assumé pour survivre à la transition et à la concurrence asiatique ?

Dans ce grand écart entre panique industrielle et prix cassés en concession, se joue plus qu’une opération déstockage : l’avenir d’un pilier industriel français, sa capacité à fabriquer des véhicules utiles, abordables… et désirables.

Un diagnostic brutal du Sénat

Le rapport sénatorial rendu mi-octobre dresse un état des lieux sans fard :

  • Chute durable du marché depuis le Covid et sous-capacité de demande en Europe par rapport à l’avant-crise.
  • Désindustrialisation rampante et perte de poids de la France dans la production européenne.
  • Un déficit extérieur automobile cumulé qui atteint des records depuis 2019.
  • 800 000 emplois potentiellement exposés au choc de transition si rien n’est fait.

Les pistes avancées sont offensives :

  • Rehausser les protections commerciales et exiger un haut niveau de contenu local pour les véhicules vendus en Europe.
  • Réorienter les soutiens publics vers de petites voitures électriques réellement abordables.
  • Revoir le calendrier et la trajectoire réglementaire pour éviter une “double peine” coûts de transition + contraction de marché.
  • Accélérer la base industrielle des batteries en Europe.

📌 À retenir : le Sénat n’appelle pas à freiner la décarbonation, mais à sécuriser l’atterrissage industriel et social, en ciblant l’accessibilité des véhicules et la souveraineté sur les composants clés.

Sur le terrain, une guerre des prix qui s’intensifie

Pendant que les alertes s’empilent, les étiquettes dégringolent, surtout sur l’électrique :

  • Leasing social relancé avec des offres vitrines : citadines électriques autour de 95 €/mois sur 36 mois, premier loyer ramené à 0 grâce aux aides publiques. La nouvelle citadine de Renault débute à 120 €/mois dans certaines configurations.
  • Remises immédiates en ligne et en show-room sur une large palette de citadines et compacts, thermiques, hybrides et électriques confondus, avec des “décotes” affichées de plusieurs milliers d’euros dès le configurateur.
  • Pression concurrentielle chinoise accrue : BYD et consorts imposent des tarifs et des remises agressifs, tirant les prix européens vers le bas. Dans plusieurs pays, le niveau moyen de remise sur les VE a désormais rattrapé, voire dépassé, celui des thermiques.

L’Europe tente de répliquer avec des droits additionnels sur les VE importés de Chine (jusqu’à près de 50% selon les modèles et situations), mais à court terme, l’effet dominant reste celui d’une compétition prix qui s’internationalise, de Pékin à Détroit en passant par Wolfsburg.

Pourquoi ces baisses maintenant ?

  • Stocks et surcapacités : après les pénuries, l’industrie a relancé trop fort face à une demande atone. La facture se paie en remises et en chômage partiel.
  • Fin du “pricing power” post-Covid : la montée en gamme et les hausses tarifaires ne passent plus. Le client arbitre son budget, surtout dans un contexte de pouvoir d’achat contraint.
  • Contrainte CO2 flottes : pousser les volumes électriques, même peu marginaux, reste un levier pour respecter les cibles d’émissions et éviter des pénalités.
  • Offensive asiatique intégrée verticalement : maîtrise batteries (LFP notamment), effets d’échelle et coûts plus bas permettent d’attaquer les segments cœur de marché.
  • Aides publiques réorientées : bonus conditionné à un score environnemental, leasing social ciblé, incitations locales… les dispositifs poussent les petites BEV fabriquées (ou assemblées) en Europe.

Dernier soubresaut ou stratégie durable ?

  • Hypothèse “soubresaut” : une déflation des prix accélère la destruction de valeur, abîme les résiduels et fragilise le réseau. À terme, elle pourrait amputer les capacités d’investissement dont l’Europe a besoin pour les batteries, l’électronique de puissance et les logiciels.
  • Hypothèse “stratégie” : un repositionnement agressif prix/produit, recentré sur des petites BEV sobres et accessibles, peut rouvrir le marché de masse. Couplé à des règles de contenu local et à la montée en cadence des gigafactories, il recrée un cercle vertueux demande-industrie.

La vérité est sans doute entre les deux : oui, la guerre des prix érode les marges à court terme. Mais non, on ne relancera pas la filière sans véhicules abordables et produits près des clients. L’enjeu est d’aligner calendrier industriel, capteurs de demande et cap réglementaire.

Le point réglementaire (2025–2026)

  • Fin des ventes thermiques neuves en 2035 au niveau UE, avec clause de revoyure en 2026.
  • Droits additionnels européens sur les VE chinois, pendant que plusieurs marques chinoises explorent assemblage local pour contourner tout ou partie de la barrière tarifaire.
  • En France, bonus écologique conditionné à un score environnemental (batterie, chaîne logistique), ciblage sur les modèles légers et accessibles, et leasing social relancé avec des volumes accrus.

💡 Astuce politique industrielle : flécher les aides vers des BEV de segment A/B, <1,6 t, fabriqués en Europe, est le moyen le plus efficace de “tenir” à la fois le pouvoir d’achat, la décarbonation réelle et l’ancrage industriel.

Ce que ça change pour l’acheteur

  • Des loyers et remises inédits sur les petites électriques : fenêtre d’opportunité pour qui roule surtout au quotidien et recharge à domicile.
  • Vérifier les conditions exactes des offres : kilométrage, premier loyer, entretien, disponibilité réelle (stock vs commande).
  • Surveiller la chimie de batterie : LFP = coût moindre et longévité, NMC = densité énergétique supérieure. Le choix dépend des usages.
  • Attention à la valeur résiduelle : dans un contexte de baisse des prix neufs, les décotes à 3–4 ans peuvent surprendre. Un loyer bien calibré “assure” ce risque.
  • Penser TCO plutôt que prix d’achat : électricité vs carburant, entretien réduit, fiscalité douce, péages et stationnement parfois avantageux.

Scénarios 12–24 mois

  • Atterrissage contrôlé
    • Remises encore élevées sur 2026, puis normalisation progressive si la demande repart sur les segments A/B électriques.
    • Industrialisation accélérée des petites plateformes BEV en Europe, montée en cadence batteries locales.
  • Choc de marge
    • Guerre des prix généralisée, consolidation accélérée chez certains équipementiers, retards d’investissement.
    • Plus de pression pour ajuster le calendrier 2030–2035 au niveau européen.
  • “Europe qui gagne”
    • Tarification plus lisible, offre frugale et désirable, appuyée par des règles de contenu local efficaces.
    • Réouverture de la demande de masse et réduction du déficit commercial automobile.

Repères chiffrés

  • En France, le marché reste en retrait par rapport à l’avant-Covid, avec environ 5 millions d’immatriculations annuelles manquantes au niveau UE.
  • Déficit extérieur auto cumulé depuis 2019 : niveau record, poids lourd de la balance commerciale nationale.
  • Emploi direct + indirect de la filière : de l’ordre de plusieurs centaines de milliers de postes en France, très exposés à la trajectoire de transition.
  • Remises moyennes sur VE supérieures ou comparables à celles des thermiques dans plusieurs pays européens, signe d’une pression concurrentielle installée.

“Le match” des stratégies, en clair

  • Constructeurs européens
      • Atouts : marque, réseau, sécurité, ancrage local, raffinage produit.
    • – Faiblesses : coûts, dépendance batteries/logiciels, délais d’industrialisation.
  • Nouveaux acteurs chinois
      • Atouts : coûts, intégration batteries, rapidité d’exécution.
    • – Faiblesses : réputation, barrières tarifaires, adaptation aux normes locales.
  • Pouvoirs publics
    • Rôle pivot : calibrer aides et règles de contenu, sécuriser l’investissement dans batteries et électronique de puissance, accélérer la recharge.

✅ À retenir

  • La “panique” industrielle et la “promo” commerciale ne se contredisent pas : elles sont deux faces d’un même ajustement douloureux.
  • Sans petites électriques européennes bon marché, pas de relance de la demande ni de souveraineté industrielle.
  • Le cap 2035 restera tenable si l’on stabilise les règles en 2026, que l’on protège sans s’enfermer, et que l’on fabrique enfin là où l’on vend.

En clair, la filière n’est pas condamnée : elle joue simplement à quitte ou double. Le prix peut faire revenir le client, à condition que l’industrie sache, vite, produire local, sobre et intelligemment.

2035 en sursis ? Berlin défie Bruxelles pour sauver son auto

En bref:

  • Berlin pousse pour des assouplissements de l’interdiction des moteurs thermiques en 2035 (PHEV, EREV, e‑fuels, crédits CO₂) pour protéger emplois et industriels face à la concurrence chinoise, ouvrant un bras de fer à Bruxelles.
  • L’UE peut concéder des "soupapes" techniques mais tout recul large fragiliserait la crédibilité climatique et les investissements VE — pour la France, un maintien lisible de 2035 avec ajustements ciblés reste préférable.

Le ton est monté à Berlin. En pleine tourmente industrielle, le chancelier Friedrich Merz a réuni en urgence l’écosystème automobile allemand pour arracher un assouplissement — voire une remise à plat — de l’l’interdiction des moteurs thermiques neufs en 2035. En toile de fond, une angoisse: l’l’offensive des marques chinoises sur l’électrique et un modèle industriel germanique bousculé.

Derrière la posture politique, un bras de fer très concret s’ouvre à Bruxelles. Que veut vraiment l’Allemagne, quelles marges de manœuvre l’UE a-t‑elle, et qu’est-ce que cela change pour la transition européenne… et pour les constructeurs français ?

Ce qui s’est passé à Berlin

  • Réunion de crise le 9 octobre autour de Friedrich Merz avec constructeurs (VW, BMW, Mercedes), équipementiers (Bosch, ZF), syndicats et régions autos.
  • Message du chancelier: « pas de coupure brutale en 2035 » et volonté de « faire tout » pour lever l’interdiction en l’état, tout en réaffirmant que l’électrique reste « la voie principale ».
  • Coalition allemande divisée: des sociaux‑démocrates (SPD) favorables au maintien de 2035, des conservateurs plaidant l’assouplissement; les Verts dénoncent un « pas en arrière ».
  • L’UE a promis de « se prononcer prochainement »; un Conseil européen est programmé le 23 octobre.

📌 À Berlin, la ligne s’éclaircit: obtenir des flexibilités (PHEV, EREV, e‑fuels) pour desserrer l’étau de 2035, plus que renverser la table.

Pourquoi maintenant: une industrie en zone de turbulences

  • Choc de compétitivité: qualité/prix des VE chinois, cadence industrielle et avance batteries.
  • Demande plus molle que prévu en Europe: reports de lancements (Porsche), volumes VE en deçà des projections.
  • Coûts énergétiques élevés depuis 2022, demande mondiale en baisse, droits de douane américains de 15% sur les voitures européennes.
  • Hémorragie sociale: plus de 50 000 emplois perdus en un an sur environ 800 000 (données EY). Des plans de réduction d’effectifs chez ZF, Bosch, etc.
  • Pourtant, le différentiel de prix VE/thermique n’a « jamais été aussi faible » selon le CAR de Bochum — ce qui alimente la riposte des ONG contre tout relâchement.

Ce que Berlin demande vraiment

  • Prolonger après 2035 certaines motorisations non zéro-émission:
    • Hybrides rechargeables (PHEV) et électriques à prolongateur d’autonomie (EREV).
    • Comptabilisation de carburants alternatifs (e‑fuels, biocarburants) dans les objectifs CO₂.
  • Garder une porte entrouverte au diesel dans le transport lourd (sujet distinct mais agité politiquement).
  • Soutiens domestiques: enveloppe de 3 Md€ annoncée pour « la mobilité neutre » et prolongation d’avantages fiscaux VE au-delà de 2026.

Côté lobbying, l’ACEA pousse des « échappatoires » réglementaires qui, selon Transport & Environment (T&E), pourraient diviser par deux les ventes de VE en 2035 si elles étaient toutes retenues.

Ce que Bruxelles peut (vraiment) changer

  • Le cadre 2035 découle des normes CO₂, avec une clause de révision prévue initialement en 2026. La Commission a promis de « réexaminer au plus tôt ».
  • Toute inflexion suppose une proposition de la Commission puis un accord des États (Conseil) et du Parlement. L’Allemagne ne peut pas décider seule mais peut bâtir une coalition (Italie déjà sur ligne proche).
  • Compromis sur la table selon la presse allemande: assouplir sans supprimer — tolérances pour PHEV/EREV au‑delà de 2035, comptage de carburants alternatifs, crédits spécifiques pour petits VE.

⚠️ Risque clé: la crédibilité du cadre. Plus les règles bougent, plus les investissements (usines de batteries, bornes, gigafactories) se renchérissent par la prime à l’incertitude.

Impact climatique et industriel: les deux faces du dilemme

  • Climat: toute dérogation aux 100% zéro émission en 2035 pèse sur les budgets CO₂ du transport. Les EREV consomment en pratique ~6,7 l/100 km batterie vide (T&E), et les PHEV émettent plus en usage réel que sur banc.
  • Industrie: gagner du temps peut préserver des emplois à court terme et étaler l’amortissement des outils thermiques; mais prolonger le thermique retarde l’alignement sur la courbe d’apprentissage VE/batteries, au bénéfice… des concurrents chinois.
  • Marché: le resserrement prix VE/thermique (étude CAR) laisse penser que le virage devient économiquement moins douloureux — un argument contre l’assouplissement.

Et pour les constructeurs français ?

  • Renault/Nissan/Ampere:
    • Pari BEV assumé (Scenic, Mégane, R5, R4 à venir), logiciels et efficacité énergétique en vitrine.
    • Un relâchement de 2035 pourrait diluer la demande VE et pénaliser un alignement industriel centré sur l’électrique. En revanche, la montée de Dacia hybride/thermique y trouverait un sas.
  • Stellantis:
    • Forces en PHEV multi‑marques (Peugeot, DS, Jeep) et plan BEV modulaire (STLA Small/Medium/Large).
    • Des tolérances PHEV/EREV au‑delà de 2035 offriraient un répit et des marges immédiates, mais risquent d’étirer la bascule BEV et de fragmenter les gammes entre normes.
  • Écosystème français:
    • Batteries et matériaux: projets ACC (Stellantis‑TotalEnergies‑Mercedes), Verkor, écosystème recyclage. Ils ont besoin d’un cap stable et de volumes VE garantis.
    • Infrastructures: un signal flou à 2035 pourrait ralentir les investissements de recharge, alors que la densité de bornes reste un irritant de la demande.

💬 En bref, Paris a plus à perdre qu’à gagner à un détricotage large: la chaîne de valeur VE française est engagée; des « flexibilités ciblées » (utilitaires, niches e‑fuels) sont politiquement plus tenables qu’un recul généralisé.

Trois scénarios à court terme

  1. Maintien de 2035, assoupli à la marge
  • Petites fenêtres pour PHEV/EREV sur segments ou usages précis, prise en compte limitée des e‑fuels.
  • Effet: signal stratégique global intact, apaisement politique minimal.
  • Gagnants probables: acteurs déjà avancés en BEV; perdants: industriels très exposés au thermique.
  1. Compromis large « à l’allemande »
  • Prolongation plus généreuse des PHEV/EREV, crédits CO₂ supplémentaires, phase‑in des pénalités.
  • Effet: soulagement court terme des marges, mais EV share 2035 sous pression (risque de 50–60% au lieu de 100% selon ONG).
  • Gagnants: groupes multi‑technos avec portefeuille PHEV solide; risque systémique pour la filière batteries européenne.
  1. Recalage du calendrier (report partiel)
  • Décalage de 2035 ou exceptions nationales plus faciles.
  • Effet: forte incertitude, renchérissement du coût du capital pour les projets VE, délégitimation des objectifs climats.
  • Peu probable politiquement à court terme, mais Berlin teste les lignes.

Chiffres-clés

  • −50 000 emplois auto en Allemagne en un an (sur ~800 000), selon EY.
  • Droits de douane américains: 15% sur voitures européennes.
  • Prix: l’écart VE/thermique « au plus bas » (CAR Bochum).
  • T&E: plan de l’ACEA pourrait diviser par deux les ventes VE en 2035; EREV ≈6,7 l/100 batterie vide.

À surveiller dans les jours à venir

  • Le Conseil européen du 23 octobre: mandat politique à la Commission pour un assouplissement? et son périmètre.
  • La position finale de la coalition allemande (SPD/Verts vs CDU/CSU).
  • La réponse de la Commission: « micro‑assouplissements » techniques ou réécriture plus large.
  • Les réactions des capitales clés (Paris, Rome, Madrid) et du Parlement européen post‑élections.
  • Les annonces d’investissements ou de reports dans les gigafactories et réseaux de recharge en fonction du signal politique.


Au‑delà du coup de chaud berlinois, l’enjeu est simple: de préserver l’emploi et la compétitivité sans diluer la clarté du cap. L’Europe peut admettre quelques soupapes; elle ne peut pas se payer l’incertitude stratégique. Pour les Français, garder 2035 lisible — avec des ajustements précis — reste la meilleure garantie d’aligner industrie, climat et pouvoir d’achat.

2035 vacille et la “jetabilité” inquiète: l’Europe face au vrai risque de la voiture électrique

En bref:

  • Berlin cherche à assouplir l’interdiction de vente de thermiques dès 2035, mais cela masque une crise industrielle : un délai politique n’efface pas le déficit de compétitivité face aux VE chinois.
  • La "jetabilité" vise la chute des valeurs résiduelles et des cycles de remplacement (pas la panne rapide des batteries) ; si elle se généralise, elle alourdit l’empreinte climatique, fragilise le leasing et l’emploi en Europe.
  • Pour éviter cela, il faut éco‑conception et réparabilité, passeport/garanties batterie, support logiciel long, remanufacturing et production locale de cellules ; les e‑fuels restent une solution de niche.

La remise en cause de l’échéance 2035 par Berlin s’entrechoque avec une autre inquiétude: la crainte d’un modèle de voiture électrique à durée de vie écourtée, “à la smartphone”. Derrière l’agitation politique, la question déterminante est moins 2035 en soi que la capacité de l’Europe à bâtir une filière durable — techniquement, économiquement et écologiquement.

Voici ce que change (vraiment) la pression allemande, et ce qu’impliquerait l’émergence d’une voiture électrique “jetable” pour l’industrie européenne.

2035 sous pression: symptôme d’une crise industrielle, pas son remède

  • Le chancelier allemand Friedrich Merz a demandé début octobre de lever l’interdiction européenne de vendre des voitures thermiques neuves à partir de 2035. Un “sommet de crise” avec les acteurs du secteur a suivi le 9 octobre.
  • Les raisons invoquées: compétitivité amoindrie face aux modèles chinois, demande plus faible que prévu, coûts énergétiques élevés, et pertes d’emplois dans une filière clef.
  • Bruxelles devait de toute façon réexaminer le dispositif en 2026; Berlin pousse à accélérer et à assouplir (prolongation de certains hybrides rechargeables, prise en compte de prolongateurs d’autonomie, etc.). Les Verts et une partie du SPD restent opposés.
  • L’exception e‑fuels, déjà arrachée en 2023 pour des niches (véhicules fonctionnant exclusivement aux carburants synthétiques), ne constitue pas une solution de masse à court terme: coûts élevés, rendements énergétiques faibles, priorisation probable pour l’aviation et le maritime.

📌 À retenir

  • Un assouplissement de 2035 peut offrir un répit politique, pas une stratégie industrielle. Sans gains rapides sur le coût, la qualité, le logiciel et l’écosystème après‑vente des VE, l’écart avec la Chine ne se comble pas.

La voiture électrique “jetable”: un risque réel… mais surtout de marché

La thèse de la “jetabilité” ne signifie pas que les VE meurent vite; elle pointe un raccourcissement des cycles de possession, sous l’effet d’une innovation très rapide et d’une crainte sur la valeur résiduelle.

  • Cycle de possession: des analyses récentes indiquent que les VE restent en moyenne 3 à 4 ans chez leur premier propriétaire, bien moins que les thermiques (plus de 13 ans en moyenne aux États‑Unis). Effet “early adopters”, nouveautés fréquentes et autonomies en hausse expliquent une partie du phénomène.
  • Valeur résiduelle volatile: les baisses de prix de certains constructeurs, l’arrivée de nouvelles chimies (LFP, LMFP) et d’architectures de batteries, ou encore des logiciels en progression rapide, bousculent les marchés de l’occasion.
  • Perception vs physique: la plupart des batteries actuelles (Li‑ion) tiennent 8 à 15 ans, avec 300 000 à 450 000 km possibles en usage standard; garanties constructeur souvent 8 ans/160 000 km. La dégradation annuelle typique tourne autour de 2 à 3 %. On est loin d’un produit “jetable”… si le marché accepte de faire durer.

✅ Faits techniques clefs sur la longévité des VE

  • Durée de vie batterie: 8–15 ans typiques; cas réels au‑delà selon usage et gestion thermique.
  • Dégradation: ~2–3 %/an en moyenne; pertes de 10–20 % après 8 ans considérées normales.
  • Progrès attendus: meilleure gestion thermique, chimies LFP/LMFP robustes, BMS plus fins, recyclage et seconde vie.

Pourquoi la “jetabilité” deviendrait un problème systémique pour l’Europe

Si les cycles de remplacement s’accélèrent et si la valeur d’occasion s’érode, la filière européenne encaisse double peine.

  • Empreinte industrielle et climat: produire plus souvent des voitures “obsolètes” alourdit l’empreinte amont, met sous tension les matières critiques et complique l’atteinte des objectifs climatiques.
  • Modèle économique: des valeurs résiduelles instables renchérissent les loyers de leasing, clés pour l’adoption. Les acteurs européens, déjà sous pression coûts, perdent en compétitivité.
  • Service et emplois: une économie de reconditionnement et de réparation mal structurée prive le continent d’un levier industriel (réemploi, remanufacturing, pièces reconditionnées).
  • Acceptabilité sociale: si les ménages estiment “qu’un VE ne dure pas”, ils se replient sur le thermique ou retardent l’achat — alimentant la crise des volumes.

Deux trajectoires possibles

  • Trajectoire “jetable”

    • Mise à jour rapide des modèles sans politique d’upgrade.
    • Packs structurels peu réparables, batteries scellées.
    • Opacité sur l’état de santé (SoH), anxiété sur l’occasion.
    • Leasing cher, adoption qui plafonne, dépendance accrue aux importations.
  • Trajectoire “durable”

    • Éco‑conception pour démontage/repair, modules échangeables.
    • Transparence SoH via passeport batterie, marché de l’occasion fluidifié.
    • Réseaux de reconditionnement paneuropéens, pièces remanufacturées.
    • Valeurs résiduelles stabilisées, TCO en baisse, adoption de masse.

2035 assoupli: ce que cela changerait… et ce que cela ne règle pas

ℹ️ Ce que pourrait apporter un assouplissement

  • Une marge de manœuvre politique dans certains pays et segments professionnels.
  • Un maintien temporaire d’emplois sur la chaîne thermique/hybride.
  • Un lissage de l’investissement pour certains constructeurs.

🚫 Ce que cela ne règle pas

  • La compétitivité face aux VE chinois sur prix/qualité/logiciel.
  • La dépendance aux chaînes d’approvisionnement asiatiques.
  • La “jetabilité” perçue des VE, qui relève de la conception produit, du service et du marché de l’occasion — pas du calendrier réglementaire.
  • L’efficacité climatique: prolonger des PHEV mal utilisés n’apporte pas les réductions attendues en usage réel.

Levier par levier: comment éviter une voiture électrique “jetable”

  1. Éco‑conception et réparabilité
  • Standardiser modules, connecteurs et interfaces HV; proscrire les packs irréparables.
  • Rendre obligatoires les procédures d’extraction/remplacement de modules par des réseaux indépendants certifiés.
  1. Transparence et confiance
  • Généraliser le passeport batterie avec SoH certifié, accessible à la revente.
  • Afficher des garanties étendues sur batterie et logiciel (10–12 ans), avec seuils de capacité contractuels.
  1. Software et “droit à durer”
  • Imposer un minimum de support logiciel et sécurité de 12–15 ans, mise à disposition des pièces électroniques clés.
  • Encadrer les fonctionnalités sous abonnement pour éviter la dévalorisation artificielle des véhicules d’occasion.
  1. Économie circulaire industrialisée
  • Soutenir des centres de reconditionnement batterie/power electronics dans chaque grand bassin automobile.
  • TVA réduite sur packs remanufacturés et pièces reconditionnées; bonus‑malus intégrant la réparabilité.
  1. Marché de l’occasion robuste
  1. Coûts et compétitivité
  • Accélérer la baisse du coût pack via LFP/LMFP locales, cathodes moins critiques, intégration verticale cell‑to‑pack.
  • Énergie industrielle compétitive et décarbonée pour la production européenne.
  1. Infrastructures et usages

📊 Chiffres clés à surveiller (baromètre “durabilité VE”)

  • Taux moyen de dégradation batterie à 5 et 8 ans (SoH).
  • Valeur résiduelle VE à 36/48/60 mois vs thermique équivalent.
  • Part de packs remanufacturés dans les réparations HV.
  • Durée moyenne de possession 1er/2e propriétaire.
  • Part des VE d’occasion avec passeport batterie consulté.

Et les e‑fuels dans tout ça ?

  • Utile pour des niches (collection, luxe, certains usages professionnels) et des secteurs difficiles à électrifier (aviation, maritime).
  • Peu crédible en volume pour le parc auto de masse à horizon 2035–2040, pour des raisons de coût et d’efficacité énergétique.
  • Ne répond pas au cœur du sujet: faire durer les VE produits, stabiliser leur valeur, structurer l’après‑vente.

Bon à savoir

  • La plupart des VE ne seront pas “à jeter” au bout de 8 ans: le plus souvent, on roule simplement avec 10–20 % d’autonomie en moins.
  • Une seconde vie stationnaire des batteries, puis le recyclage avec objectifs de récupération de métaux critiques, font partie du cadre européen déjà en place.

Conseils d’expert: comment “faire durer” son VE (et sa valeur)

  • Privilégier les chimies LFP si vos usages le permettent (robustes, tolérantes aux charges hautes).
  • Charger majoritairement en AC, garder une plage 20–80 % au quotidien; réserver la charge 100 % aux longs trajets.
  • Mettre à jour le BMS, pré‑conditionner la batterie avant recharge rapide, éviter les stationnements prolongés à forte chaleur.
  • Exiger et conserver l’historique SoH et les rapports de diagnostic à chaque entretien.
  • À l’achat d’occasion: demander le passeport batterie, vérifier la garantie restante et la réparabilité du pack.

En filigrane de la bataille de 2035 se joue donc l’essentiel: prouver que l’Europe sait produire des voitures électriques qui durent, se réparent, se revalorisent — bref, tout sauf “jetables”. Sans cela, l’assouplissement du calendrier ne ferait que retarder le problème, pas le résoudre.

Ferrari Elettrica face au coup de froid BMW: le grand écart du luxe européen peut-il durer ?

En bref:

  • Ferrari a dévoilé l’âme technologique de la Elettrica : architecture 800–880 V, batterie 122 kWh, 4 moteurs >1 000 ch, focalisation sur l’ingénierie et le positionnement ultra‑luxe à faible volume.
  • BMW abaisse ses objectifs 2025 à cause d’un recul en Chine et de tensions de trésorerie; la « Neue Klasse » 2026 doit industrialiser l’électrique/logiciel pour rétablir marges et volumes — deux stratégies européennes divergentes face à la transition.

L’Europe de l’auto de luxe vit un moment de vérité. D’un côté, BMW abaisse ses prévisions et subit la pression d’un marché chinois devenu brutal. De l’autre, Ferrari dévoile, à Maranello, le cœur technologique de sa première voiture 100% électrique, un manifeste d’ingénierie à quatre moteurs et 122 kWh. Deux actualités, deux philosophies. Et une même question: la fuite vers l’ultra-luxe et la très haute performance est-elle la voie de survie d’une automobile européenne d’exception en pleine transition ?

Ce que Ferrari a vraiment dévoilé à Maranello

Ferrari n’a pas montré la carrosserie. Mais l’essentiel y était: châssis, architecture, moteurs, onduleurs, batteries et logistique industrielle. La Elettrica (nom provisoire) sera un modèle à quatre portes et quatre places, « de grande série » à l’échelle de Ferrari. Le design final et les prix arriveront en 2026, via un dévoilement en trois temps. Le PDG Benedetto Vigna, physicien de formation, assume une stratégie: posséder la technologie clé, de la batterie aux moteurs, pour imprimer la signature Ferrari à l’ère électrique.

📌 À retenir – Ferrari Elettrica (premiers éléments officiels)

  • Plateforme 800–880 V, batterie NMC en pochettes (fournisseur SK), 122 kWh brut
  • Autonomie annoncée: >530 km
  • 4 moteurs (deux par essieu), puissance cumulée >1 000 ch en mode boost
  • 0 à 100 km/h: 2,5 s; Vmax: 310 km/h
  • Masse cible: ~2 300 kg; répartition 47/53
  • Recharge DC: jusqu’à 350 kW
  • Direction arrière indépendante (jusqu’à 2,15°) et suspensions actives de 3e génération
  • Essieu avant débrayable: bascule RWD/AWD en 0,5 s

L’ingénierie, pas le simple assemblage

  • Batterie et pack: cellules NMC SK achetées, modules et pack conçus et industrialisés en interne. Packaging pensé pour la sécurité et l’inertie (85% du poids des modules sous plancher, le reste sous la banquette), modules remplaçables pour prolonger la durée de vie du véhicule — une approche de « VE pour longtemps ».
  • Machines électriques: rotors à aimants permanents en configuration type Halbach (héritage compétition) pour maximiser la densité de couple; stators en tôles 0,2 mm et bobinages Litz pour réduire les pertes à haute fréquence. Vitesse de rotation jusqu’à 30 000 tr/min à l’avant et 25 500 tr/min à l’arrière.
  • Inverseurs SiC maison: 93% d’efficacité à charge max, 9 kg seulement, fréquence de découpage pilotée (10 à 42 kHz) pour concilier rendement, acoustique et thermique.
  • Châssis et liaisons: suspensions actives (capteurs à 1 ms, action à 5 ms), sous-châssis arrière isolé pour filtrer vibrations, direction arrière indépendante. Un cerveau central orchestre couple, direction et amortissement roue par roue.

💡 Astuce d’ingénierie
Entre des moteurs indépendants, une direction aux quatre roues et une suspension pilotée, Ferrari se donne les moyens d’un contrôle « 6D » de la dynamique: propulsion/freinage, braquage et débattement, à chaque roue. Si l’intégration logicielle est au niveau, l’expérience de conduite pourrait être une référence, électrique ou pas.

Côté expérience, Ferrari préserve des codes maison: manettino évolué, modes de conduite du feutré au radical, et un travail assumé sur le son et le « rétrogradage » simulé, ici utilisés comme retours d’information au conducteur plus que comme gadget nostalgique.

🛠️ Industriellement, la Elettrica sortira du nouvel « E-Building » de Maranello. Le design a été mené avec LoveFrom (Marc Newson et Jony Ive). Un pari esthétique audacieux, attendu en 2026.

Pendant ce temps, BMW sonne l’alarme

Mercredi 8 octobre, BMW a abaissé ses objectifs 2025:

  • Marge opérationnelle automobile révisée à 5–6% (contre 5–7%)
  • ROCE groupe ramené à 8–10% (9–13% auparavant)
  • Résultat opérationnel attendu en légère baisse (vs stabilité visée)
  • Cash-flow libre annuel divisé par deux: 2,5 Md€ (décalage des remboursements de surtaxes douanières et dégradation opérationnelle >1,5 Md€ pointée par des analystes)

Deux causes majeures:

  • Volumes inférieurs aux attentes en Chine; concurrence locale féroce sur l’électrique, marché immobilier en difficulté et pression sur le financement. BMW prévoit d’achever le redimensionnement de son réseau de concessionnaires locaux d’ici fin S1 2026.
  • Hypothèses douanières non concrétisées, repoussant à 2026 des remboursements attendus en 2025.

Réaction de marché: l’action a cédé ~7% à Francfort, entrainant les pairs. Les analystes restent partagés: prudents à court terme (Chine), mais confiants sur l’enjeu stratégique de la « Neue Klasse », nouvelle architecture logicielle et électrique dont les premières livraisons (iX3 nouvelle génération notamment) sont attendues au T1 2026.

📢 Ce qu’en disent les brokers

  • Oddo BHF: message prudent déjà perceptible à l’IAA; surprise sur l’ampleur du trou de cash, au-delà du seul timing douanier.
  • UBS: point noir durable, la Chine; stabilisation via réseau attendue d’ici mi-2026, mais volumes sous pression.
  • Bernstein: l’implémentation douanière échappe à BMW; « Neue Klasse » jugée clé pour briser la pression sur les valorisations des constructeurs traditionnels.

Deux Europe du luxe auto, deux tempos de l’électrique

  • Ferrari choisit la rareté maîtrisée et la haute technicité. La marque vise un mix 2030 équilibré (thermique/hybride/100% électrique) et positionne sa première EV comme un objet d’ingénierie total, au prix de « plusieurs centaines de milliers d’euros ». Son modèle économique — faible volume, forte marge, carnet rempli — la met à l’abri des guerres de prix et des cycles régionaux.
  • BMW incarne le « premium de volume » global confronté à la normalisation des marges, au prix de l’électrification de masse, à la compétition chinoise sur le VE connecté et à la contrainte logicielle. Sa réponse est systémique: plateforme, logiciel, batteries de nouvelle génération, industrialisation à coûts cibles. Le passage 2025–2026 sera la zone de turbulence.

📊 Éclairage express

SujetFerrari ElettricaBMW 2025
Cœur de newsTech reveal châssis/groupe motopropulseurAvertissement sur résultats
Capex/TechMoteurs et inverseurs maison, pack batterie interne, 800–880 VPlateforme Neue Klasse SDV/BEV (lancement 2026)
MarchéUltra-luxe, faible volume, pricing powerPremium global, volumes en Chine sous pression
RisquesPoids/complexité, design à confirmer, fenêtre 2026Transition 2025–2026, exécution Chine/logiciel, cash-flow

La fuite vers l’ultra-luxe: plan de survie ou impasse polie ?

  • Atouts

    • Pricing power et files d’attente soutiennent les marges malgré la hausse des coûts des packs hautes capacités.
    • Vitrine technologique: contrôle logiciel fin (couple/roue, 4WS, suspension active) et 800+ V deviennent des standards du haut de gamme, avec retombées potentielles sur des VE plus accessibles.
    • Image: le fait que Ferrari assume une EV halo crédibilise l’électrique jusque chez les passionnés.
  • Limites

    • Non-scalable par définition: l’ultra-luxe ne résout pas l’équation de l’électrification de masse ni la bataille des coûts.
    • Empreinte matérielle: 122 kWh et quatre moteurs, c’est performant mais matériellement intensif; le « mieux avec moins » restera le juge de paix environnemental.
    • Risque d’exécution: intégration logicielle multi-axes, gestion thermique et répétabilité des performances sont des défis de production, pas seulement de R&D.

Pour les « premiums » allemands, la vraie alternative durable passe par:

  • Des plateformes BEV efficientes et mutualisées (dense en logiciel, sobres en coûts)
  • Une localisation/coopération renforcée en Chine (logiciel et UX au niveau des attentes locales)
  • Une discipline prix/valeur pour éviter la spirale des remises sur VE
  • Des revenus logiciels/services crédibles, pas accessoires

Contexte: une crise qui ne touche pas tout le monde pareil

  • 2024–2025: fortes baisses de bénéfices chez Mercedes et Porsche, volumes et marges sous pression, notamment en Chine; recul du marché BEV européen en 2025 (-11%) et environnement réglementaire incertain.
  • Ferrari fait figure d’exception résiliente, avec un mix produit/marge qui amortit les chocs conjoncturels.

🎯 À retenir

  • Ferrari montre une EV d’ingénieurs: 4 moteurs, SiC, pack maison, contrôle dynamique total — une proposition de conduite qui peut marquer l’ère électrique.
  • BMW paie la note de 2025 avant son reboot « Neue Klasse » en 2026; la Chine reste la variable critique.
  • L’ultra-luxe n’est pas une stratégie de secteur, mais une niche à très forte valeur qui peut tracter l’image du VE sans résoudre l’équation de coûts du marché de masse.

En creux, cette double actualité dit la même chose: l’électrique n’est plus un label, c’est une architecture industrielle et logicielle. Ferrari la pousse au sommet pour séduire, BMW doit l’industrialiser pour survivre. La décennie décidera lesquels y parviennent vraiment.